Visiter l’île de la Cité et l’île Saint-Louis
Aujourd’hui, nous partons pour l’île de la Cité, et l’île Saint-Louis. Ce sont donc deux arrondissements que nous allons parcourir dans cet article. Il faut dire que nous sommes ici dans le cœur historique de Paris ! En effet, si vous vous souvenez de l’article sur l’histoire de Paris, vous savez que la ville y est située depuis l’Antiquité sous l’Empire Romain, et peut-être même avant la guerre des Gaules. Il y a donc de quoi s’occuper !
Nous allons dans cet article commencer par la partie du premier arrondissement se trouvant dans l’île de la Cité puis par le quatrième arrondissement, sur cette même île. Nous terminerons par l’île Saint-Louis.
Commencer la visite par la partie ouest de l’île de la Cité
On commence par du lourd, j’ai nommé la Sainte-Chapelle et la Conciergerie. Mais vous pouvez les garder pour la fin de cette partie.
La Sainte-Chapelle, comme la Conciergerie, se situe dans l’enceinte du Palais de la Cité. Il y a un billet groupé pour les deux monuments, que je vous conseille bien évidemment si vous voulez économiser un peu d’argent.
Visiter le Palais de la Cité
Dans le Palais Royal, le concierge était le gouverneur de la maison du roi. Il avait sous son autorité un lieu que l’on appelle la Conciergerie. En venant du pont du Change, la première tour est la tour de l’Horloge. Elle est reconnaissable car en levant la tête, on peut voir la première horloge publique de Paris, datant de 1370. Si vous n’avez pas suivi mon article sur le premier arrondissement, n’hésitez pas à traverser le pont pour bénéficier d’un joli panorama sur la façade néogothique de l’édifice.
A l’intérieur, la visite commence par la salle des Gens d’armes. Cet ouvrage de style gothique, unique pour un ouvrage civil, accueillait le personnel royal. Il y a également quelques œuvres d’art contemporain. A droite se trouvent les cuisines royales, construites en 1353. La visite de la Conciergerie est l’occasion d’un grand voyage dans le temps. A l’entrée, nous sommes au Moyen-Âge, tandis que nous allons vers les salles correspondant aux cellules de la prison du tribunal révolutionnaire, à la fin du XVIIIe siècle. Le tout se visite avec une tablette qui permet de visualiser l’état des lieux à cette époque et fournit de nombreuses explications. Elle permet par exemple de voir la configuration de la cellule de Marie-Antoinette.
La Sainte-Chapelle
Petit aparté historique
L’histoire de la Sainte-Chapelle commence en 1204. Nous sommes à Constantinople, et la quatrième croisade a été détournée par les Vénitiens sur Constantinople, afin d’affaiblir un rival dans le commerce méditerranéen. Lors de la prise de la ville, Baudoin de Hainaut saisit tout ce qu’il peut trouver, dont la Sainte Couronne (la couronne d’épines posée sur la tête de Jésus) et la Vraie Croix. Un peu plus de trois décennies plus tard, en 1237, rien ne va plus ! Les bulgares assiègent Constantinople et Baudoin II de Courtenay se rend en France afin de trouver des alliés. Pour cela, il met en vente la Sainte Couronne. La survie d’un empire, même rétréci, vaut bien une relique.
Le roi Saint-Louis n’est pas trop d’accord pour fournir une aide militaire, mais acheter la Sainte Couronne serait intéressant pour celui qui deviendra Saint Louis. Après de longs pourparlers, il en fait l’acquisition pour une somme représentant plus de la moitié des revenus annuels du domaine royal. Une relique, ça vaut beaucoup d’argent ! Mais le roi a un côté collectionneur et fait l’acquisition d’un morceau de la Sainte Croix, de la Sainte Lance, de la Sainte Eponge, du Saint Sang et autres saintes reliques.
Si vous êtes collectionneur, vous avez sûrement un beau livre pour ranger vos timbres, vos cartes ou que sais-je ? Saint Louis, qui vient d’acquérir nombre de reliques sacrées de la Chrétienté, ne va pas les stocker dans un endroit banal. Il lui faut l’édifice qui va avec : ce sera la Sainte Chapelle !
Visiter la Sainte Chapelle
Il n’aura fallu que six ans tout au plus pour bâtir ce chef d’œuvre d’art gothique rayonnant. On remarque que l’édifice est élancé en hauteur, les murs percés de fenêtres hautes, et n’est pas soutenu par des arcs boutants, comme d’autres églises gothiques. Ceci témoigne de la maîtrise dont les architectes ont fait preuve lors de sa construction. A l’intérieur, la chapelle basse est composée de voutes basses, facilitant le travail pour le visiteur voulant voir l’architecture de plus près, ainsi que les peintures murales anciennes.
La chapelle haute, qui baigne dans la lumière colorée, est entourée de 15 vitraux contenant au total 1113 scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, de la Genèse (première verrière à gauche) à l’Apocalypse représentée sur la rosace, juste au-dessus de la porte. Près de deux tiers sont d’époque, les autres datant des restaurations successives. En parlant de restaurations, la flèche en a connu quatre dont la dernière en 1853.
Il faudrait rester longtemps pour admirer la finesse de l’ensemble et le niveau de détails que les artisans ont apporté dans ces grands vitraux.
Entre les deux bras de la Seine et le Palais de la Cité
Longeons maintenant le quai des Orfèvres. Le Pont Neuf, bâtit de 1578 à 1604, est le plus ancien pont toujours en place dans Paris. La statue située sur une petite place au milieu du pont est celle d’Henri IV. Ce fût la première effigie exposée en France. Si vous voulez voir la Seine de plus près, empruntez l’escalier derrière la statue. Nous arrivons devant le square du Vert-Galant. Il contient de nombreuses essences d’arbres et constitue un endroit calme en plein cœur de Paris. J’y suis allé pour découvrir la plaque commémorative du bûcher des templiers. Après l’avoir longuement cherchée, je l’ai découverte sur le mur, à droite du passage d’où débouche l’escalier que nous avons pris pour descendre devant le square. Ce n’était pas forcément très clair dans mon guide, ni sur internet. La plaque se trouvant derrière un échafaudage, ça ne m’a pas facilité la tâche !
Remontons au niveau de la statue d’Henri IV. En face se trouve la place Dauphine, nommée ainsi car elle fût bâtie en l’honneur du dauphin Louis XIII, au tout début du XVIIe siècle. Entourée par de grandes façades, qui ne sont plus d’époque, la place est très calme. En visite guidée, la guide a demandé au groupe quelles sont les quatre places royales de Paris. Grâce à cette visite, j’ai pu en trouver une de plus. Quelles sont les trois autres à votre avis ?
Continuer la visite par la partie est de l’île de la Cité
Des ponts et un marché
Après le pont au Change vient le pont Notre-Dame, qui ne se trouve pas devant la cathédrale du même nom ! Il fût reconstruit plusieurs fois, ainsi l’actuel date de 1919. Il se trouve à l’emplacement de l’un des premiers ponts de la ville et fût la première voie avec des maisons numérotées. L’arche centrale, en fer comme le pont d’Arcole juste après, remplace plusieurs arches plus petites dont les piles ont provoqué de nombreux accidents !
N’hésitez pas à traverser pour profiter de la vue sur l’île de la Cité.
Au niveau du pont Notre-Dame, le marché aux fleurs est un endroit pittoresque. Entouré d’arbres qui apportent de l’ombre, on se croirait presque à la campagne !
La cathédrale Notre-Dame
Dans le prolongement du pont d’Arcole, la rue de la Cité passe devant la cathédrale Notre-Dame. Malheureusement, et je ne vous l’apprends pas, il est impossible de la visiter. N’ayant pas obtenu de laisser-passer exceptionnel, je me suis contenté de prendre une photo de la façade. Quelques mots tout de même sur son histoire :
Il y eut en ce lieu d’abord un temple gallo-romain puis une église romane. En 1163, Maurice de Sully souhaite construire une cathédrale. Paris étant la capitale de la France, une simple église n’est pas à la hauteur. Et le nombre de fidèles augmentant, il faut agrandir les lieux de culte. Les deux siècles de construction offrent un somptueux ouvrage gothique. Comme beaucoup d’édifices religieux, elle subit de nombreuses dégradations lors de la Révolution.
Au tout début du XIXe siècle, il faut réparer tout ça, afin que Napoléon puisse s’y faire sacrer empereur en 1804. Mais la cathédrale reste dans un tel état de délabrement qu’on envisage alors de la détruire ! Heureusement, c’est plutôt la voie de la restauration qui l’emporte. Elle débute en 1845 avec la fameuse flèche de Viollet-le-Duc mais aussi la sacristie, des pinacles ou des statues inspirées de celles présentes sur d’autres cathédrales françaises. Heureusement pour Napoléon, des restaurations avaient déjà été effectuées à la hâte au tout début du XIXe siècle afin que le lieu soit tout de même présentable lors du sacre. Certains vitraux, colorés et non figuratifs, datent de 1965.
En revanche, nous pouvons dès maintenant visiter la crypte archéologique de l’île de la Cité. On y trouve de nombreux vestiges de monuments datant des deux derniers millénaires. J’ai adoré !
Autour de la cathédrale Notre-Dame
Le parvis de la cathédrale a été agrandi par Haussmann, donnant une grande vue sur la façade de la cathédrale. On peut voir au sol les traces des anciens bâtiments où des rues qui s’y trouvaient. La rue Chanoinesse constitue l’artère principale de l’ancien chapitre de la cathédrale.
Dans la rue de la Colombe, on peut voir une marque réalisée à l’emplacement de l’ancien mur d’enceinte gallo-romain. Au bout de la rue des Ursins, la maison à l’air médiéval date en fait de 1958 et a été réalisée par l’architecte Fernand Pouillon.
A l’extrémité de l’île, peu après le pont Saint-Louis, le square de l’Ile de France, à l’emplacement des maisons et chapelles de l’évêché, abrite aujourd’hui le Mémorial des Martyrs de la Déportation. Il ouvre de 10h à 17h du 1er octobre au 31 mars et de 10h à 19h le reste de l’année.
Finir la visite sur l’île Saint-Louis
Petite histoire de l’île Saint-Louis
A l’origine, l’île Saint-Louis était en fait formée de deux îles. C’est au XVIIe siècle que l’entrepreneur Christophe Marie rassemble les deux îles en comblant le canal les séparant, fait réaliser deux ponts pour relier l’île aux deux rives et donne à l’île une organisation en damier, avec des hôtels de style classique.
La rive nord de l’île Saint-Louis
N’hésitez pas à aller sur les ponts, ils offrent des vues sur l’autre île en plus de la berge de l’autre côté de la Seine ou des quais des deux îles.
Le pont Saint-Louis actuel date de 1970 et offre une vue sur la cathédrale, sur le dôme du panthéon ou encore l’hôtel de ville de Paris. Des artistes de rue s’y installent souvent. A gauche, la place Louis d’Aragon débute le quai Bourbon, puis le quai d’Anjou. Les façades classiques appartiennent à d’anciens hôtels particuliers où vécurent des personnalités connues à partir du XVIIe siècle. Il y a souvent une plaque pour indiquer que telle personne vécut à telle adresse. Parmi ces habitants, nous pouvons citer Louis le Vau, Théophile Gauthier et Baudelaire dans l’hôtel de Lauzun, A. V. Geoffroy – Dechaume, adjoint de Viollet-le-Duc impliqué dans la restauration des sculptures du Moyen-Age ou encore Henry-Louis Duhamel du Monceau, l’initiateur de l’agronomie moderne.
L’hôtel de Lauzun, au numéro 17, abrite l’Institut d’études avancées, mais aussi de magnifiques décors. Les visites se font sur réservation le samedi, alors pensez-y avant d’aller visiter l’île Saint-Louis !
Encore ici, n’hésitez pas à traverser les ponts pour profiter des vues qu’ils offrent sur l’île et les autres rives.
A l’extrémité de l’île, le square Barye rend hommage au sculpteur animalier du XIXe Antoine-Louis Barye. Il y a de nombreuses essences d’arbres réparties dans tout le square, telles qu’un grand cèdre libanais planté en 1993 par Jacques Chirac et Rafiq Hariri, premier ministre libanais à l’époque.
La rive sud de l’île Saint-Louis
Je trouve la rive sud un peu moins belle que la rive nord, d’autant plus qu’elle est au soleil ! Néanmoins, le pont de la Tournelle offre une très belle vue sur le chevet de la cathédrale Notre-Dame. Au numéro 6 du quai d’Orléans la bibliothèque polonaise abrite de nombreux ouvrages dont certains rares, ainsi que le musée Boleslas-Biegas et le salon Frédéric Chopin. Pour 5€, il est possible de découvrir tout cela, et sur demande d’avoir une visite guidée d’un peu moins d’une heure.
A l’intérieur de l’île : la rue Saint-Louis-en-l’Île
L’intérieur de l’île, qui n’est pas si éloignée des deux rives, nous rappelle que l’île Saint-Louis n’est vraiment pas bien grande. On trouve dans cette rue de nombreuses boutiques à l’ambiance posée dont la librairie Ulysse, que l’on reconnait avec ce panneau « Pays et voyages ». On ne pouvait pas ne pas y passer ! Dommage, j’ai de la lecture jusqu’en 2023, si ce n’est 2024…
Juste en face, l’église Saint-Louis-en-l’Île, bâtie dans la deuxième moitié du XVIIe siècle selon les plans de François le Vau, frère aîné de Louis le Vau, a une apparence curieuse. L’intérieur, en travaux quand j’y suis allé, renferme de jolies décorations. Parmi elles notamment des vitraux représentant Saint Louis, Blanche de Castille et Isabelle de France.
Au numéro 51, l’hôtel de Chenizot présente un portail sculpté de chimères.
Finalement, on peut dire que chacune des trois rues parcourant l’île Saint-Louis dans le sens de la longueur ont leur particularité. La rue au sud offre une meilleure vue sur la rive d’en face et est plus lumineuse. La rue au nord est plus calme, ce sont surtout les arbres qui lui donnent cette ambiance. Enfin, rue Saint-Louis en l’Île, au centre, est bordée de magasins et est plus animée.
Les mots de la fin
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L’ambiance de l’île Saint-Louis
J’ai particulièrement apprécié cette visite. En plus de l’adjectif « pittoresque », employé tout à l’heure, j’emploierai celui de « calme ». Cette impression est renforcée par le côté insulaire des lieux qui l’isole du reste de la ville. D’autant plus dans la rue Saint-Louis-en-l’Île, qui est entourée d’immeubles ! Cette visite est à faire, que ce soit l’île de la Cité bien sûr, pour les monuments très célèbres qu’elle comporte, ou l’île Saint-Louis pour son charme romantique. Faîtes-y au moins un tour en début de soirée. Et si vous avez le temps, descendez sur les quais pour voir ces îles sous un autre angle !