Le canal des Pangalanes
Au sud de Tamatave, sur la route menant à la capitale Antanarivo se trouve le canal des Pangalanes. C’est l’occasion de faire une petite promenade en bateau, de se ressourcer sur une plage au calme ou de voir des lémuriens.
AVERTISSEMENT : Suite au décès de mon regretté appareil-photo, les photos de cet article ont été prises avec un téléphone portable acheté sur place. Veuillez m’excuser pour leur médiocre qualité. J’espère cependant qu’elles vous permettront tout de même de vous projeter un peu dans les endroits dont il est question dans cet article.
Un peu d’histoire
Le canal des Pangalanes est une voie fluviale longue de 665 km, rien que ça ! Il a été réalisé à la toute fin du XIXe siècle. Vous vous souvenez de Tamatave, dont le port est une ouverture importante de l’île sur l’océan indien ? Pour exporter des marchandises, telles que le bois ou les épices, ou tout simplement vendre des fruits au marché, la route était longue ! Au début, la région était une zone de lagunes composée de plusieurs lacs. Ces lacs servaient aux habitants pour transporter leurs marchandises. Mais il faut sans cesse décharger du bateau, puis continuer à pieds, recharger, etc. C’est pourquoi la construction du canal débuta. De plus, il devait permettre de faciliter le contrôle des populations colonisées. La navigation par le canal est plus facile, puisqu’il est à l’abri des événements météorologiques pouvant secouer l’océan indien.
4 000 coolies (des travailleurs chinois) furent réquisitionnés pour édifier cet immense ouvrage. Au prix de nombreuses pertes chez ces travailleurs, le canal fût achevé. Mais aujourd’hui, certaines portions ne sont plus navigables. Ainsi, ne vous attendez pas à parcourir le canal sur un grand bateau de croisière ! Ce n’est venu à l’idée de personne de toutes façons ?!
Le canal des Pangalanes est loin d’être la zone la plus touristique de la région. Il faut donc prévoir plus de budget que d’habitude pour le même niveau de confort.
La descente du canal des Pangalanes
Ce qui me tentait vraiment, c’était une descente en totale liberté : monter sur un bateau brousse et descendre jusqu’à un hôtel que j’aurais atteint vers la fin de la journée.
Un jour à faible vitesse sur le canal à vivre au rythme de vie des pêcheurs sur les berges, à me reposer paisiblement sur le pont de la petite embarcation. Ça a l’air tranquille dit comme ça, mais il faut tout de même faire grandement attention aux problèmes inhérents à ce mode de transport. En effet, les bateaux ne sont pas de première jeunesse et souvent très chargés. Et il faut bien calculer le temps de trajet, pour avoir un hôtel à l’arrivée, le camping étant dangereux apparemment, et difficile… Je ne l’ai donc pas fait.
Vous pouvez prendre un tour organisé à partir de Tamatave. Vous devriez trouver des agences sur le boulevard Joffre. Comptez 60 000 Ar, bien que ça doit avoir augmenté depuis mon voyage en 2017. Vous pouvez également rejoindre un hôtel plus au sud par la route. C’est généralement plus rapide que par bateau. C’est l’option que j’ai choisi.
Promenade sur les rives du canal des Pangalanes
J’ai choisi de me rendre sur les rives du lac Rasoabe, à 60 km au sud de Tamatave. J’ai pris un Taxi Be (comme un taxi-brousse mais plus grand et qui ont l’air en meilleur état). C’est le même prix que pour aller à Tana, sa destination finale. On paie au départ. Alors qu’il était censé partir « dans quinze minutes », j’attends toujours une heure plus tard. Enfin, le chauffeur me fait signe et me fait embarquer dans un autre taxi-be. Le voyage dure aux alentours de deux heures et demie durant lesquelles nous traversons de nombreux petits villages, des forêts et des plantations de cocotiers. Au croisement de la RN2 avec la route menant à Manambato, je descends. Un gars de l’hôtel que j’ai réservé est venu me chercher en scooter. Nous nous engageons sur 7 km d’une piste boueuse dans un état déplorable.
En arrivant aux bungalows, je remarque que je suis le seul touriste ! Tant mieux, cela me laisse le temps de parler avec la personne étant à l’accueil. Je me promène sur le bord du canal, c’est très calme. Je continue vers le village voisin.
Le lendemain après-midi, je pars en randonnée sur une petite piste de l’autre côté de la route. Le chemin devient de moins en moins visible. Il offre une belle vue sur le canal et se termine sur des plantations d’arbres. Je prends alors le petit sentier qui s’enfonce dans la forêt quand la pluie, qui menaçait depuis un bon moment, commence à tomber. Le temps de mettre mon imperméable et de parcourir quelques mètres, elle s’arrête, bien entendu. J’arrive sur un plus grand chemin. Il y a de nombreux arbres brûlés dans le coin. Je marche le long d’une clôture en bois et découvre de belles vues sur des kilomètres aux alentours : de grandes zones boisées jusqu’aux montagnes dans les terres, parsemées de quelques petits villages.
Découverte d’un village de pêcheurs
C’est l’une des choses que je souhaitais faire en venant ici. Votre hôtel organisera sûrement des transferts et une visite avec un guide. Comptez 60 000 Ar, qui est un prix pour faire démarrer le bateau. Cela signifie que vous pouvez diviser cette somme entre toutes les personnes montant à bord, et il y a pas mal de sièges. J’avais vraiment l’impression de jouer au riche en payant le bateau avec une bonne dizaines de places pour moi tout seul. Mais c’était à peine plus cher qu’une pirogue (sans négocier), et surtout plus rapide !
Situé sur une bande de terre de quelques dizaines ou centaines de mètres, entre le lac Rasoabe et l’océan Indien, il est composé de nombreuses maisons traditionnelles en bois ainsi que de quelques constructions en béton dont l’école et une maison colorée en bleu-vert très clair et jaune. L’ambiance qui y règne est paisible et la visite est ainsi très reposante. Elle parait se dérouler dans le passé, tout a été figé et est au repos.
Pourtant, bien que ce soit dimanche et que les conditions météorologiques ne permettent pas de prendre la mer sur les pirogues d’à peine deux mètres de long, le village est au travail. Quelques femmes font leur lessive sur le bord du lac, d’autres préparent la cuisine. Des travailleurs refont le toit d’une maison tandis qu’un pêcheur répare son filet. Longue tâche répétitive que de recoudre manuellement tous les fils défectueux de ce grand filet ! Demain, si le temps le permet, tout ce monde retournera à ses activités habituelles. Les hommes à la pêche et les femmes dans les champs de riz.
Le poisson est conservé dans un réfrigérateur artisanal : un coffre en bois et polystyrène est rempli de gros glaçons, achetés à Brickaville, à une dizaine de kilomètres de là. Les poissons y sont stockés sous des bâches en plastique et une grande bâche recouvre le coffre. Les villageois le transporteront en pirogue jusqu’à Tamatave, à soixante kilomètres au nord, pour vendre les poissons. La voie ferrée entre le village et l’océan n’est qu’un vestige et n’est plus fonctionnelle. Les poissons peuvent être grillés en les entreposant sur une plateforme. Cette dernière est constituée de bâtons, recouverts là aussi de bâches en plastiques.
Au bord du rivage, des jeunes enfants du village sont munis de paniers. Ils s’en servent comme des filets et attrapent des petits poissons et des crevettes. De là, on aperçoit un barrage en bois qui délimite un élevage piscicole. La pêche, si elle est la principale source de revenus, n’est pas la seule source de nourriture. De nombreuses volailles parcourent le village, et de manière générale, il y a beaucoup d’animaux, également des chats et des chiens.
Il y a de nombreux arbres fruitiers, mais pas seulement. Ainsi, mon accompagnateur m’explique les vertus de tous les arbres et plantes aux propriétés médicinales. Il y en a un grand nombre, et pour soigner pas mal de choses ! Par exemple, sept feuilles d’atafana dans un litre d’eau bouillante permettent d’obtenir, après douze heures d’attente, un remède contre les maux d’estomac. Et en faisant sécher les noyaux d’autres fruits, ils font des colliers.
C’est sûrement l’un des moments les plus dépaysants de mon voyage, dans ce village loin de tout et ne possédant pas grand-chose. Il y a cependant quelques panneaux solaires, une grande maison délabrée qui sert de discothèque et dans un coin, un enfant avec un jouet (une épée en plastique)… Après quatre heures de visite, à la fin desquelles j’ai dû faire un peu accélérer le pas à mon guide qui semblait parti pour me faire faire le tour des hôtels du côté du village, je retourne aux bungalows.
Autres choses à voir
Vous pouvez aller voir des lémuriens à la réserve du Palmarium. En plus des lémuriens, on peut y découvrir de nombreuses espèces de plantes. Il y a des transferts pour s’y rendre, mais vous pouvez loger à l’hôtel du même nom.
Vous pouvez aussi continuer votre route plus au sud. Vous arriverez d’abord à la petite ville d’Ambila-Lemaitso, où vous pourrez profiter de la plage assez calme. Peut-être arriverez-vous jusqu’à Vatomandry, mais ça représente une sacrée distance !
Le petit mot de la fin
Même si le canal des Pangalanes reste facilement accessible par la route, l’expérience peut être très dépaysante. On trouvera des plages au calme et un regard authentique sur la vie des habitants de la région. A mi-chemin entre un dépaysement complet mais difficile d’accès et un endroit très touristique d’accès simple.