Visiter le 15e arrondissement de Paris
Dans cet article, nous allons faire une visite qui est pour moi peu commune. En effet, ce n’est pas tous les jours que l’on publie sur un blog voyage un article sur une destination qui est à seulement deux arrêts de RER ou de métro de chez soi ! Le quinzième arrondissement, je connaissais un petit peu, car c’est là que je vais au cinéma. Alors par curiosité, j’ai ouvert mon guide pour voir ce qu’on y trouvait. J’ai ainsi découvert le chapitre le plus court du dit livre ! Et pour cause, il n’y a pas grand chose à voir dans le quinzième arrondissement…
Mais vous me connaissez, j’avais déjà dit ça lors d’une précédente visite, et j’ai quand même réussi à écrire un long article. Alors même s’il n’y a pas grand chose de connu, il y aura sûrement de bonnes surprises et de beaux immeubles. Cet arrondissement étant le plus grand de Paris (sans compter les bois de Boulogne et de Vincennes), on a plus de chance d’en trouver. Sans plus attendre, je vous propose de visiter le quinzième arrondissement de Paris.
Un peu d’Histoire
Avant 1860 et l’agrandissement de Paris, les actuels boulevards de Grenelle, Garibaldi et Pasteur étaient occupés par le mur des Fermiers généraux. La plus grande partie du quinzième arrondissement se trouvait alors hors de Paris. On y trouvait les villages de Vaugirard, un lieu d’agriculture et de viticulture, et de Grenelle. La campagne entre ces villages était inhabitée, ce qui en faisait un endroit propice à l’installation de manufactures et usines. L’enceinte de Thiers inclut ces villages dans un espace avec Paris, entre 1841 et 1844. En 1860, Paris annexe pleinement ces deux villages, ainsi que le nord d’Issy, qui deviendra le quartier de Javel.
En 1885, plusieurs établissements scolaires et de recherche s’installent dans le quinzième arrondissement : le lycée Buffon ainsi que l’Institut Pasteur. De nombreuses industries s’installent, telles que l’usine de Citroën, ou l’usine à gaz de Vaugirard. Après la Seconde Guerre mondiale, de grands aménagements des boulevards périphériques et leurs bretelles d’accès marquent le quartier. L’urbanisation progresse grâce à la fermeture des usines Citroën, d’où la dernière voiture sort en 1975, et des abattoirs de Vaugirard.
De la gare Montparnasse au parc Georges Brassens
Nous commençons notre découverte du quinzième arrondissement au numéro 59 du boulevard Montparnasse, non loin de là où nous avions terminé notre visite du quatorzième. Nous allons parcourir toute la partie Est de ce nouvel arrondissement, en traversant les quartiers Necker et Saint-Lambert.
Autour de la gare Montparnasse
Le Bouillon Chartier
Fondé en 1858, ce restaurant conserve sa décoration de la Belle Epoque, réalisée en 1906 (dont des revêtements en céramiques de Louis Trézel), ce qui lui a valu son classement aux monuments historiques en 1984. D’autres restaurants faisant partie de la même enseigne se trouvent dans Paris, ainsi que d’autres restaurants avec un décor Art nouveau. C’est le cas du Bouillon Julien, devant lequel nous étions passés lors de notre visite du dixième arrondissement.
La Tour Montparnasse
La tour Montparnasse a beau être moins haute que la tour Eiffel (209 mètres contre 300), elle se remarque de loin. Nous l’avons déjà vue à plusieurs reprises au cours de nos visites. Cette espèce de barre noire contrastant avec le reste des immeubles a été construite entre 1969 et 1973. Les premières études de la tour débutent en 1958, mais la hauteur du bâtiment suscite des critiques. Finalement, le permis de construire est accordé en 1968, puis un nouveau est donné pour la construction d’un centre commercial un an plus tard. La tour Montparnasse comporte majoritairement des bureaux.
Il est possible de monter au sommet de la tour. Il ne faut que 38 secondes pour rejoindre le 56e étage en ascenseur, un peu plus pour se rendre sur la terrasse, qui offre une vue sur tout Paris. A moins que vous n’ayez la tête dans les nuages. Des tables d’orientations aident à mieux apprécier le paysage.
La gare Montparnasse
Dès 1934, un projet de réaménagement de l’ancienne gare Montparnasse existait. L’ancienne gare se trouvait alors sur la boulevard Montparnasse, mais face à la rue de Rennes. Autrement dit, elle se situait à l’emplacement de la tour Montparnasse. Une dalle en béton armé recouvre les voies et supporte le Jardin Atlantique, un jardin suspendu et qui a pour thème l’océan. Et plus précisément, l’océan Atlantique, puisque la gare Montparnasse dessert des gare dans l’ouest de la France, près de cet océan donc.
Dos à la gare Montparnasse, nous prenons l’avenue du Maine à gauche.
La villa Marie-Vassilieff
Cachée derrière un portail, la villa Marie-Vassilieff était en 1840 un relais de poste. En 1901, une trentaine d’ateliers d’artistes sont construits avec des matériaux récupérés de l’Exposition universelle de 1900. La peintre et sculptrice russe Marie Vassilieff s’y installe en 1912. Elle y tient, de 1915 à 1918, la Cantine des artistes, où Picasso, Modigliani, Matisse ou Jean Cocteau viennent manger pour quelques sous. Au cours des Années folles, on construit dans l’allée les chars de l’école des Beaux-Arts pour la fête de Rougevin. Puis en 1930, des architectes s’y installent. C’est ensuite le tour de l’avant-garde du théâtre populaire en 1938… Le musée Montparnasse, ouvert dans la villa Marie-Vassilieff en 1951 au fond de l’impasse, ferme en 2013. A la suite d’un appel à projet, un nouvel espace ouvre en 2016, dédié aux arts visuels. Des expositions et des conférences avec des artistes sont organisées.
L’espace Frans Krajcberg
On trouve également dans la villa Marie Vassilieff une galerie d’exposition dédiée à Frans Krajcberg, un sculpteur brésilien d’origine polonaise ayant lutté pour la sauvegarde de l’Amazonie.
Nous continuons notre route sur l’avenue du Maine, puis tournons à gauche, rue Antoine Bourdelle.
Le musée Bourdelle
En 1885, Antoine Bourdelle s’installe dans ce qui est alors l’impasse du Maine. Élève de Rodin, dont l’atelier ensuite transformé en musée l’a beaucoup inspiré, il devient célèbre après avoir réalisé plusieurs expositions aux Etats-Unis et au Japon. Son ancien atelier, à plusieurs reprises agrandi, accueille désormais le visiteur souhaitant découvrir son œuvre de sculptures. Celle-ci puise ses sources dans les styles architecturaux roman, gothique et byzantin. Son style se caractérise par une influence classique, de la rigidité et de la puissance, une approche monumentale et une symbolique héroïque. Après la visite du musée Rodin, dans le septième arrondissement, la visite du musée Bourdelle apparaît comme une suite logique.
Nous tournons ensuite à gauche, rue Armand Moisant.
Les façades de la rue Armand Moisant
Avec le numéro 1 de la rue Armand Moisant, nous commençons avec l’immeuble le plus moderne, présentant un dégradé entre le jaune et le rouge. Il contraste avec les bâtiments du XIXe siècle, tel que celui au numéro 8, avec ses deux bow-windows ! Au numéro 3, le bâtiment en briques est l’ancienne école commerciale créée en 1863. L’ECCIP, ensuite devenue Novancia, cesse ses formations en 2019. L’ancien campus que nous voyons ici est toujours utilisé pour des masters spécialisés. Les murs en briques sont décorés en hauteur. En face, le bâtiment en briques du numéro 12 est le siège de la mutuelle générale des PTT. Enfin, beau immeuble haussmannien au numéro 18.
Nous prenons ensuite le boulevard de Vaugirard à droite.
Le musée de la Poste
Au numéro 34, boulevard de Vaugirard, un musée présente l’histoire de la Poste et de la philatélie. La visite débute par la présentation des moyens de transport utilisés par la Poste. Elle continue ensuite par les différents métiers, tels que l’emblématique facteur. Elle se termine par l’histoire des timbres, notamment le typique timbre Marianne, qui a évolué sous chaque président, et une collection de timbres divers et variés.
Petite anecdote de visite : saviez-vous que de 1930 à 1960, plusieurs expérimentations de fusées postales ont été réalisées ? Cela aurait consisté à faire décoller une fusée et l’envoyer atterrir à un endroit difficile à atteindre pour y effectuer une livraison de lettres. En France, le ministère des Postes et des Télécommunications a expérimenté ce système en 1960. Le projet était d’utiliser ces fusées pour livrer du courrier en Corse, dans des îles bretonnes ou en Afrique. Malgré un test concluant en 1962, la Poste met fin à ces expérimentations dès 1963, car ce moyen de livraison est très onéreux.
Il y a aussi des expositions temporaires pour compléter le tout. Lors de ma visite, le thème était les cartes postales. On y découvrait l’évolution des cartes postales, des différentes thématiques représentées, leur conception…
Comptez deux heures pour l’exposition permanente. J’ai en plus passé une demi-heure à visiter l’exposition temporaire.
Nous tournons ensuite à droite, boulevard Pasteur. Beaux immeubles haussmanniens dans la rue Mizon ainsi qu’au 59 boulevard Pasteur.
Vers le parc Georges Brassens
Le parc Georges Brassens est de l’autre côté du quinzième arrondissement, il va donc falloir bien marcher pour le rejoindre. Depuis le boulevard Pasteur, nous tournons à gauche, rue du docteur Roux.
L’église Saint-Jean Baptiste de la Salle
La construction de l’hôpital Necker en 1802 et de l’Institut Pasteur en 1888 entraîne le développement du quartier. L’architecte Edouard Jacquemin bâtit une nouvelle église entre 1908 et 1910. Hormis les airs de roman, il n’y a pas de style bien défini. En effet, après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la première se retrouve maître d’ouvrage et se cherche un style. A l’intérieur de l’église se distinguent la mosaïque de l’arc triomphal de Marcel Imbs puis Jean Gaudin et les arcades en anse de panier. Le reste de l’édifice est très sobre.
Le musée Pasteur
Le musée Pasteur se trouve dans la rue du Docteur Roux, un bactériologiste ayant collaboré avec Pasteur. Il fonde avec lui l’Institut Pasteur, dont il a été le directeur général en 1904. La visite parcourt l’appartement où le scientifique a vécu durant les dernières années de sa vie. Elle nous fait découvrir sa vie et ses instruments de travail.
En continuant notre promenade dans la rue du Docteur Roux, nous remarquons un immeuble de style Art déco au numéro 37. Les motifs sculptés en haut de la porte et sur les bow-windows sont typiques de ce style, ces mêmes bow-windows étant très géométriques avec plusieurs angles droits.
Notre promenade continue sur la rue Dutot, puis sur la rue Brancion. Au croisement de cette dernière avec la rue de Vouillé, l’immeuble en briques rose-orange, de style Art nouveau, présente un grand bas-relief.
Nous tournons à gauche, rue de Vouillé, puis tout de suite à droite, rue Santos-Dumont.
Autour du parc Georges-Brassens
La rue Santos-Dumont
Des maisons à deux étages encadrent la rue Santos-Dumont, qui vit passer Georges Brassens, Ossip Zadkine et Fernand Léger. Le premier habita au numéro 42 à la fin de sa vie. La villa Santos-Dumont est une charmante impasse, que les habitants ont coloré en vert grâce à de nombreuses plantes en pot ou plantes grimpantes. Cette petite impasse datant des années 1920 est ainsi très calme, loin du tumulte autour de la tour Montparnasse ! Remarquons les mosaïques sur le mur de la maison au numéro 15.
Nous tournons à droite, rue des Morillons, puis à droite, rue Brancion. Nous apercevons le parc Georges Brassens sur notre droite. Au numéro 104, le marché du livre ancien ou d’occasion a pris place dans l’ancienne halle aux chevaux des abattoirs de Vaugirard. Nous découvrirons le parc plus en détails un peu plus tard au cours de notre visite. Sur le mur de l’immeuble au numéro 108, retournons-nous pour voir l’œuvre d’art de rue peinte sur toute la façade de l’immeuble.
Le boulevard Lefebvre
Quelques immeubles du boulevard Lefebvre
Le boulevard Lefebvre fait partie des boulevards des maréchaux, créés à partir de 1861 le long de l’enceinte Thiers. On les appelle ainsi car ils portaient à l’origine tous des noms de maréchaux de Napoléon Ier. François Joseph Lefebvre était en effet maréchal de France et duc de Dantzig.
Au numéro 169, la curieuse maison était une maison à petit loyer construite par Jules Lavirotte en 1906. Il est plutôt inattendu de la trouver ici ! On connaît par ailleurs bien mieux son architecte pour l’immeuble qu’il a réalisé au numéro 29 de l’avenue Rapp, dans le septième arrondissement.
Faisons demi-tour sur le boulevard Lefebvre. Remarquons l’immeuble en briques colorées au numéro 163, puis l’immeuble de style Art déco au numéro 155.
Plus loin, un immeuble de style Art déco se trouve au croisement entre le boulevard Lefebvre et l’avenue de la Porte de Plaisance. Le bâtiment du laboratoire national de métrologie et d’essais se distingue par ses bas-reliefs à l’angle. Je pense qu’on ne prend pas trop de risques à supposer que ceux-ci représentent des instruments de mesure, étant donné que la métrologie est l’ensemble des disciplines liées à la mesure. Un peu plus loin se dresse l’église Saint-Antoine de Padoue.
L’église Saint-Antoine de Padoue
Après la destruction de l’enceinte de Thiers en 1919, le cardinal Verdier décide de la construction d’une église pour les ouvriers et les maraîchers vivant dans ce quartier, autrefois rattaché à la commune de Vaugirard. Sur les plans de Léon Azéma, on bâtit, de 1933 à 1935, une église en ciment armé. L’abbé Robert Mortier, qui l’assiste, va apporter une influence franciscaine, offrant un décor dépouillé.
La façade de l’église présente des bas-reliefs portant les emblèmes des Franciscains, dont les statues des saints protecteurs ornent le clocher, haut de 46 mètres. A l’intérieur, la nef en coque de bateau renversée présente dix oculi réalisés par le peintre-verrier Louis Barillet. Derrière le chœur, la grande fresque représente Le Christ expirant. A l’origine, trois verrières parallèles éclairaient le chœur.
Autour de la rue Olivier de Serres
Nous tournons ensuite à droite, rue Olivier de Serres. A gauche, d’anciens ateliers d’artistes se trouvent dans la rue Pierre Mille. De jolies maisons se trouvent à gauche, par exemple aux numéros 10, 12 et 14. Elles font face à un immense immeuble en briques. Cette rue est très contrastée !
Olivier de Serres (1539-1619) était un agronome, qui a étudié de manière scientifique les techniques agricoles et mené des expérimentations pour les améliorer. Il est considéré comme le père de l’agronomie française.
Signalons les immeubles de style Art déco aux numéros 83 et 81, avant de tourner à droite, rue de la Saïda. Au numéro 5, le grand immeuble en briques est la cité ouvrière Lebaudy. La particularité de cet ensemble d’habitats bon marché, destinés à des familles nombreuses, est sans nulle doute ses escaliers situés en extérieur, offrant ainsi de la luminosité à l’ensemble d’immeubles.
Nous tournons à gauche, passage de Dantzig.
La Ruche
On trouve au numéro 2 du passage Dantzig les trois étages du pavillon des Vins, réalisé par Gustave Eiffel pour l’Exposition universelle de 1900. Le sculpteur Alfred Boucher les sauve de la destruction et les transforme en ateliers d’artistes en 1902. Ainsi, le bâtiment en forme de rotonde se cache toujours derrière un portail du quinzième arrondissement, malgré une opération immobilière ayant entraîné la destruction du mur séparant les artistes de la rue. Au début du XXe siècle, on trouvait ici 110 ateliers, occupés par 200 artistes, tels que Modigliani, Fernand Léger ou Soutine, puis des sculpteurs tels que Zadkine et Brancusi. Une salle d’exposition est ouverte en 1905, puis un théâtre trois ans plus tard. Les artistes occupent encore aujourd’hui ce lieu atypique, classé monument historique en 1972 et où se trouve l’atelier Alfred Boucher, qui présente les œuvres des artistes y travaillant.
Pour visiter la Ruche, il faut faire appel à un guide-conférencier, ou s’y rendre durant les journées du patrimoine.
Nous continuons sur la rue de Dantzig, à gauche, puis tournons à droite, rue des Morillons. Remarquons l’immeuble de style Art déco au numéro 35, au croisement entre la rue des Morillons et la rue de Dantzig. Il présente quelques motifs sculptés, l’Art déco étant le plus visible à l’angle de l’immeuble. L’entrée du parc Georges Brassens, encadrée par deux taureaux en bronze, se trouve sur cette rue.
Le parc Georges Brassens
Dans l’article sur le troisième arrondissement, nous avions trouvé où mettre d’éventuels vestiges de l’ancien hôtel de ville que vous trouveriez dans votre jardin (le square Georges Caïn). S’il s’avère que ces vestiges proviennent d’une Exposition universelle ayant eu lieu à Paris, il semblerait que le quinzième arrondissement (ou le quatorzième) soit un endroit plus approprié. En effet, les deux statues de taureaux en bronze encadrant l’entrée principale du parc Georges Brassens, sculptées par Isidore-Jules Bonheur, avaient été placées sur le Champ de Mars pour l’Exposition universelle de 1878. Ils ont été déplacés en 1898 dans les abattoirs de Vaugirard.
Les vignobles de Périchot et les cultures maraîchères du XVIIIe siècle laissent leur place aux abattoirs de Vaugirard en 1894. L’ancienne entrée, un portique dont le fronton est orné d’une tête de cheval, se trouve à l’angle de la rue des Morillons et de la rue Brancion. Les abattoirs ferment en 1975. A la place du marché aux chevaux de Vaugirard, on aménage le parc Georges Brassens, du nom du chanteur-compositeur qui vécut à quelques mètres de là. Le beffroi de l’ancien marché se dresse toujours au centre du parc. On trouve dans le parc Georges Brassens une colline boisée, un rucher, des vignes et un jardin de senteurs. La structure métallique le long des anciennes rampes est le théâtre Monfort, occupé par une compagnie de cirque depuis 1992. On peut assister à des spectacles de marionnettes.
A l’ouest des quartiers de Saint-Lambert et de Necker
Depuis l’entrée principale du parc Georges Brassens, nous parcourons la rue de Cronstadt. Puis nous tournons à gauche rue de la Convention.
Premier passage dans la rue de la Convention
La rue de la Convention, du nom de la Convention nationale ayant siégé de 1792 à 1795, s’étend sur un peu plus de deux kilomètres. Une distance qui démultiplie les possibilités d’y trouver de beaux immeubles. On commence avec l’immeuble de style Art nouveau au numéro 248, couvert de décorations végétales et présentant à l’avant dernier étage d’un balcon à l’ombre avec des colonnes ioniques. Au numéro 229, le bâtiment en briques rouges de style Art nouveau possède à son avant-dernier étage un balcon dont le bas est recouvert d’une multitude de feuilles, accrochées à des branches qui portent également des fruits (ou des fleurs ?).
A quelques mètres de là, à droite, le passage Dombasle porte, comme la rue Olivier de Serres, le nom d’un agronome français. Des habitations anciennes s’y trouvent. A gauche, nous retrouvons plus loin la rue Olivier de Serres. Aux numéros 12 et 14 se trouve un bâtiment de style Art déco construit en 1912, donc à une époque où on construit toujours des immeubles de style Art nouveau. D’ailleurs, si les bow-windows ont un aspect géométrique, ils présentent tout de même quelques décorations végétales. On retrouve le même style d’immeuble non loin de là, au numéro 208 de la rue de la Convention.
Nous tournons à droite, rue de Vaugirard
Retour dans la rue de Vaugirard
Retour, car nous l’avons quittée il y a déjà quelques temps ! En effet, nous avions déjà parcouru la rue de Vaugirard lors de notre visite du sixième arrondissement, devant le jardin du Luxembourg. Nous y avions vu le couvent des Carmes, le musée Edouard Branly, ou encore l’un des derniers mètres étalons.
Avec ses 4360 mètres de longueur et ses 407 numéros d’immeubles, la rue de Vaugirard est la plus longue de Paris !
Quelques immeubles de la rue de Vaugirard
Juste avant le numéro 333 de la rue de Vaugirard, ne pas rater la rue Fourcade et son enchaînement d’immeubles en briques rouges et beiges, avec chacun un grand bow-window. Au numéro 300, l’immeuble de style Art nouveau est semblable à celui au numéro 248 de la rue de la Convention. On retrouve en effet une loggia avec quatre colonnes ioniques. De nombreuses décorations végétales ornent la façade. Avant de quitter temporairement la rue de Vaugirard, remarquons pour la forme un immeuble avec un grand bow-window au numéro 319.
Le jardin de la clinique Blomet
La Communauté des Sœurs Sainte-Marie de la Famille fonde la clinique Blomet en 1888. Une chapelle de style néogothique se cache dans son jardin. Pour avoir la chance de le visiter, il faut demander à l’accueil.
Nous empruntons la rue Blomet dans l’autre sens et tournons à droite, rue de l’Abbé Groult. Nous arrivons sur une petite place où se dresse l’église Saint-Lambert de Vaugirard.
L’église Saint-Lambert de Vaugirard
Au Moyen-Âge, trois-cent habitants habitent dans un petit bourg qui deviendra Vaugirard, où se trouve un important commerce d’animaux et des fermes. Une première chapelle sort de terre en 1342, dépendante de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés (qui n’est pas la porte à côté !). En 1453, l’église accueille des reliques de Saint Lambert, qui fût évêque de Maastricht. Mais l’église est saccagée à la Révolution. Face à l’accroissement de la population au XIXe siècle, l’architecte Claude Naissant mène des travaux de construction d’une nouvelle église entre 1848 et 1856, en remplacement d’un ancien édifice devenu trop petit et n’attirant plus les fidèles.
L’église, de style néo-roman, apparaît de taille modeste : moins de 60 mètres de long sur 25.5 mètres de large. Mais le clocher culmine tout de même à 50 mètres de hauteur ! L’intérieur, composé d’arcs en plein cintre, n’a rien d’exceptionnel. Il semblerait que la construction relativement rapide, surtout pour un édifice en pierre, ait été en partie permise par la simplicité des décors.
D’autres immeubles de la rue de Vaugirard
Remarquons l’immeuble au numéro 297, avec ses nombreux balcons d’apparences différentes. Grands bow-windows au numéro 270, juste en face. Puis, au numéro 254, nous remarquons un bâtiment de style Art déco, en briques avec un bow-window au centre.
Juste avant le 254 rue de Vaugirard, une grille ferme malheureusement le square de Vergennes. Au numéro 15 se trouvait, de 2014 à 2017, le musée Mejinsky dans l’ancien atelier du verrier Louis Barillet, inventeur du vitrail blanc, construite en 1932 par l’architecte Robert Mallet-Stevens.
Nous parcourons le square Adolphe et Jean Chérioux. Au numéro 16, l’immeuble de style Art déco n’est pas en briques comme le précédent. Il présente également un grand bow-window au centre, encadré de deux plus petits ornés de quelques motifs sculptés à leur base.
Autour de la mairie du quinzième arrondissement
La mairie du quinzième arrondissement n’est ni l’ancienne mairie de Vaugirard, ni celle de Grenelle. C’est un nouvel édifice construit entre 1873 et 1876, qui ne comporte alors que la partie centrale. L’architecte Désiré Louis Henri Devrez a remporté une médaille d’or en présentant ce modèle de mairie à l’Exposition universelle de 1878. Les deux ailes, ainsi que le campanile, sont ajoutés ultérieurement.
Lors de notre visite du treizième arrondissement, nous étions passés devant la Petite Russie, des maisons situées sur le toit d’un grand immeuble. Ces maisons témoignaient de l’implantation d’une communauté russe, plus précisément d’anciens partisans du tsar ayant fui la Russie devenue bolchevique. Au numéro 5 de la rue Pétel, l’église des Trois Saints Docteurs est une autre trace de cette présence. On remarquera au passage le monument aux morts à l’angle de cette rue et de la rue Lecourbe.
Nous traversons la rue Lecourbe et prenons la rue Péclet..
Rue Mademoiselle et rue Péclet
Au croisement entre la rue Péclet et la rue Léon Lhermitte, le cinéma indépendant Chaplin Saint-Lambert a pris place dans un bâtiment partiellement couvert de mosaïques bleues.
Nous arrivons au croisement entre la rue Péclet et la rue Mademoiselle. Cette dernière rappelle la rue Monsieur et la rue Madame. Elle est nommée ainsi en référence à Louise Marie Thérèse d’Artois, qui a posé la première pierre de l’église Saint-Jean-Baptiste de Grenelle en 1827. A gauche, le numéro 36 est un bâtiment de style Art déco.
En face, la rue Quinault possède plusieurs immeubles de style Art déco, en briques avec différents styles de bow-windows.
A droite, la rue Mademoiselle nous amène rue Lecourbe. Remarquons au numéro 78 de la rue Mademoiselle l’immeuble de style Art nouveau, dont la porte est ornée d’un chat et d’un chien, agrippés sur le fronton, et dont les balcons sont soutenus par des consoles en forme de coquillage.
A gauche, sur la rue Lecourbe, le numéro 91 cache une église atypique. Des dons des émigrés russes ayant fui la révolution d’Octobre ont permis la construction de l’église Saint-Séraphin de Sarov dans les années 1930. Reconstruite en bois en 1974, un érable pousse à l’intérieur de l’église. Enfin, quand je dis “à l’intérieur”, cela fait longtemps qu’il en est sorti, car il a bien grandi ! Malheureusement, un incendie a entièrement détruit cette église le 22 avril 2022. Cependant, on la reconstruit l’année suivante, il faudra que je retourne voir si tout est rentré dans l’ordre.
Nous faisons demi-tour et tournons à gauche, rue Cambronne puis de nouveau à gauche, rue Blomet.
Autour de la rue Blomet
Faisons un rapide tour dans la rue Borromée. L’immeuble au numéro 3 est une ancienne cité ouvrière, bâtie en 1897.
La rue Borromée nous ramène dans la rue de Vaugirard. Au numéro 226, l’ancienne Auberge du Soleil d’Or, le lieu de tous les complots. Tous ? Au moins deux, ce qui suffit à faire une réputation. En 1791, les royalistes complotent dans cette maison de campagne du XVIIIe siècle en faveur de Louis XVI, pour attaquer le club des Jacobins. Cinq ans plus tard, ce sont les Montagnards qui préparent l’affaire du camp de Grenelle contre le Directoire. La conspiration échoue, et les autorités arrêtent ou tuent des centaines de conspirateurs.
Retournons dans la rue Blomet.
La statue de l’Oiseau Lunaire, au milieu du square de l’Oiseau Lunaire, aussi appelé square Blomet, est un témoignage du sculpteur Juan Miro, qui a vécu dans cette rue. D’autres artistes ainsi que des poètes y vécurent également. Au numéro 33, le bal Blomet était très fréquenté durant les Années folles. Anciennement “bal nègre”, l’établissement a changé de nom, pour des raisons évidentes. En revanche, l’animation est toujours là : cabaret, club de jazz…
Nous arrivons au croisement avec la rue des Volontaires.
Des Volontaires ? Qui ? Pour faire quoi ?
Je me pose également cette question à chaque fois que je passe à l’arrêt de métro du même nom. En fait, il existait d’abord une impasse. Grâce à une initiative de riverains volontaires, on pût prolonger cette impasse jusqu’à la rue de Vaugirard. Ensuite, cette rue Volontaire devint la rue des Volontaires, des soldats révolutionnaires s’étant engagés pour défendre la République naissante. Il y a des immeubles intéressants, tels que celui du numéro 14, avec ses fenêtres surmontées de frontons avec des guirlandes, ou le numéro 22ter, un bâtiment Art nouveau avec une fleur sculptée sous chaque fenêtre. Au numéro 16, remarquons le petit immeuble en briques rouges, avec sa fenêtre arquée.
Dans l’autre sens, la rue des Volontaires nous mène à la rue Lecourbe.
La rue Lecourbe et ses alentours
Tout d’abord, nous prenons la première rue à gauche, la rue François Bonvin. L’église Sainte-Rita de Paris pourrait être une église comme les autres, si ce n’est qu’elle n’a pas de clocher. Mais elle se trouve encadrée par des bâtiments avec des façades en verre. Elle semble comme assiégée par la modernité. Cependant, l’église Sainte-Rita n’est pas si ancienne : sa construction remonte à 1900. Lieu de culte pour l’église catholique apostolique, elle devient une église anglicane en 1987. Cette église de style néo-gothique renferme la châsse de sainte Rita, des reliques de la Vraie Croix, de Saint-Pierre et de Sainte- Geneviève.
Mais si elle fait parler d’elle dans les années 1990, c’est surtout pour la messe des motards ou les bénédictions annuelles d’animaux… En 2015, des catholiques traditionalistes investissent les lieux. Ils s’opposent ensuite au projet de démolition de l’église, qui est sorti des placards quelques années auparavant. Les opposants au projet de démolition sont évacués. Sujet au programme des élections municipales de 2014, la destruction de l’église Sainte-Rita pourrait être empêchée par le classement des arches. En attendant, la découverte d’amiante sur ses murs retarde le projet. Finalement, on abandonne le projet de démolition en 2019 et l’église devient une salle d’escalade, depuis quelques mois à la publication de cet article (décembre 2024). Enfin, l’église est toujours mitoyenne de bâtiments de l’UNESCO.
Retournons sur la rue Lecourbe. Ne ratons pas le bel immeuble au numéro 60 (soit au croisement de la rue Lecourbe et de la rue François Bonvin), avec sa grande rotonde à l’angle, ses mascarons et ses bow-windows. Même style d’immeuble au numéro 2 de la rue Lecourbe, construit en 1902.
Nous tournons à gauche, boulevard Garibaldi. Bel immeuble de style Art déco au numéro 65. Deux statues sculptées dans le mur, dont une aux airs égyptiens, encadrent la porte. Des motifs floraux sont présents, mais regardez attentivement. Ils sont bien différents de ceux des immeubles de style Art nouveau !
Nous tournons à droite, rue de Suffren. L’immeuble au numéro 159 dispose d’une grande rotonde et de grands bow-windows, sur lesquels des colonnes corinthiennes encadrent les fenêtres.
La rue Valentin Haüy
La rue Valentin Haüy, du nom du fondateur de la première école pour aveugles, comporte plusieurs beaux immeubles. Elle est d’ailleurs caractéristique de ces rues ouvertes à la fin du XIXe siècle, alors que Paris s’agrandit grâce à l’industrialisation. Plus précisément, elle est ouverte en 1900 à l’emplacement des anciens abattoirs de Grenelle.
Parmi les bâtiments, citons celui au numéro 11 bis, avec ses têtes de lion, dont deux couvrent le fronton de la porte d’entrée d’une guirlande, et qui possède une belle bay-window. L’immeuble au numéro 10 présente quant à lui deux bow-windows soutenus par des plantes sculptées formant des consoles. Guirlandes, feuillages et fleurs se mêlent pour lui donner un style résolument Art nouveau. De même que de visage de femme sur le fronton de la porte d’entrée, encadrée par deux branches fleuries. L’immeuble au numéro 8 possède le même style de consoles, mais la façade est en partie ornée de briques colorées. L’architecte Paul Denis construit ces deux derniers immeubles au début du XXe siècle (respectivement 1904 et 1903).
L’ancien puits artésien de Grenelle se trouvait à l’emplacement de la fontaine à colonnes néo-gothiques située au centre de la place Georges Mulot, nommée en l’honneur du directeur du forage. Des médaillons représentent Georges Mulot, Valentin Haüy, la sculptrice Rosa Bonheur et le docteur Eugène Bouchut.
Au bout de la rue Valentin Haüy, une statue de Pasteur réalisée en 1904 par le sculpteur Alexandre Falguière trône au centre de la place de Breteuil. Elle a remplacé la tour régulatrice en fonte du puits artésien.
Les rues autour sont du même style que la rue Valentin Haüy, puisque bâtie à la même époque à la place des abattoirs de Grenelle. Par exemple, la rue César Franck, avec l’immeuble au numéro 11 bis, en briques rouges et avec deux bow-windows arrondis.
Retournons sur le boulevard Garibaldi.
Entre le boulevard Garibaldi et l’avenue de Suffren
L’immeuble 47 témoigne qu’en 1914, on commence à sortir de l’Art nouveau. Cet immeuble ressemble plus à un immeuble néo-haussmannien de la fin du XIXe siècle, mais il conserve aujourd’hui des stores jaunes, qui attirent le regard. Ça ne vaut pas les motifs Art nouveau ! En parlant d’Art nouveau, c’est justement le style du bâtiment au numéro 50 de l’avenue de Ségur. Impossible de rater les deux grandes fleurs sculptées sur la façade. Ainsi que le beau bow-window ! Nous arrivons avenue de Suffren et tournons à gauche.
Des fleurs bleues décorent la façade de l’immeuble au numéro 112 ter de l’avenue de Suffren. Un visage encadré de pommes de pin orne le fronton de la porte de l’immeuble au numéro 112 bis. Bel immeuble qui semble à l’intersection entre Art nouveau et Art déco.
Nous tournons à gauche, avenue de Lowendal. A gauche, la rue Alexandre Chabanel passe devant l’entrée du square Lowendal. Ouvert en 1930, il est composé de nombreux immeubles en briques présentant de grandes bay-windows. On retrouve le même style au numéro 1 du boulevard Garibaldi. Une grande frise et quelques autres motifs sculptés ornent cet immeuble. Elle est cependant moins impressionnante que la frise de l’Institut de Paléontologie Humaine dans le treizième arrondissement !
Les quartiers de Grenelle et de Javel
Le quartier de Grenelle : retour sur l’avenue de Suffren et marche jusqu’à la Seine
L’avenue de Suffren
Depuis la place Cambronne, nous nous engageons dans la rue du Laos. Dans la rue de la Cavalerie se cache le Trinquet de la Cavalerie, un club de pelote basque. Ouverte en 1929, la salle de jeu est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. La rue du Laos débouche sur l’avenue de Suffren. Nous la prenons en tournant à gauche. Avant cela, une petite marche jusqu’au croisement avec la rue de l’abbé Roger Derry (à seulement quelques mètres !) permet de voir un immeuble de style Art déco, construit en 1929 et présentant des visages sculptés.
Remarquons l’immeuble de style Art déco à l’angle avec la rue Dupleix, différents de ceux que nous avons vus jusque-là, notamment ses balcons et le dernier étage. Il y en a d’autres dans la rue Jean Carriès, au numéro 6 et un beau au numéro 3, qui dispose de bas reliefs représentant des animaux (éléphants, aigles, singes…).
L’immeuble au numéro 59 est quant à lui de style Art nouveau, avec des décorations florales sur le fronton de la porte et au-dessus de fenêtres, avec cependant des fenêtres très carrées au dernier étage.
A droite, l’avenue du général Détrie a été ouverte en 1907. Les immeubles s’y trouvant datent donc du début du XXe siècle et vous commencez à connaître le style du début du siècle dernier. Un représentant de l’Art nouveau se trouve au début de cette avenue, à droite. Ca fait bizarre de parler d’avenue pour une rue qui ne fait même pas cent mètres de long !
La rue de la Fédération
Juste avant l’avenue du Général Détrie, la rue de la Fédération débute, à gauche de l’avenue de Suffren.
Au numéro 56, la cité Morieux est composée de maisons de campagne. Malheureusement, une grille ferme l’accès. Ensuite, remarquons au numéro 37 de la rue de la Fédération, l’immeuble se distingue par ses fenêtres arquées formant des triangles, soutenues par des consoles représentant des têtes de boucs.
Nous arrivons sur le quai Branly.
La maison de la culture du Japon
La maison de la culture du Japon, inaugurée en 1997, propose des expositions, des concerts, des lectures de poèmes mis en musique, du théâtre, et autres représentations artistiques japonaises. Il est également possible d’y suivre des cours de calligraphie, de go ou d’art floral japonais.
Promenade le long du quai de Grenelle
Notre promenade va se faire entre le quai de Grenelle et l’Île aux Cygnes, une digue créée sous la Restauration, longue de 890 mètres pour seulement onze mètres de large, qui est encadrée par deux statues.
L’Allée des Cygnes
Du côté où nous sommes se trouve La France renaissante, réalisée par le sculpteur danois Hoger Wederkinch en 1930. A l’autre extrémité se trouve La Liberté guidant le monde. C’est une reproduction de la statue de la Liberté de Bartholdi, dans des dimensions plus modestes. Elle se trouve ici depuis l’Exposition universelle de 1889, quatre ans après que les expatriés français à New-York l’aient offerte à la France. En revanche, elle regardait au départ vers la tour Eiffel, mais tournait ainsi le dos aux Etats-Unis.
Il fût un temps question de transformer l’Île aux Cygnes en piste d’atterrissage pour avions ! Proposé en 1932, le projet rencontra une opposition non pas à cause d’éventuelles nuisances sonores, mais afin de protéger les arbres s’y trouvant. Il ne vit jamais le jour. Avec les trois ponts traversant la petite île, on a du mal désormais à voir comment cet aéroport aurait pu servir à quoi que ce soit. De plus, il est fort à parier qu’il serait aujourd’hui fermé !
Le pont de Bir-Hakeim a pris la place de la passerelle de Passy, une passerelle métallique datant de l’Exposition universelle de 1878. De 1903 à 1905, l’entreprise Daydé & Pillé construit ce pont à double étage. Le premier étage permet la circulation automobile et la circulation des piétons, tandis que le deuxième permet la traversée du métro. Des groupes de statues en fonte, représentant Les Nautes et Les Forgerons riveteurs, se trouvent près de la retombée des arches. L’arche centrale présente des bas-reliefs représentant la Science et le Travail, ainsi que le Commerce et l’Électricité. Le viaduc ferroviaire est soutenu par des piliers Art nouveau, style aussi présent dans la rambarde de la voie ferrée.
Juste après le pont de Bir-Hakeim se trouve un monument en hommage aux persécutions racistes et antisémites du régime de Vichy.
Nous suivons l’Allée des Cygnes sur la promenade du quai de Grenelle. Remarquons, à l’intersection avec la rue du Docteur Finlay, l’immeuble richement décoré de grappes de raisin, de roses, de têtes de bélier…
Beaugrenelle Front de Seine
Le Front de Seine est un quartier de Paris comprenant de nombreux hauts immeubles, ce qui n’est pas si commun dans la capitale. Une opération immobilière dans les années 1970 aboutit à la construction d’une dalle sur laquelle reposent une vingtaine de tours de plus de cent mètres de hauteur. Ces tours forment un mélange entre immeubles d’habitations et de bureaux. Mais surtout, elles constituent un mélange architectural, ce qui les rend plus intéressantes que les Olympiades dans le treizième arrondissement. Remarquons la tour Totem, avec des cubes agrippés autour d’une structure centrale, la tour Cristal ou encore l’hôtel Novotel, dont la façade semble couverte de téléviseurs rouges.
La gare de Javel
En 1900, la voie ferrée des Moulineaux est agrandie pour inclure la zone des Champs-de-Mars aux Invalides. Une gare est construite dans le quartier de Javel. Elle ressemble à une pagode chinoise, bien que ce ne soit pas facilement visible aux premiers abords, sûrement à cause de la structure métallique, que l’on n’associe pas aux monuments de culte bouddhiques !
Nous continuons notre promenade sur l’avenue Emile Zola.
Le long de l’avenue Emile Zola
L’avenue Emile Zola, ouverte en 1905, porte depuis 1907 le nom du célèbre écrivain naturaliste français depuis 1907. S’étendant sur 1.3 km, c’est un bon musée d’architecture pour quiconque lève un peu la tête. Tout d’abord, un immeuble de style Art nouveau au numéro 77, avec deux bow-windows arrondis et des grappes de raisin sculptées autour des consoles. Il se trouve en face d’un immeuble de style Art déco, en briques rouges. Juste avant, rue des entrepreneurs, nous pouvons citer l’immeuble au numéro 56, avec des marguerites sculptées, ainsi que d’autres végétaux.
La rue des entrepreneurs constitue le quartier iranien de Paris, on y trouve ainsi plusieurs restaurants iraniens, une librairie, une épicerie…
Continuons notre promenade sur l’avenue Emile Zola.
L’immeuble au numéro 101 constitue un immeuble typique de l’Art déco, en briques oranges, bow-windows blancs et motifs sculptés. Aux numéros 124 et 126 se trouvent deux magnifiques immeubles de style Art nouveau. Ils sont richement décorés (motifs végétaux, visages humains avec des cornes…) et possèdent des balcons couverts à l’avant dernier étage. Au numéro 136, un nouvel immeuble Art nouveau, moins impressionnant, présente tout de même des motifs végétaux au-dessus de la porte d’entrée et des fenêtres du premier étage, ainsi que des panneaux en grès flammé vert.
L’immeuble au numéro 139 est de style Art déco, possède deux grands bow-windows, ainsi qu’un beau balcon couvert au centre. Celui au numéro 143 est plus ancien et de style haussmannien, avec sur les façades des lignes horizontales bien marquées. L’immeuble d’en face, au numéro 150, est un nouvel exemple de l’Art déco. A l’intersection de l’avenue Emile Zola et de la rue du Commerce se trouvent deux immeubles intéressants. Le premier, au numéro 154, présente deux grands bow-windows. Le deuxième, 36 rue du Commerce, possède une façade curieusement épurée, contrastant avec le fronton de chaque fenêtre surchargée de motifs décoratifs.
Autour de la place du Commerce
La place du Commerce était la principale place commerçante de la commune de Grenelle. Ils ne sont pas allés chercher loin pour trouver son nom ! Et pourtant, elle en a connu trois. D’abord place de la Mairie, puis place de la Montagne-Noire, elle a pris son nom actuel en 1877. Remarquons à gauche l’immeuble de style Art déco au numéro 8, ainsi que celui au fond de la place, à gauche également. Au fond de la place, le petit bâtiment est l’ancienne mairie de Grenelle. Cet édifice de style néo-palladien, typique de la Restauration, a été réaménagé par Claude Naissant après son rachat par la municipalité en 1846.
Nous tournons à gauche, rue Violet et arrivons sur la place Violet. On y trouve des immeubles Art déco, ainsi qu’une caserne de pompiers, dans la cour de laquelle se cache le pavillon Violet, de style Palladio, classé monument historique.
Nous tournons à gauche, rue des Entrepreneurs. Début d’Art nouveau dans le bâtiment au numéro 80. Il jouxte la villa Violet. Décidément, on voit pas mal de Violet par ici. Léonard Violet, conseiller municipal de Vaugirard, est en effet l’entrepreneur qui a acheté ce quartier pour y construire des logements.
A droite, nous arrivons sur la place Etienne Pernet.
L’église Saint-Jean-Baptiste-de-Grenelle
Pour faire face à l’accroissement de la population de Vaugirard et de Grenelle au début du XIXe siècle, une nouvelle église est construite par Etienne-Hippolyte Godde, non loin de celle de Saint-Lambert-de-Vaugirard, de 1828 à 1831. On l’agrandit ensuite à deux reprises, en 1924 puis en 1930. Reprenant le style des basiliques romaines, l’édifice est surmonté d’un clocher néo-gothique. Les vitraux, réalisés par les ateliers Janiaud en 1930, dont certains de style Art déco, donnent la couleur jaune à tout l’intérieur. Les peintures murales et celles de la coupole datent du dernier agrandissement, en 1930.
La première pierre de l’église a été posée par Louise Marie Thérèse d’Artois, petite fille du roi Charles X, dite Mademoiselle, qui a donné son nom à la rue Mademoiselle sur laquelle nous nous trouvions précédemment.
Le long de l’avenue Félix Faure
Vous commencez à avoir l’habitude que je signale des immeubles de style Art nouveau lors de nos visites de Paris. Au numéro 24 de la place Etienne Pernet, l’immeuble ne passe pas inaperçu. Construit en 1905 par Alfred Wagon, il présente de riches décors d’arabesques, de fleurs, de fruits… C’est certainement un immeuble Art nouveau parmi les plus aboutis de Paris ! L’un des plus extravagants aussi, particulièrement tout autour des bow-windows.
Nous continuons notre promenade avec l’avenue Félix Faure. Je ne saurais pas déterminer avec certitude quel est le style de l’immeuble au numéro 16. Il semble représenter une transition, ou ne pas en avoir de particulier. Quelques guirlandes, des formes géométriques…
Nouvel immeuble de style Art nouveau au numéro 31, couvert de nombreux motifs floraux sur les consoles et autour de la porte d’entrée. La porte de l’immeuble au numéro 40 est elle aussi décorée, d’un décor représentant la fable de La Fontaine Le renard et le Corbeau.
Deuxième passage dans la rue de la Convention
Au numéro 78, le bâtiment est l’ancien hôpital Boucicaut. Désaffecté en 2000, alors que les services sont déplacés dans l’hôpital Georges Pompidou, certains édifices sont conservés pour devenir une école, des habitations et des commerces.
Si le nom de Boucicaut vous dit quelque-chose, c’est parce-que nous en avons déjà parlé lors d’un précédent article. Marguerite Boucicaut, qui a fait le leg ayant permis la construction de cet hôpital, était, avec son mari Aristide Boucicaut, la fondatrice du grand magasin Au Bon Marché, dans le septième arrondissement.
Bel immeuble Art nouveau au numéro 45. De grandes branches se trouvent sous le balcon du dernier étage, mais c’est surtout le visage à l’angle qui surprend ! Derrière les arbres, il passerait presque inaperçu en été !
L’église Saint-Christophe de Javel
Je le répète, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la population parisienne s’accroît. C’est toujours le cas à Javel dans les années 1920, notamment grâce à la présence de nombreuses usines. Ainsi, on décide de construire une nouvelle église. Ce sera l’église Saint-Christophe de Javel, Saint-Christophe étant le saint patron des voyageurs, et ça tombe bien, il y a justement des usines d’automobiles, de locomotives ou de ballons dans le quartier !
L’architecte Charles-Henri Besnard construit, de 1926 à 1930, une église affichant les mêmes couleurs que de nombreux immeubles de style Art déco, avec ses briques rouges et les murs en ciment blanc. Mais il faut également chercher une inspiration dans le style gothique. A l’intérieur, on découvre mieux la structure en ciment moulé. Cette technique offrait plusieurs avantages : les moules, utilisés en atelier, pouvaient resservir. Le travail se faisait à la chaîne et dans une usine, et non pas dehors, ce qui permettait de travailler quelles que soient les conditions météorologiques. Cependant, les moules ne furent jamais réutilisés (ou très peu), et donc ne permirent pas la baisse de coûts initialement promise. Néanmoins, on peut observer que la période de construction, de seulement quatre ans, est très courte pour un tel édifice.
L’intérieur, très sombre, n’est éclairé que par des vitraux jaunes présentant au centre un signe religieux. Le peintre Jac Martin-Ferrières a réalisé plusieurs peintures murales racontant la vie de saint Christophe. Sur la voûte du chœur, Henri-Marcel Magne a quant à lui réalisé des peintures Art déco. En dessous, le fenestrage est réalisé en ciment moulé. Henri-Marcel Magne est aussi l’auteur de la frise extérieure, sur laquelle on peut voir des voitures, en référence à l’usine Citroën, située proche de l’église. Mais saint Christophe bénit également des aviateurs, des conducteurs de trains… Une église très moderne !
Nous continuons notre visite sur la rue Saint-Christophe, puis la rue Léontine et enfin la rue André Lefebvre. Tournons ensuite à droite, rue Cauchy. Nous arrivons à gauche, au niveau du quai, dans le parc André-Citroën.
Le parc André Citroën
Le parc André Citroën couvre 14 hectares, et est plutôt récent. Aménagé en 1986, il occupe l’emplacement de l’ancienne usine Citroën, comme le laisse deviner son nom. D’abord fabricant de munitions pendant la Première Guerre mondiale, André Citroën se convertit dans la fabrication d’automobiles une fois la paix revenue. En 1982, les activités ayant lieu dans l’usine de 55 000 m² sont transférées sur le site d’Aulnay-sous-Bois.
Le parc combine plusieurs styles, un ballon captif se trouve dans la plaine centrale, et permet de mesurer la qualité de l’air. Il offre également une vue panoramique sur Paris. Plusieurs jardins à thèmes combinent plusieurs évocations : à des métaux, des sens, des planètes et des jours. Je vous laisse faire les associations entre chaque jardin et son thème…
Enfin, à l’opposé de la Seine, deux petits jardins se trouvent aux angles du parc André Citroën. Les jardins blanc et noir ont été renommés en hommage à la résistante Eugénie-Malika Djendi et à la première femme pilote de chasse, Caroline Aigle. Du côté du jardin du sous-lieutenant Eugénie-Malika Djendi, la rue Ernest Hemingway nous amène sur le boulevard du Général Martial Valin. Nous tournons à gauche.
Quelques immeubles sur le boulevard Victor
Ce n’est pas une erreur de frappe. Nous arrivons en effet rapidement sur le boulevard Victor, où se trouvent les derniers immeubles que nous allons voir dans cet article. Nous commençons avec une succession d’immeubles de style Art déco aux numéros 10, 14 et 20. Il y en a en effet de nombreux le long des boulevards des Maréchaux. Au numéro 3, l’architecte Pierre Patout a construit en 1935 un immeuble ressemblant à un paquebot, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
A ne pas manquer
La plus belle église : L’église Saint-Christophe de Javel.
Les plus beaux immeubles : L’immeuble Art nouveau au 24 place Etienne Pernet. Aussi ceux aux numéros 124 et 126 de l’avenue Emile Zola.
Le plus beau trésor caché : La villa Santos-Dumont.
Le mot de la fin
Notre visite du quinzième arrondissement, si elle ne recèle pas d’endroits immanquables, nous a permis de découvrir de nombreux jolis immeubles, quelques ruelles charmantes ainsi que des églises qui n’ont rien à envier aux autres édifices religieux de Paris. Mais ce sont surtout les immeubles qui font du quinzième arrondissement un musée d’architecture à ciel ouvert. Et ce foisonnement architectural va très certainement se poursuivre lors de notre visite du seizième arrondissement, qui arrivera sur le blog le mois prochain. En tout cas, pour ma part, j’ai apprécié la visite de cet arrondissement, d’autant plus que j’ai bien mangé, dans la rue des Entrepreneurs !