L’histoire de la Belgique
Avant l’Histoire
Les premières traces de présence humaine en Belgique datent d’environ 800 000 ans. On les a trouvées dans la province de Liège. C’est dans cette même région que les traces de néandertaliens retrouvées sont les plus nombreuses. Au Néolithique, il y a cinq millénaires, des groupes de population arrivent de l’est par le Danube. Cette période est caractérisée par l’exploitation de silex puis par des mégalithes et dolmens.
La Belgique antique
En 500 avant J.-C., les Celtes établis en Belgique commercent avec le monde méditerranéen. Les tribus celtes peuplent alors la Belgique, mais aussi toute la Gaule. Jules César conquiert les régions belges lors de la guerre des Gaules. La province belge couvre alors l’actuelle Belgique, mais aussi les Pays-Bas et le nord de la France. L’Empire Romain apporte au territoire belge une organisation dans l’administration, des voies de communication ainsi qu’une protection contre les peuples germaniques. Cette protection est assurée par les légions romaines, mais aussi par des tribus franques auxiliaires.
La Belgique au Moyen-Âge
Les royaumes et empires francs
Après la période dite des grandes invasions et de la chute de l’Empire Romain d’Occident, la Belgique devient le centre du premier royaume franc, dont Childéric Ier installe la capitale à Tournai. Le centre de gravité du royaume se déplace dans la vallée de la Meuse, alors que Charlemagne s’installe à Aix-la-Chapelle en 796. A la mort de son successeur, Louis le Pieux, qui était en conflit avec ses fils, l’Empire franc est divisé entre les trois fils de ce dernier. La Belgique se retrouve dans le territoire de Lothaire, bornée à l’ouest par l’Escaut et à l’est par le Rhin. Ces deux fleuves constituèrent encore pendant de nombreux siècles des frontières entre la France et le monde germanique.
A la mort de Lothaire, son royaume est de nouveau partagé entre ses fils. Il en a trois, donc trois nouveaux royaumes apparaissent. La Belgique se retrouve en Lotharingie. A la mort du souverain de ce nouveau royaume, Charles le Chauve et Louis le Germanique se le partagent. Les carolingiens prennent le contrôle de la rive gauche de la Meuse et de l’Ourthe.
A la mort de Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve, certains de ses conseillers ne reconnaissent pas ses fils et réclament l’intervention du fils de Louis le Germanique pour prendre le contrôle du royaume. Les fidèles des fils de Charles le Chauve lui cèdent la partie occidentale de la Lotharingie, qui se retrouve donc dans la Francie orientale. Les fils de Louis le Bègue ne conservent le contrôle que de la Flandre. De 885 à 887, Charles le Gros réunit temporairement les deux royaumes. Mais il est déposé en 887, entraînant une nouvelle séparation.
Au cours des IXe et Xe siècles, les deux Francies se disputent le contrôle de la Lotharingie, qui est finalement rattachée à la Francie occidentale. Dans la partie nord de la Lotharingie, de nombreux fiefs tendent vers l’indépendance.
Le développement des cités
A partir du Xe siècle, plusieurs villes se développent et gagnent en importance. Le commerce principal est celui de la laine, importée d’Angleterre et transformée en draps, vêtements… Ce commerce forgera des liens et intérêts forts entre ces villes et les Britanniques. Les liens commerciaux se font avec la ligue hanséatique, qui regroupe plusieurs cités sur les rivages de la mer du Nord, et les cités italiennes. Parmi les principales villes belges, on peut citer Bruges, Gand, Tournai, Liège, Dinant, Bruxelles, Malines…
Le développement urbain, favorisé par l’essor commercial des villes, dure jusqu’au début du XIVe siècle. Les crises et les épidémies (notamment la peste noire) y mettent fin. La Flandre se retrouve emportée dans le long conflit opposant les Français et les Anglais.
Après la guerre de Cent Ans
Alors que la guerre de Cent Ans se termine, le territoire de la Belgique, à l’exception de la principauté de Liège, incluse dans le Saint Empire Romain Germanique, se trouve sous le contrôle des ducs de Bourgogne, vassaux des rois de France. Les villes, dont notamment Bruxelles, profitent de l’amélioration de la situation économique. A la mort de Charles le Téméraire, la dynastie des Habsbourg hérite de la Belgique. Le principal port de commerce se déplace de Brugge à Anvers, suite à l’ensablement du Zwin.
La Belgique sous les Habsbourg
Charles Quint, empereur Habsbourg très connu, est né à Gand en 1500. Durant son règne, il renforce le pouvoir central. Il se retrouve confronté à l’arrivée d’un nouveau courant du christianisme : le protestantisme. S’il arrive à empêcher le luthéranisme de prendre de l’importance, le calvinisme devient populaire. C’est sur la Grand’place de Bruxelles que sont brûlés les premiers protestants en 1523. A son abdication, il lègue le Saint-Empire à son frère et l’Espagne, les Pays-Bas et les colonies d’Amérique à son fils. Ce qui ne semble pas être très équitable !
Les Pays-Bas espagnols
Depuis plusieurs lignes, je parle des Pays-Bas. Ce n’est pas une erreur : les Pays-Bas couvrent alors les Pays-Bas actuels, la Belgique et le Luxembourg. Ils dépendent de l’autorité des Etats-Généraux, une sorte de parlement composé d’abbayes, de grandes baronnies et de certaines villes. Le Nord et le Sud se démarquent avec la question religieuse : les protestants sont majoritaires au nord, les catholiques le sont au Sud. Cette dissidence se transforme en révolte des protestants, réprimée par le roi. En même temps, la noblesse s’oppose à la volonté de Philippe II, fils de Charles-Quint, de réformer l’administration. Ces conflits entraînent une guerre : la guerre de Quatre-Vingts Ans, qui débouche sur l’indépendance des Provinces-Unies. La guerre aboutit donc à une séparation des Pays-Bas du Nord et des Pays-Bas du Sud, entre les Provinces Unies et les Pays-Bas espagnols.
Au XVIIe siècle, de nouveaux conflits, avec la France cette fois, donnent aux frontières un aspect plus proche de celui que nous connaissons aujourd’hui. Le traité d’Utrecht en 1713 clôt la guerre de succession d’Espagne. En effet, le roi Charles II était le dernier membre de la famille des Habsbourg d’Espagne. N’ayant pas d’héritier, c’est finalement un petit-fils de Louis XIV qui monte sur le trône. En revanche, il perd un grand nombre de ses possessions. C’est aux Habsbourg d’Autriche qu’échoient les Pays-Bas espagnols. Cet état doit servir de tampon entre la France et les Provinces-Unies, qui gagnent le contrôle de plusieurs places fortes.
Les Pays-Bas devenus autrichiens
La succession autrichienne n’est pas plus simple. En effet, l’empereur Charles VI n’a pas de fils. Mais il a des filles. Par la Pragmatique Sanction, il lègue l’Autriche, la Hongrie et la Bohème à sa fille Marie-Thérèse d’Autriche. Cependant, les autres souverains européens ne l’entendent pas de cette oreille. Les électeurs qui désignent l’empereur du Saint-Empire non plus, et chacun compte bien profiter de cette situation pour se tailler une part du gâteau. La guerre de succession d’Autriche éclate donc. La France occupe les Pays-Bas autrichiens, qui sont restitués à la Marie-Thérèse d’Autriche en 1748. La situation économique s’améliore, mais des réformes contestées entraînent une révolution : la révolution brabançonne, de 1787 à 1790.
La république des Etats belgiques unis ne dure que quelques mois, mais on remarquera que la révolution française survient juste après. La révolution liégeoise (car Liège est encore une territoire indépendant), survient en même temps que la Révolution française, à laquelle elle était peut-être liée. Cette nouvelle révolution ne se fait pas uniquement contre des réformes, mais est une remise en cause de l’ordre politique et social de l’époque. Deux courants de contestation apparaissent : un courant progressiste et libéral, et un courant conservateur.
En 1794, l’armée révolutionnaire française envahit les Pays-Bas autrichiens. Les français réunissent les Pays-Bas du Sud et la principauté de Liège. Cette unification fût totalement effective dans les esprits plus tard, nous en reparlerons. Les idées de la Révolution française permettent un changement du système politique belge, plus proche de ce qui était souhaité lors des révolutions belges. Les traités ayant par exemple entraîné la fermeture de l’Escaut sont abolis, Anvers se développe de nouveau, notamment grâce à un arsenal maritime.
Cependant, le blocus continental mis en place par Napoléon contre le Royaume-Uni est néfaste pour le commerce belge, la rupture entre Napoléon et le pape Pie VI ne plaît pas aux catholiques belges et pour finir, la conscription dans l’armée napoléonienne n’est pas populaire, entraînant un grand nombre de désertions. Malgré ça, les Belges sont neutres lorsque les Coalisés, qui sont en guerre contre Napoléon, entrent en Belgique. De ce fait, la Belgique n’est pas représentée au congrès de Vienne.
Le Royaume-Uni des Pays-Bas
Les vainqueurs de Napoléon décident lors du congrès de Vienne de ressusciter les anciens Pays-Bas. Le sud étant industriel, tandis que le nord disposait de capitaux à investir et d’une flotte marchande. Cependant, c’est sans compter les évolutions respectives des Provinces-Unies et de la Belgique. On organise un vote, avec des résultats modifiés côté belge, afin de permettre la victoire de la fusion entre les deux pays. Il apparaît vite que les Belges s’opposent majoritairement à celle-ci. Les différents religieux, déjà à l’origine de la première scission, persistent : le nord est majoritairement protestant, tandis que le sud est catholique. Des différends économiques apparaissent, chacune des deux parties jugeant la politique du gouvernement plus favorable à l’autre partie. On ajoute à cela l’autoritarisme du gouvernement, et nous avons les ingrédients nécessaires à une nouvelle révolution belge.
Celle-ci survient en 1830, alors qu’une seconde vague révolutionnaire s’abat sur l’Europe. La bourgeoisie prend le pouvoir, avec le soutien du reste de la société civile. L’armée hollandaise est vaincue à Bruxelles et échoue à reprendre le contrôle du pays. Alors que la Belgique proclame son indépendance, le fils de Louis-Philippe, roi des français, se voit proposer le trône de Belgique. Mais ce dernier refuse, sachant les puissances européennes hostiles à la prise de pouvoir en Belgique d’un roi trop proche de la France, qui a déjà occupé le pays dans le passé. Le gouvernement rejette la possibilité d’une union personnelle avec le roi de Hollande. Ce dernier aurait alors gouverné les deux pays séparément. Les puissances européennes se voient bien se partager la Belgique ! Finalement, la Belgique obtient une reconnaissance internationale et un statut neutre, garanti par la France et le Royaume-Uni.
La Belgique moderne
La Belgique indépendante
Le congrès national belge étant formé par la bourgeoisie, et ces derniers étant francophones, le français devient la langue officielle du nouvel État indépendant. Face au risque que les monarchies européennes n’acceptent pas une République en Belgique, c’est finalement le prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha qui devient le premier roi des Belges sous le nom de Léopold Ier.
Alors que la Révolution industrielle bât son plein, la Belgique en tire pleinement profit, disposant de fer et de charbon. Elle devient même pendant un temps la seconde puissance industrielle mondiale, derrière le Royaume-Uni ! Les industries belges se trouvent majoritairement en Wallonie. L’extraction du charbon se développe, la construction de nombreuses lignes de chemin de fer complète de réseau de canaux dès 1830. Il relie les principales villes en 1843.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la Belgique rejoint les pays européens dans la formation d’un empire colonial. A la différence des autres Etats, le Congo belge (actuel République démocratique du Congo) est une colonie privée du roi belge (alors Léopold II, fils de Léopold Ier), qui appartient donc à son domaine personnel, et qu’il prévoit ensuite de céder à l’Etat belge. Bien que la Belgique ait un statut de neutralité, qui implique l’absence d’armée, et qu’elle sent sa capacité réduite dans le jeu international, la Belgique va réussir à se tailler un État au cœur de l’Afrique. La localisation de celui-ci sépare ainsi les possessions des uns et des autres, et les empêche d’empiéter sur le territoire de chacun.
En 1908, bien que Léopold II soit encore vivant, la Belgique annexe le Congo. L’exploitation des ressources de la colonie était alors à la charge d’agents indépendants ou de concessionnaires. Les exactions étaient nombreuses. En effet, le recours au travail forcé permettait l’extraction de pierres précieuses, du caoutchouc et de l’ivoire. Il n’y a alors qu’une centaine de Belges sur place, mais qui se livrent à de terribles exactions.
En 1908, la Belgique hérite du Congo. Cependant, sa Constitution lui interdit de dépenser de l’argent pour une colonie. L’argent investi provient de fonds privés, la Belgique y investissant petit à petit au cours du XXe siècle. La Belgique développe alors un État qui va s’appuyer sur un grand potentiel agricole et minier (cuivre, étain, uranium…).
La Belgique dans la Première guerre mondiale
En 1914, la Première Guerre mondiale bouscule la prospérité de la Belgique. L’Empire allemand l’envahit, dans une manœuvre de contournement des armées françaises par le nord. Cette violation de la neutralité belge entraîne l’entrée en guerre du Royaume-Uni, conformément à l’accord de neutralité signé à l’indépendance de la Belgique. Il faut dire que le Royaume-Uni n’est déjà pas en bons termes avec l’Empire allemand à cette époque. La résistance belge retarde les Allemands. L’armée belge remporte même des victoires, comme lors de la bataille de Haelen.
La résistance belge retient des troupes allemandes au nord, qui ne peuvent ainsi pas participer à la bataille de la Marne. La Belgique est néanmoins vaincue et presque tout le territoire est occupé pendant les quatre ans que dure la guerre. Les Belges subissent des exactions, étant accusés d’avoir agi en collusion avec la France.
L’entre-deux-Guerres
Avec le traité de Versailles, la Belgique obtient la fin du statut de neutralité, des cantons à l’est, une tutelle sur les actuels Rwanda et Burundi et une indemnité de guerre, un résultat jugé décevant. Au niveau politique, le suffrage universel masculin remplace le vote plural. Les socialistes arrivent au pouvoir, de même qu’une majorité flamande au Parlement. Des revendications autonomistes flamandes se font entendre.
En 1920, la Belgique signe un accord d’entraide militaire avec la France, et les deux pays occupent ensemble la région allemande de la Ruhr suite à la crise monétaire de la République de Weimar.
Le krach boursier de 1929 et la crise qu’il entraîne favorise l’émergence de partis fascistes. Les oppositions entre les factions wallonne et flamande entravent le vote du budget, empêchant la modernisation de l’armée, alors que la Seconde Guerre mondiale se rapproche. La Belgique, sous la pression flamande, rompt l’accord militaire franco-belge et reprend sa politique de neutralité.
La Belgique dans la Seconde Guerre mondiale
Malgré sa résistance, la Belgique est vaincue et le gouvernement s’exile en France puis au Royaume-Uni. Le roi Léopold III ne signe qu’une reddition militaire, et non un armistice. Il évite ainsi de collaborer politiquement avec l’Allemagne nazie. La Belgique reste dans le camp des Alliés, fournissant trois escadrilles de la Royal Air Force, des soldats en Afrique…
Les nazis tentent de diviser la Belgique et pour ce faire, libèrent rapidement les prisonniers flamands. Comme dans le reste de l’Europe occupée, il y eût en Belgique des résistants et des collaborateurs. La Résistance est plus forte en Wallonie, alors que certains en Flandre nourrissent l’espoir que l’occupation serve le nationalisme flamand. La Résistance se développe plus en Wallonie, industrialisée et qui concentre davantage d’objectifs militaires. Enfin, grâce au Congo belge, la Belgique fournit de nombreuses matières premières aux Alliés (produits agricoles, minerais, uranium nécessaire à la fabrication des bombes atomiques qui seront utilisées contre le Japon…).
La Belgique après la Seconde Guerre Mondiale
Le roi Léopold III s’est installé en Suisse après avoir été déporté par les nazis. Sa décision de reddition provoque des dissensions parmi les politiques, de même que son retour en Belgique. Un référendum organisé débouche sur un vote en faveur du retour du roi. Cependant, certaines provinces ont voté contre et la situation débouche sur des insurrections. Léopold III abdique au profit de son fils Baudouin. L’unité belge est sauvée mais demeure précaire.
Le Congo belge n’échappe pas au mouvement de décolonisation de l’Afrique. La roi Baudouin effectue une visite triomphale en 1955. Le professeur Van Bilsen, un intellectuel progressiste, publie un manifeste prévoyant l’indépendance du Congo belge en 1980. Mais les choses vont se passer plus rapidement que prévu et le Congo belge devient indépendant le 30 juin 1960, après seulement six mois de préparation. Les anciens colons belges fuient les persécutions, tandis que l’armée belge débarque en quelques jours dix mille soldats. L’ONU condamne cette intervention.
Craignant une nationalisation des ressources minières, la Belgique soutient deux régions séparatistes et intervient à plusieurs reprises pour protéger les ressortissants européens. Les relations entre la Belgique et la République démocratique du Congo reprennent après le renversement de Mobutu en 1990.
Le XXe siècle a vu d’importants changements économiques. L’appareil industriel, peu atteint par la Seconde Guerre mondiale, permet un redémarrage rapide du pays. Le Belgique s’appuie également sur ses exportations provenant du Congo belge. Mais dans les années 1960 et 1970, la baisse de la production et de la consommation de charbon entraîne la perte de vitesse de la Wallonie et la Flandre devient la région la plus riche du pays.
La Belgique est enfin tiraillée entre deux mouvements régionalistes : flamand et wallon. La Belgique évolue ainsi de plus en plus vers du fédéralisme. Malgré cela, la question de l’indépendance de la Flandre reste un élément important dans le débat politique en Belgique.