Visiter Marrakech et découvrir son patrimoine exceptionnel

Visiter Marrakech et découvrir son patrimoine exceptionnel

Marrakech, pour de nombreux touristes, serait presque le synonyme de Maroc. Ils sont nombreux à ne voir du Maroc que la ville ocre. En effet, Marrakech accueille près de la moitié des voyageurs au Maroc. Ils profitent de ses températures clémentes, de la concentration de monuments historiques ainsi que des infrastructures hôtelières. Marrakech est une formidable vitrine sur l’architecture marocaine, l’histoire du pays, ses arts et ses traditions. Mais la ville ne doit pas faire oublier la richesse de tout le pays, qui mérite également qu’on s’y attarde. Mais si les amoureux de patrimoine trouveront leur bonheur à Marrakech, ceux en quête d’aventures dans les montagnes, le désert, ou les immenses palmeraies y trouveront une porte d’entrée vers leurs destinations, ou un agréable retour à la ville animée après leur séjour. Dans cet article, je vous propose de découvrir tout ce qu’il y a à voir à Marrakech.

Après ma visite d’Essaouira, Marrakech constitue la troisième étape de mon voyage. Et c’est encore une ville dans laquelle je m’arrête ! J’ai prévu d’y rester deux jours et demi. Ce n’est pas suffisant pour tout voir, mais cela permet de découvrir le principal. Je ne pouvais malheureusement pas rester plus longtemps, et le futur me donnera raison. Sans plus tarder, je vous propose de partir visiter Marrakech. Préparez-vous un thé à la menthe, car la visite va durer plus longtemps que d’habitude.

L’histoire de Marrakech

En l’an mil, Marrakech n’est qu’une oasis où s’arrêtent les caravaniers qui commercent entre le Mali et le nord du Maroc. Après des semaines dans le désert, les voilà en vue de l’Atlas marocain, tandis que d’autres revêtent leur tunique bleue et se préparent pour la grande traversée. C’est sûrement parce qu’ils viennent de ces régions désertiques que la tribu berbère des Almoravides développe ce qui n’est encore qu’un camp de toile, en 1062. Ils conquièrent un large territoire de l’océan Atlantique à l’Algérie en passant par le sud de l’Espagne. Ils établissent alors leur capitale à Marrakech. Entourant la ville de remparts, ils édifient des mosquées avec des architectes andalous et mettent en place un vaste réseau d’irrigation.

Le nouveau faste de Marrakech n’est pas pour plaire aux Almohades et leur lecture rigoriste de l’Islam. Ils s’emparent de la ville en 1147, ainsi que du reste du pays. Ils s’appliquent alors à faire disparaître les constructions de leurs prédécesseurs. Pragmatiques, ils prennent soin de conserver le réseau d’irrigation. Ils le perfectionnent pour créer d’immenses jardins agrémentés de bassins. A l’emplacement du palais des Almoravides, ils construisent la mosquée qui est aujourd’hui le symbole de la ville. Par leurs constructions, ils assurent un temps la gloire de la ville, avant que les Mérinides prennent possession du nord du Maroc, et de Marrakech en 1269. Ces derniers préfèrent Fès comme capitale.

Nous sommes maintenant en 1524. Depuis trois siècles, Marrakech est une banale ville provinciale, qui a bien essayé de se rebeller, sans succès. En cette année-là, les Saadiens s’emparent de la ville. Marrakech redevient la capitale du Maroc en 1554. La richesse des Saadiens entraîne une nouvelle gloire pour la ville, avec la construction de nouvelles médersas, mosquées et des tombeaux saadiens. Les Alaouites prennent la ville en 1669 et transfèrent de nouveau la capitale à Fès. Ils n’en délaissent pas Marrakech pour autant, certains sultans et des notables y construisent de nouveaux palais. La ville n’est cependant pas épargnée par les troubles que connaît le royaume à la fin du XIXe siècle.

En 1912 commence la période du protectorat français. Le maréchal Lyautey crée à côté de la médina le quartier du Guéliz pour loger les fonctionnaires de l’administration. Le climat et la richesse de l’architecture attiraient déjà des touristes européens. Depuis, le nombre de touristes n’a cessé d’augmenter. Et ce n’est pas l’attentat de 2011 qui suffit à les faire fuir. Ils se pressent pour goûter à l’ambiance de la place Jemaa el-Fna, tenter de bonnes affaires dans la médina et loger dans l’un des nombreux riads, dont certains ont été rachetés et transformés en hôtels par des européens. Marrakech est ainsi devenue une vitrine du pays et une destination évidente, facile, pour quiconque veut sortir d’Europe sans parcourir des milliers de kilomètres.

Visiter Marrakech

La médina

J’ai commencé ma visite par un petit tour dans la médina. Logeant dans le quartier Berrima, j’ai donc effectué un itinéraire en partant du sud vers le nord.

Dar Si Saïd

marrakech dar si saïd
Admirez la quiétude des lieux en plein Marrakech, et en début d’après-midi !

Le Dar Si Saïd, littéralement la maison de Si Saïd (dar signifie « maison » en darija), est un bâtiment du XIXe siècle construit pour le frère du vizir Ahmed ben Moussa, dont on reparlera. Aujourd’hui, on y trouve un musée présentant de nombreux tapis venant de tout le Maroc. A travers toutes ses salles, le visiteur réalise un voyage dans l’histoire des tapis marocains, des différents centres de productions et découvre les différents styles. La salle de mariage au premier étage vaut également le détour. En plus de présenter une collection de qualité, le musée national du Tissage et du Tapis permet sûrement de se préparer à l’achat d’un tapis dans la médina ! Autant avoir une bonne connaissance du produit avant de débuter le marchandage !

Il semblerait qu’il n’y ait pas que des tapis, mais aussi des boiseries, des instruments de musique, de la poterie, des bijoux… Je commence à croire que j’en ai raté, car je ne me souviens que des tapis !

L’entrée du Dar Si Saïd est moins onéreuse que celle de nombreux monuments de la ville, puisqu’elle ne coûte que 30 dirhams. Comptez au moins une heure de visite.

Place Jemaa el-Fna

marrakech place jemaa el-fna
La célèbre place Jemaa el-Fna, qui manque un peu de touristes !

La place Jemaa el-Fna est sûrement l’âme de Marrakech. L’activité y bat son plein et sa position centrale fait d’elle un passage obligé à un moment donné ou à un autre de votre visite de la ville. Tout d’abord lieu d’exécution des criminels, où on y exposait aussi leur tête, la place Jemaa el-Fna a ensuite accueilli des souks à ciel ouvert. Aujourd’hui, il n’y a plus d’exécution publique sur la place, il faut dire que ça la viderait sûrement de ses touristes ! A la place, on trouve de nombreuses enseignes vendant des jus de fruits, confectionnés avec les fruits exposés sur les étals, des charmeurs de serpents, des maquilleuses au henné, des conteurs (pour ceux qui comprennent l’arabe j’imagine !) et d’autres choses encore… Si l’envie d’une promenade en calèche vous tente, il y en a de nombreuses entre la place Jemaa el-Fna et la mosquée Koutoubia.

Toutes ces activités ont énormément souffert de la pandémie. De nombreux propriétaires de calèche ont dû vendre leurs chevaux pour survivre ou parce qu’ils n’avaient plus les moyens d’acheter la nourriture des équidés. Les abattoirs en ont ainsi vu de nombreux arriver. Peut-être une future spécialité de lasagnes de cheval à Marrakech ? Des associations se sont créées pour fournir de la nourriture aux chevaux. J’imagine que des choses sont faites aussi pour les propriétaires, qui rejoignent les nombreuses victimes indirectes de l’épidémie. De nombreux guides, sans emploi, se sont reconvertis en vendeurs de fruits et légumes à la sauvette. De même que des artisans de la médina. C’est tout un savoir-faire qui risque de disparaître.

La place Jemaa el-Fna ne se visite pas en une seule fois. Il faut revenir afin de goûter à d’autres ambiances. Le soir, l’animation est toujours aussi élevée, mais de nombreux stands, où il est possible de manger pour des prix raisonnables, font leur apparition. Il est inutile de préciser que ce n’est pas ici que vous prendrez un repas au calme… Quand j’y étais, un groupe de quatre musiciens était présent et jouait de la musique traditionnelle. De nombreux marchands de T-shirts s’y promènent à la recherche de clients. Ça devient parfois un peu dérangeant, n’hésitez pas à prendre des places près des étals. Vous trouverez de toute façon les mêmes T-shirts moins chers dans la médina. Nous en parlions dans l’article sur Essaouira, ce sont des sénégalais et autres habitants de cette région qui mènent cette activité. En attente de papiers ? Peut-être. D’un meilleur travail, sûrement !

Le stand dans lequel j’ai mangé était tenu par des jeunes énergiques qui chantaient « waka waka » de Shakira à chaque fois qu’un nouveau client s’installait sur leur stand. Enfin, seulement le refrain ! Ils m’ont ensuite invité derrière l’étal pour prendre des photos. Je suis retourné dans les stands deux jours plus tard. Pour ceux qui sont curieux, il semblerait qu’ils ne tiennent pas tout le temps le rythme. Ils étaient beaucoup plus calmes ! Vous y trouverez des tajines, des couscous, des pastillas parfois, et même des têtes de mouton. Je précise, au cas où.

A noter que la place Jemaa el-Fna est inscrite au patrimoine oral et immatériel de l’humanité ! Cette liste contient des patrimoines que l’on ne peut pas toucher comme de la cuisine ou une danse. Cependant, la place Jemaa el-Fna est bien matérielle, le classement prend en compte les conteurs, dresseurs de serpents, et finalement toutes les traditions qui font la place Jemaa el-Fna.

La mosquée Koutoubia

En 1147, les Almohades prennent la ville de Marrakech et mettent un terme à la dynastie des Almoravides. Nous l’avons déjà vu dans l’article sur l’histoire du Maroc, les Almohades sont conduits par Ibn Toumert, qui prône une lecture austère du Coran, après l’avoir étudié au Moyen-Orient. Ils sont en désaccords sur les mœurs de leurs prédécesseurs, et sont déterminés à rétablir l’ordre et la piété dans le pays. Pour ce faire, quoi de mieux qu’une nouvelle mosquée dans leur capitale ? Les constructions vont bon train et la mosquée voit le jour rapidement. Les Almohades disposent de leur nouveau symbole, et vont pouvoir se lancer dans la propagation de la lecture rigoureuse du Coran de leur meneur ! C’est le successeur d’Ibn Toumert, Abd al-Mumin, qui bâtit la mosquée Koutoubia, à l’emplacement du palais de ses prédécesseurs. Le nom de la mosquée provient du souk des libraires, mitoyen de celle-ci.

Mais quelque-chose ne va pas dans cette nouvelle mosquée. On fait venir des savants et leur verdict est sans appel : la mosquée construite n’indique pas la direction de la Mecque ! Il faut donc tout recommencer… Le sultan fait donc détruire cet édifice pour en construire un nouveau, dans la bonne direction cette fois. En 1199, la nouvelle mosquée est enfin prête ! S’il y avait un marchand de boussole dans la médina à cette époque, il a dû faire de bonnes ventes ! Les vestiges au nord-ouest de la mosquée actuelle sont ceux de la première mosquée, mal orientée, dont il ne reste que le minaret.

Avec son lanternon et ses boules d’or, le minaret de style hispano-mauresque est un édifice caractéristique de la ville. Il a une hauteur de 77 mètres, c’est un peu plus haut que les tours de Notre-Dame de Paris (69 mètres) mais moins que la flèche (96 mètres). Lors de la reconstruction de la mosquée, le minaret a été conservé pour la seconde mosquée, correctement orientée.

Pour photographier la Koutoubia, il faut y être à 10h du matin pour ne pas être en contre-jour en photographiant la façade faisant face à la place Jemaa el-Fna. Il est aussi possible de le faire au coucher du soleil.

marrakech mosquée koutoubia
Face au soleil, j’ai décidé de changer de point de vue.
marrakech minaret mosquée koutoubia
Depuis le pavillon du jardin de la Ménara, le minaret de la Koutoubia semble se trouver au milieu d’une palmeraie dans la montagne !

Le musée de la musique

Ce musée se situe dans une habitation où on trouve une douiria (appartement des invités) de l’époque Saadienne. Mais ce n’est pas uniquement pour celle-ci que j’ai visité ce musée. Le Musée Mouassine, autre nom du musée de la musique, reprenant le nom du quartier dans lequel il se situe, présente différents styles de musique marocaine. On y trouve des instruments de musique, des documentaires vidéos et on peut y entendre de la musique traditionnelle.

Je m’y suis rendu lors de ma première promenade dans la médina. Le jeune homme à l’accueil m’a informé que le musée organise des spectacles de musique. On peut y découvrir la musique berbère, la musique gnaoua (d’origine subsaharienne) et la musique arabo-andalouse. Il est aussi possible de rester pour un dîner. Nous étions mercredi, le prochain spectacle a lieu vendredi. Problème : le spectacle musical n’a lieu que s’il y a suffisamment de monde. Je lui laisse donc mon numéro pour qu’il puisse me prévenir vendredi s’il a lieu ou pas. Malheureusement, il n’y aura pas assez de touristes cette fois-ci !

J’y retourne tout de même vendredi, puisque découvrir la musique marocaine m’intéresse, mais je souhaite également voir la fameuse douiria, qui est, avec la musique, la raison pour laquelle il faut visiter le musée Mouassine. Pour ceux qui auraient oublié, c’est l’appartement des invités. L’ensemble a été rénové récemment. Le responsable de la restauration est un breton vivant au Maroc. Un employé présent dans la douiria me montre la différence entre avant et après la restauration (une petite partie non restaurée subsiste). Le résultat est magistral !

marrakech musée mouassine douiria
Au dessus de l’une des portes de la douiria

L’entrée coûte 40 dirhams. Avec le spectacle de musique, c’est 100 dirhams. En revanche avec le dîner, cela coûte 260 dirhams.

Le jardin secret

Un grand panneau indique l’entrée du jardin secret. Cette demeure de l’époque Saadienne (XVe-XVIe siècle) abrite un jardin exotique et un jardin islamique, reconnaissable à sa division en quatre plates-bandes. En plein milieu de la médina, on ne s’attend pas à tomber sur un tel lieu !

L’entrée coûte 50 dirhams, auxquels il faudra ajouter 30 dirhams si on veut accéder à la tour.

La médersa Ali Ben Youssef

Une médersa construite au XIVe siècle sous les Mérinides puis modifiée en 1565 par les Saadiens, ça semblait très intéressant. En effet, il semblerait qu’il reste peu de monuments datant de l’époque des Mérinides à Marrakech. Malheureusement, je n’ai pas pu la visiter, la médersa était fermée pour des restaurations lors de mon passage.

La koubba Ba’Adiyn

Derrière la médersa Ali Ben Youssef, la koubba Ba’Adyin est l’unique vestige Almoravide de Marrakech. Édifice carré surmonté d’une coupole, bâti au début du XIIe siècle, il renfermait le bassin à ablution de la mosquée Ben Youssef.

Le musée de l’orientalisme

Ce musée présente une collection de tableaux orientalistes. Certains d’entre eux ont été réalisés par des peintres célèbres. Par exemple, il y en a de Delacroix, dont on retrouve des éléments provenant de ses œuvres orientalistes dans les trois tableaux qu’il a réalisés dans l’église Saint-Sulpice. Apparemment, il y a une belle vue sur la ville depuis le toit de l’édifice. J’y suis donc allé avant le coucher du soleil. Je dois dire que je suis très déçu. Certes, on peut voir les toits de la médina, mais il n’y a pas de vue sur la Koutoubia par exemple, et le point de vue ne vaut certainement pas les soixante-dix dirhams que coûte l’entrée (c’est autant que le palais de la Bahia, quand vous lirez le paragraphe le concernant, vous comprendrez rapidement la comparaison !). Bon au moins, les tableaux sont assez jolis.

A l’origine, je comptais regarder le coucher de soleil depuis le toit du musée de la photographie situé à quelques mètres de là. Je suis entré dans le musée de l’orientalisme en attendant. J’ai cependant annulé mes plans, car il est fort peu probable que la vue soit bien meilleure depuis le toit du musée de la photographie. Heureusement, il était encore temps de retourner à la Koutoubia avant le coucher du soleil !

La maison de la photographie

Ce musée présente 4500 photographies de tout le Maroc, prises entre 1850 et 1950. Il dispose lui aussi d’une terrasse sur son toit. Mais après avoir vu celle du musée de l’Orientalisme, je n’ai pas été voir celle-ci. Je n’ai pas eu le temps d’entrer dans le musée non plus…

Je ne me souviens plus du prix d’entrée. Le musée de l’orientalisme coûtait 50 dirhams selon des guides de voyage dans leur édition de 2021, l’inflation a donc sûrement touché le musée de la photographie, dont l’entrée est elle aussi indiquée à 50 dirhams.

Se promener dans la médina

Si vous avez suivi l’itinéraire ci-dessus, vous avez déjà eu l’occasion de parcourir la médina. Mais il peut être intéressant de parcourir toutes ces petites ruelles sans objectif précis. A ma grande surprise, je n’ai pas eu affaire à des vendeurs très insistants. En effet, alors que le tourisme commence à peine à reprendre, je pensais que les vendeurs de la médina, qui ont accumulé de nombreux mois de chômage technique, allaient être encore plus insistants que d’habitude. J’ai donc été agréablement surpris. Peut-être ne sont-ils pas d’habitude si insistants que ça finalement ?

marrakech médina
Je n’ai finalement pas beaucoup de photos de la médina, et aucune dont je sois particulièrement fier. En voici tout de même une pour illustrer l’incontournable de la ville.

Je dois dire que je gardais peu de souvenirs de la médina. L’ayant visitée quand j’étais en primaire, je me souviens surtout des longues séquences de marchandage… Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle regorge de boutiques et d’ateliers. De nombreux vendeurs semblent avoir la même stratégie : on entre pour le plaisir des yeux (après tout, l’entrée dans le magasin est gratuite). On devient fin connaisseur des épices et autres produits locaux, que l’on a même l’occasion de tester. Tout ça sent bon, n’est-ce pas ? Alors, on finit par craquer et se dire que ce flacon ne coûte pas si cher que ça (après marchandage) et qu’il rentre dans le sac en plus ! Stratégie plus difficile pour vendre un grand tapis par contre.

J’ai ainsi visité un petit atelier de teinture. Dans l’obscurité de la petite boutique, qui n’est que peu éclairée par les rayons du soleil passant dans cette ruelle étroite, un point d’eau permet de recolorer les vêtements non synthétiques. Il y a d’ailleurs des tanneries dans la médina, et il semblerait qu’il y ait un événement en ce moment. Cependant, je ne suis pas allé voir.

On trouve dans la médina de nombreux fondouks, tel que le fondouk el-Amri. Si le nom semble signifier que ce sont des hôtels, ce sont maintenant des lieux d’artisanat. En fait, les fondouks étaient des hôtels et des entrepôts de marchands. On en retrouvait dans tout le Moyen-Orient et le Maghreb, également sous le nom de caravansérail.

Enfin, marcher sans réel but dans la médina peut constituer une activité à part entière. Deux difficultés cependant : il est difficile de visiter des boutiques sans rien acheter, et demander son chemin peut rapidement devenir payant. Et même sans vraiment le demander, certaines personnes n’attendent pas vraiment la réponse à leur proposition de guidage…

Marrakech en jardins

Le jardin Majorelle

Le jardin Majorelle porte le nom de Jacques Majorelle, à ne pas confondre avec Louis Majorelle, le célèbre ébéniste du courant Art nouveau. Souvenez-vous, sa maison se trouve à Nancy. Ils ont tout de même un lien de parenté, puisque le premier est le fils du second. Jacques Majorelle baigne donc dans l’art nouveau durant toute son enfance, et dans l’art tout court. Le problème de Jacques, c’est qu’il est malade de la tuberculose. Le maréchal Lyautey l’invite à venir habiter au Maroc, où l’air chaud lui fera le plus grand bien.

Jacques Majorelle est un voyageur et se lance à la découverte du sud du pays. Il en ramènera un récit qu’il raconte dans son carnet de voyage et un intérêt pour la flore locale. Il fait l’acquisition d’une palmeraie au nord de Marrakech où il fait construire par Paul Sinoir et Robert Poisson sa villa atelier, dans un style art déco et traditionnel marocain. C’est Jacques qui en peint les murs de ce bleu caractéristique : le bleu majorelle. D’ailleurs, il n’y a pas que la maison qui soit bleue. Les employés du jardin portent des uniformes de cette même couleur. Tout autour de sa villa, il plante de nombreuses espèces qu’il ramène de ses voyages dans le monde.

Mais à sa mort, en 1962, le jardin tombe à l’abandon, jusqu’à ce qu’Yves Saint-Laurent et Pierre Berger l’achètent en 1980. Ils replantent presque tout le jardin ! Jacques Majorelle avait une passion pour les plantes, Pierre Berger en a une pour la culture berbère. L’atelier de Jacques Majorelle accueille désormais un musée d’artisanat berbère. Et il y a de quoi faire, puisque la collection personnelle de Pierre Berger contient environ 600 objets ! Il y a de tout, et les deux salles maîtresses sont sûrement les deux dernières. La première est sombre, sous un éclairage faisant penser à un ciel étoilé, et présente de nombreux bijoux, portés par des mannequins. L’autre présente des tenues traditionnelles. Certains touristes étaient accompagnés d’un guide, ça fait plaisir de voir que l’activité reprend pour eux !

marrakech jardin Majorelle
L’atelier Art déco de Majorelle est bien visible au milieu des arbres !

Comptez 70 dirhams pour visiter le jardin et 30 dirhams pour visiter le musée berbère. En arrivant à l’ouverture, c’est-à-dire à neuf heures, on profite du jardin sans qu’il y ait beaucoup de touristes. Cependant, ils arrivent vite. J’y suis resté environ deux heures.

Du jardin Majorelle au jardin de la Ménara

Depuis le jardin Majorelle, je me suis rendu au Comptoir des Mines Galerie (dont il sera question plus loin). Ce dernier se trouve dans le Guéliz. C’est le plus ancien quartier de la ville nouvelle, bâti dans les années 1920, sous le protectorat français. C’est l’urbaniste Henri Prost qui fit naître ce quartier pour séparer l’administration coloniale des habitants de la ville, préservant ainsi l’ancienne médina. Le quartier est d’un tout autre style que ce que nous avons vu dans la médina. Les anciennes villas coloniales ont servi de base à de nombreux immeubles du quartier. De là, j’ai marché jusqu’à la Koutoubia. Cela permet de découvrir autre chose que la médina, ce quartier étant bien plus récent. Il est ainsi desservi par de larges avenues. Mais la couleur reste le rose-rouge caractéristique de la ville.

De la Koutoubia, le jardin de la Ménara se trouve droit devant. Il suffit de traverser le parc Lalla Hasna et de parcourir l’avenue Prince Moulay Rachid. Il faut compter environ une demi-heure de marche.

Le jardin de la Ménara

Cent hectares d’oliviers entourent un grand bassin rempli d’eau. Ici, le sultan Moulay Ismaïl se promenait avec sa favorite chaque soir, avant de la jeter à l’eau… Ça, c’est la légende, mais ce bassin date en réalité du XIIe siècle. Les Almohades aménagent ici une retenue d’eau. L’eau provient des montagnes environnantes. Des khettaras font transiter l’eau des sources des montagnes jusqu’ici, où elle servait à irriguer la grande oliveraie. Ce sont les Almoravides qui introduisirent cette technique au siècle précédent. Les Almohades ont continué le travail en bâtissant des aqueducs pour acheminer l’eau des oueds vers la ville.

Le détournement de l’eau des oueds entraîna des conflits avec les nomades vivant dans les montagnes. Dans une région où les pluies sont rares, il est normal que ces derniers soient mécontents ! Ils exprimeront régulièrement ce mécontentement, en bloquant l’approvisionnement de la ville. Finalement, la qualité de l’approvisionnement de la ville reflétait le pouvoir du sultan, à même de stopper ces agissements, ou pas, et à même de financer l’entretien de toutes les infrastructures hydrauliques.

Le sultan alaouite Sidi Mohammed ben Abdallah y fit construire un pavillon décoré de motifs géométriques. Il offre une belle vue sur l’oliveraie. Il constitue lui-même un beau panorama, en se reflétant dans l’eau du bassin, avec les montagnes en arrière-plan.

marrakech pavillon du jardin de la ménara
Le pavillon du jardin de la Ménara ressemble à une maison de taille correcte.
marrakech jardin de la ménara
Quelqu’un est partant pour faire quelques longueurs ? Le pavillon semble bien plus petit !
marrakech plafond pavillon jardin de la ménara
Un autre exemple de plafond dans le pavillon du jardin de la Ménara.

Les remparts de Marrakech

C’est bien connu, quand on veut défendre une ville, le premier réflexe est souvent de construire un mur tout autour. Les Almoravides ne dérogent pas à la règle. Dès le XIIe siècle, ils commencent à construire un mur autour de leur capitale. Les dynasties suivantes s’emploieront à l’agrandir afin d’englober les nouveaux quartiers ou d’ajouter des édifices défensifs tels que la kasbah située au sud-ouest de la ville, édifiée par les Almohades à la fin du XIIe siècle. Finalement, ce sont dix-neuf kilomètres de remparts, hauts de six à huit mètres, qui entourent la ville. Mais comme il faut bien pouvoir entrer dans celle-ci, on perce plusieurs portes ici et là. Ces portes sont réservées à l’entrée de certaines tribus, venant souvent commercer dans la médina, dont elles portent le nom.

A partir du jardin de la Ménara, je suis revenu vers la Koutoubia jusqu’à croiser le mur. Étant donné ses dimensions, il est difficile de le rater ! Plusieurs portes se trouvent dans cette partie des remparts, mais plusieurs sont de l’autre côté de la ville. Et comme la distance est assez importante, il est compliqué de tout parcourir à pied. J’ai donc fait appel aux services de chauffeurs de taxis pour accélérer un peu les choses.

Une fois rentré en France, je me suis renseigné sur ces différentes portes. Le principal problème s’étant posé à moi est que suivant les résultats, les portes correspondant à ma recherche sur internet ne sont pas toujours les mêmes que celles sur mes photos… Il y a en effet des « portes historiques » et des « portes pour les voitures ». En vérifiant mes photos, je vois bien le nom de la porte indiqué par un panneau fixé dessus ! Et constate que j’ai parfois photographié la porte moderne, pour les voitures.

En venant du jardin de la Menara, j’ai commencé par tourner à gauche. La route est calme et il n’y a rien de spécial, hormis les deux premières portes. La Bab el-Makhzen est un simple trou dans le mur encadré par deux imposantes tours octogonales. Mais il y avait autrefois un passage coudé, menant à la kasbah des Almoravides. Si cela lui conférait un avantage défensif, ce n’était pas très pratique pour permettre le passage des voitures ! La Bab el-Arissa est assez semblable.

Ensuite, la Bab Doukkala, d’origine Almoravide, située au nord de la médina, est composée en réalité de plusieurs portes. Il y a les portes des voitures et piétons, et la porte historique. Cette dernière est encadrée par deux tours et oblige les personnes la traversant à effectuer deux virages en angle droit, un à droite puis un à gauche.  Je suis d’ailleurs passé par cette porte en me rendant au jardin Majorelle.

La porte suivante est la Bab el-Debbagh. La route est plus agitée. Du côté nord de la médina, un marché se tient sous les remparts. On y trouve de nombreux marchands de fruits. Sous les remparts, il y a des cabanes. Certaines sont de petits magasins de livres. La Bab el-Debbagh est encore loin. Je prends donc un taxi pour m’y rendre.

L’ambiance est toute autre. A peine arrivé, quelqu’un me fait des signes avec ses bras, il ne semble pas très amical. Ni avoir tous ses esprits. En tout cas, d’autres passants s’offusquent de son comportement. Je franchis la porte, la partie décorée de celle-ci se trouvant du côté intérieur des murs. La Bab el-Debbagh est un ouvrage fortement défensif et a conservé ses attributs. Le passage en dessous n’est pas direct et serpente en forme de S.

marrakech porte bab ed Dabbagh
La porte Bab-ed-Dabbagh vue de l’intérieur des remparts.

Ici aussi, il est question d’un événement dans les tanneries, qu’on me propose de visiter. Le quartier des tanneurs est en effet proche de la porte, qui leur doit son nom. Mais je préfère terminer le tour des remparts. Les gens assis sur le bord de la ruelle ne semblent pas dans un état que l’on pourrait qualifier de « normal ». Ça ne sent pas super bon par ici, je reprends vite un taxi en direction de la porte suivante.

J’aperçois en passant la Bab Aylan, porte devant laquelle les Almoravides repoussèrent les Almohades lors du siège de Marrakech en 1130. En continuant, j’aurais pu voir la porte Bab Aghmat et plus loin la Bab Ahmar, la Porte Rouge construite par les Alaouites. Cependant, je retourne à la place Jemaa el-Fna après Bab Aylan.

En effet, pour voir les autres portes, il suffit, depuis la place Jemaa el-Fna, de retourner aux remparts en allant vers le jardin de la Ménara, et de tourner à gauche. Il faut environ cinq minutes pour aller de la place Jemaa el-Fna aux remparts. Et environ un quart d’heure pour rejoindre Bab Agnaou, la porte du palais du sultan. Elle promettait d’être plus belle et plus monumentale que les autres. Monumentale, elle l’est beaucoup moins car elle a perdu ses deux tours. Mais elle reste richement décorée. Malheureusement, elle est en pleine restauration. Bon, comme toujours, c’est un mal pour un bien…

Bab agnaou, musique gnaoua… Ces mots se ressemblent. Ils proviendraient d’une expression berbère signifiant « muet » et désignant les populations d’Afrique subsaharienne. Non qu’ils soient muets, mais ils ne parlent pas le dialecte berbère du sud. Certains vivaient dans l’actuelle Guinée ou au Ghana.

Pour y accéder, je passe sous la Bab er-Robb, du nom d’une liqueur de raisin consommée par les souverains Almohades, et dont les cargaisons entraient par cette porte. Enfin, je suis plutôt passé sous la porte pour voitures. J’en ai oublié de photographier la vraie Bab er-Robb… En tout cas, sur cette place, je suis entouré de portes ! En continuant à longer les remparts, je rejoins la Bab Ksiba. Cette porte au nom berbère est moins large que les autres. Son architecture fait plus penser à un petit fortin (d’où son nom !), semblable aux kasbahs que l’on découvrira plus tard durant le voyage.

marrakech porte bab ksiba
L’arbre ferait presque penser que la Bab Ksiba n’est qu’une petite porte !

Concernant la dernière porte que je voulais voir, la Bab Berrima, il se trouve que je suis passé dessous plusieurs fois sans le savoir. En effet, elle se trouve près du palais el-Badi et on passe sous cette porte en se rendant à la place des Ferblantiers.

Il reste encore d’autres portes, certaines se trouvant dorénavant dans la médina. En effet, les agrandissements successifs de la vieille ville de Marrakech ont repoussé les remparts et entraîné la construction de nouveaux, plus étendus.

Les palais de Marrakech et des tombeaux

Le dernier jour, le vendredi, j’ai visité trois monuments au sud de la ville, près du riad où je logeais. Le palais de la Bahia, le palais el-Badi et les tombeaux Saadiens. En plus de se trouver dans la même zone, ils offrent une leçon d’architecture marocaine. J’ai donc trouvé cohérent de les visiter le même jour.

Le palais de la Bahia

Le palais de la Bahia n’est rien d’autre qu’un riad. Un riad certes plus luxueux que ceux dans lesquels les touristes logent durant leur séjour en ville ! Bahia signifie « belle », car le grand vizir Sidi Moussa le construit en honneur de sa concubine favorite. Contrairement aux autres monuments, il est assez récent : 1880 ! C’est surtout le fils de Sidi Moussa, Ba Ahmed, qui entreprit la construction de cet édifice après la mort de son père.

Nul doute que quand on est le fils du grand vizir, on a un héritage conséquent. Mais Ba Ahmed hérite donc également de la construction d’un palais en honneur de l’une des maîtresses de son père. Pendant les sept ans de sa construction, il va s’employer à acheter les terrains autour du palais. Car son père a vu grand. En tant que grand vizir, il ne pouvait pas bâtir un simple studio pour sa favorite tout de même ! On relie ensuite les différentes parties du palais, sûrement sans plan, ce qui expliquerait l’agencement un peu désordonné de l’ensemble.

Il n’empêche que le palais est l’un des chefs-d’œuvre architecturaux du pays et le plus grand palais de son époque. Et on y trouve tout ce qu’il faut pour quiconque veut découvrir l’architecture marocaine, car Ba Ahmed est resté dans le classique : plafonds en bois de cèdre de l’Atlas, zelliges sur les murs, sols en marbre de Carrare, stuc sur les murs, vitraux en verres venant d’Irak… Il y a aussi un jardin mauresque dans une cour extérieure. Devant tant de splendeur, même le jeune sultan, dont Ba Ahmed est le régent, ne restera pas indifférent et pillera les lieux à la mort du grand vizir.

marrakech première cour du palais de la bahia
Une petite cour pour commencer. Assez rapide à visiter.
marrakech cour du palais de la bahia
Une des cour du palais de la Bahia, divisée en quatre parties.
marrakech cour d'honneur du palais de la bahia
La Cour d’honneur du Palais de la Bahia a conservé son éclat.
marrakech jardin du palais de la bahia
Ce patio présente un jardin islamique découpé en quatre parties.

Je suis arrivé devant le palais à l’ouverture, à neuf heures du matin. Nous n’étions que trois petits groupes dans le palais, j’ai ainsi pu faire des photos sans personne dessus ! En revanche, quand j’en suis parti, une heure et demie plus tard, ce n’était pas la même chose ! Et ce n’était donc pas plus mal de terminer par l’intérieur car peu importe le nombre de touristes pour photographier les murs et les plafonds.

marrakech plafond palais de la bahia
Exemple de plafond dans le palais de la Bahia, en coque de bateau inversée. Admirez les motifs, ainsi que le mur sculpté en bas de la photo.

L’entrée coûte 70 dirhams et la visite dure une heure et demie.

Le palais el-Badi

A chaque fois que je me rendais dans Marrakech depuis le riad où je logeais, je passais devant d’immenses murs. Mais qu’y a-t-il de l’autre côté ? Forcément, ça rend curieux. Les cigognes qui ont établi leur nid sur ces murs (ça change des minarets, qui peuvent en plus être bruyants) ont la réponse. Alors ce vendredi, je vais voir ce qu’il s’y cache. Enfin, pas tout de suite. La visite du palais de la Bahia a totalement vidé la batterie de mon appareil-photo. Et malheur : j’ai oublié la batterie de rechange au riad ! Il faut donc y retourner. Je repasse encore devant ces murs. A onze heures du matin, c’est bon, je peux entrer. Je découvre un édifice gigantesque, mais qui semble incomplet.

La visite se fait principalement à l’extérieur et la plus grande partie se trouve être la cour centrale, immense avec quatre jardins. Tout au long de la visite, je suis un groupe d’étudiants marocains qui se prennent en photo dans l’édifice. Pour eux, le vendredi c’est gratuit. Ils semblent donc bien en profiter. Dans une salle, une vidéo parcourt l’ensemble du palais. Au lieu des murs en pisé vides de toute décoration, on découvre le palais tel qu’il était à l’origine. Magnifique, pense le visiteur. Ce sera une belle ruine, aurait dit le bouffon du sultan Ahmed el-Mansour, quand il vit ce palais couvert d’or. Si le palais correspondait alors au surnom du sultan, Ahmed le Doré, force est de constater que le bouffon avait raison.

Soixante-quinze ans plus tard, Moulay Ismaïl est le nouveau sultan du Maroc. Mais il ne fait pas partie de la même dynastie qu’Ahmed el-Mansour. Les Saadiens, c’est fini. Maintenant, place aux Alaouites. Moulay Ismaïl s’applique à faire disparaître les traces de ses prédécesseurs. En plus, ça tombe à point nommé, car il est en train de se construire une nouvelle capitale rien que pour lui : Meknès. La ville existe déjà, mais il lui faut des palais, et des palais à la hauteur des attentes de ce nouveau sultan qu’il est devenu, comme on l’a vu dans l’article sur Meknès (que je vous conseille vivement !). Il pillera donc le palais el-Badi, se fournissant ainsi en matériaux de construction.

Aujourd’hui, il est donc possible de visiter le palais, dont il reste tout de même les fondations principales, et pas qu’un peu ! On y trouve également plusieurs expositions : des photos de la vie des juifs marocains au XXe siècle, des découvertes faites à Azemmour par une équipe de chercheurs portugais et marocains, et des prisons marocaines dans l’histoire. Une salle abrite un minbar datant du XIIe siècle richement décoré. C’est celui d’origine de la Koutoubia. Malheureusement pour les touristes, il n’est pas possible de le photographier.

Un minbar est un escalier menant à une petite plateforme surélevée d’où l’imam fait son sermon lors de la prière. C’est l’équivalent d’une chaire dans les églises.

La visite se termine sur une terrasse d’où il est possible de photographier le palais vu d’en haut. Cependant, il vaut mieux s’y rendre tôt le matin pour ne pas avoir de contre-jour !

marrakech palais el-badi
Le palais el-Badi est toujours aussi monumental, mais a perdu de ses couleurs !
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Cette porte ornementale, Bab Shkiru, se trouve à l’extérieur du mur du palais el-Badi.

Les tombeaux saadiens

Depuis le palais el-Badi, il ne faut pas se fier à l’itinéraire indiqué par Google Maps, à moins que la petite rue passant devant le palais ne soit pas barrée à gauche en sortant. L’itinéraire est donc un peu plus long !

Comme leur nom l’indique, les tombeaux Saadiens renferment les tombes des souverains de cette dynastie qui régna sur le Maroc de 1554 à 1636. C’est le sultan Ahmed el-Mansour qui ordonne leur construction à la fin du XVIe siècle. Fidèle à son surnom, il en fait un chef d’œuvre d’architecture. On y retrouve des zelliges et des arabesques, des stalactites de stuc sur les voûtes, des ornementations en marbre… Le marbre, importé d’Italie, était à l’époque échangé contre du sucre. Ce sont 66 tombes qui se trouvent ici, entre les différents membres de la famille du sultan et des serviteurs dans la cour. Les femmes se trouvent elles aussi dans la cour… La mère du sultan a le droit quant à elle à un traitement de faveur, puisqu’elle bénéficie de son propre mausolée !

Bien qu’il n’ait pas de scrupules à détruire les palais de ses prédécesseurs, Moulay Ismaïl hésite quand il s’agit de tombes. Peut-on les détruire ? Il faut bien cacher la gloire de la dynastie précédente… Cacher, c’est ça, la solution ! Le sultan fait donc construire un mur tout autour des tombeaux Saadiens, ces derniers restant accessibles uniquement par une petite porte dans la mosquée adjacente. On ne pourra pas l’accuser de profaner des tombes ! Les tombeaux Saadiens tombent ainsi dans l’oubli jusqu’en 1917. A cette date, le Service des Beaux-Arts, Antiquités et Monuments historiques commence des travaux de restauration du site, après sa redécouverte par des archéologues français.

marrakech tombeaux saadiens
Les tombeaux Saadiens constituent un manifeste de l’architecture d’intérieur marocaine. Les décorations y sont foisonnantes !

Comme précédemment, l’entrée coûte 70 dirhams et il faut compter une heure et demie pour bien profiter de la visite. Cependant, le site est plus petit que les deux précédents et peut donc se faire un peu plus vite.

La mosquée attenante est la mosquée de la kasbah de Marrakech, ou mosquée Moulay El Yazid. Elle date du XIIe siècle, bien que des restaurations eurent lieu après une explosion dans le voisinage au XVIe siècle. Elle n’est pas orientée en direction de La Mecque. En effet, dans des pays lointains comme le Maroc, il était parfois difficile de trouver la direction de la ville sainte de l’Islam !

Que voir d’autre à Marrakech ?

En deux jours et demi, je n’ai pas pu tout voir ! Mais j’estime avoir vu le principal. Je ne voulais pas trop m’attarder dans cette ville et préférais garder mon temps pour visiter les montagnes. Voici quelques autres endroits à voir.

Marrakech et les musées

Il y a beaucoup de musées à Marrakech. Voici quelques idées…

Le musée de Marrakech

Le premier musée d’art contemporain de cette liste se trouve dans un bâtiment avec un joli intérieur : patio intérieur avec des arcades, vitraux… Mais il n’y a pas que de l’art contemporain, on y trouve également des céramiques, des broderies, des bijoux, de la calligraphie et un hammam.

Le musée Yves Saint-Laurent

Le musée présente les créations d’Yves Saint Laurent et est en quelque sorte sa mémoire. Il se trouve à côté du jardin Majorelle, preuve du lien qu’il existe entre le couturier et le jardin dont il a fait l’acquisition, comme du lien qui l’unit à Marrakech, où il a acheté une première maison dans la médina en 1966.

La visite coûte 100 dirhams, ce que j’ai trouvé un peu cher, et je ne peux pas tout visiter. En revanche, il est possible de prendre des billets groupés avec ce musée et le jardin Majorelle. Réserver sur internet en avance permet de ne pas attendre à l’entrée. Ça peut être pratique. Sinon, en se levant tôt, on passe vite aussi !

Le musée de la Femme

A l’heure où le droit des femmes prend une place de plus en plus importante dans les débats de société, un collectif a poussé à l’ouverture de ce musée présentant le rôle des femmes dans la société marocaine. Et ces dernières font beaucoup de choses, pas que le ménage et la cuisine !!! Femmes d’influences, rôle des femmes dans les traditions tribales, beaucoup de sujets peuvent être abordés. Nous en reparlerons sûrement dans les prochains articles avec le regard que j’ai pu porter sur les endroits visités lors de mon voyage.

Le musée de l’art culinaire marocain

Je n’ai pas besoin de préciser le sujet de ce musée : la bouffe ! C’est qu’on connaît de nombreux plats marocains tels que le couscous, le tajine, les pastillas, et toutes ces pâtisseries absolument pas diététiques mais tellement bonnes. Un musée parfait pour ouvrir l’appétit !

Le musée Tiskiwin

Ce musée présente divers objets de la culture berbère, sur les routes de caravanes du Sahara.

Le musée Boucharouite

Ce musée tire son nom des tapis boucharouites. Ces tapis sont faits de morceaux de tissus recyclés. C’est un complément de visite du musée national du Tissage et du Tapis dans le Dar Si Saïd, où on découvre la signification des motifs représentés sur les tapis, ainsi que des couleurs utilisées. On y trouve aussi des objets d’artisanat.

Le musée de l’art de vivre

Ce musée présente la vie quotidienne marocaine avec les coutumes, des vêtements traditionnels, la gastronomie ou l’architecture…

Quelques autres monuments

Dar El-Bacha

Quand il est nommé pacha de Marrakech, Thami el-Glaoui fait édifier ce riad. On y retrouve les éléments typiques des riads de la ville : zelliges, stucs… Il accueille aussi des expositions d’art.

Pour ceux qui sont curieux à propos de Thami el-Glaoui, nous aurons l’occasion d’approfondir l’histoire et le rôle de ce personnage dans le prochain article. Nous ferons alors une visite qui rendra plus opportunes de plus amples explications.

La synagogue Lazama et le Miâara

Si le palais el-Badi possède des salles donnant une explication sur la vie de la communauté juive à Marrakech, la synagogue Lazama et le cimetière juif de Miâara représentent une trace concrète de la présence de cette communauté. Certains sont toujours là, ainsi la synagogue est toujours active. Le cimetière date de la première moitié du XVIe siècle, et précède ainsi la construction du Mellah, le quartier juif.

Marrakech et l’art

En préparant ma visite de Marrakech, j’ai été surpris par le nombre de musées dédiés à l’art. Je ne m’attendais pas à une telle concentration. Il est vrai que quand on pense au Maroc, on pense aux riads, aux palais de zelliges, stucs et compagnie. Nul doute qu’il a fallu des artistes pour sculpter tous ces décors, et des artistes de talent. Mais après tout, il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas d’artistes contemporains également.

Les galeries d’art

Il y a de nombreuses galeries d’art dans le Guéliz. J’ai visité le Comptoir des Mines Galerie, qui présente de l’art contemporain dans un bâtiment Art déco de 1932. La Gallery 127 présente de la photographie contemporaine. Les galeries Tindouf, Noir sur Blanc et Voice Gallery présentent les œuvres d’artistes marocains. Cette dernière se situe près du jardin de la Ménara (un peu plus loin de la place Jemaa el-Fna que ce jardin).

Le musée d’Art et de Culture de Marrakech

Si les tableaux ont migré dans le musée de l’orientalisme, le musée d’Art et de Culture de Marrakech offre une formidable vision de la vie dans tout le pays à partir de 1870. De multiples scènes de vie sont présentes. Il semblerait donc que ce soit une version agrandie du musée de la photographie. Le musée d’Art et de Culture de Marrakech se trouve dans le Guéliz, où il y a d’autres musées d’art.

J’en profite pour signaler aux amateurs de photographie qu’il est possible d’acheter des photographies dans la médina. J’en ai trouvé dans une rue en allant au musée de la musique. En venant de la place Jemaa el-Fna, juste avant de tourner à droite sur une route partant dans un souk, et depuis laquelle part la ruelle menant à l’entrée du musée Mouassine.

Le musée de la Palmeraie

Des peintures, des gravures, des photographies : on trouve de tout dans ce musée qui est malheureusement un peu éloigné du centre-ville. Mais ça peut être une occasion d’en sortir un peu justement, de cette ville !

Le théâtre royal

De la peinture, de la photographie, des sculptures… Et pourquoi pas un peu de théâtre ? L’entrée vaut le coup pour la grande coupole au plafond et les boiseries. Mais vous pourrez aussi faire partie du millier de spectateurs (et même un peu plus) pouvant assister à une pièce.

Le musée d’art contemporain africain Al-Maaden

Nous parlions de sortir de la ville. Le musée d’art contemporain africain Al-Maaden propose de découvrir l’art contemporain provenant de toute l’Afrique ! Il est fort probable que vous découvriez des choses que vous n’avez encore jamais vues !

D’autres jardins

On trouve dans le jardin el-Harti de jolies fleurs, ainsi que beaucoup d’enfants venus profiter de l’aire de jeux. Entre le Guéliz et la Koutoubia, le Cyber Parc Arsat Moulay Abdeslam, malgré son nom un peu futuriste, date du XVIIIe siècle. Mais désormais, il est à la pointe des nouveautés ! Le wifi est disponible dans tout le parc. On y trouve également des bacs de compostage, une irrigation et un éclairage écoresponsable.

Se déplacer à Marrakech

Il y a de nombreux petits taxis beiges à Marrakech, et de nombreux faux taxis, mais qui se reconnaissent vite puisqu’ils ne sont pas beiges ! Une course dans la ville vous reviendra à 10 ou 20 dirhams.

Insistez pour utiliser le compteur. Ce petit élément n’est pas plus esthétique que le reste de la voiture, il n’est pas là pour décorer ! J’insiste car même en demandant, certains chauffeurs ont du mal à l’utiliser. Et dans ce cas, je peux vous garantir qu’il ne vous demandera pas 10 dirhams, ou même 20 !

Voici des exemples de prix que j’ai payés :

A savoir que je logeais à quelques mètres du palais el-Badi et prendrai donc ce dernier comme point de référence.

40 dirhams entre la gare routière et le palais el-Badi (sûrement un peu trop cher).

5 dirhams entre le palais el-Badi et le jardin Majorelle (je suis pour le coup assez surpris, mais ça confirme que le précédent était trop cher).

5 dirhams entre le jardin Majorelle et la galerie des Mines.

10 dirhams entre le palais el-Badi et le jardin de la Ménara.

5 dirhams entre Bab Doukkala et Bab Debbagh.

10 + 10 dirhams entre Bab Debbagh et la place Jemaa el-Fna (trajet fait en deux fois).

10 dirhams entre le palais el-Badi et la gare routière pour se rendre vers Ouarzazate, Aït Ben Haddou, Télouet…

Pour 4 dirhams, vous pouvez acheter un billet de bus. Cela vous évitera des déconvenues, mais faut-il encore trouver l’arrêt et être un peu patient (ils passent toutes les 15-20 minutes).

A ne pas manquer

Les meilleurs palais : le palais de la Bahia et le palais el-Badi
La mosquée Koutoubia, en plus comme elle est proche de la place Jemaa el-Fna, ce serait vraiment dommage de ne pas y aller
Ai-je besoin de dire de ne pas rater la place Jemaa el-Fna ?
Le meilleur jardin : le jardin Majorelle

Si vous n’avez que deux jours, je pense qu’en se basant sur ce que j’ai fait, il faudrait retirer les remparts. Mais si vous considérez que ce serait tout de même dommage de les rater, je vous conseillerais d’aller voir la section près de Bab Agnaou. Vous en profiterez pour voir Bab er-Robb et Bab Ksiba juste après la visite des tombeaux Saadiens. Et si vous jugez que vous avez assez de temps, Bab Dakkala en revenant du jardin Majorelle. Dans ce cas, vous passerez moins de temps dans les musées de la médina. Mais il vous sera toujours possible d’en visiter un, comme le musée Mouassine. 

A noter que ces estimations sont sûrement optimistes étant donné que je n’ai pas pu visiter la médersa Ali Ben Youssef, fermée pour restaurations. Ma visite de la médina a donc été un peu plus rapide que prévu (et j’aurais aimé m’y promener plus longtemps, peut-être jusqu’aux tanneries). Si vous allez jusqu’aux tanneries, pensez à Bab el-Debbagh !

Le mot de la fin

C’est ainsi que s’achève ce qui est pour le moment le plus long article paru sur le blog. Il est en effet deux à trois fois plus long que la moyenne, et presque deux fois plus long que le deuxième ! J’ai adoré visiter Marrakech, et finalement, je n’ai pas été victime d’arnaques ni de vols. Il faut dire que dans la médina, on arrive souvent assez méfiant, ce qui facilite les bonnes surprises. Visiter la médina de Marrakech entre deux confinements m’a permis d’y voir un peu moins de touristes.

Comme je m’étais fait la réflexion dans ma visite de Meknès, les marchands ne sont pas particulièrement insistants, dans cette période où ils ont pourtant encore plus besoin de vendre que d’habitude. Mais les touristes, qui ont dû réfréner leurs envies de voyages depuis plusieurs mois, sont peut-être également plus enclins à la dépense que d’habitude ?

Deux jours et demi, c’est forcément trop peu pour tout voir. Mais pour ce faire, il faudrait rester presque une semaine. C’est ce que beaucoup font, profitant également de moments de détente. Quant à moi, comme j’avais beaucoup de choses à découvrir ensuite, je suis content d’avoir vu le principal, et j’avais quand même bien besoin de changer d’air après cette visite. D’ailleurs, je vous retrouve dans le prochain article ou nous allons quitter les grandes villes, et pour un bon moment !

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