Visiter le septième arrondissement de Paris
Le septième arrondissement est avant tout celui de la célèbre tour Eiffel, qui domine l’esplanade des Champs de Mars et constitue le symbole de Paris. Mais comme si ça ne suffisait pas, on y trouve également les Invalides et deux grands musées : le musée d’Orsay et le musée du quai Branly. Mais le septième arrondissement, c’est aussi celui des grandes portes cochères qui cachent de nombreux hôtels particuliers. Sans plus attendre, je vous propose donc de partir à la découverte du septième arrondissement de Paris.
Un peu d’histoire
En dehors des remparts de Philippe-Auguste, le quartier Saint-Germain fait partie des terres de la riche abbaye éponyme. Au Moyen-Âge, on y trouve des champs que parcourt un chemin entre Paris et le petit village de Grenelle. Il faut attendre le XVIIe siècle pour que des travaux y soient menés et que la Contre-Réforme encourage l’installation de congrégations religieuses en ces lieux. La ville de Paris s’étend vers le sud et Louis XIV décide de faire construire un grand hôpital pour les soldats. A cette époque, la noblesse, comme nous l’avons vu, se concentre dans le quartier du Marais, puis autour de Versailles. Il faut attendre le siècle suivant pour que ces derniers investissent le quartier Saint-Germain. Ils se font alors construire de nombreux hôtels particuliers, qui font toujours partie du paysage urbain.
Louis XV fait construire une école militaire et son terrain d’entraînement : le Champ de Mars. Cette grande étendue va pouvoir accueillir les expositions universelles dès 1878, dont celle de 1889, qui verra la construction de la tour Eiffel.
Le quartier Saint-Thomas d’Aquin
Entre le boulevard Saint-Germain et le boulevard Raspail
De la rue de Sèvres au boulevard Raspail
Commençons notre visite en terrain connu : devant l’église Saint-Germain des Prés, où nous avions terminé la visite du sixième arrondissement. Cette fois, nous nous dirigeons dans la direction inverse, jusqu’à la rue des Saints-Pères, à gauche. Nous passons devant la bibliothèque du Protestantisme français au numéro 54. C’est ici qu’il faudra vous rendre si vous désirez tout savoir sur cette branche de la chrétienté. Au numéro 56, deux colonnes ioniques encadrent la porte de la fondation de Sciences Politiques.
Traversons une première fois la rue de Grenelle. Le sculpteur César, qui réalisa la statue de centaure que nous avons vue lors de notre précédente visite, habita au numéro 9. Continuons sur la rue des Saints-Pères jusqu’à la rue de Sèvres, que nous prenons à droite. La rue Juliette Récamier mène à un paisible square tandis qu’au numéro 6, un bâtiment, fait d’un mélange de pierres, de métal et de fenêtres de verre, contraste avec ceux que nous avons vus jusque-là. C’est l’espace Fondation EDF, ancienne station de transformation électrique, qui accueille régulièrement des expositions d’art.
Nous marchons ensuite jusqu’au boulevard Raspail, tournons à droite et nous engageons dans la rue de la Chaise.
Du boulevard Raspail à l’église Saint-Thomas d’Aquin
L’hôtel de Vaudreuil se trouve au numéro 7. Nous arrivons rue de Grenelle. Avant d’entrer dans la rue Saint-Guillaume, tournons à droite et marchons dans la rue de Grenelle. Au numéro 27, nous pouvons voir les restes d’une mangeoire pour chevaux. Le numéro 17 possède une belle porte et quelques mascarons sur sa façade. Au numéro 15, l’hôtel de Bérulle date de 1775. Retournons maintenant rue Saint-Guillaume. L’entrée de Sciences Po se trouve au numéro 27 de cette rue. Il est possible de visiter ce qui fût, du printemps à l’automne, l’hôtel particulier du père de la marquise de Montespan.
De retour sur le boulevard Saint-Germain, nous tournons à gauche puis à droite sur la rue Saint-Thomas d’Aquin.
L’église Saint-Thomas d’Aquin
La construction de l’église Saint-Thomas d’Aquin débute en 1682. La façade de cet édifice de style jésuite n’est construite qu’en 1769. Elle contient de nombreux tableaux, particulièrement dans la chapelle absidiale et sur la coupole. Les peintres Merry-Joseph Blondel et François Lemoine, entre autres, ont réalisé certains tableaux de l’église. Blondel est l’auteur des peintures de la coupole.
Thomas d’Aquin est un acteur majeur de la philosophie scolastique, enseignée à L’Université au Moyen-Âge. Son objectif est de concilier la philosophie grecque, notamment celle d’Aristote, et la théologie chrétienne. Je me souviens avoir étudié un de ses textes sur la liberté en cours de philosophie, en terminale.
Après la rue de Gribeauval, tournons à droite, rue du Bac puis à gauche, rue de Lille.
Le quartier Saint-Germain : promenade au milieu des hôtels du XVIIIe siècle
La rue de Lille
Les premiers hôtels de la rue de Lille
Au numéro 67 se trouve un premier hôtel du début du XVIIIe siècle : l’hôtel du président Duret. Au numéro 71, l’hôtel de Mouchy date de 1775. Très vite, nous arrivons au principal point d’intérêt : l’esplanade du musée d’Orsay, encadrée par le musée d’Orsay et le musée de la Légion d’honneur et des Ordres de chevalerie.
Le musée d’Orsay
Il y aurait beaucoup à dire sur ce musée, installé dans un palais devenu gare. Au cours du XIXe, le palais accueille différentes administrations : Conseil d’Etat en 1840, Cours des Comptes en 1842… Plus de cinquante ans plus tard, alors qu’un incendie a détruit une bonne partie du palais sous la Commune, la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, qui a acquis ce qui reste du bâtiment, décide d’y aménager une gare. Mais entre-temps, les styles architecturaux ont changé. En effet, les gares du XIXe et début de XXe siècle sont construites en verre et en métal. Autant dire que ça ne se marie pas très bien avec le Louvre, situé de l’autre côté de la Seine… La Compagnie réalise donc une façade monumentale pour dissimuler la structure métallique de la gare !
Mais rapidement, les techniques évoluent : les trains deviennent plus longs et la gare d’Orsay devient inadaptée à ce nouveau trafic. Un projet présidentiel de transformer la gare en musée, initié par Valérie Giscard-d’Estaing, naît. Ce ne sera pas un musée du XIXe siècle, mais un musée d’Art moderne. Par “art moderne”, on entend tout de même l’art de 1848 à 1914. Pas si moderne que ça pour nous donc. C’est l’architecte Gae Aulenti qui s’occupe du réaménagement de l’intérieur de la gare.
Le musée d’Orsay présente quatre mille œuvres, ce qui n’est qu’une petite partie de ce qu’il possède. Nous n’allons évidemment pas tout lister ici, mais voici les styles à découvrir : des sculptures au milieu de hall, le classicisme, le romantisme, le réalisme, l’orientalisme, l’éclectisme, l’académisme, le symbolisme, l’impressionnisme, le néo-impressionnisme, le post-impressionnisme, ainsi que les écoles de Barbizon et de Pont-Aven. Sans oublier quelques pièces avec du mobilier Art nouveau et Art déco. Autrement dit, il y a de quoi faire ! La visite du musée d’Orsay, qui présente les styles du XIXe siècle, peut précéder celle du Petit Palais.
Le musée de la Légion d’honneur et des Ordres de chevalerie
Si ce n’est pas le musée de l’Armée, ce musée regroupe deux thèmes qui en sont proches : les ordres de chevalerie qui existaient au Moyen-Âge ainsi que la Légion d’honneur, et plus généralement les décorations militaires.
Sur trois étages, la visite débute par les décorations reçues par les présidents de la République française. Ces dernières illustrent leur diplomatie internationale. En effet, il est courant que les chefs d’Etat se décorent lors de visites d’Etat par exemple. Elle continue avec les décorations des ordre militaires du Moyen-Âge, comme les insignes de l’Ordre des Hospitaliers, entre autres, et les décorations tout au long du XIXe et XXe siècle. Le musée présente environ dix mille insignes, médailles, colliers provenant de toute la planète ! C’est presque trop, en tout cas, il y a de quoi faire pour tout un après-midi. Si ce n’est pas le cas, c’est sûrement que vous avez oublié d’ouvrir tous les tiroirs des meubles sur lesquels sont exposés tous les objets.
Le musée se trouve dans l’hôtel de Salm, construit en 1786. On peut voir sa cour carrée entourée de colonnades depuis la porte au numéro 64 de la rue de Lille. Il fût restauré après avoir été incendié lors de la Commune.
Se promener dans la rue de Lille jusqu’à l’Assemblée Nationale
Large porte cochère sculptée, ainsi que son tympan, au numéro 97. Juste après à droite, au numéro 78, se trouve l’hôtel de Beauharnais. Construit par l’architecte Germain Boffrand en 1713, il tient son nom d’Eugène de Beauharnais, fils adoptif de Napoléon 1er et fils de Joséphine de Beauharnais. Inspiré par les campagnes de début de carrière de son père adoptif, il fit ajouter à l’hôtel un porche de style égyptien, et aménagea l’intérieur jusqu’à lui donner un style Empire, le style du début du XIXe siècle. En 1818, il est acheté par le roi de Prusse, et est maintenant la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne en France.
L’hôtel de Seignelay vient ensuite, au numéro 80. Construit lui aussi par l’architecte Germain Boffrand, il tient son nom du comte de Seignelay, qui fit l’acquisition de l’hôtel après sa construction.
La fédération Custodia se trouve au bout de la rue de Lille, après avoir traversé le boulevard Saint-Germain.
L’Assemblée Nationale
En 1722, Louise-Françoise de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan, fait construire un palais. Étant mariée avec Louis III de Bourbon-Condé, le palais fût appelé le palais Bourbon. A sa mort, Louis XV achète le palais. Avec ses grandes colonnades et son style à l’italienne, il faisait écho à la place de la Concorde, située en face, sur l’autre rive de la Seine. Il le vend au prince de Condé en 1764, qui l’agrandit. A la Révolution, le palais accueille le Conseil des Cinq-Cents, l’assemblée législative. Elle conserve cette fonction. La façade nord est assortie avec celle de la Madeleine, mais la façade sud est également intéressante, avec sa grande porte encadrée par des colonnes ioniques.
Sur la place du palais-Bourbon, Jean-Jacques Feuchère a sculpté la statue de la loi, qui brandit un sceptre doré et la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Elle porte des gants blancs, symbole franc-maçonnique.
L’hôtel de Lassay, mitoyen du palais Bourbon, est la résidence du président de l’Assemblée Nationale.
Pour visiter le palais Bourbon, il faut contacter son député. C’est donc faisable, mais il n’est pas possible de se présenter devant l’entrée à la dernière minute !
La rue de l’Université
La rue de l’Université coupe le boulevard Saint-Germain. Sur le bâtiment qui fait l’angle entre les deux rues, à droite, on peut voir des traces d’obus, témoignant des bombardements du 11 mars 1918. Belle porte au numéro 100, avec une fenêtre circulaire au niveau du tympan. Lamartine, écrivain français ayant participé à la révolution de 1848, habita au numéro 82, comme l’atteste une plaque apposée sur la façade. Une autre belle porte se trouve au numéro 57. Au numéro 51, l’hôtel de Soyecourt fût construit en 1707 par François Duret, président du Grand Conseil. Celui-ci se livre à de nombreuses spéculations en faisant construire des hôtels particuliers qu’il revend en cours de construction.
Revenons un peu sur nos pas pour prendre la rue de Villersexel. Puis empruntons la rue Saint-Dominique, après un détour par le numéro 217 du boulevard Saint-Germain. On y découvre les jardins de la maison de l’Amérique latine, qui se trouve dans deux hôtels particuliers : l’hôtel de Varengeville et l’hôtel de Amelot de Gournay, tous deux du début du XVIIIe siècle. Le second a été édifié par Germain Boffrand, un collaborateur de Jules Hardouin-Mansart, à qui on doit de nombreux hôtels particuliers parisiens.
La rue Saint-Dominique : entre hôtels et basilique
Les hôtels de la rue Saint-Dominique
Au numéro 5 de la rue Saint-Dominique, l’hôtel de Tavannes, datant de 1728, se cache derrière une grande porte à voussures. Belle porte au numéro 11 bis. Des mascarons ornent la façade du bâtiment au numéro 33. En face, l’hôtel de Brienne abrite le ministère de la Défense. Il fût lui aussi construit pour François Duret en 1724. Il porte le nom du comte de Brienne, un officier français du XVIIIe siècle. L’hôtel est aujourd’hui rattaché au petit hôtel de Conti, construit de 1727 à 1729 et portant le nom de la princesse de Conti, fille de Louis III de Bourbon-Condé.
La basilique Sainte-Clotilde
Nous sommes passés devant un square qui laissait voir la façade d’une église : la basilique Sainte-Clotilde. C’est l’architecte François-Christian Gau, puis Théodore Ballu, qui construisent cette église de style néogothique de 1846 à 1857. C’est l’une des premières églises construites en France avec un style visant à réhabiliter le style gothique, pour contraster avec le style classique. Un peu comme la Renaissance a remis l’architecture antique à la mode. On croirait en effet cette église dater du Moyen-Âge. Un riche porche sculpté donne accès à une large nef entourée de murs ornés de vitraux colorés et de bas relief représentant le chemin de croix.
La construction ayant été décidée en 1827, la basilique devait initialement porter le nom de Saint-Charles, en référence à Charles X. Mais entre-temps, changement de régime oblige, le nom de Sainte-Clotilde parut plus approprié. Cette dernière était la deuxième femme de Clovis.
La rue de Grenelle
De nombreux hôtels particuliers
Depuis la basilique Sainte-Clotilde, la rue Las Cases, à gauche, mène à la rue de Bourgogne. Parcourons la en tournant encore à gauche. La rue de Bourgogne débouche sur la rue de Grenelle, riche en hôtels particuliers.
A droite, l’hôtel de Noirmoutier, construit de 1720 à 1723, changea maintes fois de propriétaire – dont le maréchal Foch – avant de devenir la résidence du préfet de la région île de France.
Le numéro 103 ne possède pas une, pas deux, mais trois portes ! Elles donnent accès à une cour intérieure et à une tour Chappe. Le ministère des Postes et Télégraphes était installé dans cet hôtel jusqu’en 1960.
Mais qu’est-ce qu’une tour Chappe ?
A la fin du XVIIIe siècle, Chappe fît ici des expériences pour la mise en place de liaisons télégraphiques en France. Un réseau de plusieurs tours à travers le pays permit ensuite d’établir ces liaisons.
Au numéro 101, l’hôtel de Rothelin-Charolais date de 1703. Deux figures se font face au-dessus de la voussure de la porte. En face, l’hôtel de Villars fut construit de 1717 à 1722, par l’architecte Robert de Cotte pour Claude Louis Hector de Villars, maréchal de France sous Louis XIV. Les deux ailes datent du XIXe siècle. Fait marquant, le petit hôtel de Villars était au début une dépendance d’un hôtel plus grand, avant de devenir un grand édifice à son tour. Aujourd’hui, l’hôtel de Villars est le siège de la mairie du septième arrondissement. Chaque entrée est constituée d’un porche sculpté encadré de deux pilastres ioniques.
Au numéro 110, l’hôtel de Courteilles est plus récent. En effet, il date de 1778 et fût construit par l’architecte Mathurin Cherpitel. C’est aujourd’hui le Ministère de l’Education nationale. De l’autre côté de la rue de Bellechasse se trouve une église. Cela change un peu des hôtels particuliers ! L’ancienne abbaye du couvent des Bernardines s’installa ici en 1671, quand il y avait encore des champs tout autour. Sous Napoléon 1er, cette église à grande rotonde devint un temple protestant et fût réaménagée par Victor Baltard, lui-même protestant. Au numéro 85, la grande porte cochère est ornée de deux lions tenant des armoiries. on peut lire en dessous de ces armoiries la devise du royaume des Pays-Bas : je maintiendrai. Elle dissimule l’hôtel d’Avaray, aujourd’hui ambassade des Pays-Bas.
Belle porte sculptée au numéro 71. Le numéro 69 en a quant à lui deux grosses portes rectangulaires avec des petites statues finement sculptées.
Le musée Maillol
Au numéro 59 de la rue Grenelle, le musée Maillol présente des œuvres du sculpteur Aristide Maillol. Des œuvres d’art moderne complètent la collection.
Comptez 13.5€ pour la visite.
La fontaine des Quatre-Saisons
Cette fontaine en honneur du roi Louis XV date de 1745. Commanditée par le prévôt des marchands Michel-Etienne Turgot, elle devait fournir en eau les habitants du quartier. Cette fontaine, jugée disproportionnée par les contemporains, dispose de quatre bas-reliefs et quatre statues représentant les quatre saisons. Au centre, une statue représentant Paris est entourée de la Seine et de la Marne.
Passage dans la rue du Bac
Une grande porte grise se trouve au numéro 92 de cette longue rue qui descend jusqu’à la Seine. Au numéro 102 se trouve un hôtel de la première moitié du XVIIIe siècle. Sa porte bleue présente sur son tympan une fenêtre ronde entourée de motifs végétaux. Il y a d’autres endroits à voir dans la rue du Bac. Mais pour l’instant, nous nous engageons dans la rue Varenne, à droite.
La rue Varenne
La rue Varenne est l’une des principales rues où voir des hôtels particuliers. Au numéro 48 se trouve l’hôtel d’Aubeterre, où vécut la comtesse de Ségur. Au numéro 50, l’hôtel de Gallifet est le siège de l’institut culturel italien, l’ambassade d’Italie se trouvant dans l’hôtel de Boisgelin, de 1732, aux numéros 47 et 49. Il est possible de visiter cet hôtel lors des journées du patrimoine. Au numéro 56, l’hôtel Gouffier de Thoix date de 1727 et héberge des services du Premier Ministre.
En parlant du Premier Ministre, l’hôtel Matignon se trouve au numéro 57. Datant de 1722, cet hôtel fût la résidence de Talleyrand de 1808 à 1811. Ambassade d’Autriche-Hongrie à partir de 1884, puis résidence du président du Conseil à partir de 1935, l’hôtel Matignon devint la résidence du Premier Ministre à partir de 1958 et le début de la cinquième République.
En face, l’hôtel de Montalivet date de 1737 et dispose d’éléments (façades, toiture, certaines pièces…) classées monument historique. Au numéro 72, l’hôtel de Castries, de 1694, a été réaménagé au milieu du XIXe siècle pour le duc de Castries, qui lui a laissé son nom. Plusieurs ministères s’y succèdent durant la cinquième république. Une grande porte cochère avec petit tympan se trouve au numéro 63, en face de l’hôtel de Castries. Au numéro 78, le ministère de l’Agriculture a pris place dans l’hôtel de Villeroy. Cet hôtel fût construit entre 1713 et 1724 par le banquier suisse Antoine Hogguer pour sa maîtresse, Charlotte Desmarres, comédienne à la Comédie Française. Cette dernière avait auparavant été la maîtresse du fils aîné de Louis XIV, décédé avant de pouvoir monter sur le trône.
Au numéro 69, la grosse porte est celle de l’hôtel de Clermont. Construit en 1708, il est acquis par Jacques Juste Barbet de Jouy, un industriel du XIXe siècle, qui fît percer la rue mitoyenne, qui porte son nom. A défaut que ce soit l’hôtel ! Différents ministères se sont succédé dans cet hôtel particulier classé monument historique. Au numéro 82, l’immeuble dispose d’une grande porte et d’une façade avec quatre colonnes ioniques entre lesquelles se trouvent trois fenêtres, chacune surmontée d’une fenêtre ronde. Au numéro 92, l’immeuble dispose de deux portes qui font face à l’entrée du musée Rodin.
Le musée Rodin
Le musée Rodin se trouve dans l’hôtel Biron, construit entre 1728 et 1730. Construit par l’architecte Jean Aubert pour un financier, il est racheté par le maréchal Louis Antoine de Gontaut-Biron. Il abrite ensuite la Société du Sacré-Cœur de Jésus puis devient un couvent d’éducation pour jeunes filles de bonnes familles. En 1905, devenu propriété de l’Etat, il accueille des artistes, notamment Auguste Rodin.
Le musée Rodin recueille six-cents soixante œuvres de l’artiste et de sa collection. Celui-ci étant l’un des plus importants sculpteurs français de la deuxième moitié du XIXe siècle, le musée renferme plus de quatre cents statues. En échange de ses œuvres, Auguste Rodin pût loger dans l’hôtel Biron. On peut voir dans le musée l’œuvre principale du sculpteur : Les Portes de l’enfer, une œuvre en fonte autour de laquelle gravitent près de 200 de ses œuvres.
Le tarif de l’entrée est de 12€, avec la possibilité d’acheter un billet combiné avec le musée d’Orsay, à 21€. L’entrée est gratuite le premier dimanche du mois.
La rue de Babylone
En tournant à gauche dans le boulevard des Invalides, nous arrivons au niveau de la rue de Babylone, que nous prenons à gauche. Peut-être cette rue vous rappelle-t-elle quelque-chose : nous l’avons effectivement parcourue lors de notre visite du sixième arrondissement. Elle se trouve en fait entre les deux arrondissements. Nous ne traiterons ici que des endroits se trouvant dans le septième, et vous pouvez donc découvrir la chapelle Saint-Vincent-de-Paul dans l’article précédent. Remarquons que nous passons devant la rue Monsieur, qui fait écho à la rue Madame, dans le sixième arrondissement.
La Pagode
Alors que la rue de Babylone évoque le Moyen-Orient, nous nous trouvons nez à nez, au numéro 57 bis, avec une pagode, digne d’un temple bouddhiste.
Comment en est-on venu à construire un édifice bouddhiste dans la rue de Babylone ?
En fait, ce bâtiment n’a jamais été un édifice religieux. En 1896, François-Emile Morin, le directeur du magasin Le Bon Marché, cherche un cadeau à offrir à sa femme. A cette époque, bien que les mangas n’aient pas encore déferlé sur le monde, le Japon est à la mode. Il lui fait donc construire cet édifice de style japonais, où elle donne de nombreuses réceptions. Mais peu de temps après, elle quitte son mari pour son associé avec, inclus dans sa dot, l’édifice que François-Emile Morin venait de lui offrir. Une histoire qui pourrait être digne d’un film projeté dans l’une des salles de ce qui est un cinéma depuis 1931.
Avant cela, l’ambassade de Chine a songé à s’y installer. Mais les choses ne vont pas très bien entre les deux pays asiatiques à cette époque, et les peintures de guerre se trouvant dans certaines salles, représentant des scènes de guerres entre japonais et chinois, dans lesquelles les premiers ont l’avantage sur les seconds, poussent les Chinois à choisir un autre lieu pour leur ambassade.
Dès 1931, la Pagode est donc un lieu précurseur dans le cinéma. Une vocation conservée jusqu’à aujourd’hui. Cependant, le cinéma ferme ses portes en 1915 et son avenir est longtemps resté incertain. Il devrait cependant rouvrir au courant de l’année 2023. Malheureusement, les arbres du jardin japonais et une partie d’un mur classé monument historique n’ont pas survécu à l’opération…
De la rue de Babylone à la rue du Bac
Au numéro 49, l’ancienne caserne de Babylone de la Garde nationale est toute en briques rouges, témoignant de sa reconstruction en 1934.
Nous arrivons au niveau de la rue Vaneau. En allant à gauche, au numéro 30, se trouve la chapelle Saint-Dominique-Saint-Matthieu. Cette petite chapelle aux airs de campagne n’ouvre que le dimanche, à l’heure de la messe. Pour une église, elle est récente, puisque édifiée en 1910.
En continuant sur la rue de Babylone, nous longeons le jardin de la Société des Missions étrangères. Lors des journées du Patrimoine ou la journée des Jardins, il est possible de se promener dans ce jardin d’un hectare à la française réalisé par un disciple de Le Nôtre.
Le retour dans la rue du Bac
Au numéro 120, deux hôtels de 1715 sont construits pour la Société des Missions Etrangères. Chateaubriand y habite de 1838 jusqu’à sa mort, en 1848. La présence de la Société des Missions Étrangères est rappelée par les quatre continents où la Mission étrangère œuvre, représentés sur les portails, qui cachent un jardin d’un hectare à la française. Les Missions Étrangères disposent de leur chapelle, celle de l’Epiphanie, au numéro 128.
Le jardin des Missions Étrangères est ouvert aux visiteurs durant la journée des Jardins et les journées du Patrimoine, fin septembre. On y découvre des plantes exotiques avec des panneaux expliquant comment elles ont été ramenées en France. Car certains missionnaires étaient aussi de grands collectionneurs !
Ce n’est pas la seule congrégation religieuse installée dans le quartier. Au numéro 140, la chapelle Notre-Dame-de-la-médaille-Miraculeuse renferme la châsse de Catherine Labouré, qui aurait vu la Vierge en 1830, alors qu’elle n’était encore qu’une novice au sein des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul.
Nous arrivons rue de Sèvres ainsi que devant le Bon Marché.
La rue de Sèvres
Le Bon Marché
Paul et Justin Videau ouvrent le magasin Le Bon Marché en 1838. En 1852, Aristide Boucicaut et sa femme les rejoignent en 1852, soit dix-huit ans avant Ernest Cognacq et sa Samaritaine. Ils deviendront les seuls associés onze ans plus tard. Le Bon Marché fit intervenir les architectes Louis-Hippolyte Boileau, Louis-Charles Boileau et Louis-Auguste Boileau. Et non, je ne ferai pas de jeu de mots ! Mais ça fait quand même beaucoup de Louis… Gustave Eiffel participe également à la construction du grand magasin, mais seulement sur un agrandissement de petites dimensions. Le Bon Marché devient le premier grands magasins de Paris, qui inspireront Emile Zola dans l’écriture de son roman Au bonheur des Dames. Le fonctionnement du Bon Marché nous ferait penser aux supermarchés d’aujourd’hui. Un service de livraison était même proposé ! En quinze ans (1852-1877), les douze employés sont rejoints par 1766 collègues.
La société de consommation est née, et les propriétaires du magasin ne manquent pas d’idées. Ils veulent attirer une clientèle féminine ? Ils installent des gammes de produits leur étant destinées, embauchent des vendeuses et font installer des salles de lecture pour les maris, qui n’ont ainsi plus d’excuse pour ne pas aller faire du shopping avec leur femme. Et puis, ces derniers trouvent également de quoi dépenser ! De grandes opérations de communication sont lancées afin de vendre les stocks de vêtements de taille standardisée, et les riches clients peuvent compter sur l’ouverture de l’hôtel Le Lutetia, à quelques mètres du magasin. Et si les clients ne peuvent pas se déplacer, le Bon Marché propose un service de livraison ! Dans le management, les promotions au mérite côtoient les renvois pour la moindre plainte d’un client et le paternalisme social.
La gestion paternaliste est une organisation prise dans certaines entreprises du XIXe siècle, qui offre divers avantages aux salariés, tels que des caisses de retraite, des congés payés, des logements, des clubs sportifs, dans le but de les fidéliser.
Une fontaine égyptienne
Au numéro 52, la fontaine du Fellah, statue de 1810 réalisée par Pierre Nicolas Beauvallet selon les plans de François-Jean Braille, témoigne de la vogue égyptienne suite à la campagne d’Egypte de Napoléon. Nous avions vu ce phénomène dans ce que j’avais appelé “le quartier égyptien du deuxième arrondissement”.
Nous tournons à droite, afin de retourner dans la rue Vaneau, puis à gauche, rue Oudinot.
La rue Oudinot
Quelques lieux cachés se trouvent dans la rue Oudinot : le jardin de la clinique Saint-Jean-de-Dieu et des petites ruelles pavées derrière la porte du numéro 23.
Le musée Valentin Haüy
Un détour jusqu’au 5, rue Duroc nous permet de découvrir le musée Valentin Haüy, créé en 1886. Ce musée retrace l’histoire des personnes aveugles et présente les moyens mis en œuvre pour leur permettre de lire et d’écrire.
La rue Oudinot nous mène au boulevard des Invalides. Tournons à droite pour arriver devant l’église Saint-François-Xavier.
Autour des Invalides
L’église Saint-François-Xavier
La construction de l’église Saint-François-Xavier débute en 1861 et se termine en 1873. Cette église de style éclectique accueille la châsse de sainte Madeleine-Sophie Barat, la fondatrice de la Société du Sacré-Cœur-de-Jésus, qui avait son couvent dans l’hôtel de Biron, comme nous l’avons vu précédemment. Mais ce n’est pas cela que nous remarquons en premier dans cette église, mais plutôt les peintures derrière l’autel et sur le plafond au centre du transept. Quelques œuvres réputées se cachent dans les chapelles, notamment une Cène du Tintoret, un artiste vénitien du XVIe siècle. Ce tableau se trouve dans la sacristie des mariages.
L’éclectisme est une tendance architecturale qui consiste à mélanger différents styles de différentes époques dans un même édifice. On le retrouve en Europe entre 1860 et 1930. Dans l’église Saint-François-Xavier, le plan est classique tandis que la façade est de style néo-Renaissance.
Il est possible de visiter le jardin du presbytère de Saint François-Xavier lors de la fête des jardins de Paris, qui a lieu durant le dernier week-end de septembre.
Avant d’arriver devant les Invalides, empruntons l’avenue de Villars et remarquons au numéro 6 bis un bâtiment de style néogothique. L’édifice semble sortir du Moyen-Âge, mais les murs sont trop clairs pour être aussi anciens !
Les Invalides
Un peu d’histoire
L’une des choses que l’on retient de Louis XIV, c’est qu’il a beaucoup fait la guerre. En effet, la situation européenne était explosive : guerre franco-espagnole de 1635 à 1659, guerre de Dévolution de 1667 à 1668, guerre de Hollande de 1672 à 1678, guerre des Réunions en 1683 et 1684, guerre de la Ligue d’Augsbourg de 1688 à 1697 et guerre de Succession d’Espagne de 1701 à 1714. Tant de guerre, ça cause beaucoup de morts mais aussi de blessés et jusqu’ici, les soldats blessés se retrouvaient souvent sans ressource. En 1670, la construction d’un hôpital pour soldats débute et se termine huit ans plus tard. L’édifice principal est réalisé sur les plans de Libéral Bruand, tandis que c’est Jules Hardouin-Mansart qui réalise le dôme de l’église.
Lors de la Révolution française, c’est aux Invalides que les émeutiers vont chercher les armes qui serviront lors de la prise de la Bastille. En 1800, le tombeau de Turenne est déplacé dans l’église, qui gagne peu à peu une vocation de nécropole. La fonction d’hôpital demeure au début du XXe siècle.
En venant du boulevard Villars, nous nous retrouvons face à l’entrée de l’église du dôme. et découvrons deux statues en bronze : la statue du maréchal Gallieni à gauche, et celle d’Émile Fayolle à droite.
L’église du dôme
Jules Hardouin-Mansart réalise cette église de 1677 à 1706. Il s’inspire des plans que François Mansart avait mis en place pour la basilique Saint-Denis. C’est pratique d’avoir un grand-oncle lui aussi architecte !
Le rez-de-chaussée
La façade se compose de trois parties, chacune composée de deux étages. De nombreuses colonnes doriques, en bas, puis corinthiennes à l’étage au-dessus, ornent les deux parties basses, tandis que le dôme est décoré de centaines de milliers de feuilles en or.
Quatre chapelles se trouvent à chaque angle de cet édifice en croix grecque. Chaque chapelle renferme un tombeau placé en son centre. Dans le sens anti-horaire : Joseph Bonaparte, le maréchal Foch, le maréchal Lyautey et Jérôme Bonaparte. Les tombeaux de Turenne et Vauban se trouvent quant à eux dans les deux chapelles du transept. Chaque chapelle dispose d’une coupole, mais la plus impressionnante est sans nul doute la coupole centrale de l’église, qui se compose en réalité de deux coupoles emboîtées, et qui est un marqueur fort du paysage parisien. C’est Charles de la Fosse qui réalisa les peintures murales ainsi que le tableau central du dôme, tandis que Jean-Baptiste Jouvenet se chargea des douze tableaux des apôtres.
La crypte et le tombeau de Napoléon
En dessous de celles-ci se trouve le tombeau de Napoléon. Derrière l’autel en baldaquin, qui remplace l’original détruit à la Révolution, le tombeau du général Duroc et le tombeau du général Bertrand se font face. C’est ici que se trouve l’entrée vers la crypte, gardée par deux grandes statues. Au bout du couloir, juste avant d’entrer dans la crypte, le sculpteur François Jouffroy réalisa des bas reliefs illustrant le prince de Joinville, troisième fils de Louis-Philippe, ramenant les cendres de l’empereur en France.
La crypte se compose d’un chemin circulaire où se trouvent dix bas-reliefs mettant en scène les réalisations de l’empereur. Une salle rompt l’enchaînement des bas reliefs. Une statue de Napoléon en tenue de sacre fait face au visiteur, avec à ses pieds la tombe de Napoléon II, fils de Napoléon n’ayant jamais régné. Le tombeau de Napoléon, réalisé en quartzite rouge foncé, par l’architecte Louis Visconti, se trouve au centre, entouré de douze statues de Victoires et au sol, le nom de huit de ses grandes victoires.
L’église Saint-Louis des Invalides
Dans un hôpital pour soldats, il fallait bien une église pour soldats. C’est également Jules Hardouin-Mansart qui réalise cet édifice en croix latine, séparé de l’église du Dôme par une grande verrière. Contrairement aux autres églises que nous avons visitées jusqu’à maintenant, et contrairement à sa voisine, l’église Saint-Louis des Invalides dispose d’un style des plus sobres. L’unique décoration se trouvant sous son toit en berceau se constitue de nombreux drapeaux pris aux ennemis sur le champ de bataille, bien que nombre d’entre eux aient été détruits en 1814 afin qu’ils ne tombent pas dans les mains de la Coalition contre la France. On y trouve également des plaques rappelant le pédigrée de généraux célèbres.
La cour d’honneur
De l’autre côté, l’esplanade des Invalides mène vers la porte principale de celles-ci. Nous entrons dans un jardin gardé par de nombreux canons. Au-dessus de l’entrée se dresse une statue équestre de Louis XIV, entouré par la Justice et la Prudence. Nous pénétrons ensuite dans la cour.
Quatre corps de bâtiments à deux étages à arcades formant un rectangle de 64 mètres sur 102 encadrent la cour d’honneur. Soixante lucarnes ornent le toit des corps de bâtiments, chacune avec un motif particulier. Une statue de Napoléon, réalisée par Charles Emile Marie Seurre, se trouve sous l’arcade centrale du bâtiment sud. Auparavant située sur la colonne Vendôme, cette statue de Napoléon en petit caporal a été remplacée par la statue de Napoléon en César, copie de l’originale. Elle est passée par l’actuel quartier de la Défense, avant de terminer aux Invalides. Des canons se font face, tandis que d’autres, situés sous les allées couvertes formées par chaque corps de bâtiment, témoignent de leur évolution au cours du temps.
Le musée des Armées
Le principal musée des Invalides est sans conteste le musée de l’Armée, qui rassemble un demi-million de pièces en tout genre pour témoigner de l’équipement, des armes et de la vie du soldat. Il prend place dans les deux ailes latérales autour de la cour d’honneur. Dans la partie ouest, au premier étage, nous pouvons observer de nombreuses épées et armures. Il est question également de la Renaissance, de l’époque moderne, mais aussi du XIXe siècle.
L’étage supérieur traite quant à lui des deux guerres mondiales. Si on retrouve également des armes, les fusils, mitrailleuses et canons ayant remplacé épées et arbalètes, il y a aussi de nombreux équipements utilisés par les soldats. Ainsi, des uniformes, décorations, objets utilisés dans les tranchées ou encore affiches de propagande sont exposés. Des documentaires vidéos ainsi que des représentations visuelles de batailles sont proposés. Dans le bâtiment à l’est, les XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que le Premier Empire sont traités.
Rien qu’avec ce musée, il y a de quoi faire. Peut-être même trop ! J’ai donc raté la partie est, par manque de temps. Il y a tout simplement trop de choses à voir pour pouvoir le faire en une journée ! De plus, je n’ai pas très bien compris l’ordre dans lequel je devais faire la visite.
Le musée des Plans-Reliefs
Ce qui est intéressant, avec le musée des Plans-Reliefs, c’est de se dire que les soldats, aux XVIIe et XVIIIe siècles, se servaient de ces maquettes pour étudier les villes ennemies, pour comprendre comment réaliser un siège… Désormais, elles se trouvent au dernier étage du bâtiment à l’est de la cour d’honneur. Attention cependant, bien que les Invalides ferment à 18h, le musée des Plans-Reliefs ferme quant à lui à 17h.
Le musée de l’Ordre de la Libération
Charles de Gaulle fonde l’Ordre de la Libération en 1940, pour récompenser les personnes ayant participé à la victoire des Alliés sur les nazis. Le musée de l’Ordre de la Libération se trouve dans le bâtiment est des Invalides, quand on vient de la cour d’honneur. Il contient 2000 objets triés en trois thèmes : la Résistance, les Forces Françaises Libres et la Déportation.
L’historial Charles de Gaulle
En plus d’avoir une salle pour lui dans le musée précédent, le général de Gaulle dispose de son historial, au sous-sol du bâtiment à l’est de la cour d’honneur. C’est un lieu de mémoire autour de Charles de Gaulle, qui présente de nombreuses vidéos, images et enregistrements. Il y a de quoi rester plusieurs heures si vous souhaitez tout écouter !
L’esplanade des Invalides et le pont Alexandre III
C’est l’architecte Robert de Cotte qui aménagea cette large esplanade de 1704 à 1720. Elle relie les Invalides au pont Alexandre III. La construction de ce pont débute en 1896 et représente une prouesse technique de l’époque. En effet, ce pont ne dispose que d’une seule arche et est décoré d’ornements dorés, tandis que les statues, représentant la guerre et la paix, se trouvent à chacune de ses extrémités.
Le quartier du Gros-Caillou et le quartier de l’Ecole Militaire
Le quai d’Orsay et le quai Jacques-Chirac
Le musée des égouts de Paris
Les égouts de Paris, ce ne sont pas moins de 2600 kilomètres de galeries qui s’étendent sous nos pieds. Et comme nous avons plutôt l’habitude des couloirs du métro quand nous descendons sous terre, le musée des égouts présente les travaux effectués pour évacuer l’eau usée de Paris. Cela a d’ailleurs toujours été un enjeu, dans les grandes villes notamment.
La visite comporte une galerie dédiée à l’histoire des égouts de Paris et à l’enjeu de la gestion de l’eau, notamment dans les villes. Cette partie se termine avec les utilisations potentielles de l’eau dans les villes du futur. Une deuxième partie de la visite permet de voir des galeries des égouts, dans lesquelles l’eau s’écoule et des machines, dont le fonctionnement m’a échappé. Il y a même la mauvaise odeur ! Bon ça, je m’en serais bien passé, mais ça rend la visite encore plus immersive.
La cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité
La première fois que j’ai vu cet édifice, situé au commencement de l’avenue Rapp, je ne savais pas trop ce que c’était. C’est en fait une église orthodoxe russe. Il faut dire que nous n’en voyons pas beaucoup. C’est Vladimir Poutine qui a choisi de construire cet édifice gris à bulbes dorés, qui est mitoyen du Centre culturel russe. L’entrée est gratuite.
Le musée du quai Branly
Alors que jusqu’ici, les façades des hôtels particuliers faisaient directement face à la Seine, le musée du quai Branly conçu par l’architecte Jean Nouvel, le même architecte que l’Institut du Monde arabe dans le 5e, se cache derrière des arbres, quand ce n’est pas derrière un mur végétal, réalisé par le botaniste Patrick Blanc. A l’intérieur se trouve une immense collection d’objets provenant de tous les continents, excepté l’Europe. Un bon moyen de découvrir la culture des autres pays, grâce à des outils utilisés traditionnellement dans la vie de tous les jours, des objets servant dans des rituels, etc. Il y a largement de quoi s’occuper pendant un après-midi, pour bien prendre le temps de découvrir tout cela en détail. Le seul inconvénient étant que j’ai trouvé les salles parfois plongées dans une trop grande obscurité.
L’avenue Rapp
Depuis le musée du quai Branly, nous empruntons l’avenue de la Bourdonnais, dont le numéro 9 dispose d’une large grille fermant l’entrée dans la cour intérieure. Nous prenons ensuite l’avenue de l’Université, à gauche, pour arriver à l’avenue Rapp.
Cette grande avenue a été le terrain de jeu de Jules Lavirotte, l’un des maîtres français de l’Art nouveau, bien qu’il ait abandonné celui-ci assez rapidement, en 1906. Au numéro 4, des mosaïques ornent la façade de l’ancien théâtre Adyar. Plus impressionnant, au numéro 29, le bâtiment tranche avec les façades typiquement parisiennes du reste de l’avenue. Cet immeuble Art nouveau, construit alors que le XXe siècle débutait à peine, est décoré d’arabesques qui entourent sa porte cochère, notamment. Celle-ci est aussi ornée de trois statues, une tête de femme entourée d’Adam et Eve. Sa décoration très riche, véritable manifeste de l’Art nouveau, lui a valu le premier prix du concours de la plus belle façade de Paris en 1901. Jules Lavirotte en est l’auteur, aidé du céramiste Alexandre Bigot et de plusieurs sculpteurs.
Enfin, une petite ruelle mène au square Rapp, ou l’immeuble de la Société théosophique de France fait face à ce qui fût le domicile de Jules Lavirotte, décoré de nombreux motifs floraux, de guirlandes, de ferronneries… Il fallait bien un immeuble à la hauteur de la réputation de son occupant !
La Société théosophique est une organisation internationale défendant un courant de pensée selon lequel toute philosophie ou religion possède une part d’une Vérité universelle. Voici un résumé très succinct si, comme moi, vous n’aviez aucune idée de ce que c’était.
La rue Saint-Dominique
La fontaine de Mars
Cette fontaine est construite de 1806 à 1808 au milieu d’une place à arcades. Au niveau du sol, trois mascarons déversent l’eau de la fontaine. Etonnamment, deux statues décorent la fontaine, l’une représentant Hygie, déesse de la Santé, et l’autre Mars, dieu de la Guerre. Peut-être que ces deux statues représentent l’eau saine désaltérant les soldats de la Grande Armée, les soignant même. Ceci est une interprétation personnelle. Sinon, ce thème peut s’expliquer par la proximité de l’hôpital militaire du Gros Caillou. François-Jean Bralle, l’ingénieur ayant réalisé cette fontaine, est aussi celui qui mit en place la fontaine du Fellah.
Au numéro 123, les deux portes mènent à l’hôtel de Béhague, plus récent que ceux que nous avons vus jusque-là, puisque datant de 1866. Il accueille désormais l’ambassade de Roumanie.
L’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou
L’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, réalisée par Etienne-Hippolyte Godde, est un édifice de style néo-classique dont l’extérieur est des plus épurés, hormis la façade dotée de quatre colonnes. Si elles font penser à la façade de l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement, les colonnes de cette dernière sont sur deux rangées et la façade est davantage sculptée. A l’intérieur, la nef au toit en demi-cercle rappelle la chapelle Saint-Vincent-de-Paul, les couleurs en moins.
Jusqu’à l’Ecole Militaire
Le rue du Cler nous ramène dans la rue de Grenelle. L’immeuble au numéro 151 (à gauche) est de style Art nouveau, cela se remarque principalement sur la porte. L’architecte est ici aussi Jules Lavirotte, bien que cet immeuble soit bien moins impressionnant que ceux de l’avenue Rapp. En effet, l’architecte n’en est qu’à son premier chantier parisien, et reprend les travaux de l’architecte précédent, décédé avant d’avoir pu les terminer. On remarque les influences de l’Art nouveau sur la façade côté cour, mais surtout avec la porte d’entrée.
Faisons demi-tour jusqu’à l’avenue Bosquet, que nous empruntons à gauche, puis la rue du Champ de Mars, à droite. L’immeuble au numéro 33, les Arums est de style Art nouveau. L’architecte Octave Raquin a réalisé cet immeuble dont la façade a été primée lors du concours de façades de 1902.
L’avenue de la Bourdonnais nous amène, à gauche, devant l’École Militaire.
L’École Militaire
Dix colonnes corinthiennes se trouvent sur la façade de cet édifice bâti au XVIIIe siècle par l’architecte Ange-Jacques Gabriel. En plein milieu du XVIIIe siècle, la guerre de Succession d’Autriche a montré la nécessité pour la France de se doter d’officiers compétents, bien formés. Cinq ans après le début de la construction, l’école accueille ses premiers élèves. Mais les problèmes de financement ont réduit de manière drastique les ambitions de départ. Ainsi, oubliée la grande église centrale. Mais la perspective depuis la Seine et le Champ de Mars encourage la réalisation d’une magnifique façade. Cependant, la mort de Louis XV entraîne celle de l’Ecole Militaire… Pillés à la Révolution, les bâtiments finissent par devenir une caserne et retrouvent leur vocation première en 1878.
Parmi les statues de la façade, on retrouve la Victoire et la France, mais aussi la Paix et la Force, ainsi que l’écusson de Louis XV. De l’autre côté, la cour d’honneur est le lieu de cérémonies militaires. Il y a une vue sur l’École Militaire avec la tour Eiffel en arrière-plan. La façade dispose également d’un fronton sculpté et la cour est entourée de deux ailes à colonnes ioniques.
Il est possible de visiter l’Ecole Militaire lors des Journées du Patrimoine.
De l’autre côté de l’avenue de Lowendal se trouve le siège de l’UNESCO. Trois architectes, français, italien et hongrois, ont participé à la construction du siège de cette organisation internationale pour l’éducation, la science et la culture.
La Tour Eiffel et le Champs de Mars
Le nom de cette grande place d’un peu plus de vingt-quatre hectares évoque un espace dédié aux manœuvres militaires, ce qui s’explique par la proximité de l’École Militaire. Sous la Révolution, la fête de la Fédération, durant laquelle Louis XVI prêta serment sur la Constitution, se déroula sur cette place, tout comme d’autres événements, profitant de ce grand espace. Un grand espace qui sera propice à l’installation en ces lieux des expositions universelles de Paris, ayant eu lieu en 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937. C’est pour l’exposition universelle de 1889, cent ans après la Révolution, que l’on prend la décision de construire ici la tour Eiffel.
Directement en face de l’École Militaire, une statue du maréchal Joffre se cache sous le grand palais éphémère, un lieu temporaire d’exposition. Le Mur pour la Paix, construit pour le passage à l’an 2000 par l’artiste Clara Halter et l’architecte Jean-Michel Wilmotte, est désormais inaccessible mais a fait des émules dans le monde. Au nord-est de là, le Monument des Droits de l’Homme, construit en 1989, est un mémorial de la Révolution française. De nombreux ornements très fins, en bronze, évoquent tantôt la Révolution française, tantôt la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Non loin de là, au numéro 16 de la rue Emile Deschanels, se trouve une jolie porte métallique avec un fronton sculpté.
Nous arrivons maintenant devant le monument le plus célèbre de Paris : la tour Eiffel. Pour l’exposition universelle de 1889, qui se déroule lors du centenaire de la Révolution française, il s’agit de démontrer le savoir-faire technique français. Maurice Koechlin et Emile Nouguier imaginent ainsi une tour métallique qui sera le clou de l’exposition. C’est Gustave Eiffel qui remporte le concours pour réaliser le projet. La tour s’appelle donc désormais “tour Eiffel”, mais cela n’a pas toujours été le cas. A sa construction, elle mesurait 312 mètres de haut (contre 324 mètres aujourd’hui), et s’appelait donc… la tour de 300 mètres ! Digne de mon imagination lorsque j’ai créé mon blog !
Cependant, la tour Eiffel n’a pas encore la fréquentation touristique qu’elle connaît actuellement, celle-ci augmentant temporairement lors des expositions universelles se déroulant à Paris. De plus, décriée par certains lors de sa construction, il est même envisagé de la démolir. En effet, sa construction n’était à l’origine prévue que pour l’exposition universelle de 1889, et la concession accordée sur les terrains se terminait vingt ans plus tard, en 1909. C’est la télégraphie sans fil qui viendra au secours de la tour Eiffel. Les premiers essais radiotéléphoniques ont lieu en haut de la tour, puis une antenne de télévision y est installée. Mais surtout, ce sont les touristes qui représentent la grande majorité des activités de la tour Eiffel. Ils sont environ six millions à visiter le monument tous les ans.
L’ascension, possible par les escaliers ou par un ascenseur qui permet d’éviter de grimper les 1652 marches, permet d’avoir une vue à 360 degrés sur Paris. Le visiteur peut en plus voir de plus près la structure métallique de la tour, dont la construction a nécessité vingt-et-un mois. Des vitrines animées présentent la construction de la tour ainsi que le fonctionnement des ascenseurs, anciens comme nouveaux.
Plusieurs dizaines de noms sont inscrits sur la tour Eiffel. Les critères utilisés pour sélectionner les candidats : avoir été un scientifique ou ingénieur renommé dans le siècle ayant précédé la construction de la tour, et ne pas avoir un nom trop long !
A droite, sur le quai Jacques Chirac, un mémorial à la guerre d’Algérie se dresse face à la Seine. Le pont d’Iéna prolonge le Champs de Mars jusqu’au Trocadéro, mais ça, c’est pour une autre visite !
A ne pas manquer
Les plus beaux monuments : la tour Eiffel et les Invalides.
Les plus beaux musées : le musée d’Orsay et le musée du quai Branly.
La plus belle église : l’église Saint-Thomas d’Aquin. L’église Saint-François-Xavier vaut également le détour, mais la sacristie des mariages est très souvent fermée.
Le mot de la fin
Le septième arrondissement fait partie des arrondissements majeurs à visiter quand on fait du tourisme à Paris. La raison est simple : la tour Eiffel, les Invalides et deux grands musées parisiens, le musée d’Orsay et le musée du quai Branly, se trouvent dans cet arrondissement. Entre tous ces monuments, de nombreux hôtels particuliers du XVIIIe siècle se cachent derrière de grandes portes cochères, malheureusement inaccessibles. Enfin, un autre joyau, les nombreuses églises et leurs tableaux peints par des artistes de renommée.