Un week-end à La Rochelle
Pour Noël, ma mère et ma tante ont pris pour habitude d’offrir à ma grand-mère un week-end de vacances. Cette année, elles ont décidé de visiter La Rochelle. Faisant partie du voyage, je me suis donc empressé de prendre des notes et des photos afin de vous faire découvrir cette ville charentaise-maritime au bord de l’océan.
Un peu d’histoire de La Rochelle
Le site est occupé depuis l’Antiquité comme le témoignent les vestiges de marais salants et de villas. Au Moyen-Age, le duc d’Aquitaine devient seigneur de La Rochelle et l’entoure d’un premier mur d’enceinte. La fortification de la ville se fait alors en quatre étapes jusqu’au XIVe siècle. Tantôt anglaise, tantôt française, elle est reprise par ces derniers et réussit à conserver une grande liberté vis-à-vis du pouvoir royal. Au XVe siècle, La Rochelle devient une place importante du protestantisme, ce qui est dû notamment au commerce qu’elle entretient avec les villes de la ligue Hanséatique (les villes d’Europe du Nord). Elle le restera jusqu’en 1628, lorsque Louis XIII reprend la ville après un siège d’un peu plus d’un an, malgré l’aide des anglais (qui ne sont en général jamais loin quand le roi de France rencontre des oppositions armées !).
La ville demeure prospère grâce au commerce, tout d’abord avec le Canada et la Louisiane. Son port devient cependant le second port pour le commerce d’esclaves. Aujourd’hui, c’est un lieu de tourisme et ça tombe bien, puisque ça va me permettre de continuer cet article.
Que voir à La Rochelle ?
Le port et ses fortifications
La Tour de la Lanterne
Nous l’avons vu, La Rochelle s’est vue dotée de fortifications au Moyen-Age. Après le Grand Siège de 1628, le roi fait détruire les fortifications, à l’exception de celles dirigées vers l’océan. Il reste ainsi deux tours qui encadrent l’entrée du port et une troisième, plus distante. Nous avons commencé par cette dernière, la Tour de la Lanterne. Elle protégeait l’ancien port, qui a été remplacé par l’actuel lorsque sa taille devint trop petite pour accueillir le trafic maritime de la ville. On l’agrandit en 1455 d’une nouvelle enceinte englobant la première tour. Elle est d’un style « Pantagenêt », c’est à dire avec une voûte très bombée.
Au XVe siècle, les meurtrières sont élargies et deviennent des canonnières pouvant viser la ligne de flottaison des navires ennemis. Au XVIe siècle, elle est reconvertie en prison. De nombreux graffitis, gravés sur les murs par les marins détenus à la suite des différents conflits, témoignent de cette époque. Dans une salle, vous pouvez vous essayer à la gravure avec des petites chaînes. Pas facile, surtout qu’il faut avoir des talents d’artiste pour arriver à un résultat probant. Certains prisonniers semblent l’avoir été. Ils décrivent leur quotidien, dans la prison comme du temps où ils étaient sur leurs navires. Enfin, la Tour de la Lanterne devient monument historique en 1879.
Les tours à l’entrée du port
En longeant le rempart, vous arrivez aux deux tours (toute référence au Seigneur des Anneaux est purement fortuite). La Tour de la chaîne est à l’origine composée de deux tours : une grande et une plus petite qui abritait le mécanisme permettant de monter ou descendre la chaîne contrôlant l’accès au port. Elle a été édifiée entre 1382 et 1390. En 1651, lors de la fronde, les soldats mettent le feu au stock de poudre, ce qui entraîne la destruction des étages et de la toiture. Ainsi, il y a moins de marches à monter pour aller voir la vue depuis le sommet ! Elle est restaurée en 1811.
Une exposition sur les stations balnéaires se tient à l’intérieur. C’est seulement une salle mais cela allonge un peu la visite, rapide sinon. La Tour Saint-Nicolas, en face, est quant à elle en travaux lors de mon passage. Impossible donc de la visiter. Construite au XIVe siècle sur un terrain marécageux, il est d’abord compliqué de la stabiliser et l’édifice penche légèrement vers l’est. La construction est interrompue par la guerre de Cent Ans quand la ville passe aux mains des anglais, puis continue dès lors que la France reprend le contrôle. Elle survit à la Fronde en 1651 et rejoint la tour de la Lanterne dans la liste des monuments historiques.
Petit tour dans la ville de La Rochelle
Muni d’un plan et de mon fidèle appareil-photo, je me suis lancé dans un petit tour en ville lundi matin. Mieux vaut tard que jamais ! En partant du port, nous nous sommes dirigés vers la Coursive, une salle de spectacle se trouvant dans l’ancien couvent des Carmes. Les pères Carmes s’y installèrent à la fin du XIIIe siècle. L’édifice, dont ne subsiste que l’entrée ornée d’une grande coquille de coquillage, connut ensuite plusieurs usages tel qu’un entrepôt des douanes. En continuant sur l’avenue Saint Jean du Port, puis en passant le premier croisement, vous pourrez voir une maison assez sympathique. Très spacieuse ! En tournant à droite au croisement précédent, vous arrivez devant la préfecture. Rien de spécial, si ce ne sont ces dessins sur les murs qui me font un peu penser à des autocollants géants. Oui, peut-être que c’est mon imagination !
On retourne maintenant sur le port pour passer sous la Grosse Horloge et rejoindre la rue du Palais. Il y a pas mal de choses à y voir ! Tout d’abord l’hôtel de la Bourse puis le Palais de Justice sur la gauche. Sur la droite ensuite, vous pourrez voir une maison du XVe siècle (pas bien indiquée cependant) et des petites arches sous les façades des bâtiments. Cela a l’air typique des rues du centre-ville. Au croisement suivant, à gauche, vous verrez le clocher Saint Barthélémy (unique reste de l’église du même nom) puis un peu plus loin, vous arrivez sur une place et devant la cathédrale Saint-Louis. Construite à l’emplacement du principal temple protestant de la ville du XVIIIe au XIXe siècle, il manque les deux tours de cette cathédrale, qui n’ont tout simplement jamais été réalisées.
En tournant cette fois-ci à droite sur la rue Gargoulleau, vous pourrez voir le musée des beaux-arts à gauche et le musée du nouveau monde un peu plus loin sur la droite. Le bâtiment et son jardin sont clairement évocateurs du XVIIIe siècle. Et d’ailleurs, c’est normal car c’est un ancien hôtel particulier de cette époque ! Continuez sur la place avec le marché du XIXe puis tournez à droite si vous voulez visiter le bunker de La Rochelle (l’extérieur n’est pas très intéressant). En vous redirigeant vers le port, vous arriverez devant l’église Saint-Sauveur. Le clocher est tout ce qui reste de l’église gothique détruite au XVIe siècle lors des Guerres de Religion. Enfin, vous pourrez voir des anciennes portes de la muraille de la ville, en périphérie du centre. Néanmoins, la porte des deux moulins se situe à proximité de la tour de la Lanterne.
L’aquarium de La Rochelle
C’est l’un des plus grands aquariums européens, présentant pas moins de 600 espèces ! Après une petite descente en ascenseur, et un passage dans un couloir entouré de méduses (rassurez-vous, la vitre est solide !), la visite débute par la salle Atlantique et continue avec une salle par zone géographique. Elle dure environ deux heures (plus si vous lisez bien toutes les descriptions) durant lesquelles vous verrez du petit poisson clown jusqu’au requin taureau en passant par des méduses et des énormes morues (je ne pensais pas que c’était si gros !). C’est quelque-chose à faire, adapté pour toute la famille, surtout quand un orage vous tombe dessus alors que vous prévoyiez de faire le tour de la ville !
Que faire d’autre en ville ou aux alentours ?
Vous pouvez visiter l’un des musées dont il a été question quelques lignes plus tôt. Ma sœur aurait bien aimé visiter le bunker, cet endroit « où les gens se cachent quand il y a des bombes ». Ce musée contient une reconstitution de l’intérieur d’époque. En termes de musées, la ville n’en manque pas. Ainsi, vous pourrez visiter le musée du nouveau monde traitant du commerce triangulaire et des Amériques, le musée des beaux-arts et le musée d’histoire naturelle, sans oublier le musée d’histoire protestante, dans une annexe du temple protestant. Oui, il y a de quoi faire pour plus d’un week-end !
Durant notre passage, il y avait le festival de cerf-volant qui se déroule à Châtelaillon-Plage, à 15 km au sud de La Rochelle. En plus des cerfs-volants, il y a des aéronefs tels qu’un avion datant des années 1930. Cela faisait un peu beaucoup pour un week-end de quatre jours, mais cela peut être une activité sympathique, surtout avec des jeunes enfants à qui cela peut particulièrement plaire.
Passage à l’île de Ré
Encore un peu d’histoire
L’île s’est formée il y a 17 000 ans, d’abord composée de plusieurs ilots qui se sont rassemblés après le XVe siècle. Le nombre d’habitants varie fortement au cours de l’Histoire. Dépeuplée au Moyen-Age, la présence ecclésiastique sur l’île au XIe siècle, encouragée par une part d’impôts leur étant attribuée et des dons seigneuriaux, entraine un retour d’habitants. Les religieux sont alors connus pour leur mise en valeur des terroirs et les seigneurs espèrent qu’il en sera ainsi avec l’île de Ré.
L’île est prise dans les Guerres de Religion et est assiégée par les anglais qui veulent l’utiliser comme base pour aider La Rochelle, alors en rébellion. Ils sont repoussés et l’île devient une sentinelle fortifiée sous Louis XIV pour défendre l’accès à l’arsenal de Rochefort. Saint-Martin en Ré est édifié en citadelle. Les travaux débutent en 1681 et se terminent en 1685 pour l’enceinte urbaine. Elle peut abriter les 16 000 habitants et le bétail.
Au XVIIIe siècle, on utilise la forteresse comme bagne. C’est l’unique dépôt des condamnés avant leur envoi dans les colonies (à partie de 1830). Avant cela, ils étaient envoyés sur les galères puis employés dans les arsenaux. Dans les colonies, leurs conditions de vie sont très difficiles. Plus de la moitié des envoyés en Guyane décèdent.
En ce qui concerne le commerce, l’île exporte du sel et du vin et importe des céréales, du bois, des animaux et des produits du quotidien.
Les événements climatiques auxquels l’île est soumise ont favorisé la solidarité chez les habitants. Ainsi, des sociétés de secours mutuels se développent au XIXe siècle.
Que faire sur l’île de Ré ?
Étant donné que je n’y suis resté qu’un après-midi, je ne saurais répondre à cette question de manière exhaustive. Cependant, je dirais « faire du vélo » au vu du nombre de cyclistes que j’ai croisé. Et visiter Saint-Martin-en-Ré, c’est ce que j’ai fait.
Visiter Saint-Martin-en-Ré
Ce village est entouré des murs de la citadelle (citadelle Vauban), que vous pourrez retrouver au front de mer. C’est là qu’ont l’air de se rendre tous les touristes. Le port est très animé et est vraiment bondé durant ce week-end de Pâques. Il est possible d’admirer un panorama sur tous les alentours en montant sur le clocher de l’église pour 2€50. La montée est contrôlée par des feus et il semblerait qu’elle ait été prévue pour des gens de petite taille. De très petite taille !
Il y a également un musée sur l’histoire et la culture de l’île qui est très intéressant. Sinon il y a la prison, mais je pense que vous préfèreriez éviter de la visiter… Vous pouvez ensuite déambuler dans les rues du village. Vous remarquerez la charte architecturale : maisons basses, blanches, couvertes de tuiles rondes et aux volets allant du gris au vert. Une majorité de ces maisons sont d’ailleurs des résidences secondaires ! Le tourisme est en vogue et a fortement fait augmenter les prix de l’immobilier. Il n’est parfois pas facile pour les résidents actifs de l’île de trouver un logement à prix convenable. J’ai jeté un œil sur la vitrine d’une agence immobilière, il y avait quelques belles maisons de luxe !
Aller au nord vers les marais salants
C’est sûrement ce que j’aurais fait si j’étais resté plus longtemps. Vous me connaissez (sinon, c’est par ici), je n’aime pas aller à la plage. Alors certes, on est au bon endroit pour cela, mais si c’est pour rester immobile, autant rester chez moi : ma peau ne brûlera pas et j’ai une baignoire (bon OK, sans vagues, que voulez-vous, j’ai demandé à ma proprio de l’aménager, elle m’a regardé bizarrement). Alors je prendrais mon vélo jusqu’au nord et les marais salants. Ça semble encore moins urbain.
L’organisation de l’île me fait penser à l’île Sainte-Marie : un littoral animé, surtout au sud, et un intérieur des terres plus calme, surtout au nord. Enfin, je pense que je l’éviterais en pleine saison. A la fin du mois d’avril, le port de Saint-Martin-en-Ré se trouve déjà bien trop bondé pour moi !
Après La Rochelle
Le lundi, ma mère et ma sœur devaient repartir en Seine-et-Marne et sont reparties en début d’après-midi. Nous autres bordelais ayant moins de route, nous pouvions faire un petit arrêt en route. Notre dévolu s’est jeté sur Rochefort, ce qui permettait de faire un lien entre l’arsenal s’y trouvant et ce que nous avions déjà vu à Saint-Martin-en-Ré.
La corderie royale
Elle est construite en 1666 en retrait sur les rives de la Charente, protégée des attaques navales par les îles. Souvenez-vous de la citadelle de Saint-Martin-en-Ré, ce n’est pas si loin ! Cependant, ce n’était pas gagné d’avance ! L’endroit est marécageux et trop loin du rivage où se trouveront les bateaux que la corderie est censée approvisionner. On construit donc le bâtiment sur des planches en bois, mais il commence à se déformer. Cela nécessite ainsi la construction de contreforts pour le renforcer. Dans une corderie, on fabrique donc des cordes (la langue française est logique !). Ces cordages servent, je cite, à « haler, hisser, amarrer, capeler »… Oui, je ne vous avais pas prévenu, mais on lit ce blog avec un dictionnaire à la main maintenant. Mais c’était déjà le cas quand nous étions à Jakarta et que nous apprenions quelques mots de langues étrangères, n’est-ce pas ?
Une corderie est de première importance car on trouve à l’époque sur un bateau en moyenne 32 km de cordage, pour une masse de 84 tonnes ! Une frégate, c’est donc du bois, mais surtout du cordage. Et pour faire des cordes, on utilise du chanvre, ce qui nécessite de développer la production française. Le chanvre fait l’objet de véritables contrôles de qualité en fonction de sa couleur, de sa longueur et de son odeur. L’activité varie au gré des guerres, et sa construction tombe à pic, puisque Louis XIV cherche alors à concurrencer la marine anglaise. La marine française disposant de 2 ou 3 bateaux en état de prendre la mer, la corderie à ainsi de beaux jours devant elle !
A l’entrée, un petit film composés de dialogues entre personnages historiques raconte l’histoire de la corderie. Ensuite, il y a une exposition sur les cordes avec une démonstration de la fabrication d’un cordage. Cela rend plus vivant cette petite exposition très complète par ailleurs. Enfin, la corderie abrite également une médiathèque, des expositions temporaires et des bureaux administratifs. Cela permet de donner une n-ième vie à ce monument historique !
L’activité de la corderie entraine le développement de la ville de Rochefort, qui est surtout connue pour une autre raison.
Le lieu de tournage des demoiselles de Rochefort
Et oui, bon coup de publicité pour la ville qui voit son nom dans le titre du film. Au moins c’est clair. Alors, je n’ai jamais vraiment regardé le film mais rien que d’écrire à son propos me remet dans la tête cette insupportable chanson qui y restera gravée pour la journée telle le single stupide de René la taupe. Oh et m…. Vite, je vais chercher une bonne playlist à écouter.
En tout cas, la ville a été repeinte à l’occasion de ce film, et ce qui va nous intéresser ici, c’est le pont transbordeur du Martrou. C’est par ce pont qu’arrivent la troupe de danseurs d’ailleurs. Vous avez bien vu le film, non ? Si oui, vous avez la chanson dans la tête en cet instant. Donc revenons au pont du Martrou. Vous vous demandez peut-être pourquoi on fait un paragraphe sur un pont. Et bien parce-que c’est l’un des 8 ponts transbordeurs encore en usage aujourd’hui. Enfin en ce moment, il est en rénovation !
Il est construit entre 1890 et 1900 et permet de relier les deux rives en 75 secondes. Culminant à 50 mètres, il permet de passages des navires. C’est sûrement pour cela qu’on l’a construit lui, et pas un pont classique. Je vous avoue que je me suis longtemps posé la question et que cela a été ma première préoccupation de la visite !
Conclusion
La Rochelle est une destination touristique très sympathique, de par son histoire, marquée par les guerres de religion et le protestantisme, mais aussi son port, ses musées et la proximité de l’île de Ré. On appréciera cette dernière pour son cadre féérique, permettant de se déconnecter de la métropole l’espace d’un instant, et on aimera la traverser en vélo à la recherche d’un petit coin tranquille entre deux marais salants.