Visiter le 13e arrondissement de Paris
Nous traversons la Seine pour une visite dans le sud-est de Paris. Nous voici dans le 13e arrondissement ! Pas superstitieux pour un sou, nous nous lançons dans cet article à la découverte des trésors cachés du 13e. Si le 13e arrondissement est connu pour la Butte aux Cailles et le quartier asiatique, on y trouve également des petits coins de campagne ou encore des quartiers aménagés récemment. Bref, comme d’habitude, il y a beaucoup d’endroits qui nous attendent et ne demandent qu’à être découverts. Nous allons donc commencer dès maintenant.
Un peu d’histoire
Dans l’Antiquité, la route reliant Paris à Melun, Sens puis Lyon suivait le tracé de la rue Mouffetard puis celui des avenues des Gobelins et de Choisy. Une nécropole chrétienne se trouvait dans le futur bourg Saint-Marcel, qui se trouvait autour de l’avenue des Gobelins.
Le bourg Saint-Marcel est rattaché à Paris sous Louis XV. C’est alors une zone où se mélangent plusieurs activités : la Bièvre attire de nombreuses industries (tapissiers, teinturiers, tanneurs….), tandis que les coins de campagne permettaient la culture de la vigne. De plus, on y trouvait des carrières, utiles pour faire face à l’expansion de Paris.
En 1860, Paris incorpore les villages d’Ivry et de Gentilly. Ils forment, avec une partie de l’ancien 12e arrondissement, le 13e arrondissement. A l’époque, Paris n’en comptait que douze. Le territoire du 13e est alors la campagne, et progressivement, plusieurs usines s’y installent : Panhard et Levassor y construisent la première usine de voitures, ainsi que des productions diverses allant de l’air comprimé à celle du chocolat… Au XIXe siècle, l’ancien bourg Saint-Marcel était devenu un quartier pauvre. Il fût cependant transformé par les travaux Haussmanniens qui percèrent les axes principaux. La Bièvre est progressivement couverte de 1864 à 1912.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, plusieurs zones du treizième arrondissement sont réaménagées. Au début des années 80, de nombreux réfugiés vietnamiens, puis cambodgiens, laotiens et chinois investissent le sud de l’arrondissement. Le treizième arrondissement, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, est celui qui se transforme le plus, avec la construction de la bibliothèque François Mitterrand et l’aménagement d’un nouveau quartier : Paris Rive Gauche.
Le quartier de la Gare
Paris Rive Gauche
Nous commençons notre visite par le quartier le plus moderne du treizième arrondissement : Paris Rive Gauche. Cependant, en arrivant à la gare de Paris-Austerlitz, nous ne sommes pas encore dans la modernité.
La gare de Paris-Austerlitz
Une gare est construite en 1840, elle est exploitée par la compagnie Paris-Orléans. On la reconstruit de 1862 à 1867, avec une grande halle métallique recouvrant les voies. C’est en 1906 que la ligne de métro 5 transperce la gare, provenant d’un viaduc traversant la Seine. Cela entraîne une cassure dans l’architecture de la gare avec une partie métallique sous laquelle le métro passe.
Le métro 5 traverse la Seine grâce au viaduc d’Austerlitz, construit en 1903 et 1904. A cette époque, le coût de la construction du pont est inférieur à celui du creusement d’une voie. Afin de ne pas gêner la circulation des bateaux sur la Seine, le viaduc d’Austerlitz ne dispose pas de piliers. En plus de ces caractéristiques techniques, on remarquera des motifs décoratifs le long du viaduc, en se plaçant sur le pont Charles de Gaulle. Depuis ce pont, nous disposons d’une vue sur la tour de l’Horloge de la gare de Lyon, que nous avons visitée dans l’article précédent.
Le domaine de la mode et du design
Nous commençons une marche sur le quai d’Austerlitz. Le curieux bâtiment avec une structure verte est la Cité de la mode et du design. L’Institut français de la mode s’y est installé, ainsi que des bars et des clubs. Plus loin, d’autres bâtiments se dressent entre la route et la Seine. Ces constructions à l’apparence d’anciens hangars sont les magasins généraux de Paris. Ils comptaient parmi les premiers édifices en béton armé de Paris. Jusqu’en 1950, ils servaient d’entrepôts pour le port de Paris. Réhabilités, les entrepôts, ou plutôt Les Docks, comme ils sont appelés, sont désormais dédiés à la mode et au design. Le musée Art ludique se trouvait ici jusqu’en 2017, il devait s’installer près de la gare Saint-Lazare en 2023. Il semblerait qu’il y ait un peu de retard. Dans ce musée, films, bandes-dessinées ou encore jeux-vidéos sont à l’honneur.
La bibliothèque François Mitterrand
L’architecte Dominique Perrault construit le nouveau bâtiment de la Bibliothèque nationale de France en 1995. Il met en place quatre tours de 80 mètres de haut. Et puisqu’elles doivent former une bibliothèque, les quatre tours ont une forme de livre, formant chacune un angle du rectangle occupé par la bibliothèque. Elles entourent un jardin de pins sylvestres, situé en contrebas de l’esplanade. La majeure partie des collections du site de Richelieu, situé dans le deuxième arrondissement, a été déplacée sur ce nouveau site (site François Mitterrand). La bibliothèque abrite aussi des salles pour des expositions temporaires.
Au même niveau, traversant la Seine, la passerelle Simone de Beauvoir présente une forme pour le moins originale. L’architecte Dietmar Feichtinger l’a réalisée en 2006.
Le quai François Mauriac, sur lequel nous nous trouvons, est un lieu de promenade avec de nombreux bars et restaurants sur des péniches.
Les Frigos
A droite, la rue Neuve Tolbiac nous mène rapidement devant Les Frigos, aussi visibles depuis la rue des Frigos. Mais qu’est-ce que les Frigos ? A première vue, on dirait des entrepôts abandonnés. Ce sont en effet d’anciens entrepôts frigorifiques construits en 1921, qui étaient destinés au stockage des denrées périssables acheminées par le réseau ferroviaire. On pouvait ensuite vendre ces denrées aux Halles. Mais depuis que celles-ci n’accueillent plus de marché, les Frigos sont devenus inutiles. Enfin, pour cette utilisation. Car ils ont désormais une nouvelle vie : ce sont des ateliers où travaillent deux cents artistes.
Les Grands Moulins de Paris (GMP)
Nous continuons notre marche sur la rue des Frigos, puis sur la rue Marguerite Duras, dans le prolongement de celle-ci. Tout de suite à gauche, ainsi qu’au 5 rue Thomas Mann, se trouvent les Grands Moulins de Paris. S’ils ne ressemblent pas trop à des moulins, c’est parce-qu’à l’époque de leur construction, entre 1917 et 1921, les minoteries, des moulins industriels, remplacent les moulins à vent et les moulins à eau pour confectionner de la farine. Le bâtiment a conservé son architecture Art déco.
Le reste du quartier de la Gare
Quelques immeubles
En nous rendant dans le quartier asiatique, il nous reste quelques endroits à voir en chemin, dans le quartier de la Gare. Après les Grands Moulins de Paris, nous tournons à droite, rue des Grands Moulins, puis à gauche rue du Dessous des Berges, et de nouveau à gauche, rue de Patay. Nous arrivons sur le boulevard Masséna. Au numéro 24 bis – 26 bis, la villa Planeix fût construite pour un artiste par Le Corbusier entre 1924 et 1928 à la sortie de Paris, à côté de terrains maraîchers. Ayant des contraintes d’espace, à cause des deux bâtiments mitoyens au terrain, Le Corbusier construit une habitation avec des grandes vitres au rez-de-chaussée pour des ateliers, que l’artiste louera, et un étage pour son appartement.
Nous retournons rue de Patay, qui nous mène jusqu’à la rue de Tolbiac. Au croisement avec celle-ci, nous pouvons voir deux façades intéressantes : celle du 46 rue de Tolbiac, immeuble haussmannien avec de nombreux balcons, et celle du 48 rue Tolbiac, à l’angle, et de même style. L’immeuble à côté n’est cependant pas de la même époque.
La rue Jeanne d’Arc prolonge la rue de Patay et nous mène face au chevet de l’église Notre-Dame-de-la-Gare.
L’église Notre Dame de la Gare
A la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, de nombreuses industries s’installent sur le territoire de l’actuel treizième arrondissement. La population est donc en pleine augmentation. En 1847, la construction d’une nouvelle église débute dans ce qui est encore la commune d’Ivry. L’architecte Claude Naissant bâtit cette église de style néo-roman, qui peut accueillir ses premiers fidèles en 1859, un an avant le rattachement de ce quartier d’Ivry à Paris.
Au milieu de la nef, sombre car le style roman n’est doté que de petites fenêtres, le cœur lumineux ressort. Il est recouvert d’une voûte étoilée dans laquelle se trouve une peinture de la Vierge et de l’Enfant Jésus, de Félix Jobbé-Duval. Deux grandes toiles, représentant les noces de Cana et la Crucifixion, l’entourent. Les vitraux, clairs et de petite taille, datant de la fin du XIXe siècle, ont un style particulier à cette église. Malheureusement, je n’ai rien pu voir de tout cela ! Des travaux avaient lieu lors de mon passage, ne laissant visible que le clocher ! Je n’ai même pas pu voir le chevet, dont l’apparence fait un peu penser à la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi.
Nous prenons ensuite la rue Lahire puis la rue Clisson. Sur la place, nous prenons à gauche la rue Nationale.
Autour du quartier asiatique
Les passages de la rue Nationale
Aux numéros 106 et 102 se trouvent deux immeubles en brique de style Art déco. Celui du numéro 106, avec ses briques rouges et les parties grises sculptées, a un style qui se retrouve dans de nombreux autres immeubles Art déco.
A droite, la rue des Hautes Formes est une résidence fermée, dont les immeubles constituent un tournant dans l’urbanisme parisien. Ils forment un îlot ouvert autour d’une petite rue et d’un square, dans lequel l’architecte Christian de Portzamparc a voulu créer un parcours visuel et spatial.
Au numéro 74, l’immeuble à l’angle de la rue Nationale et la rue Ponscarme est typique de l’art déco.
De petits passages, dont certains ont un air de campagne, bordent la rue nationale. Par exemple l’impasse nationale, le passage Bourgoin et l’impasse du même nom, ou le passage national. Mon préféré est le passage Bourgoin, avec ses maisons basses. Construites par des artisans sans architecte, elles ne sont pas uniformes, et les petits jardins apportent de la verdure non loin des hautes tours des Olympiades.
De retour sur le boulevard Masséna, sur lequel nous tournons à droite, nous passons d’abord sur le croisement avec l’avenue d’Ivry, puis avec l’avenue de Choisy. Le triangle formé par ces deux avenues et le boulevard Masséna forme le quartier asiatique de Paris. De nombreux immigrants venant de l’Asie du Sud-Est (cambodgiens, laotiens, vietnamiens, mais aussi chinois vivant dans ces pays) se sont établis ici dans les années 1970. Ce ne sont pas les restaurants asiatiques qui manquent dans ce quartier ! Plus discrets, d’autres éléments témoignent de la présence de cette communauté. Mentionnons par exemple des buissons formant un dragon dans un petit square. Ce quartier asiatique est plus récent que ceux que nous avons déjà visités dans le quartier du Temple et le quartier des Arts et Métiers, dans le troisième arrondissement.
Engageons-nous dans l’avenue de Choisy.
L’église Saint-Hippolyte
Au milieu du quartier asiatique se trouve à gauche sur l’avenue de Choisy l’église Saint-Hippolyte. Tout comme l’église Notre-Dame de la Gare, sa construction répond à l’augmentation de la population de ce quartier industriel. L’architecte Jules-Godefroy Astruc construit cette église de style néo-gothique de 1909 à 1924. A l’intérieur, la nef et ses deux bas-côtés mènent au chœur, séparé de la nef par une verrière présentant des citations bibliques. On trouve dans l’église de nombreux vitraux colorés représentants des saints. Il y a aussi des mosaïques, dans la chapelle de la Vierge par exemple, ainsi qu’une fresque sur le tympan du porche.
La rue des Frères d’Astier de la Vigerie nous fait entrer dans le quartier asiatique et nous mène devant l’Olympiade. Ces grandes tours, construites dans les années 1970, étaient destinées aux cadres parisiens. Cependant, l’opération fût un échec. Il faut dire qu’aujourd’hui, elles nous font plus penser à une cité qu’à un quartier de cadres. De nombreux immigrants asiatiques s’y sont alors installés.
Les Olympiades
Une grande opération immobilière, de 1969 à 1977, aboutit à ce grand ensemble de plusieurs tours et de commerces. En effet, les Olympiades font partie de ces quartiers bâtis dans les années 1970 dans lesquels on trouve tout le nécessaire à la vie quotidienne, et donc des commerces, une école… Au centre, une construction aux airs de temple bouddhiste est antérieure à l’arrivée des immigrants asiatiques.
En revanche, ces derniers sont à l’origine de la construction de la pagode mitoyenne au centre commercial (au sud-est des Olympiades) et de celle du temple situé sous la dalle. Oui, vous avez bien lu. Le temple animé par l’Association des résidents en France d’origine indochinoise se trouve sous la dalle, accessible par la rue du Disque. Car oui, ce passage est une rue, et non un parking. L’entrée de cette rue se trouve juste en face de nous, quand nous arrivons de la rue des Frères d’Astier de la Vigerie.
Le temple de l’Amicale des Teochew a été construit en 1985 dans le but de favoriser l’intégration sociale en France de ses adhérents, souvent des Teochew. Les membres de cette ethnie vivant alors au Vietnam furent 80 000 à émigrer en France en 1975.
La découverte de ces deux temples est assez insolite, tellement ils contrastent avec les tours environnantes !
Les tours portent chacune le nom d’une ville ayant accueilli les jeux olympiques. On reste ainsi dans le thème de ce quartier des Olympiades !
Plusieurs façades autour de la rue de Tolbiac
Nous tournons à gauche, rue de Tolbiac. Le nom de cette rue porte le nom d’une victoire de Clovis en 426. Celle-ci ne s’est pas déroulée dans le Sud-Ouest, mais à Zülpich, une ville située près de Cologne, en Allemagne. Le nom latin de cette ville était Tolbiacum, d’où Tolbiac.
Il y a plusieurs bâtiments notables autour du croisement entre les rues de Tolbiac, de Choisy et d’Ivry. Tout d’abord, au numéro 118 de la rue de Tolbiac se trouve un bâtiment en briques rouges avec une cour centrale. Au numéro 110 de la rue d’Ivry, une tête de lion orne la porte de l’immeuble. Sur la façade du 122 avenue de Choisy, une œuvre d’art urbain représente ce qui est d’après Google Maps un petit garçon. Il n’a pas l’air si jeune que ça !
Continuons notre marche sur la rue de Tolbiac jusqu’à l’avenue d’Italie. Cette grande avenue sépare le quartier asiatique et le quartier de la Butte aux Cailles. Elle tient son nom du fait qu’elle mène jusqu’à la porte d’Italie, d’où la nationale 7 mène aux frontières du royaume dont Napoléon III a favorisé la création. C’est une destination plus lointaine que la première dénomination de la rue : route de Fontainebleau.
Au numéro 73, l’immeuble de style Art déco appartenait à la fondation Cognacq-Jay. Rappelez-vous, c’étaient les fondateurs de la Samaritaine, que nous avons vue durant notre visite du premier arrondissement. L’immeuble au numéro 57 est certainement post-haussmannien. Il annonce l’Art nouveau dont il a les formes arrondies, mais pas encore les décorations de motifs végétaux.
Nous continuons jusqu’à la Place d’Italie.
Le quartier Maison-Blanche
Dans cette partie nous allons visiter le quartier de la Butte aux Cailles, et plus généralement la zone correspondant au quartier administratif de la Maison Blanche. Nous allons effectuer une boucle partant de la place d’Italie. Prévoyez une demie journée pour tout faire.
La place d’Italie
La place d’Italie est le point de départ de l’avenue d’Italie, menant à la nationale 7, qui permet de rejoindre l’Italie. Mais à la Renaissance, on vous aurait sûrement dit que ce départ, qui était celui pour Fontainebleau, se trouvait au bout de la rue Mouffetard, dans le cinquième arrondissement. En effet, si nous continuons notre promenade par l’avenue des Gobelins, nous arrivons sur la rue Mouffetard et devant l’église Saint-Médard. Nous n’allons pas le faire, nous nous contentons de remarquer la belle perspective que l’avenue des Gobelins offre sur le dôme du Panthéon.
Jusqu’en 1860, la place d’Italie est à la limite de la ville de Paris, que délimite le mur des Fermiers Généraux. L’extension de cette limite jusqu’à l’enceinte de Thiers a entraîné la suppression de ce mur et la formation de boulevards, comme dans le nord avec les Grands Boulevards, dans les neuvième et dixième arrondissements. Les nouveaux boulevards ainsi créés sont le boulevard Vincent Auriol et le boulevard Auguste Blanqui.
L’architecte Paul-Emile Bonnet construit la mairie du treizième arrondissement entre 1873 et 1877. Jusqu’à cette époque, la mairie du treizième arrondissement n’avait existé que dans les expressions populaires.
Lors de l’extension de Paris, en 1860, le numéro 13 devait être donné à l’actuel seizième arrondissement. Mais il existait alors une expression populaire qui concernait les couples non-mariés vivant ensemble. Ils étaient assez mal vus, et on disait d’eux qu’ils s’étaient mariés dans la mairie du treizième (Paris ne comptant alors que douze arrondissements). Les habitants de l’actuel seizième arrondissement, plutôt bourgeois, se seraient donc retrouvés à se marier à la mairie du treizième, perspective qui ne les enchantait guère. Le numéro 13 fût donc attribué au quartier ouvrier du Sud-Est.
Entrée dans le quartier de la Butte aux Cailles
Nous commençons cette nouvelle partie de notre visite avec la rue Bobillot. Au numéro 23 se trouve un immeuble de style Art nouveau décoré d’une guirlande végétale sous les balcons du dernier étage.
La piscine de la Butte aux Cailles
Plus loin, le bâtiment en briques rouges est la piscine de la Butte aux Cailles. Cet édifice de style Art nouveau (remarquez la forme des toits et des portes) se servait d’un puits artésien pour puiser de l’eau dans une nappe d’eau chaude souterraine afin d’alimenter les bassins.
Nous continuons notre promenade sur la rue Bobillot et arrivons devant l’église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles.
L’église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles
Face à l’accroissement de la population du quartier au XIXe siècle, l’église de 1840 devient trop petite. En 1892, un terrain est acquis afin de construire une nouvelle église. La construction débute deux ans plus tard. En 1898, un don de la famille de chocolatiers Lombart permet de construire la façade. Les tours et les cloches sont terminées pour l’exposition universelle de 1900. Cependant, l’église n’est toujours pas terminée et alors que la séparation des Églises et de l’Etat intervient en 1905, des problèmes de financement surviennent, l’église étant maintenant la propriété de la ville de Paris.
L’architecte Prosper Bobin construit un édifice de style romano-byzantin sur pilotis. A l’intérieur, les vitraux, très belles réalisations de l ‘art religieux dans l’entre deux guerres, colorent la nef. Sur l’autel et dans les différentes chapelles se trouvent des mosaïques réalisées par les ateliers Mauméjean en 1938. Le chemin de croix est en terre cuite vernissée.
Des blasons de Bretagne ornent la chapelle Sainte-Anne, témoignant de l’importance des habitants de cette région dans le quartier au début du XXe siècle.
Le quartier des peupliers
Nous tournons à gauche, rue de Tolbiac puis à droite, rue du Moulin des Prés.
Le square des Peupliers
Au numéro 72, le square des peupliers, ouvert en 1926, est constitué d’une voie bordée de maisons et de petits immeubles. Avec les nombreux arbres et buissons dans les petits jardins, nous sommes en plein cœur de la campagne, sans avoir quitté Paris ! C’est l’un des plus bel endroits du treizième arrondissement, l’un des plus calmes aussi. D’ailleurs, un petit panneau accolé sur le mur de l’une des habitations demande au promeneur de ne pas faire de bruit !
A gauche, au 18 rue Ernest et Henri Rousselle, l’immeuble est en briques de plusieurs couleurs, sûrement de style Art déco.
Des airs de campagne autour de la place de l’Abbé Georges Hénocque
Nous continuons notre promenade sur la rue des Peupliers, nommée ainsi car elle était bordée de peupliers, tout simplement ! Désormais, ce sont des maisons en meulière avec un toit d’ardoises qui se trouvent de part et d’autre de la rue. Ça me rappelle la rue de Bercy dans le douzième arrondissement.
Nous arrivons sur la place de l’abbé Georges Hénocque, entourée d’immeubles en briques. Des briques rouges pour l’hôpital des Peupliers (bâtiment de 1908), ou marrons clairs pour le bâtiment de la Mutuelle générale des cheminots, construit entre 1913 et 1921.
Des pavillons identiques bordent la rue Henri Pape, de même que la rue Dieulafoy. Henri Rebersat construit les pavillons de la rue Henri Pape en 1909, tandis que les architectes Henry Trésal et Adolphe Thiers ont construit ceux de la rue Dieulafoy en 1921. Ils étaient destinés à des ouvriers, habiter dans ces pavillons devant contribuer à leur bonheur. Ceux de la rue Dieulafoy étaient destinés à des habitants un peu plus aisés, notamment les employés de l’hôpital situé sur la place de l’abbé Georges Hénocque.
Le même genre d’habitations se trouve dans la rue du docteur Leray. Pour changer un peu de style, l’immeuble au numéro 1 de la rue du Docteur Lucas Championnière est ornée de colombage rouge.
Nous continuons notre promenade sur la rue des Peupliers jusqu’à la poterne des Peupliers.
La poterne des Peupliers est l’un des rares vestiges de l’enceinte de fortifications de Thiers. C’est le premier pont qui enjambe la rue. La Bièvre entrait dans Paris à cet endroit.
En passant sous la poterne des peupliers et en continuant un peu à marcher, le cimetière de Gentilly est à droite. La statue du zouave de Gentilly s’y trouve. Ou plutôt, s’y trouvait, car elle a été retirée et il ne reste maintenant plus que la tombe. Le zouave Jacob était un guérisseur au XIXe siècle, plongé dans l’ésotérisme. Sa tombe se situe entre l’allée principale et l’allée des Acacias.
Faisons demi-tour et tournons à gauche, rue Küss. Au numéro 8, l’école Küss dispose d’un bâtiment d’architecture moderne que l’architecte Roger-Henri Expert réalise en 1932 et 1933. Les pièces arrondies, caractéristiques de cet édifice, correspondent à quatre logements de fonction, qui disposent chacun d’une terrasse établie sur une partie du toit de celui d’en dessous. L’immeuble un peu plus loin, au 18 rue Brillat Savarin, était un logement à loyer modéré (HBM, habitation bon marché). La construction, débutée en 1913, ne s’achève qu’en 1928, la Première Guerre mondiale retardant le début des travaux. On retrouve les mêmes briques rouges que dans nombre de bâtiments de cette époque, avec des motifs autour des fenêtres.
La Cité florale
Le numéro 40 de la rue Brillat Savarin annonce la Cité florale, avec ses vignes grimpantes. Au milieu de grands bâtiments, dont certains de style Art déco, d’autres plus modernes, se trouvent quelques ruelles bordées de maisons de campagne construites en 1928. Chacune de ces ruelles a un nom de fleur. Un lieu inattendu dans des environs sans intérêt particulier.
Mais pourquoi trouve-t-on autant de rue avec des maisons de campagne, comme ici à la cité florale ou tout à l’heure dans le square des peupliers ?
Lors des grands travaux d’Haussmann, on remblaie et on recouvre la Bièvre. On peut maintenant bâtir des habitations et agrandir Paris. Mais le sol n’est pas assez dur pour permettre la construction de grands immeubles. C’est pourquoi on construit plutôt des maisons et des immeubles à quelques étages seulement.
Vers le quartier de la Butte aux Cailles
Nous sortons de la Cité florale par la rue des Orchidées ou la rue des Glycines et tournons à droite, rue Auguste Lançon. Puis, nous prenons la première à gauche, la rue Boussingault et tournons à droite, rue Vergniaud. Au numéro 60, le bâtiment en briques était le siège de la Fédération Force ouvrière de la chimie. Le bâtiment au numéro 59 est l’ancien bâtiment de la Fondation de la France libre, dont le but est d’assurer la pérennité de l’idéal de la France libre. Pour ce faire, elle soutient la recherche sur la France libre, publie des ouvrages scientifiques ou de vulgarisation, organise des colloques, etc. La Fondation a déménagé en 2015 dans la cour des Petites-Ecuries, dans le dixième arrondissement. Lui aussi en briques, cet immeuble présente à son angle un haut relief représentant les armoiries de la Belgique.
Rue de la Colonie, nom provenant de la colonie de chiffonniers qui y vivaient, se trouvent des maisons aux airs de campagne, semblables à celles de la rue Dieulafoy.
Remarquons l’immeuble à gauche, à l’angle entre la rue Vergniaud et la rue de Tolbiac. Constitué de briques jaunes, il présente des bow-windows avec de grandes vitres séparées par des plaques sur lesquelles sont représentées des grappes de raisin.
La rue Vergniaud se poursuit, et nous arrivons devant une petite église. C’est en fait un temple antoiniste. Ce culte créé en 1910 en Belgique a pour principe fondamental la croyance en la prière et ses pouvoirs de guérison, quitte à nier l’utilité des professionnels de santé… En effet, la souffrance serait le fait de l’intelligence seulement, la prière pouvant donc la supprimer. Le temple a des horaires d’ouverture bien précises, par exemple en semaine à 19h ou le dimanche à 10h.
Au numéro 32 de la rue Vergniaud, on trouve deux têtes de lion qui rappellent celle au-dessus de la porte du 110 rue d’Ivry, ainsi que celles au-dessus de la porte du 19 rue de Reuilly, dans le douzième arrondissement.
Le quartier de la Butte aux Cailles
Le quartier ne tient pas son nom de la présence d’un élevage de volailles, mais de Pierre Caille, qui acquit la Butte aux Cailles en 1543. C’est alors une colline où se trouvent des prairies, des bois et des vignes. Au XVIIe siècle, les nombreux sites industriels qui s’y installent rendent le quartier insalubre. Il reste en dehors de Paris jusqu’à l’agrandissement de 1860. Il n’est pas affecté par les travaux Haussmanniens.
La Petite Alsace et la villa Daviel
Les maisons de style alsacien construites en 1912 et situées au 10, rue Daviel sont, aussi curieux que cela puisse paraître, des HLM ! Un tout autre standard que les tours des cités du 93 !
En face, la villa Daviel est une charmante ruelle pavée, bordée de maisons mitoyennes avec des petits jardins. D’abord elles aussi habitations bon marché, elles n’ont pas conservé ce statut et sont très recherchées, mais accessibles exclusivement à une certaine classe sociale…
Nous tournons ensuite à gauche, rue Barrault.
La Petite Russie
Impossible de le deviner de la rue : des maisons se trouvent sur le toit de l’immeuble au numéro 22 de la rue Barrault. Dans ces petits pavillons disposant d’une terrasse commune vivaient des chauffeurs de taxi russes, qui garaient leur taxi dans le garage situé au sous-sol de l’immeuble.
La Petite Russie date de 1912. Plus tard, les chauffeurs de taxis russes deviendront nombreux. En effet, après la prise de pouvoir des bolcheviks en Russie, une guerre civile les oppose aux anciens partisans du tsar. Beaucoup de soldats du tsar émigrent à Paris. Ceux n’ayant pas de grande fortune leur permettant de vivre confortablement doivent trouver du travail. S’ils ne s’engagent pas dans l’armée, ils mettent à profit leurs compétences en conduite et deviennent chauffeurs de taxi. Ils seront nombreux à Paris et le dernier prit sa retraite dans les années 1970, à 92 ans.
A droite, à l’angle avec la rue Alphand, se trouve une peinture murale.
Nous continuons notre route pour tourner à droite, passage Barrault. Ce passage est un beau témoignage de l’habitat populaire du Paris du XIXe siècle. Nous tournons ensuite à gauche, rue des Cinq Diamants. Cette rue faisait partie de la commune de Gentilly jusqu’en 1860, et a conservé de vieilles maisons, qui font plus penser à des maisons de villes de province qu’à des habitations parisiennes. Il y en a de bon exemples près du passage Barrault.
Nous arrivons sur la place de la Commune de Paris.
La rue de la Butte aux Cailles
Le rue de la Butte aux Cailles est en dénivelé, et nous allons la descendre en partant de la place de la Commune de Paris. Cette place commémore la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871), et ici notamment la bataille de la Butte-aux-Cailles, durant laquelle les Communards ont résisté aux assauts des Versaillais, avant de céder. L’association des amis de la Commune de Paris s’est d’ailleurs installée au numéro 46 de la rue des Cinq Diamants.
Au commencement de la rue de l’Espérance, il y a plusieurs œuvres d’art urbain. On en trouve également plusieurs dans la rue de la Butte aux Cailles.
La rue de la Butte aux Cailles, l’une des voies principales du quartier du même nom, est bordée de maisons mitoyennes à deux ou trois étages. Nous sommes, là aussi, loin du centre de Paris, et l’architecture s’en fait sentir !
On y trouve également des petits passages, tels que le passage Boiton et la rue de Pouy, dans laquelle il y a des immeubles assez bas (trois étages), on est loin des grands immeubles Haussmanniens.
Une fois de retour sur la place Paul Verlaine, où nous avons vu tout à l’heure la piscine de la Butte aux Cailles, nous tournons à gauche, rue du Moulin des Prés.
Remarquez le passage du Moulin des Prés, qui offre une vue sur un immeuble de style Art nouveau (celui du 23 rue Bobillot, vu précédemment), et à l’arrière un immeuble bien plus moderne . On découvre aussi un peu d’art de rue et des petites constructions.
Nous arrivons sur le boulevard Auguste Blanqui, au milieu duquel le métro circule en aérien sur une voie surélevée.
Le boulevard Auguste Blanqui
Tout d’abord à gauche, signalons l’immeuble au numéro 42. De style Art nouveau, cet immeuble possède deux bow-windows et présente des décorations végétales (guirlandes). Au-dessus de sa porte, pas de tête de lion, mais un simple chat se tient, au milieu de branches abondamment feuillues. La porte est également décorée de branches et de fleurs. Un peu plus loin se trouve la paroisse Sainte-Rosalie.
Comme nous l’avons déjà vu, le treizième arrondissement est, au XIXe siècle, un quartier populaire. Cela explique la présence de nombreuses congrégations religieuses. En effet, elles trouvaient ici un terrain propice pour leurs actions sociales et spirituelles. Sur le boulevard Auguste Blanqui, on peut signaler la présence, en plus de la paroisse Sainte-Rosalie, de la petite église Saint-Irénée. La première église Sainte-Rosalie est expropriée en 1867 et une nouvelle chapelle est construite sur le boulevard Auguste Blanqui. Cependant, les indemnités d’expropriation ne permirent pas de réaliser l’ensemble des travaux que l’on prévoyait alors, c’est pourquoi l’église ne dispose pas de clocher par exemple. La chapelle, gérée par les moines Lazaristes, devient église en 1963.
L’intérieur de l’église Sainte-Rosalie est très sobre et présente des chapiteaux néo-gothiques sculptés de feuillages, tandis que le vitrail derrière l’autel, réalisé par le maître verrier Edouard Amédée Didron, représente, entre autres, Rosalie Rendu, une sœur très active dans les actions de charité dans la première moitié du XIXe siècle. Son secrétaire, l’abbé Le Rebours, a fait édifier l’église.
Dans l’autre sens, le boulevard Auguste Blanqui nous ramène à la place d’Italie.
Le quartier de Croulebarbe
Le nom de ce quartier provient de la famille Croulebarbe dont le fondateur possédait ici des moulins et des vignes au XIIIe siècle.
Autour de la manufacture des Gobelins
Remarquons l’immeuble (néo?) haussmannien au numéro 68 de l’avenue des Gobelins. Il n’a rien de particulier, si ce n’est qu’il semble un peu perdu ici, entouré d’immeubles bien plus modernes !
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
La Fondation Jérôme-Seydoux-Pathé met en valeur l’histoire du cinéma à travers notamment celle de Pathé. Le bâtiment accueille des expositions temporaires présentant divers objets cinématographiques et projette des films muets dans une salle dédiée. Depuis l’avenue des Gobelins, nous pouvons remarquer le haut relief qui surplombe la porte d’entrée, réalisé par Rodin. La façade est celle de l’ancien théâtre des Gobelins, construit par Cusin en 1869. A cette époque, Rodin n’est pas encore le célèbre sculpteur de bronze ayant son atelier dans le septième arrondissement. Il étudie aux Beaux-Arts et à l’École des Gobelins. Il réalise alors ce haut relief, représentant de Drame et la Comédie.
La Manufacture des Gobelins
En 1662, la Manufacture royale des tapisseries de la Couronne rassemble les ateliers parisiens et ceux de Maincy, que le roi a confisqué à Fouquet. C’est ici que naît le style Louis XIV, dont les artisans réalisent le mobilier des résidences du roi. D’autres manufactures s’installent dans l’enclos des Gobelins telles que la Manufacture de Beauvais. La production se fait à la main. Ainsi, plus de cinq mille tapisseries ont été réalisées ici par Le Brun, Poussin, Van Loo, Picasso… Au XVIIe siècle, les artisans bénéficiaient de nombreux avantages. Aujourd’hui, l’ensemble de la production est destinée à l’Etat et décore les bâtiments officiels, les ambassades…
Des expositions ont lieu, avec deux programmations par an, dans la galerie des Gobelins. Elles présentent des œuvres du mobilier national, des tapisseries…
Nous prenons la rue Croulebarbe, qui nous amène devant le square René Le Gall.
Le square René-Le-Gall
Ce charmant square classique ouvert en 1938 se trouve, dans sa partie basse, sur l’ancienne île aux Singes, entre deux bras de la Bièvre. Les ouvriers des tanneries aux alentours habitent alors ce terrain insalubre. Dans sa partie nord, on y trouve une roseraie et un obélisque, derrière lequel émerge la tour Albert. La tour Albert est le premier gratte-ciel de Paris, bâti de 1958 à 1960.
Le bâtiment du Mobilier national
Le Mobilier national s’installe en 1937 dans un bâtiment de style Art déco construit de 1934 à 1936 par l’architecte Auguste Perret. Sont rattachés au Mobilier national la manufacture des Gobelins, la manufacture de tapisseries de Beauvais, la manufacture de tapis de la Savonnerie, l’atelier conservatoire national de la dentelle du Puy-en-Velay et d’Alençon.
Le Mobilier national a pour mission de meubler les bâtiments de la République française, ainsi que d’entretenir les objets qu’il utilise pour ce faire.
Nous suivons la rue Berbier du Mets, qui recouvre le lit de la Bièvre. Puis nous longeons l’arrière de la manufacture des Gobelins, sur lequel un panneau en pierre indique “70T 4P”, 70 toises et 4 pieds, soit la distance sur laquelle la manufacture des Gobelins devait entretenir la Bièvre.
Nous tournons à droite, rue Gustave Geffroy.
Le Château de la Reine Blanche
Le château de la Reine Blanche date du XVIe siècle et a été construit par la famille Gobelin. Cependant, l’occupation des lieux est beaucoup plus ancienne. En effet, la reine Marguerite de Provence fait construire ici un manoir où elle se retire après la mort de Saint Louis. A cette époque, les reines françaises faisaient leur deuil habillées en blanc. Cela donna le nom de “Reine Blanche” à l’îlot d’habitations.
Alors lieu de villégiature pour les nobles, les rives de la Bièvre deviennent une importante zone industrielle et la famille Gobelin s’y installe au XVe siècle. Le nom de “Reine Blanche” subsiste néanmoins, tout comme le château de la Reine Blanche, où le visiteur peut admirer un grand escalier à vis taillé dans un seul tronc de chêne, ainsi que la tour poivrière, visible depuis la rue.
Nous arrivons dans la rue des Gobelins. Au numéro 3 bis, l’hôtel Mascarini n’est pas visible depuis la rue et date du XVIIe siècle. Il appartenait à la famille Gobelin.
Autour du boulevard Arago
A gauche, la rue des Gobelins nous ramène sur la rue Berbier du Mets qui nous conduit au boulevard d’Arago. L’immeuble au numéro 14 est de style Art nouveau. Il y a de nombreuses décorations sculptées sur le fronton de la porte et une mosaïque au-dessus des grandes fenêtres. Au numéro 18, l’immeuble a un style plutôt néo-roman, essentiellement au rez-de-chaussée. C’est en fait le temple protestant de Port-Royal, construit en 1898.
Les ruines du couvent des Cordelières
Au numéro 54-56 de la première rue à gauche, la rue Pascal, se trouve l’hôpital Broca. Caché derrière les buissons autour du jardin à droite de l’entrée. Des fragments de murs sont les derniers vestiges de l’ancien couvent des Cordelières, fondé en 1270 à la demande de Marguerite de Provence. Il faut demander à l’accueil si la visite du jardin est possible. Elle ne l’était malheureusement pas lors de mon passage à cause des mesures sanitaires relatives au Covid-19. Ca date, pourtant je n’ai pas encore pris le temps d’y retourner !
Retournons sur le boulevard Arago. L’immeuble au numéro 55, construit en 1894 par l’architecte Adolphe Augustin Rey est de style éclectique. C’est un mélange de plusieurs styles, ici tous les styles en néo (néo-roman, néo-gothique, néo-byzantin…). Ce style était aussi présent dans le temple protestant de Port-Royal, au numéro 18.
Des cités d’artistes
Au numéro 65 du boulevard Arago, la cité fleurie est construite de 1878 à 1888 et est ainsi la plus ancienne cité d’artistes de Paris. On y compte 29 ateliers, dont certains visibles depuis le boulevard Arago, dans lesquels de nombreux artistes tels que Gauguin ont habité. Est-ce que ces airs de campagne leur ont inspiré des œuvres ?
La cité est toujours réservée aux artistes, mais ce n’était pas gagné ! En effet, une opération immobilière devait entrainer sa destruction. Mais la mobilisation des riverains et l’intervention du président de la République sauva la cité fleurie en 1971, qui rejoignit la liste des inscriptions sur la liste des monuments historiques en 1994.
Nous tournons ensuite à gauche, rue de la Santé puis encore à gauche, rue Léon-Maurice Nordmann. Au numéro 147 se trouve une autre cité d’artistes : la cité verte. Tout comme la cité fleurie, les ateliers se composent de matériaux récupérés, par exemple d’un théâtre. Les matériaux de la cité verte proviennent du pavillon de l’Alimentation de l’Exposition universelle de 1878.
Nous retournons place d’Italie.
Le quartier de la Salpêtrière
Le boulevard de l’Hôpital
Nous entrons dans le quartier de la Salpêtrière en descendant en pente douce sur le boulevard de l’Hôpital. Au numéro 132, l’immeuble en brique rouge est de style Art déco. Cela est particulièrement visible sur ses bow-windows (motifs, formes géométriques et surtout, les bow-windows ont des angles droit et non arrondis comme les immeubles de style Art nouveau). En face se trouve l’école nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM), comme c’est indiqué sur le haut-relief au centre !
Un peu plus loin, au numéro 137, l’immeuble construit entre 1922 et 1926 est du même style. Je trouve cependant qu’il a gardé quelques formes Art nouveau. 408 appartements se trouvent dans ce groupe d’immeubles qui abritait des habitations bon marché.
L’église Saint-Marcel
Nous arrivons devant l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Mais d’abord, à gauche, remarquons l’église Saint-Marcel. Sa façade triangulaire, avec une porte située à gauche et non au centre attire l’attention. Si l’édifice semble bel et bien moderne, l’histoire de l’église Saint-Marcel remonte au VIe siècle… Saint Marcel est le neuvième évêque de Paris. Il meurt en 436 et est inhumé le long de la voie romaine reliant Lutèce et Lyon. Sur sa tombe, on construit un oratoire. Cet oratoire devenant un lieu de pèlerinage, un bourg apparaît, le bourg de Saint Marcel.
Au VIe siècle, une première chapelle est construite, qui est rebâtie à la fin du Xe siècle. Mais à l’époque, l’église ne se situe pas ici, mais plutôt au niveau de l’avenue des Gobelins et du boulevard Saint-Marcel. Ce n’est qu’en 1856 que débute la construction de la nouvelle église sur le boulevard de l’Hôpital. Un peu plus d’un siècle plus tard, l’église est en mauvais état et on décide de construire une nouvelle église. Les travaux, terminés en 1966, débouchent sur la création d’une église à deux niveaux, se cachant derrière une façade décorée d’un vitrail représentant saint Marcel.
L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Alors que le Covid-19 empêchait de visiter le jardin de l’hôpital Broca, et qu’il n’était pas possible de visiter la cour carrée de l’hôpital Saint-Louis lors de ma visite du dixième arrondissement, je n’ai eu aucun mal à entrer dans l’immense hôpital de la Pitié Salpêtrière.
En 1656, la construction d’un hôpital débute à l’emplacement d’un arsenal où l’on fabriquait de la poudre pour les fusils et les canons, ce qu’on surnommait la “Salpêtrière”. Le nom est resté. En 1684, on ajoute à l’hôpital une prison pour trois-cent femmes condamnées pour des faits de droit commun. Louis XIV envoya certaines au Québec pour contribuer au peuplement de la Nouvelle-France. A la veille de la Révolution, la prison était toujours là, tout comme les malades, que l’on soignait cependant à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, sur l’île de la Cité.
Pour l’instant, il est question de l’hôpital de la Salpêtrière, mais qu’en est-il de celui de la Pitié ?
J’y viens ! En 1896, un hôpital se trouve dans le cinquième arrondissement, à l’emplacement actuel de la grande mosquée de Paris. C’est l’hôpital de la Pitié, et il est détruit durant cette année pour être reconstruit en 1911 près de l’hôpital de la Salpêtrière. Ces deux hôpitaux fusionnent en 1964.
Cela explique la différence de styles architecturaux des bâtiments de l’hôpital. En effet, en entrant par l’entrée nord, j’ai d’abord découvert quelques bâtiments modernes, puis des bâtiments en briques, typiques du début du XXe siècle. En revanche, en allant dans la partie sud, qui correspond à l’ancien hôpital de la Salpêtrière, les bâtiments, réalisés par l’architecte Libéral Bruant puis par Louis Le Vau, nous font faire un grand bon dans le passé.
Dans cette partie se trouve la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière. Cette chapelle de style classique aurait dû être réalisée par Louis le Vau. Mais celui-ci décédant avant le début des travaux, Libéral Bruant le remplace et bâtit la chapelle en suivant ses plans. La chapelle en croix grecque se compose de quatre nefs et quatre chapelles autour d’une chapelle centrale recouverte d’un dôme. Cette organisation permettait de ne pas mélanger les différentes classes sociales constituant les patients assistant aux messes. On ne voit que peu de décorations à l’intérieur. Il accueille aujourd’hui des expositions et des concerts.
Le temple du Droit Humain
De l’autre côté du boulevard de l’Hôpital, nous prenons la rue des Wallons et nous tournons ensuite à droite, rue Jules Breton. La façade au numéro 5 est celle du temple du droit humain. Elle se remarque par ses briques rouges et ses colonnes en forme de lotus. Le Droit Humain est un mouvement maçonnique qui accepte la mixité parmi ses membres.
L’Institut de Paléontologie Humaine
Nous tournons à droite, boulevard Saint-Marcel. De grands hauts-reliefs ornent la façade de l’institut de paléontologie humaine. A l’initiative d’Albert Ier de Monaco, l’institut voit le jour en 1910. C’est le premier institut consacré à l’étude des Hommes préhistoriques. Il n’est possible de visiter l’intérieur que lors des conférences ouvertes au grand public. On découvre une grande bibliothèque, un squelette de rhinocéros et des reproductions de peintures murales de la grotte d’Altamira, en Espagne.
Le bas relief sous forme de frise représente des Hommes préhistoriques et le mode de vie traditionnel des peuples chasseurs-cueilleurs. Les humains représentés sont tous accroupis. En effet, le sculpteur Constant Roux s’est vu imposer une contrainte lorsqu’il a réalisé cette frise : elle devait faire un mètre de haut, et les humains être représentés à taille réelle ! D’où leur position accroupie.
De retour sur le boulevard de l’Hôpital, celui-ci nous ramène devant la gare d’Austerlitz. C’est ainsi que nous terminons notre visite du treizième arrondissement.
A ne pas manquer
Les plus beaux coins aux airs de campagne : la cité florale et le square des Peupliers.
La plus belle église : l’église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles.
Et aussi : la Butte aux Cailles et l’art de rue.
Le mot de la fin
Le treizième arrondissement est surprenant, car il propose des coins de campagnes que l’on n’imaginerait pas à Paris. Le plus étonnant est le mélange architectural qu’il propose. En effet, les maisons de campagne peuvent être juste derrière une grande tour, l’immeuble haussmannien peut se retrouver encadré par deux immeubles des années 1970… On remarque cependant bien les aménagements du début du XXe siècle, bordés de nombreux immeubles de style Art déco découverts durant notre visite.