Se perdre dans les magnifiques vallées du Dadès et du Todra
Après les nombreuses kasbahs de l’article précédent, nous continuons notre visite de la vallée des mille kasbahs en découvrant cette fois deux éléments naturels : les gorges du Dadès et les gorges du Todra. Bien sûr, nous verrons aussi des kasbahs et nous nous intéresserons à l’environnement dans lequel ces deux merveilles de la nature se trouvent : palmeraie, montagne, ainsi qu’à la vie des habitants dans ces lieux. J’avais initialement prévu de parler de la vallée du Dadès dans l’article précédent, mais j’ai finalement trouvé plus judicieux de rassembler les deux vallées ensemble, et tant pis si le prochain article est plus court. En attendant, nous avons beaucoup de choses à découvrir !
La vallée du Dadès
Le bus pour Boumalne Dadès part de Skoura tôt le matin, à neuf heures. J’ai failli le rater ! Il y a quelques hôtels en ville, mais je vous conseille de choisir un hôtel dans les gorges du Dadès. Il y en a de nombreux à partir de 15-20 kilomètres de Boumalne Dadès.
La vallée du Dadès est parcourue par un oued, l’oued Dadès, d’où la présence d’une végétation luxuriante et de nombreux arbres. Comme d’habitude, au milieu de ces montagnes désertiques, ça surprend !
Randonner dans la vallée du Dadès
Essais de randonnée dans la vallée du Dadès
A 18 kilomètres au nord de Boumalne Dadès, on trouve devant Aït Arbi une curiosité : les pattes de singe. Nul besoin de rechercher des primates dans les arbres ! Il suffit de regarder la montagne d’en face. Les pattes de singe sont en effet des motifs formés sur la montagne par l’érosion. Ils sont visibles depuis la route sur quelques kilomètres. On dirait vraiment des doigts humains, ou plutôt des doigts de singe !
L’une des activités à faire à Aït Arbi est de randonner dans la montagne, vers ces doigts de singe. C’est ce que je décide de faire lors de mon premier après-midi passé sur place.
Je traverse l’oued sur un pont et marche au milieu des plantations. Les arbres sont en fait des cultures, ils sont en effet plantés en ligne. Je passe près des kasbahs que je voyais depuis la terrasse de l’hôtel. Elles sont en bon état ! Il y a ici aussi de nombreuses kasbahs qui parsèment la vallée. Puis j’arrive devant une paroi avec les fameux doigts de singes. Je m’engage dans un petit canyon, que je parcours jusqu’à ce qu’il s’élargisse. Cependant, c’est un peu bizarre, car il ne ressemble pas du tout à ce que j’ai pu voir lors de la préparation de mon voyage. Ni à la description du gérant de l’hôtel.
A plusieurs reprises, je vois des croix noires sur fond blanc peintes sur un rocher. Peut-être suis-je donc sur la mauvaise voie ? En même temps, il n’y a pas de chemin. Je cherche le canyon, le vrai, jusqu’à ce que je pense le localiser en contrebas. Malheureusement, il est impossible d’y descendre. La nuit commençant à tomber, je rebrousse chemin et retourne à Aït Arbi.
Je rentre tout de même avec de bons souvenirs en tête.
Le lendemain matin, j’y retourne, bien déterminé à trouver l’entrée du canyon ! Je suis aussi motivé par le fait que je dois aller voir les gorges juste après, je ne dois donc pas me perdre !
Randonner dans le petit canyon près d’Aït Arbi
Le canyon où tout le monde va se trouve donc juste à côté de là où j’étais la veille. Pour s’y rendre, il faut donc traverser l’oued, parcourir les plantations puis le village et ses kasbahs. En arrivant au pied de la montagne, il ne faut donc pas partir à gauche, mais aller à droite. On se retrouve sur un chemin sous les arbres avec des plantes de la hauteur d’un petit buisson.
Le chemin tourne à gauche, ce qui permet de contourner la première paroi de la montagne. Derrière celle-ci se cache l’entrée du canyon d’Aït Arbi.
Les parois sont abruptes et bien plus hautes. C’est ce qui permet de reconnaître le vrai canyon. La progression est plus aisée puisque le sol est plat. Mais rapidement, le passage devient plus étroit et les flaques d’eau m’obligent à escalader un peu la paroi.
A certains endroits, des cailloux ont été placés pour faciliter la traversée des flaques. Malgré ces obstacles, il n’y a aucune difficulté dans la progression. Je suis rattrapé par un touriste anglophone et son guide. En l’espace de quelques minutes, ils ne sont plus visibles devant moi ! Je passe sous le rocher devant lequel tous les touristes se photographient. Enfin, plutôt « sous lequel ». C’est bon, je l’ai trouvé !
Il s’agit maintenant de trouver la sortie du canyon. D’après Hassan, le canyon devient vite impraticable et il faut sortir sur la gauche. Une pile de cailloux blancs semble former une espèce d’escalier mais je doute que cela soit la sortie. Je continue jusqu’à ce qu’en effet, je ne puisse pas aller plus loin. Je pensais déjà être arrivé au bout du chemin à un moment, mais en m’accroupissant, j’avais réussi à passer sous le rocher bloquant le passage. En espérant fortement qu’il ne tombe pas à terre ! Mais là, les rochers bloquent complètement la voie. Étant donné les traces au sol, il semblerait que je ne sois pas le seul à faire demi-tour.
Car depuis le début, je regarde un peu les traces au sol pour essayer de voir où est la sortie. Je rebrousse chemin et je remarque une pente accessible sur la paroi de gauche. Je m’y engage et la progression aisée me conduit à penser que je suis dans la bonne direction.
J’entre dans un deuxième canyon. Je pensais que la sortie du premier canyon correspondait à la sortie du canyon tout court ! Toujours est-il qu’il semblerait que des personnes aient parcouru ce canyon avant moi. Je continue donc à avancer. Au bout de ce canyon, il y a une paroi où les cailloux blancs semblent correspondre à un éboulement. Je monte par ici. Je pensais être sorti du canyon, mais cette montée est suivie par une descente, elle-même suivie par une montée plus longue que la première. Mais une fois en haut de cette deuxième pente, je suis bel et bien sorti du canyon.
J’entame le trajet retour, qui se fait sur une piste et un terrain un peu accidenté, mais surtout en descente vers la fin. Je rentre à l’hôtel après un peu moins de trois heures de randonnée (9h45-12h35).
Je suis donc à l’heure pour partir visiter les gorges du Dadès !
Découvrir les gorges du Dadès
Les gorges du Dadès s’étendent sur 60 km de Boumalne-Dadès à M’semrir. Mais ce que j’appelle les « gorges du Dadès », c’est particulièrement ce petit passage à un peu plus de 30 km de Boumalne Dadès.
Depuis l’hôtel, il faut trouver un taxi en direction du nord et lui demander de nous déposer devant l’hôtel « berbère de la montagne ». Autrement dit, peu après la borne indiquant Tilmi à 46 km. Depuis cet hôtel, il faut maintenant rebrousser chemin et admirer le paysage ! L’inconvénient de cela, c’est que l’on voit déjà tout lors de l’aller en taxi, mais il reste toujours le retour pour bien en profiter !
Quatre kilomètres suffisent pour voir le principal, mais rien ne vous empêche d’en faire plus, ou de vous faire déposer plus au nord que l’hôtel « berbère de la montagne ». La route jusqu’à M’semrir est longue, et magnifique tout du long.
En tout cas, les gorges du Dadès commencent directement par du lourd ! Je parcours une route encadrée par deux murs de pierre montant la garde. Entre eux, il y a juste la place pour l’oued, à droite, et la route. Si d’habitude, les oueds serpentent dans les montagnes en les teintant de vert, l’oued Dadès a ici décidé qu’il casserait la montagne en deux.
Rapidement, le paysage s’ouvre et les parois ne sont plus aussi verticales. Le paysage est tout autant magnifique ! Et il le serait sûrement encore plus avec un peu de lumière. En effet, il pleut… presque. J’échappe à une vraie averse. Heureusement, sinon ça me serait un peu resté en travers de la gorge.
De nombreux hôtels parsèment le bord de route. Chacun souhaite avoir la plus belle vue. Mais en plus de voir, certains bâtiments veulent être vus ! Au détriment du paysage… Nous l’avons vu à Skoura, le ministère de l’environnement marocain ne semble pas disposer d’un service paysage.
De l’autre côté de l’oued, il y a quelques maisons isolées dont certaines semblent être des habitats troglodytes.
Il y a quelques cultures mais je doute qu’elles puissent nourrir ces quelques familles toute l’année… Il n’y a que deux-trois champs devant les maisons, et quelques arbres tout le long de l’oued. Le gros des cultures se trouve plus bas dans la vallée.
Des vallées séparent parfois les montagnes. L’une d’elle permet de rejoindre Kelaa M’Gouna. Avis aux amateurs de randonnée !
Il est possible de passer une nuit avec les nomades vivant dans les habitats troglodytes. Demandez des précisions à votre hôtel !
Ces habitats servent d’étapes aux nomades vivant dans les montagnes entre les pâturages du Haut-Atlas où ils passent l’été et le djebel Saghro, où ils passent l’hiver.
J’arrive ensuite en haut de la portion de route en lacets, un segment emblématique de la route passant dans les gorges du Dadès. Un hôtel restaurant a élu domicile au sommet. Il est possible de manger ou de simplement boire un verre sur la terrasse. Cependant, on y paie la vue : l’eau est par exemple deux fois plus chère que d’habitude. Après ce rafraîchissement, je décide de descendre la route en lacets pour prendre des photos d’en bas, bien que j’aurais trouvé un taxi pour rentrer à Aït Arbi devant l’hôtel. C’est en fait une double mauvaise idée. Déjà, parce que les photos d’en bas n’ont aucun intérêt, ensuite parce que je ne trouve aucun taxi en direction d’Aït Arbi.
J’arrive dans un village et demande s’il y a des taxis. Certains taxis venant de Boumalne-Dadès font demi-tour ici. Ça expliquerait pourquoi je n’en ai pas trouvé jusque là. Un homme à qui je pose la question discute un peu avec moi, alors que je m’arrête pour m’abriter de la pluie. Il a de la famille à Rouen et a déjà visité la France à deux reprises. Il gère un hôtel dans la vallée. Comme tous les hôteliers, il a durement été touché par la crise du Covid-19 et constate la lente reprise de l’activité.
Ma longue attente d’un taxi me permet au moins de profiter de la vallée du Dadès, puisque je marche en direction d’Aït Arbi. Je m’arrête faire quelques passes avec des enfants jouant avec un ballon. Loin du tumulte des villes, nous sommes ici comme coupés du monde et des problèmes. Il est en effet difficile d’imaginer le reste du monde quand on se trouve dans ces montagnes, et nos soucis semblent être emportés par le courant de l’oued qui court, jusqu’à Ouarzazate, et plus loin encore. Est-ce que ces enfants, quand ils grandiront, se diront la même chose ?
Le jeune gardien de chèvres paraît le plus libre de la vallée. Du haut des montagnes, il semble prêt à parcourir le désert, à sortir de la vallée pour parcourir le pays, comme le Dadès. Mais n’est-il pas encore plus isolé du monde, avec ses chèvres, et loin de cette route qui, finalement, est le seul moyen de sortir rapidement de cette vallée ? Quant à moi, je dois avouer que j’aimerais y rester ! Non que j’aie des problèmes chez moi, mais il n’empêche, on est bien tranquille dans ces montagnes !
Tranquille, ce n’est pas l’adjectif qui pourrait décrire mon retour à Aït Arbi. Je finis par trouver un conducteur qui me prend en auto-stop après plus d’une heure d’attente sans avoir vu un seul taxi. Le conducteur consacre trois places de sa voiture pour l’auto-stop. Il ne pourrait plus prendre le volant s’il croisait un policier sur les routes françaises. Je ne sais pas ce qui est le pire, rouler à 100 km/h dans un village ou rouler à « seulement » 80 km/h à contre-sens et avec quelques mètres de visibilité. Je vous laisse choisir…
Le soir, un groupe de touristes brésiliens arrive. Ils avaient réservé toutes les chambres de l’hôtel ! Heureusement, il reste une petite chambre de libre. Ils partiront aussi vite qu’ils sont arrivés à six heures du matin. Personnellement, après deux jours passés ici, je n’ai plus l’énergie. Elle est partie avec l’oued Dadès, en direction de Ouarzazate ! A moins que ce ne soit ces longues heures de marche, il faut dire que dans les bureaux parisiens, on ne marche pas beaucoup.
Des gorges et des kasbahs : visiter Tinghir
Rejoindre Tinghir depuis Boumalne Dadès
Le trajet en grand taxi dure un peu moins d’une heure et coûte 25 dirhams. Le paysage est d’abord totalement désertique, avec des montagnes au loin des deux côtés. Puis on entre progressivement dans une vallée arborée dans laquelle on voit des kasbahs entre les arbres et les habitations.
Découvrir les gorges du Todra
La route au nord de Tinghir commence par traverser un désert où il n’y a que peu de verdure. Puis une grande montée permet d’atteindre un panorama sur toute la vallée. Au beau milieu du désert, une grande palmeraie a poussé. Au bord de la route, un oued descend dans la vallée. Il n’est pas très grand, contrairement à la palmeraie. Et contrairement aux gorges qu’il a creusées à travers la montagne.
Au quatorzième kilomètre, l’oued est encadré par des parois hautes de 300 mètres. Les gorges du Todra méritent ainsi leur surnom de « grand canyon du Maroc », même si elles s’étendent sur seulement 800 mètres environ (contre 450 km pour le Grand Canyon aux Etats-Unis !). Elles sont ainsi bien plus impressionnantes que les gorges du Dadès. Elles sont devenues le principal site touristique de la région de Tinghir. Les cars de touristes sont nombreux à s’arrêter juste avant l’entrée des gorges, tout comme les marchands de tapis qui les attendent avec leurs marchandises posées contre la paroi de la montagne. Il y a même un hôtel construit au milieu des gorges ! Il est possible de se restaurer dans l’un des hôtels avant celles-ci, pour un prix supérieur à ceux pratiqués habituellement. On paie le cadre du repas ! Je n’ai mangé qu’un sandwich, je commençais à en avoir marre, des tajines !
Pour profiter au mieux des gorges du Todra, il vaut mieux arriver tôt. Il suffit de passer la nuit dans un des nombreux hôtels situés à quelques centaines de mètres des gorges.
Les amateurs d’escalade trouveront ici leur bonheur. En effet, il y a de nombreux parcours dans les gorges. Pour ma part, je passe mon tour ! J’avoue ne pas être très à l’aise avec l’idée de me retrouver suspendu dans le vide, alors je me contente de tout regarder depuis la route.
Randonner près des gorges du Todra
Après les gorges, un sentier part sur la gauche et doit mener à la palmeraie, non loin de l’hôtel où je séjourne, à 400 mètres des gorges du Todra. Le paysage est là aussi à couper le souffle, mais une grande maison a été construite en plein milieu du panorama… Peut-être un futur hôtel ? La randonnée suit une piste de nomade. D’ailleurs, un couple de nomades progresse sur le chemin avec trois ânes. Il semblerait qu’ils y passent souvent, eux ou d’autres, car le chemin est bien tracé. A certains endroits, il y a même des petits murets en pierre qui marquent le chemin, sûrement pour inciter les ânes à ne pas en sortir.
Je continue ma route et arrive à un premier plateau, qui offre des panoramas à ne pas rater ! Une piste part sur la droite, tandis qu’un deuxième plateau se trouve plus haut, à gauche. Je décide de monter voir le paysage de là-haut.
Ne pas reproduire ce qui suit !
Le sentier allant à droite semble s’éloigner de la route. Je doute donc que ce soit la bonne direction. Une fois sur le deuxième plateau, je continue tout droit. La promenade est plus longue que prévu. Je passe devant une tente inoccupée : les nomades sont sûrement avec les troupeaux à cette heure-là. Puis, devant une petite cavité dans la roche et des murets délimitant ce qui est certainement des enclos pour les chèvres. Je suis toujours loin de la route et la nuit commence à tomber… Petit à petit, les lumières des maisons s’allument et j’aperçois au loin un village avec de nombreuses lumières. Cependant, la route se trouve à gauche, c’est donc par-là que je vais. Il faut faire plusieurs montées et descentes pour arriver en vue de la route.
Problème : elle se trouve à plusieurs centaines de mètres en contrebas. Deuxième problème : s’il commençait à faire nuit tout à l’heure, il fait maintenant vraiment nuit. Ne voulant pas dormir dans la montagne, je commence la descente avec l’éclairage de la lampe torche de mon téléphone. Il est clair qu’il faut redoubler de prudence. Je ne descends jamais une portion de montagne que je ne suis pas certain de pouvoir remonter facilement. Heureusement, la descente n’est pas trop pentue. Au bout d’une heure, je finis par voir une antenne téléphonique. Et plus loin, je vois un premier palmier. Je suis donc sorti de la montagne ! C’est un grand soulagement. Sauf que le palmier est entouré de buissons infranchissables. Un petit passage accolé à un muret en pisé permet de rejoindre les champs, puis enfin la route.
J’arrive devant un hôtel. En le localisant, je me rends compte qu’il se trouve à un peu plus de 3 km de mon hôtel, qui lui-même était censé être proche du point d’arrivée de la randonnée.
Mais alors, quel était le bon chemin ?
Si on revient au premier plateau, il y avait un chemin qui allait à droite, dont j’ai parlé, et qui semblait s’éloigner de la route. Il ne faut pas le prendre, mais plutôt tourner à gauche. Et si vous allez en haut du deuxième plateau, il ne faut pas continuer tout droit après avoir vu la tente du nomade sur la gauche. Alors oui, le nomade aura peut-être déplacé sa tente quand vous irez faire cette randonnée, mais plusieurs marocains avec qui j’ai parlé de mes mésaventures s’en sont servi comme point de repère lors de leurs explications. Il semblerait donc qu’elle soit là depuis pas mal de temps !
Si vous n’êtes pas sûr, faîtes demi-tour ! Vous serez ainsi certain de revenir sur la route au niveau des gorges du Todra.
La randonnée dure environ trois heures. Inutile de préciser que ça m’a pris bien plus de temps… Évitez de partir après 15h pour ne pas vous faire surprendre par la tombée de la nuit. En prenant en compte les différences d’heures auxquelles le coucher de soleil peut avoir lieu !
Découvrir la palmeraie de Tinghir et les kasbahs
Le deuxième jour, j’ai prévu de visiter la palmeraie. Surtout, pas de randonnée en montagne ! La palmeraie de Tinghir s’étend sur une douzaine de kilomètres. Suivant l’oued, on dirait une rivière verte s’écoulant à travers le désert. Je longe la route pour me rendre dans le village dans la palmeraie juste après l’hôtel où je loge. Je parcours des petites ruelles sur quelques mètres, les habitations étant majoritairement adjacentes à la route. L’espace autour de l’oued est occupé par les cultures.
Les habitants sont au travail : des hommes récoltent des olives et des femmes font la lessive dans l’oued. Je rencontre une femme qui récolte de la luzerne. Je m’essaie à la tâche. Après tout, j’ai étudié l’agronomie ! Je suis cependant bien moins efficace qu’elle. Et pour cause, je dépose chaque gerbe sur le tas au lieu de les garder en main pour réduire le nombre de déplacements. Elle prévoit de récolter la première parcelle aujourd’hui et de faire la deuxième demain. Elle utilise sa récolte pour les moutons ou une soupe marocaine.
J’entre dans le village qui est en grande partie composé d’habitations en pisé, bien que des constructions plus récentes aient été réalisées en béton. Je me promène dans les petites ruelles jusqu’au sommet de la colline sur laquelle il se trouve. Il n’y a qu’un magasin dans ce village vendant de l’eau et des châles. Ils sont bien moins chers qu’à Aït Ben Haddou. Si vous en cherchez un avant d’aller dans le désert, je vous conseille de l’acheter ici.
Je ressors du village pour rejoindre la route. En contrebas, une femme lave dans l’oued un grand tapis. Plus loin, le marchand du village est en train de couper une espèce de roseau. Les habitants du village s’en servent pour construire le plafond des maisons. Je repasse devant la parcelle où j’avais rencontré la femme récoltant la luzerne. Elle a terminé la première parcelle. Elles ne sontpas très grandes : deux mètres de large et une dizaine de mètres de long.
Bien que je n’aie toujours pas mangé, je prends un taxi en direction de Tinghir. Je descends au niveau du grand virage depuis lequel il y a un immense panorama sur toute la vallée jusqu’à la ville.
L’endroit est envahi par des vendeurs de châles. Ici aussi, les cars de touristes font halte. Il faut dire que ce serait très dommage de rater ce paysage ! Il est plus de 14h, j’aimerais bien trouver un endroit où manger. D’autant plus que je voudrais enchaîner avec la visite des villages en pisé en face, de l’autre côté de la palmeraie. Face à l’absence de restaurants ou de cafés, je descends dans la palmeraie.
Il ne faut que vingt-cinq minutes pour arriver en bas du village en pisé. Il est abandonné et les habitations tombent en ruine. La palmeraie est assez plate et la promenade est très facile, surtout après s’être perdu dans la montagne la veille ! Il ne faut grimper qu’avant le village abandonné. Je longe un mur avec un canal d’irrigation puis j’entre dans le village. Je découvre ce qui semble être la place principale du village, encadrée par ce qui devait être une école ou une salle de prière et par plusieurs habitations.
Je m’y promène un peu et constate l’absence complète d’habitants. L’une des maisons était sans doute celle du caïd local. Elle est plus imposante que les autres, la peinture des murs subsistent, ainsi que le plafond. Pour atteindre la pièce principale, il faut passer dans un couloir relié à d’autres pièces. Avec un peu d’imagination, on verrait presque le village revivre, en essayant d’imaginer la fonction que pouvait avoir chaque pièce. Sur une autre maison en revanche, un mur s’est effondré, laissant voir la taille des pièces. Je quitte le village par le chemin d’où je suis arrivé. Tout en espérant que d’autres murs ne vont pas s’effondrer avant que je parte !
De retour dans la palmeraie, une famille est en train de récolter des dattes. Je parcours de nouveau les petits chemins entourés de murs en pisé. Un enfant me suit pour demander un dirham. Je parcours les champs de luzerne pendant que d’autres personnes récoltent des olives. Le travail se fait par saison, et les différents travailleurs ont d’autres métiers : l’un est maçon et l’autre est professeur. Ils habitent dans le village devant la palmeraie, près de la route.
Je croise également un homme âgé avec qui je discute un peu. Il connaît un peu Paris et me demande où j’habite. Nous discutons également des lieux. Le village abandonné l’est depuis le départ des habitants il y a cinquante ans. Ils ont déménagé dans le nouveau village près de la route. Les parcelles sous les palmiers et oliviers servent à cultiver de la luzerne, du blé ou du maïs. Il se plaît ici car l’endroit est très tranquille, pas comme Paris !
Je rejoins la route et cherche une épicerie pour manger quelque-chose. A 16h, il serait temps ! J’attends ensuite un taxi pour rejoindre l’hôtel. Je n’ai pas plus de chance avec les taxis dans la vallée du Todra que je n’en avais dans la vallée du Dadès… En effet, le seul taxi que je vois allant dans la même direction que moi est plein.
En chemin, j’entre dans un magasin d’équipements d’escalade, tenu par un champion d’escalade au Maroc. Je lui raconte mes mésaventures de la veille et il me montre l’itinéraire à suivre. J’ai l’impression que les différentes sources ne disent pas toujours la même chose. Je passe également devant le chemin pentu de la montagne que j’ai descendue à la fin de la randonnée. Il faut dire que je n’avais pas pris le temps de regarder le paysage quand il a commencé à faire nuit. Et à force de marcher et de ne pas trouver de taxi, j’arrive devant l’hôtel. C’est bon, je suis assuré de ne pas me perdre à nouveau dans la montagne !
Visiter les gorges du Dadès ou les gorges du Todra ?
Quand on part trois semaines, ce que j’ai fait, on ne manque pas de temps. Cette question ne se pose donc pas. Les plus pressés se la poseront peut-être. Je vais donc essayer de lister ici les pours et les contres.
Choisir les gorges du Todra
Les gorges du Todra sont plus impressionnantes que celles du Dadès, car elles sont bien plus grandes. Ce n’est pas pour rien si elles sont plus renommées. De plus, une grande palmeraie se trouve près des gorges du Todra, contrairement aux gorges du Dadès. Il est donc possible de visiter une palmeraie en plus des gorges du Todra, ainsi que les anciens villages s’y trouvant. Les meilleurs marcheurs pourront même y aller à pied, une journée suffit pour voir les gorges et la palmeraie. Mais il faudra une journée et demie pour voir des kasbahs plus proches de Tinghir.
Cependant, les gorges du Todra sont plus renommées et donc plus visitées. C’est l’un des sites où j’ai le plus vu le tourisme de masse, phénomène certes moindre que d’habitude en cette période de pandémie, pendant laquelle j’ai effectué mon voyage.
Choisir les gorges du Dadès
Les gorges du Dadès sont plus petites, mais la vallée montagneuse offre des vues splendides. Il y a moins de touristes que dans la vallée du Todra, bien que cela risque de devenir de moins en moins vrai. Bien qu’il n’y ait pas de palmeraie ni d’anciens villages, on trouve de belles kasbahs et il est possible de faire des randonnées dans la montagne.
Cependant, pour voir les sites les plus éloignés tels que la tortue du Dadès, il vous faudra compter sur les taxis ou votre propre véhicule.
Conclusion du comparatif
Finalement, plusieurs facteurs entrent en jeu, et plus que choisir entre les gorges, il faut étudier leur environnement. Vous préférez voir les plus belles gorges ? Visitez celles du Todra. Vous préférez voir un site plus authentique, moins visité par les touristes ? Visitez les gorges du Dadès. Vous avez déjà vu une palmeraie et ça vous a suffi ? Pareil, allez à Dadès. Vous préférez voir une palmeraie ? A Todra. Vous êtes plutôt montagnes ? Dadès, quoique je n’ai pas été voir ce qui se situe plus loin que les gorges du Todra, et ça avait l’air montagneux…
Le mot de la fin
La vallée du Dadès permet de se promener en montagne et de découvrir des paysages somptueux ainsi que des reliefs atypiques. Plus connues, les gorges du Todra sont toutes aussi jolies. Si je ne garde pas forcément de bons souvenirs de la randonnée autour des gorges (sans se perdre, elle est très bien !), je regrette au contraire de ne pas avoir pu passer plus de temps dans la palmeraie à la recherche d’autres villages en pisé et d’autres kasbahs à découvrir.
2 réflexions sur « Se perdre dans les magnifiques vallées du Dadès et du Todra »
MAGNIFIQUE!!!
Merci de nous faire voyager et découvrir de splendides paysages!
Bonne continuation
Avec plaisir !