Trek dans le pays Toraja
Avec un guide, il est facile de se lancer dans un trek à travers le pays Toraja. Et trouver un guide est simple. Donc vous n’aurez aucun mal à organiser votre trek dans les rizières et les villages de la région. Le prix peut varier, mais comptez facilement 2 400 000 IDR. Les détails sont plus bas.
Au départ, je n’avais pas prévu d’être seul pour visiter les villages Torajas, alors j’avais plutôt prévu de visiter à scooter. Accompagné de ma pote indonésienne, j’aurais ainsi pu discuter facilement avec tous les locaux. Et aussi profiter de son permis de conduire, accessoirement. Mais le destin en a décidé autrement, et je n’ai pas voulu m’initier à la conduite en scooter ici ! Après tout, comme je suis seul, je peux faire le trek. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas pourquoi on parle de trek et non de randonnée… Randonnée au pays Toraja… Ça sonne tout aussi bien !
Départ dans les rizières
En route, nous roulons derrière un bus qui libère des nuages de fumée… J’aurais dû penser à mes masques que ma pote m’a passé pour le mont Bromo. Puis, à partir du village du guide, nous entamons une randonnée de cinq heures dans les rizières en terrasse du pays Toraja sous un soleil de plomb. Je crains vraiment énormément les coups de soleil, que je ne manquerai pas d’attraper. En fait, c’est ça le plus difficile, plus que la marche en elle-même. J’ai quand même quelquefois un peu peur de tomber dans l’eau. En effet, mon appareil photo contient la carte mémoire avec toutes les photos du voyage ! J’aimerais donc éviter la catastrophe. J’en ai pourtant plusieurs avec moi, j’aurais pu penser à changer de carte, sait-on jamais.
Heureusement, aucun problème ne survient et je continue ma route. Il y a presque une graduation dans la beauté des paysages, et c’est tout de suite merveilleux !
Nous nous arrêtons ensuite dans un village pour déjeuner à l’ombre, sous un grenier à riz, et nous nous reposons un peu. Seule une famille est présente. Le fils répare sa moto et je ne perds pas l’occasion pour m’exercer en indonésien. C’est cependant compliqué, même si je peux dire bonjour en langue locale. Je ne peux donc malheureusement pas me lancer dans une grande discussion pour comprendre la vie en ces lieux reculés. Elle semble cependant éloignée de tout. Ici, on en prend vraiment conscience ! A la fois, les villes semblent à des années-lumières, mais des pelleteuses et des voitures nous ramènent à la réalité. Aussi, les treks au pays Toraja ne sont pas tous les mêmes, en fonction du guide. Ainsi, il y a toujours une part de surprise, même si vous lisez les articles à ce sujet sur le net.
Nous repartons à travers les rizières et trouvons un autre village, où il n’y a cette fois-ci personne ! Si le village est constitué de maisons traditionnelles, l’une des maisons est en béton et est assez spacieuse. Les propriétaires sont sûrement allés travailler à Java…
On retrouve souvent les mêmes motifs sur les maisons traditionnelles et les mêmes couleurs : rouge, blanc, noir et jaune. Le rouge signifie le sang (et il y en a beaucoup lors des sacrifices !), le blanc fait penser à la pureté (classique) et les os, le noir rappelle la mort et le jaune le pouvoir (moins évident…). Je prends tout ça en photo avant de reprendre la route.
On croise beaucoup plus de buffles qui ont l’air d’avoir la belle vie, dans les champs à ne rien faire, juste attendre et grossir. En effet, ils sont trop précieux pour risquer de les fatiguer ou les blesser au travail. Ainsi, ce sont plutôt les gens de la basse classe sociale qui travaillent dans les rizières. Ils utilisent parfois un engin agricole : le buffle japonais (ceux qui sont déjà allés au Japon, vous me direz si vous en avez vu dans les champs !).
Une nuit dans la montagne Toraja
Après avoir failli oublier mon appareil photo sur le banc de l’arrêt de bus sur lequel nous nous sommes arrêtés, nous finissons par arriver dans un hôtel en altitude devant lequel le panorama s’étend jusqu’à Rantepao. Les bungalows sont comme des maisons traditionnelles Torajas et j’en ai un pour 150 000 IDR la nuit. Certains touristes, comme ceux que j’ai rencontrés hier, dorment chez l’habitant. J’aurais bien voulu faire cela, même si les villageois qui hébergent les touristes en ont sûrement l’habitude. C’est donc sûrement un peu moins « authentique » que si je le faisais en mode Pékin Express. Le repas est copieux, cependant, je suis (de nouveau…) un peu malade. En effet, nous sommes maintenant en altitude. Il fait donc quelque-peu froid ici, pensez à mettre un pull dans votre sac. De plus, l’alternance entre effort physique sous le soleil de plomb et nuit au froid est violente.
Au réveil, je remplis mes bouteilles d’eau et utilise une pastille d’Aquatab. Cependant, je pense qu’il aurait été plus rentable d’acheter des bouteilles d’eau plutôt que d’utiliser ces pastilles. Mais maintenant que je les ai, autant les utiliser. Le retour se fait en descente et souvent à l’ombre ce qui est un grand soulagement.
Après la montée, la descente !
(La prochaine fois, j’écrirai « titre 4 » et non cette lapalissade)
Mais cette descente se fait le plus souvent à l’ombre. Pendant ce temps, nous voyons toujours plus de rizières, mon appareil photo commence à en être rempli. Sur le bord de la route, des gens construisent une espèce de petite rivière artificielle pour conduire l’eau en contrebas. Tant que l’on parle des routes, leur état est plutôt aléatoire mais bien meilleur qu’à Madagascar par exemple. Sur le rebord de la route, un camion est en panne ce qui, étonnement, ne bloque pas la circulation !
Nous progressons sur une route secondaire en pleine campagne. Nous avons parfois l’occasion de voir un village traditionnel, un certain nombre d’églises, puisque la moitié de la population du pays Toraja a été convertie par les Hollandais, et beaucoup de caveaux. Caveaux qui sont parfois de vraies pièces avec de grandes statues. La plupart du temps, ce sont des tombeaux dans la roche. En fonction du budget des familles, il peut y avoir quelques ajouts comme de la peinture sur la porte, un toit Toraja ou une tête de buffle sculptée en bois.
A un moment, nous entendons du bruit dû à quelqu’un qui creuse un nouveau tombeau. Je n’ai pas essayé, mais c’est ça a l’air d’un travail très fastidieux ! L’un des hommes à côté boit une boisson dans un verre qui est une partie d’un tronc de bambou. C’est de la sève de palmier et il me fait goûter. Ça a un goût un peu spécial et je crois que c’est un peu alcoolisé. Il y a de très nombreux Tongkonan (villages traditionnels). Ils peuvent être liés par des alliances, d’abord guerrières, qui sont complétées par toute une entraide communautaire.
La fin de la randonnée se fait dans une voiture que nous avons croisée en route, dont le guide doit connaître le conducteurs et les passagers.
Passons maintenant à la visite d’autres sites emblématiques de la région.
Les grottes de Londa
Il y a encore des tombes, qui ne sont pas toutes dans la roche. Des tau-tau regardent les touristes passer. Ils se rendent dans la grotte où il y a des crânes disposés par-ci par-là. Les familles continuent de leur apporter des cigarettes (je n’espère qu’aucun n’est mort d’un cancer des poumons…). Je pense qu’avec ça, on en a fini avec les tombes et autres choses dans ce registre ! Celles-ci, comme celles près du village de Ke Te Kesu, semblent néanmoins assez anciennes. Ainsi, les cercueils ne sont pas en bon état et les ossements parfois complètement en désordre.
Le marché aux buffles
Il ne manquait plus que ça ! C’est donc un marché avec plein de buffles. Voyez si vous en trouvez un pour ramener dans votre jardin, il me semble que certains ne coûtent que 1 500 €. S’ils sont attachés par les naseaux, la tête en l’air, c’est pour paraître plus costauds et donc plus chers. Maintenant que vous connaissez cette petite astuce, vous n’avez donc plus qu’à négocier pour obtenir un bon prix ! Le tout en bahasa Indonesia, s’il-vous-plait !
Voilà, après cela j’ai dîné et je suis reparti à Makassar en bus de nuit.
Le petit mot de la fin
Il y en a en réalité plusieurs ! Tout d’abord, après la cérémonie de funérailles, j’ai rencontré des touristes qui sont aussi allés faire le trek. A deux, ils ont payé moins cher que moi ! En plus de vous rappeler « négociez les prix avec les guides !!!!!!!!! » (ne soyez pas naïfs et innocents comme moi), voici le détail de leur facture. Le prix vous sera sûrement donné pour l’ensemble. Je vous conseille de faire comme eux : demandez le détail. Ainsi, ils ont pu remarquer que leur guide réfléchissait au fur et à mesure et cherchait à atteindre le prix qu’il avait donné au départ.
Transport aller | 50 000 idr/pers | 150000 |
Transport retour | 50 000 idr/pers | 150000 |
Guide | 700 000 idr/jour | 1400000 |
Logement | 400 000 idr | 400000 |
Cigarettes | 250 000 idr | 250000 |
Déjeuner | 60 000 idr/pers | 180000 |
Dîner | 80 000 idr/pers | 240000 |
Eau | 20 000 idr | 60000 |
TOTAL | 2 830 000 |
Cela me parait élevé pour les repas, je pense que c’est donné directement pour trois personnes, ce qui fait plus vers 2 400 000 IDR. Je rappelle qu’ils sont trois, deux touristes et le guide.
Vous pouvez constater qu’en plus de payer moins cher que moi, ils ont eu plus de trucs inclus (nuit comprise, location de moto incluse quand mon guide utilisait la sienne) et ont pu dormir chez l’habitant, ainsi que d’assister à l’inauguration d’une nouvelle maison (d’où le cadeau à la famille, que je n’avais pas puisque ce n’était pas à mon programme). Faire une fête pour inaugurer une nouvelle maison, bien banal tout ça !
Pour finir, j’ai adoré tout le pays Toraja ! Je l’ai déjà dit ? Et bien, tant pis ! Ça m’a bien plus reposé que le reste et j’ai passé trois jours en dehors de tout ce dont j’avais l’habitude ! La cérémonie, les rizières, les promenades dans les rizières… La prochaine fois, j’aurai un bien meilleur niveau d’indonésien et je pourrai parler avec tout le monde !
Je me pose quand même deux questions, qui concernent l’authenticité dans le pays Toraja. Tout d’abord, j’ai peur qu’elle soit mise à mal par les jeunes qui partent de plus en plus étudier à l’université hors de la région (voire sur d’autres îles peut-être). Une fois rentrés, ne vont-ils pas finir par se demander quel est l’intérêt de dépenser 20 000€ pour enterrer mémé quand ça peut servir pour augmenter son niveau de vie de manière drastique, ou assurer une bonne éducation aux futurs enfants ? Néanmoins, j’en ai parlé à des gens que je connais là-bas, qui m’ont assuré que les Torajas n’oublieront pas leur culture.
Enfin, c’est le moment de la révélation dont je vous parlais dans l’article sur la cérémonie funéraire. Si vous êtes venus exprès pour ça, j’espère que vous avez fait l’effort de lire tout l’article ! :'( Sinon, ben, vous pouvez quand même savoir ! Dans le bus du retour, je croise deux touristes qui m’apprennent qu’un aéroport va bientôt voir le jour au pays Toraja. Dans 2 ou 3 ans !!!! Ainsi, j’ai peur que le dépaysement et l’authenticité en prennent un coup sévère ! En combinaison avec le premier point, on pourrait se retrouver avec des cérémonies spéciales touristes. Qu’en pensez-vous ? Authenticité contre potentiel développement économique local ?