Visiter le 8e arrondissement de Paris
Avec le septième arrondissement, où se trouvent la tour Eiffel et les Invalides, le huitième arrondissement est l’un des plus emblématiques de Paris. On y trouve les Champs-Elysées, menant de la place de la Concorde jusqu’à l’Arc de Triomphe, ainsi que de nombreux établissements hauts de gamme, que ce soient les magasins sur les Champs-Elysées ou les hôtels et restaurants étoilés. C’est aussi dans cet arrondissement que se trouve le palais de l’Elysée. Comme tous les touristes se rendant à Paris, je connaissais déjà cette grande avenue. J’ai tout de même profité de l’un de mes passages en ville pour la parcourir à nouveau. Mais le huitième arrondissement ne s’arrête pas là ! Je vous propose donc de découvrir ensemble les lieux plus ou moins connus de l’arrondissement le plus chic de Paris.
Un peu d’histoire
Au premier millénaire de notre ère, le territoire de l’actuel huitième arrondissement est couvert de marécages. A la fin du XIe siècle, les chanoines de Sainte Opportune s’y installent. Elles assainissent les lieux et le mettent en culture. Ils fournissent la ville en produits maraîchers. C’est en 1616 que la régente Marie de Médicis fait aménager une longue allée en alignement avec le jardin des Tuileries, prolongée en 1667. Au XIXe siècle, de nombreuses opérations spéculatives ont lieu et la bourgeoisie investit les lieux, ainsi que l’aristocratie, qui quitte alors le Marais. Cette époque a profondément marqué le huitième arrondissement comme en témoignent ses bâtiments. Il reste riche, le revenu fiscal médian par ménage étant le plus élevé des vingt arrondissements de Paris.
De la place de la Concorde à l’Arc de Triomphe
La place de la Concorde
Notre visite du huitième arrondissement débute sur la place de la Concorde. Celle-ci se trouve dans le prolongement du jardin des Tuileries, que nous avons visité il y a déjà un petit moment ! Dernière place royale, les échevins de Paris la font construire en honneur du roi Louis XV.
Un échevin est un assesseur du prévôt des marchands. Ce qui nous amène à nous demander ce qu’est un prévôt des marchands. C’est une sorte de maire, élu, qui gère l’approvisionnement de la ville, les impôts, des travaux publics… Les échevins sont ses assistants.
C’est la deuxième des places royales à être construite en l’honneur de ce roi, avec la place Dauphine, sur l’île de la Cité. On organise un concours pour l’aménagement de cette nouvelle place royale. Cependant, les propositions ne convainquent pas le roi. Ainsi, Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du roi, réalise une synthèse des meilleurs projets proposés. Divers emplacements sont envisagés. Finalement, on décide de la construire sur un terrain marécageux dans le prolongement du Jardin des Tuileries. Cela a l’avantage de ne pas nécessiter la destruction de bâtiments existants.
Les autres emplacements envisagés étaient la place Dauphine ou encore les Halles de Paris.
Les travaux durent vingt ans, de 1755 à 1775. Ils permettent la réalisation d’une grande place octogonale, où huit statues représentant les grandes villes françaises entourent la statue de Louis XV. Du côté opposé à la Seine, l’hôtel de la Marine et l’hôtel Crillon présentent de nombreuses colonnes corinthiennes. Au centre de la place, il y eut d’abord une statue de Louis XV, puis lors de la Révolution une statue de la Liberté, puis une statue de Louis XVI… En 1836, le roi Louis-Philippe décide d’y installer l’obélisque offert par Mehmet Ali, vice-roi d’Egypte, et provenant du temple de Louxor. Louis-Philippe espère que ce symbole neutre survivra aux changements de régimes.
De même, le nom de la place a changé de nombreuses fois : place Louis XV, place de la Révolution, place Louis XVI… Une plaque avec ce nom subsiste à l’angle de la place avec l’avenue Gabriel. Ce sera finalement place de la Concorde, choisi d’abord par le Directoire pour symboliser la réconciliation des français après la période de la Terreur. Il faut dire que c’est sur cette place qu’avait été dressée la guillotine qui exécutera 1343 personnes lors de la Révolution (dont Louis XVI et Marie Antoinette, Robespierre, Charlotte Corday, Danton, les Girondins…).
A l’époque de l’ajout de l’Obélisque, l’architecte Hittorff fait installer deux fontaines, la fontaine des mers et la fontaines des fleuves, célébrant la navigation. Ce thème revient avec les colonnes rostrales et le musée de la Marine, alors ministère de la Marine. Il aménage également les lampadaires et huit statues représentant les grandes villes françaises : Bordeaux, Brest, Lille, Rouen, Nantes, Strasbourg, Lyon et Marseille. Enfin, la dernière réalisation est la mise en place du plus grand cadran solaire du monde, en se servant de l’obélisque comme gnomon. Initialement prévu en 1943, ce projet fût repoussé à deux reprises à cause des guerres mondiales, et ne vit le jour qu’en 1999.
Le pont de la Concorde, bâti de 1787 à 1791 et doublé en 1931, relie la place de la Concorde à l’Assemblée Nationale, dont les colonnes répondent à celles des hôtels Crillon et de la Marine. Il offre également une belle perspective sur l’église de la Madeleine.
Les hôtels de la Marine et de Crillon
Jacques Ange Gabriel, Premier architecte du roi et directeur de l’Académie d’architecture, construit l’hôtel Crillon et le bâtiment qui fût, à partir de 1806 et jusqu’en 2015, le siège de l’état major de la Marine. C’est maintenant le Centre des monuments nationaux qui s’y est installé. Il a ouvert en 2020 un musée présentant les salons d’apparat des XVIIIe et XIXe siècles. En cela, le bâtiment retrouve sa première fonction. En effet, l’Hôtel de la Marine fût au départ le Garde-Meuble de la Couronne. Puis il devint le premier musée des arts décoratifs, ouvrant au public le matin du premier mardi de chaque mois.
Le 11 septembre 1792, en pleine Révolution française, des voleurs escaladent la façade de l’hôtel et pénètrent à l’intérieur de celui-ci. Non contents de voler les Joyaux de la Couronne, qu’ils trouvent facilement, ils festoient et arrivent même à faire venir des prostituées pour animer leur petite fête ! Le vol, ou la fête, selon le point de vue, dure même cinq jours ! Environ deux-tiers des objets seront retrouvés par la suite, mais certains, tels que l’épée de diamant de Louis XVI, disparaissent à jamais.
Il est possible de visiter l’hôtel de la Marine lors d’une visite immersive d’une heure et demie. Un casque audio permet de réaliser une visite durant laquelle un narrateur nous guide à travers les salles de l’hôtel, du XVIIe au XIXe siècle. Plusieurs thèmes de visite sont possibles : visite en famille, siècle des lumières et voyage dans le temps. J’ai pour ma part choisi cette dernière option, c’était très intéressant. La visite coûte 17€.
L’Hôtel de la Marine accueille aussi la collection Al-Thani, un vaste ensemble d’œuvres d’arts datant de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Le musée organise également des expositions à thèmes. Lors de ma visite, le thème présenté était la Renaissance vénitienne. La visite coûte 13€.
L’Hôtel de Crillon, quant à lui, est un hôtel de luxe, que je n’ai pas visité.
Lors de la libération de Paris, une blague malencontreuse d’un officier français, indiquant de faire attention à la cinquième colonne alors que des tirs se font entendre, entraîne la destruction de la cinquième colonne de l’Hôtel de Crillon. L’équipage d’un char, ne reconnaissant pas l’allusion à la cinquième colonne lors de la guerre d’Espagne, prend l’avertissement en pied de la lettre et tire ! Elle est reconstruite l’année suivante, mais les pierres utilisées sont de couleur légèrement différente des autres colonnes corinthiennes de l’hôtel.
Le jardin des Champs-Elysées
Les Champs-Elysées débutent par une section encadrée de deux espaces verts. Ce sont deux jardins à l’anglaises où se trouvent également des allées de marronniers. Côté Seine, une allée porte le nom du commandant Massoud, rendant hommage au célèbre commandant afghan ayant résisté aux talibans dans sa vallée du Panchir, jusqu’à son assassinat, le 9 septembre 2001. Du même côté de l’avenue, le jardin est interrompu par la présence de deux palais.
Le Grand palais et le Petit Palais
Le Petit Palais et le Grand Palais sont plus récents que les autres palais de la ville. Contrairement à ceux-ci, aucun roi n’y a habité. En effet, leur construction date de 1900, pour l’exposition universelle de la même année. Les architectes Henri Deglane, Albert Louvet et Albert Thomas se chargent d’élever le Grand Palais, dont la grande verrière témoigne de cette époque qui voit le passage à un nouveau siècle. Des expositions ont maintenant lieu dans le bâtiment.
En plus de coordonner le projet, l’architecte Charles Girault construisit le Petit Palais, dédié à l’accueil du musée des Beaux-Arts de Paris. Les verrières du toit, ainsi que les grandes fenêtres, permettent d’éclairer l’intérieur grâce à la lumière naturelle. Ce musée complète le musée d’Orsay, puisqu’il couvre la période de 1880 à 1914, soit la période contemporaine de sa construction. Le musée des Beaux-Arts présente plusieurs courants artistiques : le naturalisme, le réalisme, les arts décoratifs. On y trouve des tableaux, surtout au sous-sol, et des sculptures, dans le hall à gauche de l’entrée. De plus, le Petit Palais renferme des œuvres qui ne se classent pas dans les catégories précédentes. On y trouve ainsi de la peinture hollandaise du XVIIe siècle, mais aussi quelques œuvres de la Renaissance et du Moyen-Âge, dont une collection d’icônes de Grèce et des Balkans, la plus grande en France !
La visite dure facilement trois heures, mais étant donné que l’entrée est gratuite, rien ne vous empêche de la faire en plusieurs fois.
Autour des deux palais, on trouve plusieurs statues : le général de Gaulle, Clémenceau, Churchill…
Autour du rond-point des Champs-Elysées
A droite de l’avenue des Champs-Elysées, le théâtre Marigny, de 1883, se situe dans le square du même nom. A gauche se trouve le théâtre du Rond Point et près de l’avenue du général Eisenhower, un morceau du mur de Berlin.
Le rond-point des Champs-Elysées a été aménagé par Le Notre en 1670. A l’époque, les Champs-Elysées se terminaient ici et étaient donc bien plus courts ! Il est entouré d’hôtels de l’époque du Second Empire, dont celui du numéro 7, l’hôtel d’Espeyran, abritant un musée d’art contemporain, Artcurial, où ont également lieu des ventes aux enchères. Six fontaines, mises en place en 2019, entourent le rond-point et s’illuminent à la nuit tombée.
Les Champs-Elysées
Au Second Empire et au XXe siècle, on bâtit autour de cette avenue de nombreux hôtels, boutiques de luxe et autres constructions prestigieuses faisant de cette avenue une fenêtre ouverte vers le modernisme et le monde. Nombreux sont les touristes la parcourant et faisant leurs achats dans les nombreuses boutiques de marques internationales. Certaines y ont même installé leur siège. L’avenue des Champs-Elysées est ainsi l’avenue emblématique de Paris. Elle relie deux monuments des plus célèbres : le Louvre et l’Arc de Triomphe. Il suffit de tendre l’oreille pour se livrer à un véritable exercice de compréhension orale, tant les langues parlées par les passants sont nombreuses. Au milieu de toutes ces agitations, nous allons remarquer quelques bâtiments intéressants.
De l’époque du Second Empire, l’hôtel de la Païva subsiste au numéro 25. Esther Lachmann, une polonaise d’origine modeste, fît construire cet hôtel, alors qu’elle était devenue l’épouse d’un comte prussien. Entrée par ce mariage dans le monde de la noblesse, ses moyens augmentent de façon significative, comme en témoigne cet hôtel. Le coût et la durée de la construction de cet immeuble de style Renaissance italienne défraya la chronique. Ce fut sûrement une bonne opération de communication préparant les futurs dîners que la comtesse y organisait, accueillant des célébrités telles que Léon Gambetta ou Théophile Gautier.
Au numéro 70, le bâtiment est de style Art nouveau tardif, tandis que les numéros 74 et 76 recouvrent un passage, les Arcades du Lido, et disposent d’une belle façade.
Plus généralement, l’avenue des Champs-Elysées se prête à la flânerie, à la recherche des détails sur les différents immeubles, ou juste pour s’imprégner de l’ambiance.
Au numéro 99, le restaurant le Fouquet’s accueille au XXe siècle le Tout-Paris. Au numéro 127 se trouve un curieux immeuble aux fenêtres de toutes les couleurs.
L’Arc de Triomphe
Au bout de l’avenue des Champs-Elysées, l’Arc de Triomphe se dresse majestueusement au centre de la place Charles de Gaulle, ou place de l’Etoile. C’est en effet une étoile à 12 branches, pour chaque rue en partant. Napoléon ordonne la construction de ce monument en 1806. Pensé pour célébrer les victoires de la Grande Armée, il se doit donc d’être de taille colossale. C’est donc un arc de triomphe de cinquante mètres de haut sur quarante-cinq mètres de large qui est construit, orné de plusieurs hauts et bas reliefs. Le projet est ambitieux, si bien qu’il n’est pas terminé à la fin du règne de Napoléon. Interrompue pendant la Restauration, la construction reprend en 1823 et le roi Louis-Philippe inaugure le monument en 1836. Entre-temps, on a un peu modifié les sculptures pour rassembler les deux armées, révolutionnaire et napoléonienne.
L’extérieur de l’Arc de Triomphe est déjà riche, entre les sculptures, que ce soient des scènes de batailles ou des frises. Sous l’arc, des gravures citent les grandes batailles de la Révolution et de l’Empire ainsi que les personnalités de cette époque. Sous l’Arc de Triomphe repose le soldat inconnu, et sur sa tombe brûle une flamme éternelle, ravivée tous les jours depuis 1923. Pour tout voir, il est bien sûr possible d’en faire le tour. La place ayant un diamètre de 241 mètres, entrecoupés de douze avenues, ça prend un petit peu de temps.
A l’intérieur de l’Arc de Triomphe, un musée présente sa construction. Il est possible de monter jusqu’à la terrasse sur son toit. Le visiteur a une vue magnifique sur le Louvre et le jardin des Tuileries, ainsi que sur le quartier de la Défense, côté ouest.
Le Triangle d’Or et ses alentours
Ce que l’on appelle le Triangle d’Or est un quartier qui se situe entre les Champs-Elysées, l’avenue Georges V et l’avenue Montaigne. De nombreuses enseignes de luxe s’y sont installées et le prix de l’immobilier y est parmi les plus élevés de la capitale. Il a vu au XIXe siècle et au début du XXe siècle deux arrivées d’habitants : les habitants fortunés venant de la place des Vosges après 1848 et les maisons de mode à partir de 1909, le Triangle d’Or devenant un haut lieu de la mode surpassant la place Vendôme.
L’avenue Marceau
Des bâtiments Art nouveau
L’avenue Marceau, du nom d’un général de Napoléon 1er, se trouve entre le huitième et le seizième arrondissement. Mais comme je n’ai pas envie d’y retourner lors de la visite du seizième arrondissement, nous allons tout faire dès maintenant. Nous commençons avec un immeuble de style Art nouveau au numéro 75.
Je suis très fier d’avoir reconnu le style au premier coup d’œil !
Il faut marcher de 450 mètres avant d’arriver à l’église Saint-Pierre-de-Chaillot. Et un peu plus loin, au numéro 30, nous trouvons un nouvel édifice Art nouveau. Ce style se reconnaît ici grâce aux branches et pommes de pin sculptées. L’architecte l’ayant réalisé est le gendre de Gustave Eiffel, qui s’est construit là sa propre habitation.
L’église Saint-Pierre de Chaillot
Cette église, dont la façade représentant la vie de Saint-Pierre a été fortement noircie par la pollution, se trouve en réalité dans le seizième arrondissement. Si la paroisse Saint-Pierre de Chaillot date du XIe siècle, l’église est bien plus récente : elle fut en effet construite de 1931 à 1938. L’église Saint-Pierre de Chaillot est d’un mélange de style : inspiration byzantine et romane. Mais le tout remanié à la sauce du XXe siècle avec les apports du béton dans l’architecture.
Quand nous y entrons, nous sommes frappés par l’obscurité des lieux. Pas de grands vitraux dans cette église mais de petites ouvertures sur lesquelles il n’y a pas beaucoup de représentations. Des fresques sont peintes sur les murs, notamment ceux entourant l’autel et la nef, ou encore le plafond. Si le manque de luminosité rappelle le roman, les coupoles orthogonales sont de style byzantin. L’autel est consacré aux morts de la première guerre mondiale. Ce thème explique donc le choix d’un bâtiment peu éclairé, lui donnant une atmosphère de recueillement. Du côté de la porte d’entrée, l’orgue date de 1994, et l’on remarque rapidement cette modernité en comparaison avec ceux des autres églises que nous avons visitées jusque là.
La rue Pierre Charron
L’avenue Pierre de Serbie débouche sur la rue Pierre Charron. Jusqu’ici, nous avons vu de nombreuses rues ayant pour nom une victoire militaire de Napoléon, un général… La rue Pierre Charron porte quant à elle simplement le nom de celui qui l’a pavée. Au numéro 49, l’hôtel Pershing Hall a pris le nom du général américain y ayant installé son QG pendant la Première Guerre mondiale. D’un point de vue architectural, on peut remarquer le numéro 61, un hôtel particulier. Mais aussi le bâtiment du numéro 62, de style néo-Louis XIII. Enfin, terminons avec celui au numéro 68, dont la façade arbore des médaillons sculptés au premier étage et de grandes fenêtres en saillie à gauche.
La rue Pierre Charron commence au numéro 45 ! Cela est dû au fait qu’une partie de la rue a été renommée en avenue Pierre 1er de Serbie.
L’avenue Georges V
Revenons sur nos pas jusqu’à l’avenue Georges V, que nous empruntons en tournant à gauche. Juste avant, remarquons à droite l’hôtel Georges V, de style art déco. Nous entrons ici dans l’une des rues les plus prestigieuses de Paris. Au milieu des enseignes de luxe et des palaces, la cathédrale américaine de Paris se trouve au numéro 23. Cette église de style néo-gothique construite entre 1881 et 1884 se démarque des autres constructions par sa grande flèche. Au numéro 11, l’hôtel de Rouvre date du XIXe siècle et accueille l’ambassade de Chine jusqu’en 2017. Un petit peu plus loin à gauche, le Crazy Horse est un célèbre music-hall de Paris.
La place de l’Alma
Cette place tient son nom d’une victoire franco-anglaise lors de la guerre de Crimée en 1854. Au sud-ouest de la place se trouve la flamme de la Liberté, réplique grandeur nature de celle de la statue de la Liberté à New York. Des visiteurs l’utilisent pour rendre hommage à lady Diana, dont l’accident fatal est survenu dans le tunnel juste en dessous. Le pont de l’Alma a été inauguré en 1856. Il était alors décoré de quatre statues en honneur aux soldats s’étant battus à Alma. Mais ils ont été retirés à la suite du remplacement du pont en 1974 en faveur d’un ouvrage plus large. Seule la statue de zouave est encore présente en contrebas, à gauche.
Retour à la place de la Concorde
L’avenue Montaigne
Nous nous engageons dans l’avenue Montaigne où se trouvent de nombreuses boutiques de modes. Mais nous ne sommes pas là pour faire nos courses, mais pour nous intéresser à l’architecture. En 1913, les architectes Auguste Perret, Antoine Bourdelle et Henry Van de Velde construisent au numéro 15 le théâtre des Champs-Elysées (à quelques mètres près). Ils réalisent ainsi l’un des premiers édifices de style Art déco. L’ossature, initialement prévue en acier, est réalisée en béton. En haut de la façade, des bas reliefs en marbre blanc rompent son uniformité et contrastent avec les formes rectangulaires.
Un peu plus loin, au numéro 25, l’hôtel Plaza Athénée, de style éclectique, ouvre la même année. C’est un hôtel cinq étoiles, autant dire pas celui où je logerais si un jour je déménage ! Grandes fenêtres en saillie au numéro 4 de la rue Boccador.
Pourquoi l’hôtel Plaza Athénée s’appelle Plaza Athénée ? En fait, son premier propriétaire souhaitait se contenter de Plaza. Mais encore aurait-il fallu qu’il en dépose la marque. Un petit malin l’attaque donc en justice pour similitude de nom avec sa propre enseigne. Le directeur ajoute donc derrière le nom de l’hôtel précédent où il travaillait pour éviter des ennuis. Et, plus tard, il ne portera pas le nom d’un animateur de M6. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir.
Nous retournons place de l’Alma et faisons un rapide passage dans le cours Albert 1er. Un bâtiment Art nouveau se trouve au numéro 40. Des branches sculptées entourent une porte en verre, sculptée elle aussi, du maître-verrier Lalique. Je n’en ai pas vu beaucoup plus, des échafaudages étaient présents lors de ma visite.
Nous retournons place d’Alma et prenons la première rue à droite, la rue Jean Goujon.
La rue Jean Goujon
La chapelle Notre-Dame de Consolation
Le 4 mai 1897, le bazar de la Charité, lieu de vente de bienfaisance, prend feu et cent-vingt personnes perdent la vie dans l’incendie. Un an après cette tragédie, la construction de cette chapelle débute en 1898 et prend fin deux ans plus tard. Cet édifice de style néo-baroque est récompensé à l’exposition universelle de 1900. L’architecte Albert Guilbert obtient en effet une médaille d’or.
La chapelle est petite, nous en faisons donc le tour rapidement. Mais elle est très jolie puisque les murs sont composés de nombreux détails sculptés. On y trouve aussi des colonnes en marbre, des bénitiers et des vitraux. Des sculptures mortuaires dédiées aux victimes de l’incendie décorent le chemin de croix.
La chapelle est un monument privé appartenant aux descendants des victimes de l’incendie.
La cathédrale Saint-Jean-Baptiste
Quelques mètres plus loin, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste se distingue par son clocher central vert.
C’est une cathédrale arménienne, et c’est d’ailleurs un riche arménien qui la fait construire de 1902 à 1904. Après la chapelle Notre-Dame de Consolation, Albert Guilbert se lance dans la construction de cette cathédrale, dont je n’ai vu que le clocher vert dépassant des échafaudages. J’ai heureusement pu y retourner après la fin des travaux. C’est que je publie cet article longtemps après la visite ! A l’intérieur, l’autel est très coloré et il y a plusieurs fresques. Il y a également une cour, que je n’ai par contre pas vue.
La place François premier
Une fontaine réalisée par Davioud se trouve sur cette place circulaire, très fleurie au printemps. Au numéro 9, l’hôtel de Vilgruy date de 1865 et a été construit par l’architecte Henri Labrouste. Nous avons déjà vu ses principales réalisations : la bibliothèque Sainte-Geneviève, dans le cinquième arrondissement, ainsi que la rénovation de la Bibliothèque nationale de France (l’hôtel Tubeuf dans le deuxième arrondissement).
Le Palais de la Découverte
Nous continuons sur la rue Jean Goujon et tournons à droite, avenue Franklin Delano Roosevelt. A gauche se trouve l’arrière du Grand Palais, qui accueille un autre musée : le Palais de la Découverte.
Le Palais de la Découverte est le temple de la Science et permet au grand public de découvrir aussi bien la physique que la biologie, la chimie ou l’astronomie avec de nombreuses expériences montrées en direct. La grande coupole abrite un planétarium présenté par un conférencier. Le Palais de la Découverte est actuellement fermé pour travaux, je ne l’ai donc pas visité. Mais je me souviens que j’avais adoré l’expérience quand j’étais enfant !
Des activités habituellement proposées dans le Palais de la Découverte ont déménagé dans le jardin Caroline Aigle, dans le quinzième arrondissement, ou dans le Grand Palais éphémère, sur le Champ de Mars. Plus d’informations sur le site du Palais de la Découverte.
Le Cours de la Reine
Le Cours de la Reine s’étend du Palais de la Découverte à la place de la Concorde. Entre le Palais et le cours de la Reine se trouve le jardin de la Nouvelle France, vestige du pavillon Suisse de l’exposition universelle de 1900. Ce petit jardin anglais est un petit bout de forêt au milieu duquel se cache une cascade. Une belle petite surprise de cette visite !
Plusieurs statues se trouvent dans le Cours de la Reine et le Cours Albert 1er. Ce dernier est une partie du premier qui a été renommée. Le cours Albert 1er comprend un monument à Mickiewicz, un écrivain polonais, et un monument en hommage à Komitas, un prêtre arménien ayant beaucoup œuvré pour la sauvegarde du patrimoine de ce pays avant le génocide arménien. Dans le cour de la Reine se trouvent une statue d’Albert 1er, roi des Belges, un monument à Simon Bolivar, un autre en mémoire du corps expéditionnaire russe engagé en France durant la Première Guerre mondiale et une statue équestre de Lafayette. Une petite tortue se cache sous cette dernière et constitue une autocritique réalisée par le sculpteur Paul Wayland Bartlett pour le retard pris dans la réalisation de cette statue.
Nous retournons maintenant à la place de la Concorde pour la deuxième partie de notre visite.
Le quartier Madeleine
La rue Royale
A l’entrée de la rue Royale, au numéro 1, un ordre de mobilisation pour la Première Guerre mondiale est accroché au mur. L’affiche actuelle n’est pas l’originale et commémore un oubli de la mairie, qui n’avait pas retiré l’affiche après la guerre. Au numéro 3, le musée Maxim’s présente toute une collection d’Art nouveau. Meubles de Majorelle, vaisselle, argenterie ou encore tapisserie, tous ces éléments constituent un magnifique témoignage de la Belle époque.
D’habitude déjà difficile à visiter, car il faut faire une réservation groupée d’une vingtaine de personnes, le musée est actuellement fermé. Si vous souhaitez voir une collection d’objets Art nouveau, il y en a une dans le musée de l’école de Nancy ! Ou un peu moins loin, dans le Petit-Palais. L’intérêt de la rue Royale, c’est aussi la double perspective qu’elle offre, sur la place de la Concorde d’une part, et sur l’église de la Madeleine d’autre part. D’ailleurs, en parlant de cette dernière, nous arrivons maintenant juste devant.
L’église de la Madeleine
Et oui, ce temple romain est en fait une église ! Il faut dire que ce n’était pas gagné. Deux architectes se succèdent : Contant d’Ivry en 1764 puis Guillaume-Martin Couture. Mais pour quoi faire ? Là est toute la question. La Banque de France, une bibliothèque, un tribunal de commerce… En 1806, Napoléon décide d’en faire un temple à la gloire de la Grande Armée. Puis Louis XVIII y voit une église. On consacre finalement l’édifice en 1842. Il retrouve ainsi la vocation des édifices précédents, puisqu’une chapelle existait déjà en ce lieu au XIIIe siècle.
Les colonnes corinthiennes, qui font le tour du bâtiment, font écho à celles de l’hôtel de la Marine et l’hôtel Crillon. L’entrée a même été orientée vers le sud afin d’être visible depuis la place de la Concorde. Le fronton surmontant les colonnes représente le Jugement dernier.
A l’intérieur, nous admirons les trois coupoles qui recouvrent une nef unique, reliant l’entrée au maître-autel composé d’une statue de sainte Madeleine enlevée au ciel, au-dessus de laquelle se trouvent plusieurs peintures représentant les personnages ayant marqué le Christianisme. L’intérieur est assez sombre, prenez attention aux tableaux et aux décorations dorées ornant les murs, près desquels il y a ici aussi des colonnes corinthiennes. Lors de mon passage, un organiste jouait de l’imposant instrument placé ici en 1846.
Autour de l’église de la Madeleine
Le restaurant Lucas Carton possède un beau décor réalisé par Louis Majorelle. Au numéro 7 de la rue Tronchet, l’hôtel de Pourtalès est un édifice de style s’inspirant de la Renaissance italienne bâti en 1836.
La rue du Faubourg-Saint-Honoré
Proche de lieux de pouvoir, alors le Louvre et le Palais-Royal, le faubourg Saint-Honoré voit arriver la haute société parisienne au XVIIIe siècle. Ils construiront dans ce petit village les hôtels particuliers occupés désormais par les ambassades.
Il y a de nombreux endroits à voir dans cette longue rue. Tout d’abord, un beau bâtiment sculpté au numéro 12. Ensuite, au numéro 62, l’Opera Gallery a pris place dans un bâtiment Art déco. Sa façade se distingue par ses fenêtres et le haut relief tout en haut. Les petites fenêtres sur le toit rappellent les bâtiments Renaissance. En face, l’ambassade des Etats-Unis a pris place dans l’hôtel de Pontalba, bâti au milieu du XIXe siècle par Louis Visconti, un architecte qui a donné son nom à une rue du sixième arrondissement. Le baron Edmond de Rothschild l’achète en 1876 et le fait reconstruire. En 1948, le bâtiment devient l’ambassade des Etats-Unis, puis la résidence de l’ambassadeur. Enfin, au numéro 76, la galerie Charpentier était une galerie d’art.
Nous arrivons devant le palais de l’Elysée. La résidence du président de la République française a été construite en 1718 pour le comte d’Evreux. En 1753, la marquise de Pompadour en fait l’acquisition. Le palais devient résidence d’Etat durant le Premier Empire, la sœur de Napoléon puis Joséphine y habitent. L’abdication de Napoléon après la bataille de Waterloo se fait dans ce palais. Napoléon III, avant son coup d’Etat, y habite et c’est en 1876 que le palais de l’Elysée devient la résidence du chef de l’Etat.
La place Beauvau se trouve à quelques mètres du palais de l’Elysée. Le président de la République et le ministre de l’intérieur sont donc voisins. Cet hôtel date de 1770 et était la résidence de Charles Just de Beauvau, ministre de la Guerre de Louis XVI.
Au numéro 34 de l’avenue Matignon sur la gauche, se trouve la galerie d’art de Florence de Voldère, spécialisée dans la peinture flamande du XVIe au XVIIIe siècle. C’est ce que j’ai découvert en regardant sur internet. J’avais plutôt été intrigué par les deux cariatides vertes maintenant la façade en verre de l’immeuble, qui se distingue des autres édifices de la rue !
Nous continuons notre marche dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Nous tournons à droite, rue La Boétie, une grande avenue du XVIIIe siècle. La rue de Courcelles, à gauche, nous amène devant l’église Saint-Philippe du Roule.
Le quartier du Faubourg du Roule
L’appellation de “Faubourg du Roule” trahit la présence ici d’un ancien village situé à proximité de Paris. On y trouvait une léproserie, puis les jardiniers royaux viennent s’y installer, non loin de la pépinière royale, durant la deuxième moitié du XVIIe siècle. Au siècle suivant, le village devient un faubourg de Paris, que l’on intègre progressivement à la ville.
L’église Saint-Philippe-du-Roule
Au XIIIe siècle, il y avait ici une chapelle faisant partie d’une maladrerie, un lieu d’isolement des malades de la lèpre et un endroit où on les prenait en charge. Mais il n’y avait pas d’église, et la chapelle se délabrait. Il fallut attendre 1772 pour que la construction d’un nouvel édifice débute. Les messes avaient alors lieu dans une grange ! Les travaux se terminent en 1784 et consacrent un édifice de style néo-classique, dont les deux tours ne seront jamais élevées.
La façade comprenant quatre colonnes doriques et un fronton triangulaire est quelque-chose que l’on retrouve parmi d’autres églises néoclassiques telles que l’église Saint-Denys du Saint-Sacrement (dans le troisième arrondissement), l’église Saint-Pierre du Gros Cailloux (7e arrondissement) ou encore Notre-Dame de Lorette et Saint-Vincent de Paul, que nous verrons prochainement. L’architecte Chalgrin réalise les travaux, puis Hippolyte Godde et Victor Baltard font divers réaménagements. La nef est couverte d’une voûte en berceau et encadrée des colonnes ioniques, qui délimitent cette dernière et les collatéraux où il n’y a pas de chapelles.
Au Nord-Est des Champs-Elysées
Nous continuons notre promenade sur la rue du Faubourg Saint Honoré. Dans la rue Washington, qui mène aux Champs-Elysées, la Cité Odiot est un coin tranquille dont on ne soupçonnerait pas l’existence. Surtout depuis qu’un portail avec digicode en ferme l’accès ! Nous tournons à gauche, avenue de Friedland.
L’église du Saint-Sacrement
Cette petite église, que nous trouvons sur notre gauche, au numéro 23, après avoir parcouru quelques mètres sur l’avenue de Friedland, date de 1873. Effectivement, cela se voit. De taille modeste et de style épuré, remarquons les vitraux sur le mur côté rue.
La Chambre de Commerce et d’Industrie de la région Paris-Ile-de-France
Dans cet hôtel bâti entre 1878 et 1884, on trouve un grand escalier de style Louis XIV et une salle de bal Art déco. A découvrir lors des journées du patrimoine ! Je l’ajoute sur ma liste. C’est bien beau tout ça, mais il n’y a que deux jours pour tellement de choses à voir ! En plus, il semblerait qu’elle n’ouvre pas tous les ans…
L’hôtel Salomon de Rothschild
En face, un jardin sépare l’hôtel Salomon de Rothschild de la rue. Sur ce terrain, il y avait au XVIIIe siècle la Folie Beaujon, un domaine de plaisance aménagé par le financier Nicolas Beaujon. Balzac habita dans l’une des dépendances de ce complexe. Lorsque la baronne de Rothschild en fait l’acquisition, l’ancienne chapelle à l’angle de la rue du Faubourg-Saint-Honoré et de la rue Balzac était devenue un laboratoire où l’occupant des lieux faisait de la magie noire. Enfin, selon les rumeurs ! Toujours est-il que la baronne est quelque peu superstitieuse et aurait fait appel à un exorciste. Mais le clergé est assez réticent. Elle choisit donc de détruire l’édifice et de bâtir la rotonde qui se trouve encore là aujourd’hui. La construction, débutée en 1873, dure neuf ans et aboutit à un grand bâtiment de style néoclassique.
L’église catholique anglophone Saint Joseph
Si je n’étais pas tombé dessus en regardant une carte, je ne l’aurais certainement pas remarquée ! Et pour cause, elle se cache sous un immeuble d’après-guerre, à moitié sous terre. La pièce d’accueil se trouve là où pourrait se trouver le local du concierge… L’église catholique anglophone Saint Joseph est une petite église composée d’une salle en arc de cercle, les sièges entourant l’hôtel.
Le Céramic Hôtel
Nous reprenons notre chemin sur la rue Beaujon et passons devant un immeuble de style Art nouveau au numéro 5.
Le clou du spectacle se trouve un peu plus loin. Tournons à droite, avenue de Wagram. Au numéro 34, on pourrait presque le rater derrière les arbres, le Céramic Hôtel est un édifice de style Art nouveau. Il a été réalisé par Jules Lavirotte, qui est également l’auteur de plusieurs bâtiments situés avenue Rapp, dans le septième arrondissement. Il doit son nom aux décorations végétales en grès cérame réalisées par le céramiste Alexandre Bigot.
La cathédrale Saint Alexandre Nevsky
En tournant à droite, nous revenons sur la rue du Faubourg Saint-Honoré. Au numéro 217 se trouve un grand bâtiment, ancienne propriété de la compagnie d’assurances générales sur la vie. Sur sa façade faîte de pierres et de briques, plusieurs consoles avec chacune un visage soutiennent le balcon du premier étage.
En prenant la rue Daru, nous apercevons la cathédrale Saint Alexandre Nevsky et ses cinq bulbes.
Elle doit son style très différent des autres au fait que c’est une cathédrale orthodoxe, bâtie au milieu du XIXe siècle pour les Russes vivant à Paris. Elle est dédiée à saint Alexandre Nevski, célèbre pour ses victoires militaires, notamment celles de la bataille de la Neva, qui voit la victoire de la principauté de Novgorod sur les suédois et marque le début de l’autonomie de la future Russie dans la région, et la bataille du lac Peïpous, contre les chevaliers teutoniques. Alexandre Nevski est ainsi le Russe le plus populaire de l’histoire dans son pays ! Profitons de l’intérieur pour voir à quoi ressemblent les fresques de style orthodoxe, avec leurs iconostases.
En septembre 2020, Gérard Depardieu a reçu le baptême orthodoxe dans cette cathédrale.
Le quartier de l’Europe et le nord du huitième arrondissement
Au XIXe siècle, des spéculations foncières entraînent l’aménagement d’un nouveau quartier de Paris. La construction de la gare Saint-Lazare en 1837 accélère son développement.
La maison Loo
Continuons sur la rue Daru puis tournons à droite, rue de Courcelles. Nous marchons quelques minutes avant de voir une curiosité sur notre gauche. Mais qu’est-ce qu’une pagode rouge fait donc ici, au milieu des immeubles haussmanniens ? En 1928, un certain monsieur Loo a fait fortune en vendant des objets antiques asiatiques. Il décide alors de se faire construire cette pagode. Ainsi, il était sûr que les clients sauraient le trouver !
Sans rendez-vous, elle se visite le jeudi et le samedi après-midi. J’aurais donc pu la visiter après le musée Cernuschi pour découvrir ses boiseries, son plafond Art déco… Oui, bon, c’est une pagode mise au goût du jour à l’époque !
Le musée Jacquemart-André
En 1868, Edouard André est l’héritier de l’une des plus grandes fortunes du Second Empire. Il fait bâtir un hôtel particulier afin d’y habiter tout en organisant de grandes réceptions. Edouard André aime l’art, et il a déjà pris la direction de l’Union centrale des arts décoratifs ainsi que racheté la gazette des Beaux-Arts. Il s’efforce ensuite de rassembler une collection d’œuvres à exposer dans son nouvel hôtel, dont la construction se termine en 1875. Il rencontre Nélie Jacquemart, qu’il épouse en 1881. Ils ont un grand point commun. En effet, elle est artiste peintre, et rejoint son mari dans son projet. Ensemble, ils constituent une grande collection d’œuvres, que Nélie poursuit après le décès d’Edouard. A sa mort, elle lègue l’ensemble à l’Institut de France, sous condition que la collection soit conservée dans son intégralité et ouverte au public.
C’est donc chose faite et il est possible de découvrir un ensemble d’objets d’art décoratif et de tableaux Renaissance italienne et de peintres français ou flamand. Comptez 17€ pour la visite. Pour ma part, la visite a duré deux heures, sûrement plus si j’avais pris l’audioguide. A noter cependant qu’il y avait alors une exposition temporaire sur le peintre Giovanni Bellini, ce qui a forcément allongé la visite.
L’église Saint Augustin
Au milieu de deux boulevard très passants, des travaux se mettent en place de 1860 à 1871. L’architecte Victor Baltard, qui a réalisé les halles de Paris (nous commençons à le connaître désormais !), réalise une église de style éclectique d’inspiration romane et byzantine qui semble manquer de quelque-chose. En effet, il n’y a pas de contreforts ou d’arcs-boutants. Cette absence est rendue possible par l’utilisation d’une armature métallique, une première pour une église de cette taille à l’époque. Si on a ensuite recouvert cette armature de pierres, on la devine tout de même à l’intérieur. Derrière l’autel se trouve un baldaquin, chose rare dans les églises que nous avons visitées jusque là. La coupole n’est malheureusement pas visible de l’intérieur. En très mauvais état, elle a été bâchée afin d’éviter les chutes de pierres.
Nous retournons vers le boulevard Haussmann. A gauche, à l’angle de la place Saint-Augustin et de la rue de la pépinière, le bâtiment du Cercle des Armées, un édifice de style néoclassique dont les façades sont riches en ornementations. Nous continuons notre promenade dans le boulevard Haussmann jusqu’à voir un petit square sur notre droite.
Le nord du quartier Madeleine
Le square Louis XVI
Au milieu du square Louis XVI, la chapelle expiatoire se trouve sur le terrain de l’ancien cimetière où furent enterrées les victimes de la guillotine. Cela explique peut-être qu’il ait conservé le nom de ce roi qui ne subsiste nulle part ailleurs dans Paris. C’est en 1815 que le roi Louis XVIII fait construire cet édifice de style néoclassique, style que l’on reconnaît dans l’entrée côté rue Pasquier. A l’intérieur, deux statues représentant le couple royal, réalisées par François-Joseph Bosio et Jean-Pierre Cortot, sont accessibles à quiconque s’acquitte du tarif d’entrée de 6€.
Quelques façades
Les trois prochains lieux que nous allons voir sont trois façades de bâtiments de styles très différents. Nous commençons directement avec le bâtiment au numéro 34 de la rue Pasquier. Cet immeuble de style Art déco, bâti en 1927 pour la Société financière française et coloniale, arbore plusieurs bas-reliefs.
Continuons notre route dans le boulevard Haussmann jusqu’au numéro 59, où se trouve le siège central du Crédit du Nord, dont la façade blanche aux vitres carrées contraste avec les bâtiments haussmanniens du reste du boulevard.
Enfin, nous quittons le boulevard Haussmann en tournant à droite, rue Auber, pour un petit détour dans le 9e arrondissement. A quelques reprises, l’harmonie des immeubles haussmanniens a été brisée. A l’angle de la rue Auber et de la rue des Mathurins, à gauche, c’est la façade de l’ancien hammam des Mathurins qui vient ajouter un peu de diversité avec son style mauresque. On le reconnaît à la forme des fenêtres et aux grilles apposées. L’endroit était très en vogue à la fin du XIXe siècle.
Nous retournons dans le boulevard Haussmann et continuons tout droit, rue du Havre. Celle-ci débouche sur la rue Saint-Lazare et nous voyons la gare du même nom sur la gauche.
La gare Saint-Lazare
En 1837, on inaugure une première gare Saint-Lazare. Mais quatre ans plus tard, elle est déjà trop petite ! On reconstruit donc une nouvelle gare, de nouveau agrandie en 1853, puis avant l’exposition universelle de 1889. De grandes halles recouvrent les voies, ce qui est caractéristique des gares de cette époque.
Nous continuons notre route en empruntant la rue de la Pépinière, qui prolonge la rue Saint-Lazare. De retour devant l’église Saint-Augustin, nous nous engageons dans le boulevard Malesherbes puis tournons à gauche, rue de la Bienfaisance.
Autour du parc Monceau
Quelques immeubles intéressants
Arrivés sur la place de Narvik, nous tournons à droite dans l’avenue de Messine. Au numéro 23 se trouve un immeuble Art nouveau, de l’architecte Jules Lavirotte.
Nous tournons à gauche, rue de Lisbonne, puis à droite, rue Rembrandt. Au numéro 7 se trouve un joli immeuble avec deux grands bow-windows.
A l’angle de la rue Rembrandt et de la rue Murillo, la grille du numéro 9, rue Murillo, cache un vestige des Tuileries, posé contre le mur Est de la cour.
L’architecte Gustave Clausse, qui bâtit cet immeuble pour lui-même, était ami avec Edmond Guillaume, le responsable de la démolition du palais des Tuileries après son incendie. Ce dernier lui fournit ces vestiges.
Au numéro 1 de la rue Murillo, l’hôtel Crosnier, de la seconde moitié du XIXe siècle, possède une décoration de guirlandes au-dessus des fenêtres et d’autres motifs sculptés.
Nous pourrions entrer dès maintenant dans le parc Monceau, mais nous allons avant cela présenter deux musées. En tournant à droite dans l’avenue Ruysdaël puis à gauche, rue de Monceau, nous arrivons devant le musée Nissim de Camondo.
Le musée Nissim-de-Camondo
Moïse de Camondo était un banquier juif d’origine turque, arrivé en France à l’âge de neuf ans. Son père, Nissim de Camondo, désirait développer ses affaires dans le pays. En grandissant, le jeune Moïse se prend d’une passion pour l’art classique du XVIIIe siècle. Il n’hésite pas à détruire l’hôtel hérité de son père pour faire bâtir un hôtel sur mesure afin d’héberger sa collection, qu’il assemble méticuleusement. A sa mort, il lègue l’ensemble au musée des Arts décoratifs en 1935, et nomme le musée du nom de son fils décédé pendant la Première Guerre mondiale.
A l’intérieur, nous découvrons des tableaux, des tapisseries, du mobilier… La collection est vaste, tout comme l’hôtel particulier, qui constitue à lui tout seul une intéressante découverte pour quiconque veut découvrir les habitations bourgeoise de la fin du XIXe siècle.
La visite coûte 12€, avec un audioguide inclus. Il existe un billet combiné avec le musée des Arts décoratifs dont le prix est 20€. J’ai opté pour ce format, car les deux musées traitent du même thème. La visite du musée Nissim de Camondo m’a pris 2h30, tandis que j’ai visité le musée des arts décoratifs en plus de trois heures. Ce qui, à la fin, faisait un peu long. Mais pas de panique : le billet est valable quatre jours ! Ainsi, il n’y a pas d’obligation de visiter les deux musées le même jour.
Le musée Cernuschi
De retour sur le boulevard Malesherbes, nous tournons à gauche. Une grande grille marque l’entrée de l’avenue Vélasquez, en réalité une petite rue. Elle est entourée d’hôtels du XIXe siècle, par exemple celui au numéro 5, dont la fenêtre centrale est ornée d’une tête de lion. Au numéro 7 se trouve le musée Cernuschi. Prenez un instant pour remarquer les médaillons encadrant la fenêtre centrale au premier étage et les deux cariatides encadrant celle du deuxième.
Henri Cernuschi est aussi un financier, et il aime aussi l’art ! Son truc, c’est l’art asiatique. Il ramène de ses voyages plusieurs centaines d’objets du néolithique jusqu’au XIIIe siècle. Peut-être a-t-il aussi fait affaire avec un certain monsieur Loo, mentionné précédemment ? Là aussi, il y a une grande diversité d’œuvres : poteries, porcelaines, statues de Bouddha, dont la plus impressionnante mesure presque quatre mètres et demi et provient d’un temple de Tokyo. D’autres contributeurs ont enrichi la collection, et le musée Cernuschi présente l’une des plus importantes collections d’art asiatique d’Europe. La visite est gratuite, alors n’hésitez pas !
Le quartier Monceau est vraiment un lieu d’artistes. Ces musées en témoignent surtout si, comme moi, vous n’avez pas reconnu les noms d’artistes dans les noms de rues : Rembrandt, Murillo, Vélasquez, Van-Dyck…
Le parc Monceau
Nous pourrions entrer dans le parc Monceau dès maintenant, mais nous allons faire un petit détour. Nous retournons boulevard Malesherbes, dans lequel nous tournons à gauche, puis de nouveau à gauche, boulevard de Courcelles. Une grande rotonde se trouve près de l’entrée.
C’est en 1769 que le duc de Chartres décide de faire construire la folie… de Chartres, autour de laquelle il fait aménager un grand jardin dans lequel il place divers éléments destinés à surprendre le promeneur. Dès 1787, le jardin risque l’amputation. On construit en effet le mur des Fermiers généraux, afin d’empêcher la contrebande. Mais dans le parc Monceau, il y a un hic. Son propriétaire refuse la construction de ce grand mur, qui lui ferait perdre sa vue sur son jardin. Et ce n’est pas n’importe qui, c’est Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, le cousin de Louis XVI. Il obtient le remplacement de la portion du mur par un fossé, et la construction de la rotonde, depuis laquelle il peut admirer son jardin. La taille du parc est progressivement réduite, et de riches familles se font bâtir des hôtels particuliers à sa lisière.
Au XIXe siècle, les alentours du parc font l’objet de grandes opérations spéculatives pour la construction de demeures pour la bourgeoisie. Le parc subsiste néanmoins. On y trouve de nombreux éléments pour le moins inattendus : une arcade de l’ancien hôtel de ville, une colonnade entourant une partie du lac, une pyramide, un village de schtroumpfs…
A ne pas manquer
L’avenue des Champs Elysées puis le Triangle d’Or avec l’avenue Marceau…
Le plus beau musée : J’ai beaucoup aimé le musée Nissim-de-Camondo.
La plus belle église : L’église de la Madeleine
Une promenade dans les grandes avenues : boulevard de Malesherbes, boulevard Haussmann…
Le mot de la fin
C’est qu’elle était chargée, cette visite du huitième arrondissement. Commencée par la découverte de la plus belle avenue du monde, entre le Louvre et l’Arc de Triomphe, elle nous a également fait découvrir plein d’autres endroits moins connus. C’est que l’avenue des Champs-Elysées monopolise tellement l’attention des touristes qu’on oublierait d’aller voir à côté… Je profite de cette fin d’article pour vous faire remarquer le chemin parcouru depuis notre première visite, dans le premier arrondissement. Le changement majeur se trouve dans l’architecture, qui démontre clairement que nous ne sommes définitivement plus dans la vieille ville. Les églises sont de style néoclassique ou éclectique, les avenues s’étendent au milieu des immeubles Haussmanniens… Le changement est visible également en comparant avec le septième arrondissement, où nous avions vu beaucoup d’hôtels du XVIIe siècle, ou avec le quatrième arrondissement, dans lequel les hôtels dataient du siècle précédent, le XVIe !