Un week-end à Nancy
Alors que mon premier CDD touche à sa fin, je décide d’aller rendre visite à une amie, qui étudie à Nancy, le temps d’un week-end. Quand une autre de mes amies m’avait dit qu’elle allait peut-être y étudier, j’ai eu le droit à des réactions telles que « mais pourquoi va-t-elle se perdre là-bas ? » ! J’avais l’impression que la ville était un peu vide… Cependant, le nombre d’étudiants y est très important (1/6 de la population en 2017) et la publicité faîte par la ville via par exemple l’appel à des blogueurs voyage a commencé à me convaincre que oui, il y a sûrement des endroits à visiter à Nancy.
Un petit peu d’histoire
L’histoire de Nancy en bref : de l’Antiquité à la Renaissance
L’histoire de Nancy, c’est avant tout l’histoire de la Lorraine. Située entre la France, le duché de Bourgogne et le Saint Empire Romain Germanique, la région attire de multiples convoitises. Après l’Antiquité, dont il reste de beaux ouvrages dans la région (à Metz par exemple), la région est découpée en trois évêchés au Moyen-Âge : Metz, Verdun et Toul, tandis que les bourgeois acquièrent de plus en plus de pouvoirs.
Ce n’est qu’à la fin de la Guerre de Cent-Ans que la ville de Nancy commence à prendre de l’importance, à la suite d’une visite royale et au choix de Charles le Téméraire d’en faire sa capitale durant la courte période où il occupe la région. Il ne conserve pas sa prise très longtemps. La région se rebelle alors qu’il est aux prises avec les Confédérés Suisses. Il meurt lors de la bataille de Nancy en 1477, alors qu’il tente de reprendre la ville. Les ducs de Lorraine, de nouveau installés, continuent les aménagements dans la ville et y construisent leur palais.
La Renaissance apporte un nouvel élan, qui marque encore aujourd’hui l’architecture de la ville, notamment sous le duc Charles III. La France finit cependant par gagner le contrôle sur la région en 1648 avec le traité de Westphalie, qui met fin à la Guerre de Trente Ans. Le rattachement de toute la région à la France sera officiel en 1766, à la mort de Stanislas Leszczynski, roi écarté de Pologne et gendre du roi Louis XV. Essayez donc de prononcer son nom !
Petit aparté sur le roi Stanislas
Peut-être que certains se demandent ce qu’un roi de Pologne vient faire à Nancy ? Ou peut-être êtes-vous encore en train d’essayer de prononcer son nom (ne vous en faîtes pas, je n’ai toujours pas réussi). En fait, c’est une longue histoire. Il a été élu lors de la Grande Guerre du Nord, opposant la Suède à la Russie, le Danemark et la Pologne. Son élection s’est faîte grâce au soutien de Charles XII, roi de Suède, qui remportait des batailles. Mais il a fini par perdre et a pu se réfugier dans la cour du sultan ottoman.
Stanislas est alors chassé du trône de Pologne et le rejoint. Il doit bien s’entendre avec Charles XII, puisque ce dernier lui confie la principauté des Deux-Ponts, un petit état du Saint-Empire Romain Germanique. A la mort de Charles XII, il trouve refuge à la cour du duc de Lorraine. Quand Louis XV devient roi, ses multiples problèmes de santé inquiètent ses conseillers, qui cherchent à lui faire avoir une descendance rapidement. Il a beau être promis à une espagnole, cette dernière étant trop jeune, il faut alors trouver une autre candidate. Après l’étude de nombreuses possibilités, le choix se porta sur la fille de Stanislas. Ce dernier reçoit la Lorraine en viager. Ces territoires devaient devenir français à la suite du traité de Westphalie. Pour préparer la ville à devenir française, il a effectué de nombreux aménagements que l’on découvrira par la suite.
L’histoire moderne de Nancy
La ville retrouvera un certain dynamisme après 1870 et l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’Allemagne. De nombreux industriels et médecins de ces zones se réfugient à Nancy. C’est également à cette période que l’École de Nancy émerge. Nancy devient ainsi l’un des grands centres français de l’art nouveau, nous y reviendrons par la suite. Après les deux guerres mondiales, la ville prospère grâce à l’activité minière, qui n’a cependant pas été éternelle.
Visiter Nancy en un week-end
Après mes quelques recherches sur le net, j’ai décidé d’organiser le week-end autour de deux grands moments : la visite du centre historique dans un premier temps, et la découverte de l’art nouveau dans un second temps.
Le parcours historique dans le centre-ville
Nous commençons cette visite de Nancy sur la Place Stanislas, où se trouve l’Office du Tourisme. Pratique pour finaliser l’organisation des visites !
Découvrir la place Stanislas à Nancy
Construite entre 1751 et 1755, cette place est à l’honneur du roi de France, Louis XV, dont la statue trônait alors au centre de la place. En plus des façades des bâtiments classiques entourant le lieu, prêtez attention aux détails des portails agrémentés de motifs d’or : fleurs de lys et couronnes sur les portails, ainsi qu’aux détails des lampadaires. La statue de Louis XV a quant à elle été remplacée en 1831 par la statue de Stanislas. C’était la moindre des choses ! Véritable centre historique de Nancy, cette place sera également au centre de nos visites.
A l’opposé de l’hôtel de ville se trouve l’arc Héré, par lequel nous passons pour nous rendre sur la place de la Carrière.
La place de la Carrière et l’arc Héré
L’arc Héré, du nom de l’architecte en charge de la construction de ces belles places, se trouve à l’endroit de l’ancien rempart. Il est décoré sous le signe de la guerre et de la paix.
Il donne accès à la place de la Carrière. Ancien lieu de joutes, d’où son nom et sa grande taille, Stanislas en fit un lieu reliant la vieille ville à la nouvelle. Faisant face à l’hôtel de ville, le palais du Gouvernement se trouve au bout de cette place.
En passant sur la gauche, vous rejoignez la place Epvre et la Grande Rue.
La basilique Saint-Epvre, le palais ducal et la porte de la Craffe
Le palais ducal était la résidence des ducs de Lorraine. D’un style gothique flamboyant (balcons) et Renaissance (fenêtres), cet édifice aurait dû être beaucoup plus grand. Mais il en fût décidé autrement, l’occupation française et le manque de moyens financiers entraînèrent l’abandon du projet d’agrandissement. Il accueille maintenant en son sein le musée Lorrain, présentant l’histoire et l’art de la région. Il est cependant fermé jusqu’en 2021 pour cause de rénovation, nous n’avons donc pas pu le visiter. La façade reste néanmoins très intéressante et vaut le détour.
Nous avons continué sur la Grande Rue, une rue commerçante de la ville, pour aller voir la Porte de la Craffe. Vestige des anciens remparts de la ville, vous reconnaîtrez les éléments défensifs du Moyen-Âge. La porte est surplombée d’une croix lorraine. En fait, c’est une croix à laquelle on ajoute une barre. Et hop, ça fait une croix lorraine. L’autre côté de la porte est de style Renaissance. Au-delà de cette porte, il y a la porte de la Citadelle. On avait commencé à continuer notre route, mais ignorant de ce qu’il y avait plus loin, nous avons vite rebroussé chemin. Échec !
En revenant sur la place Epvre, nous pouvons visiter l’église qui s’y trouve. L’édifice actuel a été construit entre 1864 et 1874. Ses proportions sont assez impressionnantes, notamment la flèche. L’orgue a même reçu une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1867 ! J’ai pris des photos, même si j’étais très occupé à essayer de prononcer le nom de Saint Epvre. J’ai également été satisfait de réussir pour la première fois à photographier un vitrail !
En revenant sur la place de la carrière, nous allons pouvoir terminer la visite du centre-ville.
Le parc de la Pépinière, la place d’Alliance et la cathédrale
De la place de la Carrière, vous pouvez vous rendre dans le parc de la Pépinière. Petit indice pour le trouver : il y a plein d’arbres ! Car le parc de la Pépinière est un espace vert de 22 ha où les habitants de la ville peuvent venir se promener, prendre l’air ou faire du sport. Une petite pause s’impose donc dans notre visite !
En revenant sur la place Stanislas, on emprunte la rue Lyautey pour vite arriver sur la place d’Alliance. Cette place complète le trio construit par l’architecte Emmanuel Héré. Son nom commémore le traité d’alliance entre la France et L’Autriche-Hongrie, signé en 1756. Ce traité rebattait les cartes des alliances en Europe, alors que l’Angleterre se rapprochait de la Prusse.
Cette place, plus petite que les deux autres, n’en est pas moins agréable, avec sa fontaine centrale entourée de tilleuls.
Enfin, en retournant sur la rue Saint-Georges, par où nous sommes arrivés, nous visitons la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation. Ne ratez pas la coupole et le grand orgue.
Pour terminer cette journée, nous avons fait un tour dans le magasin des sœurs macarons. Je pensais faire mon premier cadeau de Noël avec ces macarons très connu de Nancy, mais ça ne se conserve qu’un mois au maximum ! Ils nous en ont quand même offerts deux petits pour que l’on puisse goûter !
Sinon, j’avais noté dans mon cahier la rue des Dames et la rue du Maure qui trompe. Je ne sais plus pourquoi, et j’ai oublié d’aller voir ce qu’il y avait sur ces deux rues, situées non loin de la basilique Saint-Epvre. Nous aurions pu aussi aller voir la place Vaudemont et ses façades néoclassiques, située juste à gauche de l’arc Héré quand on se trouve dos à la place Stanislas.
Un deuxième jour sous le signe de l’art nouveau
Une matinée pour l’art
Dimanche, nous retournons sur la place Stanislas. Pour commencer cette journée, je voudrais visiter le jardin Dominique-Alexandre Godron. Labellisé Jardin Remarquable, il a été fondé en 1758 par Stanislas. Il possède une riche collection d’arbres exceptionnels (micocoulier de Provence, un arbre aux quarante écus pleureurs, un copalme d’Orient…) et d’éléments de décoration florale de jardins. Ça avait l’air intéressant, dommage qu’il ait été fermé jusqu’en 2021…
La matinée continue avec la visite du musée des Beaux-Arts. Ce n’est pas de l’art nouveau, mais le premier dimanche du mois, c’est gratuit alors profitons-en ! Ce musée possède une importante collection d’œuvre, dont des œuvres réalisées par des peintres de la région. Disons que ça ravira les artistes et les amateurs de peintures.
En ressortant, on profite une dernière fois de la place Stanislas !
Le parcours art nouveau
Je l’écrivais en introduction, Nancy est un centre très important d’art nouveau. Mais qu’est-ce que l’art nouveau ? C’est un mouvement artistique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Pas si nouveau que ça donc. Il vise à réintroduire du sensible dans le quotidien et se caractérise donc par la représentation d’éléments naturels comme des décors floraux sur les façades des immeubles, des maisons, et sur l’architecture d’intérieur, sur les vases, les vitraux, etc. Les motifs tout en courbes et spirales évolueront vers des formes plus géométriques avec l’arrivée de l’art déco. Pour rappel, nous avions vu un peu d’art déco à Bandung, en Indonésie.
L’Office du Tourisme propose un petit plan avec un parcours sur le thème de l’art nouveau à Nancy. Il vous fera parcourir un peu plus de 6 km. Vous trouverez ainsi de l’art nouveau dans le centre, entre les place Stanislas et Maginot, sur l’avenue Foch jusqu’à la Villa Majorelle, autour du parc Sainte-Marie et dans le quartier Saurupt.
La promenade n’a pas été de tout repos à cause de la pluie ! Mon plan s’est déchiré, j’ai dû courir en rechercher deux. Puis comme il se faisait tard, j’ai dû me presser pour pouvoir atteindre le musée de l’école de Nancy avant sa fermeture et pouvoir y rester malheureusement trop peu de temps.
Voici quelques photos de bâtiments de style art nouveau :
Le bâtiment du Crédit Lyonnais (1901), 7bis rue Saint-Georges.
Le magasin Vaxelaire et Pignot (1913), 7 rue Raugraff :
L’intérieur de la brasserie l’Excelsior (50 rue Henri-Poincaré) vaut le détour ! Mais la carte est au-dessus de mon budget !
Un petit détour historique dans le parcours art nouveau
Non que l’art nouveau ne fasse pas partie de l’histoire, mais cet aparté n’a rien à voir avec l’art nouveau.
Sur l’avenue Foch, prenez la rue Jeanne d’Arc pour atteindre la place de la Croix de Bourgogne. Cette place, en travaux, possède en son centre une croix monumentale (qui n’est pas en forme de croix) en l’honneur de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, mort en cet endroit lors de la bataille de Nancy. Souvenez-vous, il essayait en 1477 de reprendre la ville.
Je n’ai pas bien vu le reste de la rue à cause de la pluie. J’ai néanmoins fait le détour pour photographier la Villa Majorelle.
La Villa Majorelle
Située 1 rue Louis Majorelle, c’est la première maison entièrement art nouveau de Nancy, datant de 1901-1902. Elle ne se visite que partiellement et sur réservation, mais elle était de toute façon fermée pour rénovation… Je n’ai jamais vu autant de rénovations partout !
Ne la ratez quand même pas, on peut voir l’extérieur et l’une des pièces est présentée dans le musée de l’école de Nancy.
Petite précision, et pas des moindres, Louis Majorelle était un ébéniste du mouvement art nouveau, et c’est lui qui fit bâtir cette maison pour y habiter.
Le musée de l’école de Nancy
L’un des rares musées d’art nouveau en France est situé 36-38 rue du Sergent-Blandan, dans l’ancienne maison d’Eugène Corbin, un mécène et collectionneur d’art nouveau. Il est possible d’y voir de nombreuses salles avec du mobilier art nouveau, des vitraux, des vases, des pianos… On baigne vraiment dans l’art nouveau, et une salle est consacrée à la rénovation de la Villa Majorelle. Le jardin extérieur est sympathique aussi, un peu moins quand c’est le déluge.
Malheureusement, je me suis tellement dépêché pour tout voir que je suis allé trop vite. J’aurais pu rester une demi-heure de plus dans le musée !
Le parc Saurupt
C’était à l’origine un projet de grand parc ou quartier privé d’architecture art nouveau. Commencé en 1901, le projet a été abandonné. Il reste néanmoins de nombreuses maisons de style art nouveau rue des Brice, avenue du Général Leclerc… Comme il pleuvait le soir après le musée, j’ai attendu le lendemain matin pour prendre quelques photos avant de quitter Nancy. Mais le temps n’était pas meilleur ! D’ailleurs, avec le recul, je me dis que j’aurais dû directement abandonner l’idée de le voir le soir : cela m’aurait permis de pleinement profiter du musée…
Que voir d’autre à Nancy ?
C’est maintenant le petit paragraphe pour lister les choses que j’aurais voulu voir à Nancy mais que je n’ai pas pu visiter. En réalité, il n’y en a que peu. La pluie a mis à mal le parcours art nouveau, tandis que les rénovations ont rendu inaccessibles plusieurs sites dont je vous ai déjà parlés. J’aurais aussi voulu voir l’église des Cordeliers. Si l’extérieur est sobre, j’ai lu que l’intérieur vaut le détour. Située sur la Grande Rue, je suis passé devant ! La crypte renferme les sépultures de la famille des ducs de Lorraine.
Il paraît qu’il y a du street-art à Nancy. Je n’en ai pas vu, mais je suppose qu’il faut savoir chercher !
Quelques visites dans les alentours de Nancy
Deux sites ont attiré mon attention, et j’aurais pu les visiter si j’étais sorti de la ville. Premièrement, la cathédrale de Toul. Très imposante, elle a été bâtie entre le XIIIe et le XVIe siècle. Que ce soient pour les sculptures, les verrières ou les fresques, elle vaudrait le détour. La ville de Toul se situe à une vingtaine de kilomètres de Nancy, sur la A31. Je suis passé devant et j’ai hésité à m’y arrêter.
Sinon, plusieurs blogs ont conseillé le château de Fléville, situé dans la ville de Fléville-devant-Nancy (10 km). Enfin, devant, ça dépend d’où vous venez. Château datant de la Renaissance adossé à un donjon du XIVe siècle, c’est l’un des rares châteaux de Lorraine qui n’a pas été détruit lorsque les Trois-Evêchés (Toul, Verdun et Metz) sont devenus français.
Conclusion de ce week-end à Nancy
J’ai bien aimé visiter cette ville, surtout après les avis que j’en avais reçus ! Il paraît que c’est très bien pour les étudiants, mais les touristes y trouveront également leur compte. Je suis parti de Melun à 7h du matin, ce qui m’a permis d’arrivée peu après 11h à Nancy. En repartant le lundi matin, ça m’a permis de visiter la ville pendant un jour et demi. Et c’est suffisant, du moins tant que les rénovations perdurent ! Sinon, je pense qu’il faudrait vraiment prévoir deux jours complets. Un troisième jour peut permettre de visiter des sites dans les alentours de Nancy. Mais en un jour et demi, ce n’était pas la peine d’y penser !
Nancy, nous nous retrouverons peut-être en 2021, quand le musée, le parc Dominique-Alexandre Godron et la Villa Majorelle seront de nouveau accessibles au public !