Découvrir les charmes inattendus de Rabat

Découvrir les charmes inattendus de Rabat

Rabat a beau être la capitale du Maroc, c’est la moins connue des quatre villes royales que sont Marrakech, Fès, Meknès et Rabat. Elle accueille bien moins de touristes que les deux premières et dispose de peu de monuments. Il faut dire qu’elle n’est capitale que depuis le siècle dernier, et n’a donc pas accumulé les siècles d’histoires comme ses rivales. Voyons néanmoins quels sont les lieux à visiter à Rabat.

Lors de mon voyage au Maroc, j’ai pris un billet aller-retour entre Paris et Rabat. Bien que mon voyage relie Essaouira à Merzouga, je pensais utiliser la troisième semaine de mes congés pour retourner à Missour, où j’ai travaillé, puis à Meknès ou ailleurs. Cela ne s’est pas fait, j’aurais donc dû prendre un billet entre Paris et Marrakech. Cependant, cela m’a permis de découvrir rapidement la ville en fin d’après-midi, le jour de mon atterrissage et la journée précédant le décollage. Et pour couronner le tout, j’y suis finalement retourné lors de ce deuxième voyage, et ai donc pu compléter cet article.

L’histoire de Rabat

Des colons phéniciens s’installèrent non loin de l’endroit qui n’est pas encore Rabat, au VIIIe siècle avant J.-C. Tout comme les Romains plus tard, ils y installent des comptoirs marchands. Le petit village s’appelle alors Sala Colonia et survit à la chute de l’Empire Romain. Il devient la capitale d’un royaume berbère et les Zénètes édifient un ribat, un monastère fortifié, qui donnera son nom à la ville. La ville de Salé, voisine de Rabat, est quant à elle fondée au Xe siècle. Au XIIe siècle, les Almohades construisent une casbah en remplacement du ribat. Ils se servent de ce site pour lancer des campagnes militaires afin de restaurer leur domination sur l’Andalousie. 

Rabat est la capitale sous Yacoub el-Mansour (régnant de 1184 à 1199), qui construit des murailles et commence la construction de la mosquée Hassan. Sa mort mit fin aux rêves de grandeur qu’il avait pour sa grande mosquée. La ville redevient alors une ville comme une autre.

Au XVIIe siècle, les réfugiés musulmans venant d’Espagne ainsi que des groupes de pirates apportent un peu d’animation dans la ville. Ils fondent la république de Bou Regreg et montent des expéditions pour s’emparer de l’or espagnol ainsi que des esclaves. Ces pillages en mer perdureront jusqu’au XIXe siècle, aucun sultan alaouite ne parvenant réellement à les arrêter.

En 1912, les français transfèrent la capitale de Fès à Rabat, jugée plus facile à ravitailler et plus à l’écart des velléités de rébellion de Fès. On retrouve ainsi des quartiers d’architecture coloniale datant de la première moitié du XXe siècle. La localisation de la capitale n’a depuis plus changé, même si les rois marocains changent parfois de résidence.

Que voir à Rabat

Rabat n’est pas réputée pour ses qualités touristiques. Les sites incontournables lui font ainsi défaut. Cependant, il y a tout de même quelques endroits qui méritent que vous alliez y faire un tour si vous passez en ville. J’y ai séjourné un peu plus d’une journée et ma visite s’est divisée en deux temps. En effet, j’ai atterri et décollé de l’aéroport de Rabat-Salé. J’ai donc pu profiter de la ville en fin d’après-midi après mon arrivée et pendant une journée, avant le décollage. Je vais présenter les lieux à voir dans l’ordre dans lequel je les ai visités, en partant de la gare de Rabat, à proximité de laquelle je logeais.

L’avenue Mohammed V

L’une des premières avenues que j’ai vue, et pourtant, je ne l’ai pas appréciée à sa juste valeur lors de ma première visite. Ce n’est que lors de mon deuxième passage que j’ai davantage su apprécier les nombreux immeubles de style Art déco qui la bordent. De par son emplacement, il est fort probable que vous y passiez sans forcément le rechercher.

avenue Mohammed V à Rabat
Ce n’est qu’une fois que j’ai davantage découvert l’Art déco que je me suis mis à bien plus apprécier le centre-ville de Rabat.
bureau de poste sur l'avenue Mohammed V
Le bâtiment de l’ancien bureau de poste a conservé des influences locales dans son style.

La cathédrale Saint-Pierre

C’est plutôt inattendu : la première chose que j’ai été voir au Maroc et que je présente dans cet article est une cathédrale. Alors qu’elle est située non loin de la ligne de tramway, je ne l’avais pas vue en rejoignant mon hôtel ! Il faut dire que ces deux tours encadrant la façade principale ressemblent à des minarets de mosquée. Ils ont été ajoutés en 1930 à l’édifice datant de 1919. L’intérieur parait un peu vide. Un grand vitrail fait face à l’entrée, tandis que deux rosaces à l’allure moderne ornent les transepts.

façade de la cathédrale Saint-Pierre
En plus de l’Art déco, les deux clochers ajoutent une touche locale, et sont comme deux minarets s’élevant vers le ciel !
arrière de la cathédrale saint-pierre
De nombreuses formes géométriques dans cette cathédrale !
autel de la cathédrale Saint-Pierre de Rabat
L’autel de la cathédrale avec un vitrail dans les style des années 1920 en arrière plan.
vitrail derrière l'hôtel de la cathédrale Saint-Pierre de Rabat
Un vitrail d’un style différent de ceux que nous avons vus à Paris !
panneau du chemin de croix de la cathédrale Saint-Pierre de Rabat
Je crois qu’on a compris pour les formes géométriques !

La tour Hassan

Difficile de rater cette tour qui domine les immeubles de la ville. Mais qu’est-ce que c’est ? En 1196, les Almohades débutent la construction d’une mosquée. Mais ça ne sera pas n’importe quelle mosquée. En effet, ils ambitionnent d’en faire la deuxième mosquée du monde par sa taille. Qui dit grande mosquée, dit grand minaret. C’est donc ainsi que naquit cette grande tour de 44 mètres de haut, également imposante par sa largeur, en comparaison avec les autres que nous croiserons en route. Mais Yacoub el-Mansour, le sultan à l’origine de la construction, mourut avant l’achèvement de cette mosquée. Un séisme détruisit l’édifice en 1755. C’est ce qui explique la présence des piliers dans la cour, près de la tour. Tour qui devait atteindre 60 mètres de hauteur dans les plans originaux.

Le site était fermé depuis le début de l’épidémie de Covid-19. J’ai cependant pu le visiter à l’occasion de mon deuxième voyage, dont cet article constitue la première étape. Les piliers servent aux nombreuses personnes se prenant en photo, par exemple en grimpant dessus. Pas sûr que les constructeurs de la mosquée y avaient pensé !

tour Hassan à Rabat
Un gratte-ciel des XIIe et XIIIe siècles !

Le mausolée de Mohammed V

L’édifice en marbre adjacent à la tour Hassan est le mausolée de Mohammed V, le sultan marocain lors de l’indépendance du pays. C’est le grand-père de Mohammed VI, le roi actuel. Il est composé de zelliges et de stucs, dans un style purement marocain.

mausolée du roi Mohammed V à Rabat
Si l’édifice est de style marocain classique, c’est un architecte vietnamien qui a dirigé sa construction.

Des gardes en costume traditionnel gardent l’ensemble du site. Ils étaient là lors de mon dernier jour de visite, au plus grand bonheur de quelques passants se photographiant avec eux. Ils rappellent un peu les gardes de Buckingham Palace à Londres, si ce n’est qu’ils ne sont ni immobiles, ni muets.

La kasbah des Oudayas

rabat kasbah des oudayas
Derrière ses murs, la kasbah des Oudayas garde ses mystères.

C’est la kasbah édifiée par les Almohades là où se trouvait le ribat, qui a donné le nom de Rabat à la ville. Ce sont des musulmans fuyant l’Espagne lors de la Reconquista qui ont bâti des bâtiments dans cette petite ville fortifiée. L’endroit est maintenant très fréquenté. Il n’y a cependant pas grand-chose à voir. Ne ratez tout de même pas la porte et la vue sur l’oued et Salé. Apparemment il y a un jardin andalou. C’est dommage, je n’ai pas eu le temps d’y aller ! Il se trouve dans la partie sud de la kasbah. Non loin du jardin andalou, le musée des Oudayas est une mine d’informations sur les bijoux marocains.

Le nom “Oudayas” provient d’une tribu arabe provenant du Sahara et ayant été installée ici.

porte de la médina de Rabat
Ca manque de couleurs, mais ça annonce le style des portes monumentales marocaines !
ruelle dans la kasbah des oudayas à Rabat
Des murs blancs et bleus clairs, des couleurs que l’on retrouve dans plusieurs médinas du nord du Maroc.

La médina de Rabat

Ici aussi, les bâtiments entourant les nombreuses rues sont tous blancs. La médina m’a paru bien plus organisée que celle de Marrakech. Contrairement à cette dernière, où la majorité des boutiques vendent des objets d’artisanat marocain à destination des touristes, la médina de Rabat est un ensemble de boutiques de vêtements, de téléphones portables… Une sorte de centre commercial historique ! On y trouve une mosquée du Xe siècle, mais je ne sais plus laquelle c’est.

Une enceinte de huit à dix mètres de haut entoure la médina de Rabat. Elle date de la période almohade, sauf la partie sud, bâtie par les andalous chassés d’Espagne au début du XVIIe siècle.

une rue de la médina de Rabat
Une large rue pour une médina ! Et pourtant, il n’y a pas foule.
immeuble dans la médina de Rabat
Les bow-windows locaux ! Tout en couleurs !
un souk dans la médina de Rabat
Dans les enseignes vendant vêtements et téléphones, il y a tout de suite plus de monde !

Que voir d’autre à Rabat ?

Nous avons déjà fait le tour de ce que j’ai visité. En effet, j’ai aussi profité de mon passage à Rabat pour faire quelques achats et n’ai pas pu tout voir.

Visiter des musées

Le musée de l’Histoire et des Civilisations

Les visiteurs découvrent des objets, des fragments et des statues de différentes époques. Le musée retrace en effet l’histoire du Maroc de l’apparition des premiers hommes à la dynastie actuelle des alaouites. Il y a aussi une salle consacrée aux découvertes faites à Volubilis.

Le billet d’entrée coûte 20 dirhams et inclut la visite du musée Mohammed VI d’art contemporain. J’y suis donc allé faire un tour.

Le musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain

Le grand bâtiment n’accueille des expositions que dans quelques salles, d’autres étant consacrées à un café ou à une librairie. Les expositions sont consacrées à des photographies artistiques d’artistes africains. 

La Villa des Arts

La Villa des Arts se trouve dans une magnifique demeure de style Art déco, dont les décorations reprennent les motifs marocains. L’allée de promenade, couverte, autour du jardin, rappelle l’ambiance du jardin Majorelle. A l’intérieur se trouvent quelques photos et tableaux nous faisant voyager dans tout le sud du Maroc, ainsi que des œuvres plus abstraites. 

L’entrée est gratuite, il serait dommage de ne pas en profiter, surtout pour l’extérieur !

villa des arts à Rabat
La Villa des Arts est une œuvre en elle-même !

Ces trois musées sont situés à quelques mètres les uns des autres, si vous avez un après-midi, je vous conseille de visiter les trois.

Le musée de la Monnaie

Le musée de la Monnaie présente, sans surprise, l’histoire de la monnaie et de très nombreuses pièces. Mais ce n’est pas tout, les métiers de la banque sont au programme et on y trouve également des tableaux d’artistes orientalistes ou marocains.

Le Chellah

Sur cet ancien site romain, les mérinides bâtissent au XIVe siècle une nécropole dont il ne reste malheureusement pas grand-chose de la mosquée, si ce n’est son minaret et les vestiges d’une medersa.

Se déplacer dans Rabat

Sans être incollable sur les moyens de transport en ville, voici quelques éléments que je peux vous donner.

Se rendre à l’aéroport ou rejoindre la ville

Un bus relie l’aéroport de Rabat-Salé à la gare Rabat ville, située dans la ville nouvelle. Le bus s’y arrête et termine sa course dans le quartier de l’Agdal. Pour un prix de 25 dirhams, c’est certainement le moyen le plus économique que vous trouverez pour faire le trajet entre l’aéroport et la ville. Cependant, je vous avoue que je ne l’ai pris ni à mon arrivée, ni lors de mon départ. En effet, j’ai attendu plus d’une heure en arrivant sans voir le bus, et je n’ai pas voulu retenter l’expérience avant le départ de mon avion. D’autant plus que personne n’avait l’air de connaître les horaires. Il semblerait qu’il passe toutes les heures…

J’ai donc opté pour un petit taxi. Ils sont reconnaissables grâce à leur couleur beige. Il semblerait que le prix soit de 50 dirhams, bien que je ne sois jamais parvenu à l’obtenir en étant seul. Demandez d’activer le compteur et de vous déposer à l’arrêt de tramway de la poste de Salé, qui est plus proche de l’aéroport que l’arrêt ou on m’a déposé quand j’ai demandé à rejoindre la ligne 1 du tramway. Vous pourrez ainsi rejoindre Rabat.

Les petits taxis

Une course en petit taxi coûte entre 15 et 30 dirhams. Il est important de noter que les petits taxis de Salé ne vont pas à Rabat et inversement. Les petits taxis de Salé sont beiges tandis que les petits taxis de Rabat sont bleus.

Voici quelques exemples de prix pour une place que j’ai payés :

Gare routière de Rabat à la gare de Rabat : 20 dirhams (trajet de nuit, prix doublé par rapport au même trajet parcouru de jour).

Agdal – périphérie de la ville : 23 dirhams.

Périphérie de la ville – Tour Hassan : 22 dirhams.

Le tramway

Il y a deux lignes de tramway à Rabat-Salé. Le ticket coûte 6 dirhams et s’achète dans des bornes automatiques en station. Au vu du faible prix, pensez-y lors de vos déplacements ! Ils passent tous les quarts d’heure en journée.

Les bus

Je n’ai pas pensé à utiliser le réseau de bus de Rabat, dont les billets coûtent 5 dirhams. C’est moins cher que le taxi, mais il fallait trouver l’arrêt et attendre le bus…

A ne pas manquer

Il y a deux choses à prendre en compte pour préparer votre passage à Rabat au mieux et l’optimiser si vous ne disposez que de peu de temps :
1/ La tour Hassan et la cathédrale Saint-Pierre sont desservies par la ligne 1 du tramway.
2/ Il est facile de faire une petite promenade pour voir la tour Hassan, la kasbah des Oudayas et la médina, qui se situent dans le même secteur.

Le mot de la fin

C’est déjà la fin de cet article ! Effectivement, il semblerait qu’il n’y ait vraiment pas grand-chose à voir à Rabat… Le principal intérêt de la ville est de constituer un entre-deux entre la France et le reste du Maroc. En effet, ses larges avenues et commerces modernes vous rappelleront notre pays, mais on y trouve des éléments que l’on retrouve dans le reste du Maroc : la médina, des portes dans les remparts de celle-ci, les mosquées, etc. Elle représentera donc une douce introduction pour votre voyage, ou un retour en douceur au pays.

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