Visiter Missour et ses alentours
Après six mois à Missour, il était inévitable que je publie un article sur cette ville. Et aussi sur les environs, sinon l’article risque d’être un peu court.
Histoire de la région de Missour
Missour est une petite ville de plus de 21000 habitants (20978 habitants en 2004). Etant donné que Missour se trouve au Maroc, son histoire est liée à celle de ce pays que vous pouvez découvrir sur mon article à ce sujet. Oui, je n’ai rien d’autre à en dire ! Il y a des lieux où il ne se passe rien… Mais ne partez pas, pour me faire pardonner voici quelques images dans le thème.
Missour et les outardes
Les douars
En route vers l’oliveraie près de Missour
Les alentours de Missour sont composés de plusieurs douars. Ce sont des petits villages de parfois seulement quelques maisons qui regroupent des agriculteurs ou des éleveurs. La région étant montagneuse et le sol assez caillouteux, il n’y a pas de grandes cultures. Les gens vivent de l’élevage de moutons et de dromadaires, ainsi que des plantations d’oliviers qui se situent au sud de la ville. En effet, Missour est implantée non loin du fleuve Moulouya. Ce fleuve parcours la Maroc depuis la frontière entre le Moyen et le haut Atlas jusqu’à son embouchure à l’extrême nord-est du Maroc. Tout autour, les habitants ont planté une grande oliveraie. C’est là que se situent les principaux douars.
Le déconfinement à peine annoncé, je me suis rendu à pieds dans l’oliveraie. Elle serait située à une heure de marche. J’avais prévu de partir à huit heures du matin, mais c’était sans compter sur le gardien du centre qui, me voyant passer, m’invite à boire le thé. Après avoir fait connaissance et discuté un petit moment, je me suis lancé dans la petite randonnée pour me rendre dans l’oliveraie. Une heure de trajet, peut-être en suivant les pistes, mais j’ai préféré aller toujours tout droit. Résultat : deux heures de trajet durant laquelle ma peau a tourné au rouge écarlate. Le trajet était un peu frustrant, à chaque fois, j’espérais voir les oliviers derrière la colline, mais il n’y avait que des cailloux et un paysage désertique. Ce schéma se répétant bien quatre ou cinq fois, mais permettant d’admirer le paysage sur les environs.
Sur les rebords de l’oued, j’ai constaté quelques traces de pas. Je ne suis donc pas le seul à arpenter ces terres arides. Cependant, je n’ai croisé personne durant cette matinée. Je me plaisais néanmoins à essayer de deviner combien de personnes étaient passées par ici…
Se promener dans l’oliveraie près de Missour
Au bout de deux heures de marche, j’étais enfin à l’ombre ! Sous les oliviers, il y a plusieurs propriétés, entourées de murs en terre, la même terre marron-orangée dont sont faites les maisons traditionnelles de la région, ainsi que les kasbahs (nous y reviendrons). Sur la plupart des chemins, il est possible d’observer un système d’irrigation qui répartit l’eau sur les différentes parcelles. Amateurs d’oiseaux, ouvrez les yeux : plusieurs espèces se cachent ici.
J’arrive ensuite dans un village traversé par une route. Il y en a plusieurs dans l’oliveraie, et ils passeraient inaperçus de loin sans le minaret de la mosquée qui jaillit vers le ciel. Ils regroupent une grande partie des habitations.
Néanmoins, il y a toujours quelques maisons un peu plus loin sous les arbres. Dans un premier temps, je ne vois personne. Puis j’aperçois quelques enfants en train de jouer sous les arbres.
Je finis par rencontrer quelques habitants parcourant les chemins de l’oliveraie. Tout d’abord, un monsieur sur son âne qui transporte des branches. Malheureusement, je ne comprends rien au darija, ce qui ne l’empêche pas d’avoir l’air motivé pour communiquer. Un peu plus loin, un jeune doit comprendre un tout petit peu le français et finit par m’orienter vers une troisième personne, un homme et son fils, qui comprend le français. Ce dernier m’invite chez lui. Pendant un après-midi, j’ai l’occasion de profiter de l’hospitalité marocaine.
Quelques éléments sur la vie dans ces douars
Nous allons ensuite nous promener, et au détour de conversations sur tout et n’importe quoi, j’en apprends un peu plus sur la vie ici. Tout d’abord, il faut savoir que tous les habitants des douars ne travaillent pas tous dans l’oliveraie. En effet, le centre ECWP (Emirate Center for Wildlife Propagation) emploie un grand nombre d’habitants de ces douars. Les autres sont affairés à la récolte des olives et autres arbres fruitiers. Il y a par exemple des abricotiers, mais avec le Covid-19, les acheteurs n’envoient pas de camions pour chercher les récoltes. Les abricots tombent donc des arbres, personne ne les récoltant puisque la vente est impossible.
Quelques chiffres sur les olives : avec un rendement de 3T d’olives par hectare, on arrive à un total de 7500 tonnes d’olives produites à Missour, et 42 900 tonnes dans la province de Boulemane.
Habitant ici depuis de nombreuses années, il témoigne du mouvement des gens vers les villes. Alors qu’il y avait 1100 personnes au douar Ouled Bouzazia en 1994, il n’y en avait plus que 700 en 2004. Les habitants partent en ville, à Missour ou alors plus loin, à Fès par exemple. Si les villes permettent très certainement d’être mieux connectés au monde moderne, les maisons sous les oliviers semblent mieux adaptées au réchauffement climatique ! Un repas sous les arbres, c’est quand même mieux que sur les cailloux en plein soleil ! Et ce n’est pas moi et ma peau rouge qui dirai le contraire…
La ville de Missour
Missour est une petite ville qui comptait tout de même presque 21 000 habitants en 2004. Il y a deux employeurs principaux : l’armée et l’ECWP. Ils ont permis aux gens venant des douars de construire petit à petit une ville. Des services se sont progressivement développés : magasins, coiffeurs, pharmacies, écoles… La ville n’est donc pas dotée d’un centre-ville historique. Pas de palais royal, pas de médina, ce qui ne l’empêche pas d’avoir trois hôtels, bientôt un quatrième entre la route et l’oliveraie. Missour est en effet située sur un passage entre les plages du nord du Maroc et le sud où on peut voir les dunes de Merzouga, les kasbahs du sud du pays… Certains touristes s’y arrêtent en chemin pour étaler le trajet sur deux jours. Au vu de la conduite sur les routes du pays, nous ne pouvons que recommander la plus grande prudence au volant…
Les immeubles de Missour sont différents de ce qu’on trouve en France. En France, l’immeuble est plus grand et loge plusieurs familles. Ici, certains immeubles que j’ai visités servaient en fait à une seule famille. Simplement, plusieurs générations de la famille y vivent.
Enfin, les personnes travaillant sur le centre depuis longtemps m’ont témoigné de l’évolution de la ville sur les dix dernières années, avec par exemple la démocratisation des voitures. Le développement de la ville est concomitant avec le développement de la principale activité, exercée au centre : la protection de l’outarde houbara.
La protection de l’outarde houbara
Présentation de l’outarde houbara
L’outarde houbara est un oiseau de 60 cm pouvant atteindre une envergure de 170 cm. Il existe deux espèces : l’outarde houbara africaine (chlamydotis undulata) et l’outarde houbara asiatique (chlamydotis macqueenii). La première espèce se trouve en Afrique du Nord, tandis que la deuxième se trouve en Asie et effectue une migration, plus précisément des pays à l’est de la mer Caspienne jusqu’à la Mongolie, ainsi qu’au sud de cette même mer, en Iran ou dans la péninsule arabique. Très prisées par les fauconniers arabes (la fauconnerie étant une grande tradition dans la région), elles se sont retrouvées en danger d’extinction.
J’ai eu l’occasion de voir des outardes houbara sauvages en allant sur le terrain, mais aussi en me promenant.
Je suis passé à 10 cm de cette outarde. Mais je regardais ailleurs, et je ne l’avais pas du tout remarquée. J’aurais pu continuer mon chemin sans jamais la voir si mes collègues, marchant derrière moi, ne l’avaient pas vue. Ils ont attendu que je parcours quelques mètre en se demandant si j’allais la remarquer. La présence d’un aigle dans le ciel explique sans doute le fait qu’elle ait préféré restée cachée malgré mon approche. Et visiblement, c’était la bonne stratégie !
Il suffit de la quitter du regard pour la perdre de vue.
Lors de la période d’accouplement, le mâle effectue des parades pour attirer les femelles. Il se place alors sur un point surélevé et commence à courir en sortant les plumes noires et blanc situées en bas de son cou.
Pour la petite anecdote, j’ai visionné une vidéo sur laquelle une aile d’une fausse femelle se détache de son corps. Cela n’a pas empêché le mâle de revenir. Il y sera allé trois fois. Une matinée de perdue pour lui !
Un projet de préservation de l’outarde houbara
Le programme dont fait partie d’ECWP (financé par les Emirats Arabes Unis) a pour but de renforcer les populations d’outardes tout en maintenant la chasse par les fauconniers. On estime que les deux tiers des oiseaux relâchés ne se font pas chassés. Ils contribuent ainsi pleinement à repeupler les zones faisant partie de l’aire de répartition des outardes houbara. L’un des enjeux pour le centre étant de relâcher des oiseaux pour la chasse, afin que ce soit les oiseaux relâchés qui soient chassés, et non des oiseaux sauvages ou bien réadaptés au milieu sauvage.
Le programme de conservation des émiratis vise également à mieux comprendre l’espèce. Il investit ainsi dans la recherche en équipant les oiseaux d’émetteurs afin de pouvoir suivre leurs déplacements dans leur milieu naturel. Les capteurs sont attachés sur tous les oiseaux relâchés, mais aussi sur des oiseaux sauvages. Ces derniers sont capturés après avoir été attirés par une femelle factice comme sur la photo précédente. Il y a également des études sur la nourriture des outardes houbara, qui a amené une équipe à constituer un herbier des plantes de la région, et une autre à étudier avec précision les insectes et arthropodes dont les outardes se nourrissent.
Enfin, le centre assure également la production de la nourriture des oiseaux quand il s’agit des insectes. Pour terminer sur quelques chiffres, ce sont en 2020, 20 000 oiseaux qui sont nés dans le centre.
Que faire près de Missour ?
Randonnées dans la région de Missour
Sur la route d’Enjil
Quelques endroits à voir
Pas grand chose à dire à propos de la route vers Enjil, situé à une heure de Missour. Néanmoins, on profite de superbes paysages. A un quart d’heure de la ville, on trouve sur la droite un ancien fort datant de l’époque coloniale. Surplombant la vallée, il n’en reste plus grand-chose aujourd’hui. D’ailleurs, en parlant de ce fort datant de l’époque coloniale, ça me donne envie de détailler un peu plus cette période. Et comme la partie historique n’était pas très remplie, une petite partie bonus arrive bientôt.
Non loin de là, il y a une petite promenade sympathique à faire, menant à un petit village et un oued dans un canyon, formant par endroit des petites cascades. Le plus impressionnant reste le fait que nul ne soupçonnerait sa présence depuis la route !
En chemin vers Enjil, on ne se lasse pas des paysages dignes de westerns qui défilent sous nos yeux. Enjil en lui-même n’est qu’un petit village berbère entouré de son mur d’enceinte.
Bonus : l’histoire coloniale du Maroc
Les prémices de la colonisation
Les projets de conquêtes des européens au Maroc ne datent pas du XIXe siècle, comme on pourrait le penser. En effet, comme on l’a vu dans la partie historique de l’article sur Meknès, les espagnols et les portugais mènent une sorte d’extension de la Reconquista en attaquant le Maroc au début du XVIe siècle. Ils sont définitivement battus lors de la bataille des Trois Rois en 1578, opposant les portugais aidés d’un sultan marocain déchu contre le nouveau sultan saadien. Durant cette période, le Maroc s’érige comme un état puissant. Cependant, au XVIIIe siècle, le Maroc entre dans une période de déclin. La piraterie des corsaires barbaresques établis dans le port de Rabat entraîne une grave crise qui servira de prétexte à la propagande pro-coloniale.
L’entrée des européens dans les affaires marocaines
Cette colonisation sera lente et commence avec des accords avec le Portugal en 1823 et d’autres pays européens comme la France ou l’Angleterre dans les années suivantes. Le XIXe siècle est aussi le siècle du développement des sciences en tout genre (dont l’ethnologie) et des missions d’explorations. Elles fournissent aux pays européens (les futurs colonisateurs) une grande base de connaissance pour les expéditions futures, aussi bien sur la géographie que le mode de vie des habitants des pays conquis, leur organisation sociale… C’était l’époque où les occidentaux se renseignaient intelligemment avant de partir faire la guerre. C’est aussi celle pendant laquelle ils les remportaient encore. Obtenant d’abord la neutralité marocaine vis-à-vis de la conquête de l’Algérie en 1830, la France lorgne ensuite sur le Maroc, l’un des derniers pays non colonisés d’Afrique.
Le début de la conquête du Maroc
Le soutien marocain à Abd el-Kader en Algérie, qui lutte contre la colonisation française, fournit un prétexte pour envoyer une expédition punitive qui donnera lieu au bombardement de Tanger et à l’occupation d’Essaouira en 1844. Dans l’est du pays, les marocains sont vaincus lors de la bataille d’Isly. Le Maroc reconnait ainsi la colonisation de l’Algérie et stoppe son soutien officiel à Abd el-Kader. En 1905, la conférence d’Algésiras place le Maroc sous observation internationale. Petit à petit, les pays européens avancent leurs pièces : droit de regard sur les affaires marocaines pour l’Allemagne, la France et l’Espagne. Ces derniers ayant en plus des droits spéciaux de police et de banque.
Rivalités européennes et mise en place du protectorat avec le Traité de Fès
Le coup fatal est porté en 1911, le sultan Moulay Hafid est assiégé par des tribus berbères rebelles. Il fait appel à la France pour briser l’encerclement. Si la nouvelle Entente cordiale entre les l’Angleterre et la France garantit que les premiers ne s’opposeront pas à la colonisation du Maroc par la France, les allemands, qui avaient déjà mené le « coup de Tanger », durant lequel l’empereur Guillaume II débarque à Tanger, réagissent. Ils mènent cette fois-ci le « coup d’Agadir », durant lequel des canonnières sont envoyés dans cette ville. Cependant, les anglais, en rivalité avec l’Allemagne sur des questions militaires, notamment la marine, soutiennent pleinement les aspirations françaises. La France et l’Allemagne sont au bord de la guerre. Finalement, la diplomatie prévaut et l’Allemagne se retire en échange de territoires agrandissant le Cameroun allemand.
Après ce petit aparté, retournons au Maroc où le traité de Fès instaure le protectorat en 1912. Le Maroc est en fait partagé entre l’Espagne et la France. Les premiers obtiennent le sud du pays et le rif (l’extrême nord) tandis que les français ont le reste. La résistance marocaine commence dès la signature du traité. Cependant, n’étant pas encore dotée de vision unifiée, elle échoue dans un premier temps. En effet, les habitants sont d’abords attachés à leur région, ce qui freine le sentiment national et divise les acteurs de la lutte anticoloniale.
La période coloniale
Le maréchal Lyautey est chargé d’administrer le pays. Pour la petite anecdote, c’est lui qui est à l’origine de l’interdiction de l’entrée dans les mosquées par les non-musulmans, voulant ainsi éviter des heurts entre les colons et les marocains. Commencée dès 1912, la période de « pacification » du Maroc prend fin en 1934. Il aura ainsi fallu de nombreuses années aux français pour venir à bout de la résistance marocaine qui infligera à la France ce qui est la pire défaite des guerres coloniales : la bataille d’Elhri.
C’est aussi le cas pour les espagnols, confrontés à la Guerre du Rif de 1921 à 1926. Un dénommé Abd el-Krim unit la guérilla dans la région du Rif. Il réussit plusieurs coups de force comme la bataille d’Anoual, qu’il remporte. Il fonde la République du Rif. L’application de la charia, qui interdit les affrontements entre les différentes tribus, se révèle d’une grande importance pour dépasser les logiques claniques. En attaquant les zones françaises en 1924, Abd el-Krim provoque l’entrée en guerre de la France aux côtés de l’Espagne. L’enjeu est d’éviter que les troubles ne s’étendent dans tout le pays. Ils finissent par capturer Abd el-Krim et mettre fin à l’insurrection.
La fin de la période coloniale
Bien qu’Abd el-Krim ait été contraint à la reddition, sa résistance aura sans doute inspiré les futurs mouvements nationalistes. Parmi eux, le parti Istiqlal, qui rédige le Manifeste de l’Indépendance en 1944. Le début de l’insurrection algérienne, qui mènera à la guerre d’Algérie, pousse la France à trouver rapidement un compromis au Maroc. L’indépendance est négociée et le roi Mohammed V revient au pays, après son exil à Madagascar pour avoir signé le Manifeste de l’Indépendance en 1944. La colonisation prend pleinement fin en 1975, date à laquelle le Sahara occidental devient indépendant de l’Espagne. La zone est d’ailleurs toujours contestée, revendiquée par le Maroc mais ayant des visées indépendantistes.
Lamjalil
Bon, en fait, ce n’est pas un truc à visiter, puisqu’il s’agit d’un ancien centre rattaché à l’ECWP. Si je place ça là, c’est plutôt pour parler de l’oued qui se trouve juste à côté.
Un oued est une rivière ou un fleuve, généralement situé en Afrique du Nord, qui est le plus souvent à sec mais qui peut se remplir lors de fortes crues. Mais la plupart du temps, ils ne sont remplis que de cailloux ayant étés charriés par le courant lors des printemps précédents. Celui proche de Lamjalil abrite une flore diverse et semble un petit paradis dans ce paysage constitué exclusivement de cailloux.
Le centre de Lamjalil est un exemple frappant du surpâturage, qui constitue un grand problème pour la région. En effet, l’immense clôture a un temps préservé la flore du centre, permettant des études botaniques pour la préservation des outardes houbara. Mais depuis qu’il ne s’y passe plus grand-chose et que la clôture a été ouverte à certains endroits, le site est de nouveau pâturé. Il n’y a ainsi plus de différence entre l’intérieur et l’extérieur de l’enceinte. Seule l’accès difficile préserve la végétation de l’oued proche du site.
Mais il ne faut pas oublier que d’un autre côté, les animaux représentent une source de revenus importante pour des populations qui vivent dans ces zones désertiques où l’élevage est la seule activité possible !
Ouled Ali
Ouled Ali est un petit village à 70 km environ au nord de Missour.
Ça avait l’air sympa, mais je n’ai pas eu l’occasion de le visiter. Vous découvrirez la raison pour laquelle j’ai manqué de temps pour visiter Ouled Ali dans un prochain article !
La cascade de Imouzzer Marmoucha
La cascade de Imouzzer Marmoucha se trouve à 70 km au Nord de Missour, quand on part vers Almis. C’est un bon site pour faire des randonnées tout autour. Je ne me suis pas éloigné et me suis contenté d’une petite promenade en longeant le petit ruisseau qui découle de la grande cascade. Ce passage d’eau a permis l’exploitation de cultures maraichères (pommes, pèches, cerises…). Tout comme pour les douars près de Missour, les oueds permettent l’agriculture dans ces régions arides qui n’y sont vraiment pas propices autrement.
Faire un tour à Almis
Présentation du village d’Almis
Almis est un petit village berbère situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Missour. Les villageois y pratiquent l’agriculture, d’une façon qui n’a rien à voir avec la France. En effet, ici, il n’y a pas d’immenses champs de blé, et pour cause : les récoltes se font à la main (à l’aide d’outils tout de même). Ainsi, quand j’y suis passé, plusieurs familles récoltaient des céréales sous le soleil de plomb, toujours présent en ce début d’été.
Le village est doté d’une petite kasbah. Une kasbah est une maison fortifiée, voire un château, souvent à quatre murs et quatre tours. Elle abrite la demeure d’une puissante famille d’un village. Elle peut aussi servir à stocker les récoltes et les possessions importantes des villageois. Il y en a beaucoup dans le sud du pays. Malheureusement, elles nécessitent un important entretien. Le départ des jeunes vers les villes a provoqué la dégradation de nombreuses kasbahs, qui ne peuvent être restaurées par les seuls membres de la famille à être restés au village.
Quelques mots sur les berbères
Alors que Missour est une ville arabe, Almis, tout comme Enjil ou Imouzzer Marmoucha, est une ville berbère. Bien qu’il y ait eu plusieurs dynasties berbères qui ont régné sur le Maroc (comme expliqué dans le premier article concernant ce pays), ces derniers ont progressivement été repoussés dans les montagnes par les Arabes, arrivés au Maroc au début du VIIIe siècle. Depuis, certains gardent encore un sentiment un peu vivace contre leurs envahisseurs.
D’autant plus que ces rivalités ont été exacerbées durant l’époque coloniale. Le pacha de Marrakech, une ville arabe, nommé par la France, fut le berbère Thami el Glaoui. Mais cette nomination révèle aussi les divisions parmi les berbères qui sont impliqués dans la plupart des grandes révoltes contre l’occupation française, tandis que Thami el Glaoui soutient ces derniers et ira même jusqu’à s’investir dans le complot visant à destituer le futur Mohammed V.
Enfin, la langue berbère n’est reconnue comme langue officielle au Maroc que depuis 2011. On en voit désormais l’écriture dans les bâtiments officiels, les pancartes étant écrites dans les deux langues par exemple. Mais pas encore dans les documents officiels. Les écoles enseignent le berbère tamazight depuis 2012.
Conclusion sur six mois à Missour
Même si, comme vous avez pu le voir, Missour n’est pas le lieu incontournable du tourisme marocain j’ai apprécié mon temps passé là-bas. La première raison étant le calme incontestable des lieux. La deuxième étant d’avoir pu un peu découvrir la vie des populations locales. Malheureusement, le confinement a fortement perturbé la découverte de de coin du Maroc, comme du reste…
Pour finir, je vous partage une vidéo promotionnelle sur Missour. Pour ceux qui ne l’ont pas encore mise sur leur liste des prochaines destinations de vacances. Voyez cette vidéo.