Nuits blanches et volcans
L’organisation de ma visite du Bromo et du Kawah Ijen est sûrement ce qui m’a pris le plus de temps ! J’hésitais beaucoup entre le faire par moi-même ou le faire avec une agence locale. J’ai commencé par contacter Ijen Pepe Tour, dont il y a des bons retours sur internet mais ils proposent des tours privés. Pour deux personnes, donc pas trop dans mon budget. Finalement, en arrivant à Solo, 5 jours avant le mont Bromo, je n’avais toujours pas décidé.
Une organisation des plus inattendues
En arrivant à Solo, ma pote vient me chercher à la gare et nous allons dans sa maison. C’est ce qu’elle appelle une « guesthouse », je ne vois pas trop comment traduire en français. Imaginez une grande maison avec des chambres individuelles que se partagent des étudiants. Nous restons un peu discuter et elle me demande comment je souhaite visiter Bromo et le kawah Ijen. Je réponds que je réfléchis à comment le faire seul. J’ai lu un très bon article qui explique tout de A à Z afin de faire les deux volcans à 700 000 IDR, ce qui est une très bonne affaire ! C’est alors que ma pote intervient.
Pour elle, le faire seul est trop dangereux, elle me le déconseille vivement ! Ainsi, elle me propose (je ne sais plus exactement quand) de me faire accompagner par une de ses amies. Son amie doit rentrer à Malang pour voir sa famille et m’accompagnerait au mont Bromo. J’hésite mais je finis par accepter. Le faire par moi-même, seul, ne m’enchantait guère. Cependant, je ne sais pas si c’est à ce point dangereux. Je ne pense pas, mes amis indonésiens ont l’air d’avoir toujours plus peur de leurs concitoyens que moi ! C’est surtout au niveau des arnaques qu’il faut faire attention.
Ainsi, je quitte Yogyakarta le matin et je rejoins son amie à la gare. Ma pote m’a transmis par son intermédiaire des masques (« il y a plein de fumée à cause du sable, tu en auras besoin ») et les deux ont l’air de tout avoir organisé. Il y a sept heures de train de Yogyakarta à Malang. Ça me laisse le temps de faire connaissance avec mon accompagnatrice. Le train passe dans des plaines rizicoles avec plein de montagnes en arrière plan, c’est vraiment très sympathique.
A l’arrivée, son père vient nous chercher à la gare et j’y passe l’après-midi. En chemin, j’ai juste à lui passer les 550 000 IDR que l’agence va nous coûter et elle s’occupe de tout ! Malang a l’air d’une ville tranquille et vraiment sympa à visiter ! En plus, il ne fait pas trop chaud. Une fois chez elle, j’aide sa sœur à réviser son anglais et le soir, je profite d’un vrai lit ! Le premier depuis la semaine dernière. Dont je ne profiterais que de sept à onze heures. En effet, à onze heures, il est déjà temps de partir pour le mont Bromo. Heureusement que c’est pour ça, sinon le lit m’aurait vraiment manqué !
La longue attente du lever du soleil
La voiture nous dépose au bureau de l’agence où nous attendons les autres touristes autour d’un feu, trois indonésiens (deux filles et un garçon). Nous partons ensuite en jeep jusqu’au mont Bromo, ou plutôt déjà vers le point de vue qui permet d’assister au lever de soleil. Nous arrivons au village à trois heures du matin et il fait super froid, même en pull ! Il y a des gens qui proposent de vous louer des écharpes ou des manteaux. J’ai préféré faire mon malin et affronter le froid, c’était vraiment très dur. Surtout qu’on est habitués à 30-35°C en permanence. Je discute avec une touriste qui me demande si j’ai senti la secousse. Ah non, pas du tout !
Le point de vue doit être celui où vont toutes les agences, il y a plein de monde ! Mais nous arrivons à nous mettre tout devant. Au loin, j’aperçois d’autres touristes. Ils doivent avoir atteint ces lieux depuis le village. Ce sont sûrement ceux qui font le voyage par eux-mêmes. J’essaie de voir si j’arrive à y aller, mais c’est peine perdue, surtout si je veux éviter de me perdre pendant le lever de soleil ! C’est magnifique de voir petit à petit les volcans émerger des nuages, tout d’abord un peu de lumière, le Semeru (le plus grand des volcans du parc) en arrière-plan, puis enfin le Bromo et ses copains, puis toujours plus de détails, ces rayures sur les pentes des volcans. Je prends tout en photo et nous nous prenons aussi en photo devant ce paysage somptueux.
Descente dans la caldeira et escalade du mont Bromo
Une caldeira est un immense cratère, formé par l’affaissement des chambres magmatiques. En l’occurrence, ici, on a une grande caldeira avec plusieurs volcans qui sont apparus ensuite. Nous nous rendons maintenant dans la caldeira. Je déjeune en chemin, les parents de ma pote lui ont donné deux pique-niques pour ce midi. Nous faisons un premier arrêt en plein milieu pour descendre et prendre quelques photos. Je finis mon repas à l’intérieur et les rejoins. Le paysage est vraiment lunaire, à la différence près qu’il n’y a pas du tout d’herbe sur la lune et surtout, qu’il y a moins de présence humaine ! Nous partons ensuite nous garer plus loin et nous avons quartier libre pour aller escalader le mont Bromo.
Après quelques séances photo, nous nous dirigeons vers le Bromo. Au début, ça ne monte pas vraiment. Vous pouvez aller voir le petit temple hindou sur la gauche.
Puis, ça monte de plus en plus, mais rien de très impressionnant. Le sol est sableux mais on ne s’enfonce pas. Pour vous donner une idée, ça doit faire 10 ans que je n’ai pas fait de randonnée un tant soi peu sérieuse et je classerais celle-ci à « très facile », du début jusqu’à la fin. Il est néanmoins possible de le faire à cheval, si vous avez la flemme. Du moins, jusqu’à une plateforme peu avant l’escalier. Oui, car il y a un escalier sur les pentes de ce volcan toujours actif. 244 marches, ce sera difficile pour ma pote, mais je suis impatient de voir le cratère. J’aurais été seul, j’aurais tout fait d’une traite !
En haut, on mesure le chemin parcouru. Belle vue sur le temple et sur les autres volcans. Vous pouvez faire le tour (complet ?) avant de redescendre. Nous nous lançons dans la descente 40 minutes avant la fin du temps qui nous étaient imparti. Donc pas d’inquiétude, vous avez largement le temps de tout voir !
Le village des teletubbies
Oui, vous avez bien lu. Nous remontons dans la jeep qui continue le tour de la caldeira. Nous nous arrêtons à Bukit Teletubbies, un lieu qui aurait inspiré le décor des teletubbies, justement.
C’est plus vert et nous y restons longtemps, assez pour, si j’avais été seul, marcher vraiment loin. Je cours un peu partout à la recherche du meilleur endroit où me poser. Mon seul regret est de ne pas avoir eu d’indications sur le temps qu’on y restait. Je serais sûrement allé plus loin ! Mais bon, ma pote se remettait de l’ascension du Bromo, alors nous ne nous sommes pas trop éloignés. Il y a beaucoup moins de touristes, il semblerait que tout le monde s’en va après avoir vu le cratère. Et pour cause, il faut encore du temps pour aller au Kawah Ijen…
Nous retournons à la jeep qui nous ramène au bureau de l’agence, puis direction Malang. A Malang, j’attends un peu chez ma pote et son père nous emmène à la gare. Ses études l’empêchent de m’accompagner au Kawah Ijen. Elle m’a trouvé une agence pour y aller, le départ est à minuit et demie. Heureusement qu’elle est là pour gérer les appels, il viendront donc me chercher à la gare de Banyuwangi. Et c’est reparti pour sept heures de train !
Départ pour le Kawah Ijen
Là aussi, c’est la fille qui m’a accompagné au Bromo qui a trouvé l’agence. J’arrive à dormir une heure dans le train et je me réveille 2 minutes avant l’arrivée à la gare de Banyuwangi. Ce n’est pas le terminus, j’ai vraiment de la chance ! En sortant de la gare, je suis attendu par l’agence avec laquelle je dois aller au kawah Ijen. L’homme est très énergique, on embarque rapidement dans la voiture. J’ai payé une avance de 75 000 IDR et il me demande de payer le reste pour qu’il puisse acheter de l’essence. Ça fait un peu touriste mais je lui donne le reste des billets. Nous allons devant un hôtel où des indonésiens et une allemande nous rejoignent. Nous nous mettons en route jusqu’au kawah Ijen qui est à plus d’une heure et demie de route.
L’ascension du kawah Ijen à la recherche des flammes bleues et des mineurs de soufre
Ces fameuses flammes bleues se forment quand le soufre sort de la solfatare sous forme gazeuse. Il se liquéfie, tandis qu’une partie s’enflamme, avant de devenir solide. Le soufre est omniprésent ici puisque ce sont aussi des rejets d’acide sulfurique qui rendent le lac aussi acide. Avec un pH record de 0.15, je vous déconseille fortement de vous y baigner ! Et puis de toutes façons, il fait trop froid pour ça.
Quand nous arrivons, nous attendons un peu dans un petit restaurant où je finis mes gâteaux au chocolat de Yogyakarta pour me donner un peu d’énergie et où le gars de l’agence nous donne nos masques. Nous partons ensuite pour gravir le kawah Ijen, le guide nous dit de partir devant. La montée est plus abrupte qu’au Bromo et ça glisse parfois un peu. Je rencontre des touristes français et parle un peu avec eux. Nous sommes rejoins par un écossais du même groupe qu’eux. Les français font une petite pause et je continue donc à avancer avec l’écossais. Discuter avec lui est un bon entrainement pour maintenir à niveau ma compréhension orale, et je n’ai apparemment pas un mauvais accent. L’ascension nous prend moins d’une heure et demie sous les étoiles qui sont fortement visibles, je vois même une étoile filante ! C’est déjà un moment magique !
Il faut ensuite descendre dans le cratère pour voir les flammes bleues. C’est plus compliqué, il y a l’air d’avoir un chemin mais il y a surtout beaucoup de cailloux, plus ou moins gros. Photographier les flammes bleues n’est pas une chose aisée, j’en prends donc plein pour augmenter mes chances d’en avoir une bonne.
Alors que nous sommes occupés à photographier, le nuage de soufre se dirige vers nous. Ça sent vraiment très mauvais, la sensation est très mauvaise et persiste plus de dix minutes. Je passe tout ce temps à tousser et nous allons observer les flammes bleues d’un autre endroit. Conclusion : ne faites pas les malins, même avec votre masque. Ceci-dit, les mineurs n’ont pas de masque ! Nous ne savons pas très bien d’où nous devons observer le lever de soleil, nous décidons de remonter. L’ascension n’est pas plus simple et nous revoyons le guide. Je lui dis qu’on le cherchait et lui demande s’il était perdu en rigolant. En soi, il était marrant, mais il ne nous a rien appris sur la vie des travailleurs locaux ou sur le volcan en lui-même. Bon, j’avais tellement lu d’articles de blogs avant de partir que je savais déjà tout !
Lever de soleil sur le lac du Kawah Ijen
Nous restons en haut du cratère et le lever du soleil fait peu à peu émerger le lac d’acide de la brume. Il y en a beaucoup alors nous ne verrons pas le lac en entier mais c’est vraiment très beau. N’hésitez pas à prendre de la hauteur, et à bien regarder du coté du lac mais aussi de l’autre coté. Tout est beau !
De ce que j’ai remarqué, il reste pas mal de monde dans le cratère quand le soleil se lève. En effet, beaucoup de personnes descendaient quand nous étions déjà en train de remonter. Des indonésiens ont amené un drones avec eux ! Le lever de soleil ne dure pas très longtemps et nous redescendons.
Attention à la descente, le sol est très glissant ! Imaginez si nous avions 80 kg sur le dos… D’ailleurs en parlant de ça, vous êtes sûrement en train de vous demander quelque-chose comme « mais quand-est-ce qu’ils nous parle des porteurs de soufre ? », « c’est quoi ce titre mensonger, je me barre et je vais pourrir son site » (non, ne faîtes pas ça s.v.p :'( ). Et ben, si je n’en parle pas, c’est que je n’en ai pas vu ! Enfin, si, je mens. J’en ai vu un, qui avait bien du mal à progresser entre tous les touristes malgré le fait qu’il soit allé travailler à trois heures du matin. J’avais d’ailleurs entendu dire qu’ils préféraient se lever très tôt pour éviter les touristes.
Par contre, à défaut de porteurs de soufre, il y a beaucoup de porteurs de touristes ! Concrètement, c’est un espèce de chariot qu’ils tirent pour permettre à un touriste de gravir le volcan à moindre effort. Je ne sais pas si c’est vraiment mieux que le soufre. En descendant, j’achète des petites statues en soufre. Ce n’est pas cher et ça permet d’avoir un souvenir tout en aidant un petit peu ces travailleurs bien courageux.
Départ pour de nouveaux horizons
En bas, nous rendons nos masques et attendons le départ. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons pour voir des cascades. Les gars de l’agence me déposent à la gare et le copilote m’accompagne acheter mon billet de train pour Surabaya. Et c’est parti pour toujours plus de train (9, 10h ?) !
Pour parler rapidement de Surabaya… C’est géant, il y énormément de trafic, des moustiques (je n’en avais pas trop vu jusque là) , et c’est difficile de trouver une voiture pour aller à l’hôtel. Je n’en suis pas sorti d’ailleurs mais je n’aime déjà pas la ville.
Le mot de la fin
Je ne regrette pas du tout mon choix pour les volcans, c’était génial ! C’était bien mieux de partager la découverte du Bromo avec la pote de ma correspondante que j’avais rejoint à Solo que de faire d’hypothétiques économies en faisant les visites par moi-même.
D’ailleurs, voici le prix approximatif de Yogya à Surabaya.
Train de Yogya à Malang : 250 000 IDR
Excursion au Bromo : 550 000 IDR
Train de Malang à Banyuwangi : 200 000 IDR environ
Excursion Ijen : 350 000 IDR (économie de l’hôtel, ce qui fait que sur cette partie, je ne paie pas plus cher que les touristes qui ont tout fait par eux même pour 700 000 IDR)
Train de Banyuwangi à Surabaya : 135 000 IDR (Oui, ça n’a aucune logique ! Je crois que ma pote m’a fait voyager dans une classe supérieure quand nous sommes allés à Malang !)
Total : 1 485 000 IDR
Je pense qu’il est possible de diminuer ce prix au niveau des billets de train.
Ensuite, je ne sais pas quoi penser de ces touristes qui vont au Kawah Ijen pour voir les porteurs de soufre. Et j’en fais partie : j’étais déçu de ne pas en voir. Même si on n’y va pas que pour ça, le volcan en lui même est un endroit très intéressant à voir. Ça m’intéresse de voir leur travail mais ça me met mal à l’aise… Et de voir leur lieu de travail se transformer en une attraction pour touristes. Le fait de considérer cela comme une attraction à voir pendant notre voyage alors que pour eux ça doit être à peu prêt l’inverse. Cela fait partie des moments du voyage durant lequel je me suis posé des questions sur nos façons de voyager. Mais j’espère encore plus que leurs conditions de vie vont s’améliorer !