Visiter le 14e arrondissement de Paris
Après avoir visité le treizième arrondissement, avec ses zones de villages de campagne, nous continuons notre visite du sud de Paris par le quatorzième arrondissement. On m’avait parlé des maisons de campagne du treizième et du quartier asiatique. Je n’ai donc pas été complètement surpris par les découvertes que j’y ai faites. Par contre, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre avec le quatorzième arrondissement.
Un peu d’histoire
Le territoire de l’actuel quatorzième arrondissement reste longtemps peu urbanisé. Il est traversé par l’axe Nord-Sud qui mène de Paris à Orléans. C’est un lieu de passage pour les pèlerins, et donc un lieu où s’installent des congrégations religieuses qui deviendront ensuite des hôpitaux, dont nous reparlerons. Autour de cet axe routier se trouvent de nombreux villages tels que Plaisance, le village des Thermopyles, le Petit Montrouge… Au nord de l’arrondissement, près de la barrière d’octroi, des guinguettes, bars et cabarets se développent. Ils sont ici exonérés de taxes sur le vin. En 1860, on rattache ces villages à Paris et les travaux du baron Haussmann mettent en place de grandes avenues (les boulevards du Montparnasse et de Port Royal, l’avenue René Coty…) et aménagent le parc Montsouris.
Dans la première moitié du XXe siècle, de nombreux artistes s’installent dans le quatorzième arrondissement. Ils y trouvent en effet des prix intéressants pour se procurer un atelier. Montparnasse succède ainsi à Montmartre dans l’esprit bohême. Cet ancrage artistique est encore visible de nos jours. A la même époque, l’enceinte de Thiers laisse place à la Cité Universitaire et à des immeubles HBM (Habitat Bon Marché, l’ancêtre des HLM). Enfin, dans la seconde moitié du XXe siècle, la ville réaménage le secteur de la gare Montparnasse, de même que le secteur Guilleminot-Vercingétorix, au sud-est de la gare.
Le quartier du parc Montsouris
La Cité Internationale Universitaire
Notre visite du quatorzième arrondissement débute à l’arrêt de RER Cité Universitaire. Ça vous dit d’aller ou de retourner dans un campus universitaire ? Si non, je vous assure que celui-ci n’est certainement pas comme celui que vous avez connu. La Cité Internationale Universitaire accueille 12 000 étudiants et chercheurs représentant 140 nationalités différentes ! Et pour loger tout ce beau monde, chaque pays y a mis du sien !
Si vous allez à gauche, vous trouverez la maison du Japon (architecture typique du pays), le collège franco-britannique, la maison du Maroc, ainsi que la Fondation Suisse et la maison du Brésil, toutes deux réalisées par Le Corbusier…
Si vous allez à droite, vous trouverez la fondation Hellénique dans un temple grec, la fondation Abreu de Grancher dans un immeuble colonial espagnol, ou encore la maison des étudiants d’Asie du Sud Est et la maison des étudiants arméniens, évoquant les monastères du pays. La maison des Provinces de France, toute en brique, rappelle l’époque de construction du campus : première moitié du XXe siècle. Il y a d’ailleurs de nombreux immeubles en briques le long du boulevard Jourdan. En face de l’entrée, la maison internationale est la plus impressionnante et dispose d’une piscine et d’un théâtre ! Derrière, la maison du Cambodge ressemble aux constructions du bloc de l’Est durant la guerre froide. Une passerelle non loin permet de visiter l’église du Sacré-Coeur de Gentilly construite en de 1933 à 1936 dans un style néo-byzantin. Malgré mes multiples tentatives, je n’ai pas réussi à la visiter !
Étant donné que les concepteurs de la Cité universitaire l’ont voulue internationale et laïque, on ne pouvait construire d’église dans son périmètre. L’abbé Robert Picard de La Vacquerie demanda donc à l’architecte Pierre Paquet de la construire juste à côté, sur un terrain privé. Cependant en 1960, le boulevard périphérique introduit une séparation physique entre l’église et la Cité universitaire. Les étudiants la fréquentant moins à partir de 1968, elle accueille depuis 1979 la communauté catholique portugaise.
Au milieu de toutes ces constructions de styles divers et variés, on trouve un vestige de l’enceinte de Thiers.
Autour du parc Montsouris
Le parc Montsouris
De l’autre côté du boulevard Jourdan, le parc Montsouris occupe 15.5 hectares depuis 1875. Le baron Haussmann souhaite réaliser de grands espaces verts aux quatre coins cardinaux de la capitale. Pour ce faire, il charge l’ingénieur Adolphe Alphand de la réalisation de ce parc sur le site d’anciennes carrières désaffectées. Il faut donc au préalable consolider celles-ci, et le parc voit le jour en 1878. Une histoire raconte que le jour de l’inauguration du parc, Napoléon III put voir le lac se vider ! Cela entraîna le suicide de l’ingénieur responsable de son aménagement.
Il reste dans le parc plusieurs témoignages de ses utilisations passées. La mire du sud, située du côté de la Cité Internationale Universitaire, provient du jardin de l’Observatoire de Paris, où elle servait à calibrer l’alignement nord-sud d’instruments de mesure. Elle se trouvait à l’origine dans les jardins de l’observatoire, avant d’être déplacée ici en 1806.
Même si la mire n’est maintenant plus exactement sur le méridien de Paris, elle servait à matérialiser celui-ci. On trouve d’ailleurs dans le parc neuf médaillons de l’Hommage à Arago. L’artiste néerlandais Jan Dibbets les a placés dans la capitale de 1989 à 1994. Ces médaillons (il y en avait alors 135 au total) matérialisent la ligne du méridien de Paris. Ils sont disséminés sur une longueur de dix-sept kilomètres dans tout Paris. Malheureusement, plusieurs dizaines ont disparu…
Une ancienne cabane, près de l’entrée à l’angle du boulevard Jourdan et de la rue Emile Deutsch de la Meurthe, est un vestige de l’observatoire du Bureau des Longitudes, dans lequel travaillèrent des astronomes et des géophysiciens ayant eu un rôle important dans le développement de l’astronomie en France.
Alors que la ligne B du RER traverse toujours le parc, on peut trouver des vestiges de la ligne de la Petite Ceinture, une voie de chemin de fer fermée depuis 1934 pour les voyageurs, mais seulement depuis 1993 pour les marchandises.
Enfin, de nombreuses essences d’arbres exotiques se cachent dans le parc (parasol chinois, cèdre du Liban…
Des ruelles aux airs de campagne
Sortons du parc par la sortie au croisement du boulevard Jourdan et de la rue Emile Deutsch de la Meurthe. Remarquons l’immeuble de style Art nouveau au numéro 30 bis du boulevard Jourdan, avec ses guirlandes et ses deux bow-windows. Il témoigne de la présence de la ville déjà au début du XXe siècle.
La rue Émile Deutsch de la Meurthe donne accès à plusieurs passages, habités par des artistes au début du XXe siècle, tels que la villa du parc Montsouris, la rue du Parc de Montsouris, en U, ou la rue Georges Braque.
Mais le plus beau passage est sans conteste le square de Montsouris. Cette petite ruelle semble hors de Paris, et est bordée de maisons de campagne aux styles variés. Les frères Perret ont construit la maison du numéro 2 en 1923. Celle au numéro 4 est de style Art nouveau et est décorée de mosaïques représentant des fleurs. Remarquons la maison au numéro 6, blanche et à colombages rouges, la maison au numéro 27, rouge et présentant elle aussi des mosaïques avec des fleurs, celle du numéro 28 et son cadran solaire, celle au numéro 36 recouverte de plantes grimpantes, la maison à colombages du numéro 40 ou encore la maison au numéro 46, recouverte de glycines. Les maisons rouges ont la particularité d’être des habitations bon marché.
Le square Montsouris mène à l’avenue Reille.
Autour de l’avenue René Coty
L’avenue Reille
La maison Ozenfant
Au numéro 53 de l’avenue Reille, Le Corbusier construit la maison Ozenfant en 1923 pour Amédée Ozenfant, un peintre et dessinateur de carrosseries. Puis au numéro 45 se trouve un immeuble en transition entre l’Art nouveau et l’Art déco. Alors qu’il est légèrement décoré de guirlandes et que les fenêtres du haut sont arrondies, les autres sont plus carrées.
Le réservoir de Montsouris
En face, le réservoir de Montsouris recueille depuis 1875 l’eau provenant du Loing, du Lunain et aussi de la Vanne dans le passé. Il alimente ainsi la moitié sud de Paris.
La pureté de l’eau a été contrôlée par des truites élevées en aquarium jusqu’en 1996 ! Si celles-ci présentaient des signes d’affaiblissement, l’eau était alors considérée comme impropre à la consommation. Les analyses sont maintenant faites en laboratoire. Depuis 2000, l’eau est également traitée par une usine.
Nous nous engageons maintenant dans l’avenue René Coty, à gauche.
Des rues d’artistes
Dans les années 1920, un grand nombre d’artistes de toute l’Europe ou des Etats-Unis se donnent rendez-vous à Paris, où ils s’installent dans le quartier de Montparnasse. Mais il n’y a pas assez de logements pour tout le monde, si bien que l’on construit dans les alentours huit passages, nommés villas, tels que la villa Seurat, afin de les accueillir.
La rue Saint-Yves, ou encore la villa Seurat (accessible en prenant la rue Saint-Yves puis la rue de la Tombe Issoire, à droite) sont des exemples de rues où les artistes avaient leurs ateliers dans la première moitié du XXe siècle, notamment dans l’entre-deux guerres. La villa Seurat, ouverte en 1926, regroupe plusieurs ateliers. L’atelier de Chana Orloff a été construit par Auguste Perret en 1926 et peut se visiter sur rendez-vous.
En continuant sur la rue du Douanier Rousseau après la rue Saint-Yves, on peut voir le couvent des Franciscains dans un bâtiment en briques rouges, tandis qu’au numéro 4, le musée Lénine occupait l’appartement que celui-ci occupa de 1909 à 1912. Le musée a fermé ses portes en 2007, lorsque le parti communiste français l’a vendu.
La rue de la Tombe Issoire mène à la rue d’Alésia. Nous la prenons sur la droite, afin de revenir sur l’avenue René Coty. A droite, le numéro 42-44, avec ses grandes fenêtres et ses treillis en bois, est sûrement une ancienne maison d’artiste. En face, remarquons le 41, de style Art nouveau, en briques et décoré de motifs en briques plus foncées. Il présente également une plaque en céramique, qui rappelle qu’une maison maternelle pour les enfants de femmes en détresse a été construite ici en 1891.
Autour de l’hôpital Sainte Anne
L’hôpital Sainte Anne abrite deux musées : le musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne et le musée Singer-Polignac.
Le musée d’Art et d’Histoire de l’hôpital Sainte-Anne présente, lors des expositions, du mercredi au dimanche de 13h à 18h, la vie hospitalière de cet hôpital depuis 1867. Il présente des photos, tableaux et outils utilisés à l’hôpital. L’entrée coûte 5€.
Le musée Singer-Polignac n’est pas le musée le plus accessible de Paris. En effet, il ouvre uniquement lors des journées du Patrimoine et lors d’expositions temporaires. Il présente des œuvres réalisées lors d’ateliers d’art-thérapie par des personnes souffrant de troubles mentaux.
En sortant du côté de la rue Cabanis, nous tournons à gauche. A droite, le grand bâtiment de la villa Lourcine se compose de briques rouges qui reprennent le style des bâtiments Art déco que nous avons vus dans les précédents arrondissements. Il a cependant de plus grandes fenêtres et est bien plus contemporain, puisque sa construction date de 1994.
Nous tournons à droite, rue Broussais, à gauche rue Dareau puis enfin à droite, passage Dareau. Nous arrivons sur la rue de la Tombe Issoire.
A gauche, des maisons basses, dont certaines s’organisant en arc de cercle, composent la rue Hallé. A droite, la rue de la Tombe Issoire nous amène devant l’église Saint-Dominique.
L’église Saint Dominique
Au XVIIe siècle, le faubourg Saint-Jacques se développe en accueillant l’Observatoire de Paris et l’abbaye de Port-Royal. Mais il faut encore attendre deux siècles pour que l’urbanisation prenne réellement son essor. La nécessité d’une église se fait alors sentir. Ainsi, l’architecte Georges Gaudibert se voit confier la tâche d’en construire une. De 1913 à 1921 (la construction prend du retard à cause de la première guerre mondiale), Gaudibert bâtit un édifice de style néo-byzantin en béton armé. Si Gaudibert reprend un style architectural populaire à l’époque, il innove avec les matériaux. L’église est ainsi l’une des premières réalisées en béton armé. Il continue l’innovation avec la décoration intérieure marquée par des motifs Art déco.
L’intérieur apparaît large et lumineux, avec la peinture jaune sur les colonnes. Les vitraux datent des années 1940, tout comme l’orgue. Les stations du chemin de croix sont faites de mosaïques réalisées par les ateliers Mauméjean, comme celle de la chaire. Souvenez-vous, ce sont ces ateliers qui avaient déjà œuvré pour les mosaïques de l’église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles.
A l’extérieur, le style néo-byzantin est reconnaissable à la coupole centrale. Le bas-relief du portail représente Saint-Dominique. Si vous êtes attentifs, et si vous connaissez Louis Jouvet, vous trouverez un air de ressemblance entre le saint et l’acteur. C’est parce-que celui-ci a servi de modèle au sculpteur André Bourroux pour la réalisation de ce bas-relief en 1946.
Le quartier du Montparnasse
Le boulevard Arago
Nous avons déjà parcouru le boulevard Arago lors de notre visite du XIIIe arrondissement, où nous avons notamment vu la Cité fleurie. Retournons sur ce boulevard en continuant sur la rue de la Tombe Issoire. Nous arrivons sur une place sur laquelle se trouvait la statue d’Arago. Il n’en reste que le piédestal. En effet, la statue a été fondue durant la Seconde Guerre mondiale afin de fabriquer des armes. Une loi de 1941 obligeait en effet à enlever les statues des lieux publics. Ce, afin de fondre le bronze et de le réutiliser pour fabriquer des armes ou d’autres statues de propagandes. Une commission se prononça pour établir une liste des monuments à sauvegarder. La statue de François Arago, franc-maçon, n’en faisait pas partie.
Plus loin, en longeant le centre pénitentiaire de Paris la Santé, nous pouvons voir les dernières vespasiennes de Paris. Elles se trouvent juste avant que le boulevard d’Arago ne coupe la rue de la Santé. Datant du XIXe siècle, ces étranges toilettes offraient un peu de discrétion à qui voulait aller au petit coin. Leur retrait fût voté en 1959, mais celle-ci y échappa, témoignant de l’initiative du comte de Rambuteau. Et témoignant également de l’amélioration des toilettes publiques, bien que dans le passé, elles furent un temps payantes.
Nous revenons sur nos pas pour poursuivre notre promenade sur la rue du Faubourg Saint-Jacques.
Autour de l’Observatoire de Paris
L’Hôtel de Massa
Malheureusement, l’Hôtel de Massa n’est que peu visible depuis la rue. Il a une histoire un peu particulière. Savez-vous que cet hôtel a déménagé ? En effet, cet hôtel de style Louis XVI est construit de 1777 à 1779 sur les Champs-Elysées, vers la rue de la Boétie. Plusieurs acquéreurs se succèdent, dont le duc de Massa, l’hôtel en gardera le nom.
C’est en 1926 que va avoir lieu une affaire peu commune. Le président des Galeries Lafayettes rachète alors le terrain sur lequel se trouve l’hôtel. Il souhaite construire un grand complexe regroupant magasins et banques. Problème : l’hôtel est classé. Il ne peut donc pas simplement le détruire. Débute alors un grand déménagement, durant lequel, pendant deux ans, l’hôtel sera démonté et transporté pierre par pierre des Champs-Elysées à une parcelle offerte par l’État en 1928 près de l’Observatoire de Paris, à condition qu’il soit occupé par la Société des gens de lettres.
L’ironie de l’histoire, c’est que le complexe prévu initialement ne verra jamais le jour. En effet, entre-temps, la crise financière de 1929 passe par là. Sa construction est abandonnée et finalement, un Monoprix voit le jour, rejoint par les Galeries Lafayettes en 2019.
La rue Cassini
La rue Cassini est une intéressante succession d’immeubles aux styles architecturaux variés. Au numéro 1, Balzac vécut de 1828 à 1837, sous un autre nom, pour se cacher de ses créanciers. L’immeuble au numéro 3, de style Art nouveau, présente un atelier d’artiste et une sculpture de femme tenant une mandoline au dessus de la porte.
L’immeuble du numéro 3 bis est également un immeuble d’artistes, de même que celui au numéro 5. Les grandes fenêtres permettent une grande luminosité dans l’atelier. L’immeuble au numéro 12, de style Art déco, est typique de l’architecture des années 1930.
La rue Cassini est sûrement la plus intéressante de l’arrondissement tant elle présente d’immeubles de styles différents et particuliers.
L’hôpital Cochin
De l’autre côté de la rue du Faubourg Saint-Jacques se trouve l’hôpital Cochin. Fondé en 1780 par le curé de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas (dont l’église se trouve dans le cinquième arrondissement), il s’agrandit au XIXe siècle. On reconstruit les bâtiments entre 1908 et 1926, ce qui leur donne leur style en briques, caractéristique de cette époque.
Dans l’enceinte de l’hôpital, il est possible, mais pas simple, de visiter les carrières des Capucins, avec un bénévole de l’association SEADACC (Société d’Etudes et d’Aménagement Des Anciennes Carrières des Capucins), suite à une réservation par courrier ou par mail. Plus d’informations sur le site de l’association.
Nous tournons à gauche, boulevard de Port-Royal. Dans la partie de l’hôpital Cochin se trouvant à gauche de la rue Saint-Jacques se cache l’ancienne abbaye de Port-Royal, qui fût un foyer du jansénisme au XVIIe siècle. De la Révolution, seuls survécurent le cloître, la chapelle et ses boiseries, ainsi que l’hôtel d’Atry. En 1795, un hôpital investit les lieux, qui étaient devenus une prison.
Le jansénisme était un mouvement religieux catholique du XVIIe siècle. Il défendent l’interprétation de Cornelius Jansen à propos des enseignements de saint Augustin. Selon cette interprétation, Dieu détermine le salut des humains. De ce fait, notre libre arbitre est très limité. Ils étaient souvent critiques envers l’absolutisme royal. Cela ne leur a pas attiré de sympathie du pouvoir en place à l’époque !
Nous tournons ensuite à gauche, avenue de l’Observatoire. Remarquons au numéro 28 la grande porte avec un fronton orné d’une statue représentant un visage au milieu de décors végétaux.
Au croisement entre l’avenue de l’Observatoire et de l’avenue Denfert-Rochereau, retournons nous pour admirer un joli panorama sur le Sacré-Coeur.
Les Grands Voisins
Au numéro 82 de l’avenue Denfert-Rochereau, les Grands Voisins est un grand espace composé d’ateliers, de galeries d’art, hébergements, restaurants et autres, formant un cadre associatif solidaire pour la lutte contre l’exclusion. Cet espace a pris place en 2015 dans d’anciens locaux de l’hôpital Saint Vincent de Paul. Fermé en 2020, il a déménagé depuis dans la zone à construire Bercy-Charenton. Il constitue un exemple d’”urbanisme transitoire”, occupant des lieux qui sont destinés à être réhabilités et réaménagés.
Retournons sur l’avenue de l’Observatoire.
La maison du Fontainier
La maison du Fontainier, demeure du XVIIe siècle de style Louis XIII, cache le château d’eau souterrain de l’Observatoire de Paris. Il alimentait le palais royal du Luxembourg, ainsi qu’un regard de l’aqueduc Médicis. Il est possible de visiter la maison du Fontainier lors des journées du patrimoine. Si vous ratez cette date, vous pouvez aussi la visiter le reste de l’année sur rendez-vous.
L’Observatoire de Paris
L’Observatoire de Paris est le plus ancien du monde. Créé par Louis XIV en 1665, il se trouve sur l’axe du méridien de Paris, qui traverse la salle Cassini. Il sert surtout aux astronomes, puisque l’observatoire est alors assez éloigné de Paris. Il sert à l’établissement de cartes pour la navigation par exemple. A la fin du XVIIIe siècle, l’Observatoire participe à la standardisation des mesures. Il faut en effet définir un mètre et un kilogramme étalon valable pour tout le monde ! Malgré ce travail, on lui préfère à partir de 1884, le méridien de Greenwich, dont la mesure est plus proche de la moyenne que celle du méridien de Paris. L’Observatoire de Paris est toujours en activité aujourd’hui.
Nous parlions du méridien de Paris tout à l’heure, alors que nous étions devant la mire du sud. Son élaboration a débuté en 1669 et s’est terminée en 1718. Elle a été réalisée sous la direction de l’Observatoire de Paris. On mesure de nouveau le méridien entre 1792 et 1798 afin que le résultat serve à la mesure de la longueur d’un mètre. Arago et Biot mesurent le méridien jusque dans les Baléares. Ils complètent ainsi le travail de Cassini père et fils et de Philippe de la Hire, puis de Delambre et Méchain.
Qu’est-ce qu’un méridien ?
Un méridien est une ligne imaginaire reliant le pôle nord et le pôle sud sur laquelle à midi (heure solaire), le soleil sera au zénith.
Autour du cimetière du Montparnasse
Le boulevard du Montparnasse
Le boulevard du Montparnasse était un haut lieu de la vie artistique de la première moitié du XXe siècle. Les artistes y fréquentaient plusieurs cafés et restaurants. Il y a aussi d’intéressants ensembles architecturaux, tels que le numéro 126, qui renferme une cour avec plusieurs ateliers d’artistes. Nous aurons l’occasion d’en découvrir davantage plus tard au cours de notre visite. Pour l’instant, tournons à gauche, rue Campagne-Première.
La rue Campagne-Première
Plusieurs immeubles aux façades notables se trouvent rue Campagne-Première. Cela commence dès le numéro 1, avec un étage orné de têtes de lion et une façade sculptée, présentant deux bay windows soutenues par des consoles avec des têtes de lion. Picasso et Giacometti passèrent au numéro 17, Elsa Triolet et Aragon logèrent dans l’hôtel Istria…
L’immeuble le plus impressionnant est sûrement celui des numéros 31 et 31bis. Cet immeuble construit par l’architecte André-Louis Arfvidson est couvert de céramiques en grès flammé, sur lesquelles on peut voir des décors de fleurs. De grandes verrières qui laissent entrer la lumière. Cet immeuble se retrouve primé au concours de façades de la ville de Paris. Il témoigne du passage de l’Art nouveau au mouvement moderne.
Au numéro 21 s’ouvre le passage d’Enfer, qui ne porte pas très bien son nom car assez charmant avec ses maisons colorées. Il se trouvait, à son ouverture en 1857, proche du boulevard d’Enfer, le nom du boulevard Raspail à cette époque, qui menait à la place Denfert-Rochereau. Non loin de là se trouvait la barrière d’Enfer longeant l’ancien mur des Fermiers généraux.
Tournons à gauche, boulevard Raspail. Si vous avez un peu de temps, faîtes un petit détour en tournant à droite sur le boulevard Raspail, afin de voir un bâtiment de style Art déco à l’angle entre le boulevard Raspail et le boulevard Edgar Quinet.
La rue Boissonade
La rue Boissonade est un autre exemple de rue investie par les artistes au début du XXe siècle, alors que Montparnasse devenait le quartier branché de Paris. Jusqu’en 1934, le mur du jardin du monastère de la Visitation la coupait en deux. Nous pouvons relever plusieurs détails parmi les façades de la rue : les briques colorées du numéro 39, les briques rouges au numéro 26, ainsi que les deux cariatides du numéro 43 ou les sculptures du numéro 55…
De retour sur le boulevard Raspail, nous sommes face à l’école spéciale d’architecture, qui occupe les numéros 254 à 266. Fondée en 1865, c’est la plus ancienne de France, et elle est toujours en activité.
La fondation Cartier pour l’art contemporain
La fondation Cartier pour l’art contemporain naît en 1984. Dix ans plus tard, elle emménage dans le quartier du Montparnasse, dans un immeuble réalisé par l’architecte Jean Nouvel, déjà auteur du musée du quai Branly et de l’institut du Monde arabe (ouvert en 1987). D’ailleurs, la végétation située entre le bâtiment et l’écran de verre rappelle le musée du quai Branly, qui se cache lui aussi derrière les arbres et une grande vitre côté Seine. Ce sont ici 35 espèces d’arbres qui constituent le jardin, dont un cèdre du Liban planté par Chateaubriand en 1823. La fondation Cartier organise des expositions de peintures, photographies, design, vidéos…
L’entrée coûte 11€ (5€ pour les moins de 25 ans) et peut se faire par une visite guidée d’une durée d’une heure. A noter que les visites guidées permettent de découvrir les expositions, mais aussi le bâtiment en lui-même.
La rue Victor Schoelcher
La rue Victor Schoechler porte le nom du sous-secrétaire d’état aux colonies qui a fait abolir l’esclavage en 1848. Tout comme la rue Campagne-Première, elle vaut le détour pour les façades qu’on y trouve. Tout d’abord, à l’angle avec le boulevard Raspail (à droite), l’immeuble au numéro 268 du boulevard Raspail présente une belle façade haussmannienne. Parlons maintenant des immeubles qui sont pleinement dans la rue Victor Schoelcher.
Au numéro 5, l’immeuble est constitué de ferronneries ouvragées et décoré de mosaïques. Ce bâtiment de style Art déco, autrefois logement de l’artiste-décorateur Paul Follot, accueille l’Institut Giacometti. Celui-ci reconstitue l’atelier du sculpteur qui se trouvait dans la rue Hippolyte Maindron. L’Institut expose des œuvres en plâtre et en terre, des dessins et autres réalisations de Giacometti.
La visite coûte 8.50€, 3€ pour les étudiants.
Picasso vécut au numéro 5 bis. L’immeuble au numéro 11 date des années 1930. Simone de Beauvoir y vécut de 1955 à 1986.
Nous tournons à droite, rue Froidevaux.
La rue Froidevaux
La rue Froidevaux longe le cimetière du Montparnasse. Mais avant d’aller visiter celui-ci, remarquons l’immeuble au numéro 21. En effet, des mosaïques couvrent toute la façade. De plus, il possède de grandes fenêtres, témoignant de l’ancienne présence d’un atelier d’artistes. Ils étaient en effet nombreux à habiter dans cette rue. Marcel Duchamp, initiateur du ready-made, par lequel l’artiste s’approprie un objet et le détourne de sa fonction, vécut au numéro 37. Y vécurent également les photographes de guerre Gerda Taro, Robert Capa et David Seymour, pionniers du reportage de guerre.
Le cimetière du Montparnasse
On établit le cimetière du Montparnasse et ses 34000 tombes hors des murs de Paris en 1824. Pas facile de s’y retrouver, mais pas d’inquiétude. Près de chaque entrée, des pancartes que l’on peut emporter avec soi (à condition de les remettre en sortant bien sûr !) indiquent l’emplacement des tombes de Maupassant, Baudelaire, Marguerite Duras, Agnès Varda, et bien d’autres. Et lors de nos recherches, on se laisse surprendre par des tombes de personnes moins connues. Les artistes par exemple, ont parfois une œuvre telle qu’une sculpture sur la leur. Au sud-ouest du cimetière, un moulin du XVIIe siècle rappelle l’activité meunière qui était alors présente sur le mont Parnasse.
Nous sortons du côté de la rue Froidevaux, que nous empruntons en allant en sens inverse de celui par lequel nous sommes arrivés. La rue Froidevaux débouche sur la place Denfert-Rochereau.
Le quartier du Petit Montrouge
Autour de la place Denfert-Rochereau
La place Denfert-Rochereau
Sept rues se croisent sur cette place au centre de laquelle le lion de Belfort, statue réalisée par le sculpteur Bartholdi (auteur de la statue de la liberté), trône non loin de l’ancienne barrière d’Enfer, par lequel il était possible de sortir de Paris. Mais le nom de la place ne se rapporte pas à cette barrière. Elle évoque plutôt le souvenir du colonel Denfert-Rochereau, qui défendit Belfort durant la guerre franco-prussienne de 1870. Quoi que c’est peut-être parce-que le nom de ce colonel ressemble à celui de la barrière d’Enfer que c’est cette place qui porte son nom, et pas une autre ! Deux pavillons témoignent de l’ancienne barrière d’Enfer.
Les Catacombes
Au numéro 1 de la rue du colonel Henri-Rol-Tanguy se trouve l’entrée des catacombes de Paris. Du moins, l’une d’entre elles !
Les catacombes de Paris sont d’anciennes carrières gallo-romaines, qui sont longtemps restées en service. De 1786 à 1814, elles sont reconverties en ossuaire, alors que les cimetières paroissiaux parisiens sont regroupés. On y trouve ainsi une collection d’os en tous genres, qui sont parfois disposés de façon pittoresque.
Il vaut mieux réserver en ligne, le prix est de 29€ avec l’audioguide. Sans réservation, vous pouvez essayer d’acheter le billet le jour même en dehors de la période estivale pour 15€ sans audioguide.
Le musée de la Libération de Paris
En face des catacombes, le musée de la Libération de Paris a ouvert en 2019 dans un pavillon de la barrière d’octroi construit par Ledoux. Il rend hommage au général Leclerc et à Jean Moulin et traite de la Seconde Guerre mondiale, de l’occupation, de la Résistance, de la Libération… De nombreux objets, documents et photos témoignent de cette époque. Enfin, il est possible de visiter l’abri de l’état-major des forces françaises de l’intérieur lors de la l’insurrection de Paris sur réservation préalable. La visite se fait avec un casque de réalité virtuelle, qui permet de reconstituer l’intérieur de ce centre de commandement qui a été utilisé pendant neuf jours lors de la libération de Paris.
La visite peut se faire du mardi au dimanche, de 10h à 18h et est gratuite.
Le vingt-cinquième regard de l’aqueduc de Médicis
Revenons dans l’avenue René Coty depuis la place Denfert-Rochereau. A droite, dans la cour de l’hôpital de gériatrie La Rochefoucauld, une petite construction correspond au vingt-cinquième regard de l’aqueduc de Médicis, qui se termine à la maison du Fontainier.
L’aqueduc de Marie de Médicis, construit de 1613 à 1623, est toujours en service aujourd’hui. Il transporte de l’eau de Rungis jusqu’aux bassins du parc Montsouris. Il constitue la partie inférieure de l’aqueduc d’Arcueil, la partie supérieure étant l’aqueduc de Vanne.
La rue Daguerre
En retournant sur la place Denfert-Rochereau à partir de l’avenue René Coty, la première avenue à gauche est l’avenue du général Leclerc. A peine engagés dans cette avenue, nous tournons à droite pour découvrir la rue Daguerre. Cette rue, dont le nom commémore Louis Daguerre, qui a inventé le daguerréotype, est une importante rue commerçante dans le quartier. Les magasins, aussi bien alimentaires que restaurants ou librairies, ont suivi l’évolution sociale du quartier. Initialement populaire, celui-ci s’est embourgeoisé dans les années 1980.
En 1975, la cinéaste Agnès Varda a filmé les commerçants de cette rue où elle vivait, livrant un témoignage de la vie du quartier à cette époque. Cela a fait l’objet d’un documentaire d’1h19 : Daguerréotypes.
Dans la troisième rue à gauche, la rue Danville comporte un immeuble Art déco au numéro 7. Les architectes Henri Sauvage et Charles Sarrazin l’ont construit avec des briques qui cachent le ciment armé à l’intérieur.
Autour de la mairie du XIVe arrondissement
Nous continuons notre promenade sur la rue Sivel, au bout de la rue Danville. Nous arrivons derrière la mairie du quatorzième arrondissement. L’autre côté est bien plus beau. L’architecte Claude Naissant réalise entre 1851 et 1855 une nouvelle mairie, où se trouve non loin une école pour filles et une pour garçons. A cette époque, c’est la mairie du Petit-Montrouge qui, se trouvant plus près de Paris que Montrouge, se développe plus vite que ce dernier. Elle devient la mairie du quatorzième arrondissement, alors que la loi du 16 juin 1859 rattache le Petit-Montrouge à Paris.
Nous retournons sur la rue Charles Divry et rejoignons la rue Boulard. Au passage, remarquons l’art de rue sur le mur à droite, à l’angle entre les deux rues. A gauche, une petite ruelle tranquille se cache dans une propriété privée au numéro 29, où Gauguin s’initia à la peinture. Nous tournons plutôt à droite puis tournons à gauche, rue Mouton Duvernet.
La rue Mouton-Duvernet
La rue Mouton-Duvernet porte le nom d’un général rallié à Napoléon pendant la période des cents jours, et qui finit fusillé à cause de ce choix en 1816. Au numéro 22, l’immeuble blanc est aussi constitué de briques rouges et présente deux ornements sculptés : une tête de lion au dessus de la porte et un visage avec un médaillon indiquant l’année 1880. On ne devinerait pas que des pavillons avec jardin se cachent derrière la porte du numéro 14 bis…
L’avenue du général Leclerc
Nous voici désormais de retour sur l’avenue du général Leclerc. Nous allons tourner à droite, mais avant cela, remarquons la villa Adrienne. Cette petite rue est ouverte en 1870 et accueille des religieux et des militaires. Elle offre un coin au calme à ses habitants, pourtant très proches de la place Denfert-Rochereau. Malheureusement, une grille en ferme l’accès pour nous autres, simples visiteurs.
Alors que nous continuons notre promenade sur l’avenue du général Leclerc, remarquons à droite la rue Thibaud. Contrairement à de nombreux panneaux de noms de rues, il ne précise pas qui est ce Thibaud. Les personnes suivant ce blog reconnaîtront !
Nous arrivons sur la place Victor et Hélène Basch. Plus loin, au numéro 110, se trouve une impasse privée qu’il serait intéressant de voir, mais nous nous contenterons de remarquer la grande porte. Visitons plutôt l’église Saint-Pierre de Montrouge, qui a le mérite d’être ouverte aux visiteurs.
L’église Saint-Pierre de Montrouge
A l’orée du XIXe siècle, le territoire de Montrouge est encore peu peuplé. Cette colline riche en oxyde de fer et en argile obtient vite le nom de Montrouge. En 1847, on construit une première église, vers la rue Thibaud, puis le développement démographique durant le Second Empire entraîne la nécessité de bâtir un édifice plus grand. L’architecte Joseph-Emile Vaudremer, qui bâtira plus tard l’église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts, que nous avons visitée dans le douzième arrondissement, se voit chargé de construire cette église. De 1863 à 1870, il construit un édifice de style néo-roman, auquel il ajoute des éléments néo-byzantins, très à la mode à cette époque.
Quand on entre, nous voyons directement le style néo-roman dans les arcades arrondies supportées par des colonnes avec des chapiteaux corinthiens. Un grand arc en plein cintre sépare la nef du transept, derrière lequel se trouve le chœur. Le centre du transept est occupé par un ciborium, aux angles duquel se trouvent quatre anges. Les autres éléments remarquables sont la voûte en bois éclairée par les fenêtres du haut de la nef, la chaire de prêche sur laquelle se trouvent les marques du Saint-Siège et de Napoléon III, ainsi que les chapelles des croisillons du transept et la chapelle de la Vierge, où les peintures révèlent de style néo-byzantin. Certains vitraux sont des pastiches de vitraux médiévaux, tandis que d’autres présentent des symboles liturgiques ou sont beaucoup plus clairs, de style romano-byzantin.
En sortant de l’église, nous tournons à droite, rue d’Alésia puis à gauche, rue des Plantes.
Le quartier Plaisance
Le long de la rue des Plantes
Tout comme le Chemin Vert dans le onzième arrondissement par exemple, l’appellation de la rue des Plantes indique que la rue se trouvait il n’y a pas si longtemps à la campagne.
Mais quelles plantes poussaient donc ici ?
Il faut remonter dans le bas Moyen-Âge pour comprendre. Une plante était un lieu où les paysans faisaient pousser des cultures où le pied n’est pas coupé, comme la vigne, en opposition aux champs, où poussent le blé, l’orge, etc…
La villa d’Alésia est un nouveau témoignage des petites ruelles où les artistes se sont installés au début du XXe siècle. Henri Matisse a eu son atelier au numéro 11. Dans la rue Louis Morard se trouvent plusieurs immeubles de style Art nouveau. Certains sont en briques, comme le numéro 1, orné de fleurs, ou celui au numéro 9 avec son bow-window. Celui au numéro 2 a la même couleur que nombre d’immeubles parisiens, et présente un tournesol à gauche de la porte d’entrée. Ne pas hésiter à faire un tour plus loin dans la rue ! Tant qu’on parle d’immeubles, remarquons, plus loin, l’immeuble de style Art nouveau à l’angle de la rue des Plantes et de la rue Antoine Chantin (numéro 36).
La rue des Plantes débouche sur le boulevard Brune. Nous le prenons en tournant à droite puis nous nous engageons dans la rue Didot.
Le long de la rue Didot
La Petite Ceinture
On trouve plusieurs petites rues, telles que le square Alice, au niveau du numéro 127 de la rue Didot. Nous continuons notre marche. Vous l’avez peut-être remarqué tout à l’heure, mais la rue des Plantes traversait grâce à un pont une voie ferrée. Quelques mètres après le square Alice, il est possible de descendre y faire un tour.
Mais que fait cette voie ferrée ici et pourquoi peut-on s’y promener comme ça ?
A partir du milieu du XIXe siècle, la France se dote d’un réseau ferroviaire. Les liaisons au départ de Paris ne se font pas à partir de terminaux très bien organisés et ceux-ci se multiplient. Les changements de lignes se font grâce au métro ou la marche. A partir de 1841, on construit de nouvelles fortifications tout autour de Paris. Afin de plus facilement réapprovisionner les fortifications, le gouvernement décide de construire une ligne de chemin de fer reliant les terminaux entre eux.
La guerre franco-prussienne met en exergue les insuffisances de cette petite ceinture, qui sera remplacée par une grande ceinture. La première commence donc à délaisser le transport de marchandises pour l’accueil des voyageurs. Cependant, la ligne ferme pour les voyageurs en 1934, alors qu’elle ne représente guère plus qu’1% des transports urbains de la ville. Un fragment de la ligne est utilisé pour tester l’automatisation des trains de 1994 à 1998, tandis que d’autres ont été démantelés et d’autres, comme celui devant lequel nous nous trouvons, abandonnés.
Certains sont désormais accessibles au public et constituent un agréable lieu de promenade où il est possible d’observer de nombreuses espèces de plantes et d’animaux. Si vous cherchez la plus grande colonie de chauve-souris d’île de France, elle se cache sur la Petite Ceinture.
Des villas
Il va falloir s’y faire, les villas à Paris ne sont pas des luxueuses maisons en bord de mer. On aurait pu espérer au moins en bord de Seine. Ce sont seulement des rues qui auraient pu s’appeler “rue” ou “impasse”, mais “villa”, ça a quand même plus de prestance !
Dans la villa Collet, des maisons de ville se blottissent entre des immeubles. De nombreuses maisons individuelles se trouvent dans la villa Deshayes, de même que des maisons de ville et quelques villas dans la villa Duthy. Un peu avant cette dernière, la villa Jamot est fermée par une porte avec un digicode. C’est une véritable petite rue de campagne cachée dans Paris, un village sans sortir de la ville.
Ces différentes villas portent toutes le nom de l’ancien propriétaire des terrains sur lesquelles elles sont bâties. Il y a en fait souvent une ou deux villas dans ces rues nommées villas, qui par extension ont donné le nom de villa à toute la rue. Ce sont des petites rues aux maisons qui étaient destinées aux hautes classes sociales (et pour le coup, contrairement aux anciennes cités d’ouvriers, l’emploi du passé est interchangeable avec celui du présent !).
Un nouvel exemple d’immeuble Art nouveau en briques avec l’immeuble au numéro 3 de la rue Boulitte, orange et rouge avec une fleur au-dessus de chaque fenêtre.
Une fois que nous atteignons la rue d’Alésia, nous tournons à droite puis prenons la première rue à gauche, la rue Hippolyte Maindron.
Autour de la rue Hippolyte Maindron
En 1904, la rue Sainte-Eugénie, du nom de la propriétaire du terrain, prend le nom d’Hippolyte Maindron, qui fût parmi les premiers sculpteurs romantiques.
Remarquons au numéro 39 le petit immeuble Art nouveau, qui ne fait que quelques mètres de large et deux étages de haut. La porte du rez-de-chaussée a une hauteur presque égale à celle des deux étages ! Plus loin, à gauche, remarquons le numéro 43 de la rue Bénard. De style néo-gothique, il contraste avec les immeubles blancs avoisinants. On y voit plusieurs sculptures, des visages et ce qui semble être un ange au-dessus de la porte. Au numéro 34 de la rue de la Sablière, une statue se trouve au-dessus de la porte. On dirait que celle située au premier étage a par contre disparu. Regardons cette fois-ci à droite. Au croisement de la rue Hippolyte Maindron et de la rue Sévero, Henri Sauvage et Charles Sarazin ont construit l’immeuble au numéro 13. Celui-ci se distingue par la présence d’oriels triangulaires.
Nous tournons à droite, rue Maurice Ripoche pour arriver à la rue du Maine. Ne pas manquer l’immeuble Art nouveau du numéro 29 rue Maurice Ripoche, particulièrement impressionnant avec ses nombreuses décorations végétales, les visages et autres motifs sculptés. L’avant dernier étage dispose de balcons à l’ombre.
Nous tournons à gauche. L’avenue du Maine nous mène à l’avenue Raymond Losserand, à gauche, après le numéro 108.
Autour de la rue Losserand
Juste avant la rue Lebouis, remarquons l’immeuble classique, avec les fenêtres aux frontons triangulaires et les briques rouges. C’est cependant la couleur blanche qui domine.
La rue Lebouis
L’immeuble au numéro 7 est de style Art déco. Primé au concours des façades de la ville de Paris en 1913, il présente une façade ornée d’un sgraffite (un procédé de décoration murale en camaïeu obtenu par grattage d’un enduit clair sur un fond sombre, que nous avons déjà vu à la maison Cauchie à Bruxelles).
La fondation Henri Cartier-Bresson s’y trouvait, avant de déménager dans la rue des Archives, dans le troisième arrondissement.
Au croisement avec la rue du Château
La boulangerie au numéro 45 est décorée de panneaux peints et date de la fin du XIXe siècle. Au numéro 129 de la rue du Château se trouve un nouveau bâtiment aux briques oranges. Je l’avais pris pour un bâtiment de style Art déco au départ, mais sa date de construction, 1904, ainsi que la fresque en bas de l’oriel, en font plutôt un immeuble de style Art nouveau.
Le Château Ouvrier
Juste après le numéro 69 de la rue Raymond Losserand, un passage nous mène devant le Château ouvrier, construit en 1891. Ce grand immeuble comporte six étages, chacun ayant huit appartements de deux pièces comprenant des toilettes, chose rare à l’époque. Sauvé des promoteurs immobiliers par les habitants du quartier, le Château ouvrier est désormais le lieu de réunion pour la soixantaine d’associations de quartier.
La rue des Thermopyles
Avant de découvrir la rue des Thermopyles, remarquons l’immeuble au numéro 89 de la rue Raymond Losserand, avec ses médaillons et les visages sculptés.
Avec ses habitations recouvertes de plantes grimpantes, ses glycines et ses pavés, la rue des Thermopyles est pleine de charme. A droite, avant le square Alberto Giacometti, il est possible de rejoindre la Cité Bauer. Au numéro 19, remarquons le portail avec la forme de cœur. En plus des deux cœurs décorés de fleurs, une sculpture colorée représente un paysan jouant de la flûte.
Le portail du 19 cité Bauer n’est pas de style Art nouveau. C’est en effet un sculpteur hongrois qui l’a réalisé en 1959 en s’inspirant de l’artisanat de son pays au XIVe siècle.
La rue Boyer-Barret nous ramène sur la rue Raymond Losserand.
En face, rue Francis de Pressensé, se trouve le cinéma l’Entrepôt, ouvert par Frédéric Mitterrand en 1975. En plus des films qu’il diffuse dans ses trois salles, l’Entrepôt accueille également des concerts de jazz et des séances de café-philo.
Pour ceux qui souhaiteraient écourter la promenade, vous pouvez tourner à droite sur la rue d’Alésia puis de nouveau à droite, rue Vercingétorix. Pour les autres, nous continuons notre marche jusqu’à l’hôpital Paris Saint-Joseph.
La chapelle cachée dans l’hôpital Saint-Joseph
Malgré l’échec du projet de 1878 de construction d’une faculté libre de médecine et d’un hôpital où les étudiants pourraient se former, un hôpital voit le jour ici. L’architecte Jacques Lequeux y construit une chapelle de 1899 à 1902. De style néo-gothique, sa visite est intéressante notamment pour les vitraux réalisés par Carl Mauméjean et mis en place en 1947.
L’église Notre-Dame du Rosaire
Alors que le quartier de Plaisance accueille plusieurs usines au XIXe siècle, on décide de construire une église dans ce quartier pauvre. L’architecte Pierre Sardou construit, de 1909 à 1911, après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, une église de style romano-byzantin construite avec une grande simplicité. Sous la voûte en bois, les murs en briques sont épurés et décorés de vitraux. Des arcades typiquement romanes entourent le chœur. A l’extérieur, la façade présente une statue de Notre-Dame du Rosaire réalisée par Michel Serraz en 1958, placée sous le beffroi.
La rue Vercingétorix
De même que la rue Raymond Losserand allait de Pernety à Plaisance, la rue Vercingétorix s’étend sur ces deux quartiers.
Après la rue d’Alésia, non loin de la rue de Gergovie, il fallait bien une rue Vercingétorix. Ce quartier est plus populaire et la rue Vercingétorix se compose de grandes barres d’immeubles. Certains, comme celui au numéro 157, tout en briques, datent du début du siècle dernier. Pour compléter la dénomination des rues du quartier, quoi de mieux qu’un menhir ? Un peu caché, en face du numéro 133, entre une aire de jeux pour enfants et un terrain de basket, un menhir offert à la ville de Paris par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Morbihan surprend ceux qui arriveront à le trouver. Je n’y suis pas parvenu ! Peut-être témoigne-t-il de l’arrivée par la gare Montparnasse, proche d’ici, des trains en provenance de Bretagne ?
Nous continuons notre promenade sur la rue Vercingétorix. Remarquons l’immeuble au 6 rue Desprez, orné d’armoiries à l’angle de la rue Desprez et de la rue du Cange. Nous arrivons devant l’église Notre-Dame du Travail.
L’église Notre-Dame du Travail
En 1840, la construction de la gare de l’Ouest, qui deviendra par la suite la gare Montparnasse, entraîne un accroissement de la population du quartier. Une chapelle en bois est construite en 1845 pour augmenter les capacités d’accueil de celles existant déjà. En 1884, le père Soulange-Bodin devient le nouveau vicaire de la paroisse. A cette époque, l’Église est engagée dans des œuvres de charité dans les quartiers ouvriers. Mais le père Soulange-Bodin veut aller plus loin. Il lance une souscription nationale pour construire une nouvelle église. La construction de celle-ci débute en 1897. En cinq ans, l’architecte Jules Astruc (déjà auteur de l’église Saint-Hippolyte dans le treizième arrondissement) construit une église dans laquelle les ouvriers pourront se sentir dans un environnement familier. De l’extérieur, l’église ressemble à beaucoup d’autres. Mais en entrant, on découvre une armature de 135 tonnes de fer et d’acier.
Au milieu de cette étonnante armature, on remarque la décoration Art nouveau, les plantes fleuries décorant les murs de l’église, en particulier autour des tableaux. Les tableaux, fidèles à la vocation de l’église à accueillir des ouvriers, représentent chacun des artisans ou des ouvriers (Saint-Joseph, saint patron des menuisiers et des charpentiers, saint Luc, saint patron des ouvriers d’art, etc…). L’Art nouveau se retrouve dans certains vitraux, tandis que certains tableaux sont plus contemporains et datent de l’entre deux guerres. C’est en tout cas un vent de nouveauté qui souffle dans cette église, et une bonne surprise au cours de notre visite.
Autour de la Place de Catalogne
La place de Séoul
Juste après l’église Notre-Dame du Travail, et avant la place de la Catalogne, se cachent la place de l’Amphithéâtre et la place de Séoul. Si la première semble bel et bien fermée au public, la deuxième est accessible, il suffit d’ouvrir la porte. Au début, j’ai pensé qu’elle était fermée, mais non. Nous n’avons pas l’habitude de trouver une pareille grille à l’entrée d’un jardin public ! Ce n’est pas l’endroit pour s’asseoir à l’ombre, mais le visiteur profitera du soleil pour observer les jeux de lumière avec les grandes fenêtres des immeubles entourant la place. On accède à la place de la Catalogne en passant entre deux colonnes romaines.
La place de la Catalogne
L’architecte Ricardo Bofill, qui a construit plusieurs immeubles autour de la place, étant originaire de Catalogne, le nom de la place était tout trouvé. Ricardo Bofill a adapté l’architecture classique à un style plus contemporain, comme avec les Echelles du Baroque, l’ensemble immobilier au sud-ouest de la place. Il s’inspire d’un style architectural que vous reconnaîtrez au moins au nom.
Au centre se trouvait une sculpture fontaine, le Creuset du Temps. La mairie l’a récemment démontée pour qu’elle laisse sa place à une forêt urbaine. La place de la Catalogne a en effet été choisie pour accueillir un groupement d’arbres, de même que le parvis de l’Hôtel de Ville et la place du colonel Fabien, dans le dixième arrondissement. Il faut reconnaître qu’un fort ensoleillement marque cette partie de la promenade, on ne dira donc pas non à un peu d’ombre, qui manquait grandement, à mon avis ! Enfin, on ne manquera pas la vue sur la Tour Eiffel qu’offre le boulevard.
Le jardin Atlantique
La rue du Château traverse les voies ferrées de la gare Montparnasse. Au-dessus de celles-ci, à droite, se trouve le jardin Atlantique. Une allée traverse le jardin et mène à la fontaine des Hespérides. Aux pieds des portiques se trouvent un équipement météorologique. Les plantes du jardin évoquent les côtes de l’océan Atlantique, aussi bien celles à l’ouest, en Amérique, que celle à l’est, où se rend le TGV partant de la gare de Montparnasse. Le jardin Atlantique recouvre d’ailleurs le bâtiment de la gare.
La rue Jules Guesde
De retour sur la place de la Catalogne, nous continuons notre promenade sur la rue Vercingétorix. A droite, dans la rue Jules Guesde, un petit bâtiment de style Art nouveau se cache au milieu d’immeubles bien plus modernes.
La rue Vercingétorix se termine au croisement avec l’avenue du Maine. En face débute la rue de la Gaité.
L’ouest du quartier Montparnasse
La rue de la Gaîté
La rue de la Gaîté, autrefois voisine de l’ancienne barrière d’octroi, accueillait des bals, des théâtres et des guinguettes. Aujourd’hui, elle a conservé une activité justifiant son nom. On y trouve ainsi plusieurs théâtres, tels que le théâtre Montparnasse, le théâtre de la Gaîté-Montparnasse, la Comédie italienne, qui a risqué la fermeture (est-ce toujours le cas ?) et le théâtre de la rive gauche. Le Bobino est une salle de music-hall, tandis que de nombreux restaurants ponctuent la rue. L’hôtel au numéro 11 est de style Art déco.
La rue Delambre nous mène au croisement entre le boulevard du Montparnasse et le boulevard Raspail.
Au 216 boulevard Raspail, l’immeuble construit par Bruno Elkouken en 1934 est de style fonctionnaliste, un style selon lequel la forme d’un bâtiment doit découler de sa fonction.
Remarquons également l’immeuble au numéro 206, richement décoré.
Le boulevard du Montparnasse
Des immeubles-ateliers construits dans les années 1920 par Louis Süe se cachent dans la cour du numéro 126. Des mosaïques aux motifs végétaux décorent l’immeuble au numéro 120 bis.
Au carrefour Vavin, la statue de Balzac réalisée par Rodin et placée ici en 1939 a fait couler beaucoup d’encre, l’écrivain étant en effet habillé en robe de chambre !
Après le carrefour Vavin se trouvent plusieurs bars-restaurants de la Belle époque : Le Dôme, ouvert en 1906, où se retrouvaient les peintres et les écrivains, rejoints par les bohèmes américains lors de l’Entre-Deux guerres, la Coupole, une brasserie de 1927 aux décors Art déco (la coupole a cependant été peinte en 2008 par quatre artistes contemporains), le Sélect, une brasserie Art déco ouverte en 1923 fréquentée par Picasso, Modigliani, Zadkine, Cocteau, Apollinaire et autres, ou encore la Rotonde, une brasserie de 1903 où déjeunaient Lénine et Trotski, Picasso, Matisse et Modigliani…
Le boulevard du Montparnasse, comme la rue de la Gaîté, témoignent encore de la vie de bohème du Montparnasse des années 1920.
A ne pas manquer
A ne pas manquer
Les deux plus belles petites rues : la rue des Thermopyles et le square Montsouris.
La plus belle église : l’église Notre-Dame du Travail.
Et aussi : une exploration des catacombes, une promenade autour du cimetière du Montparnasse et un détour par la Cité Universitaire.
Le mot de la fin
Le quatorzième arrondissement n’est pas le plus mémorable de Paris, mais recèle de quelques curiosités ou points d’intérêt. On se plaira à rechercher les ateliers d’artistes dans les petites rues, ou plutôt les villas, puisque c’est le terme ici. La visite des catacombes est un moment assez insolite de notre visite de la capitale, de même que certaines rues du quatorzième arrondissement qui abritent des immeubles de styles inattendus. Comme toujours lorsqu’il n’y a pas de monuments immanquables, on prête plus attention aux détails et on découvre davantage d’immeubles au détour des rues.