Visiter Anvers de l’Art nouveau à Rubens
Que peut-on découvrir à Anvers, plus connu pour son port que pour son patrimoine historique ? Sûrement plein de choses, car si Anvers est connu pour ses activités portuaires, cela ne signifie pas qu’elle est dépourvue d’intérêt pour le tourisme, bien au contraire. Ici, pas de canaux, il va falloir s’occuper autrement. Mais pas de problème, car Anvers renferme plusieurs églises de charme, d’intéressants musées et de jolis immeubles. Oublions donc le port et allons voir l’Anvers du décor. Euh, l’envers !
Un peu d’Histoire
Anvers durant l’Antiquité
Le nom d’Anvers tient de la légende. Un géant collectait un droit de passage sur les bateaux naviguant sur l’Escaut et passant devant ce qui n’était alors qu’une petite ville. A tous ceux qui refusaient de payer, il leur coupait la main. Un jour, un soldat romain, Silvius Brabo, mit fin à ce racket, coupa à son tour la main du géant et la jeta dans l’Escaut. Ainsi, la ville prit le nom d’Antwerpen, nom composé de “hand”, main, et de “werpen”, jeter. C’est quand même une histoire plus intéressante que de dire que le nom de la ville provient de “aanwerp”, signifiant “butte” puisque le village antique se trouvait sur une butte près de l’Escaut.
La ville, libérée du géant, ne se développa cependant pas tout de suite. Il faut attendre le Xe siècle pour que le village s’agrandisse. Après les invasions vikings, Anvers devient un poste frontière pour le Saint Empire Romain Germanique. Mais cet avant-poste n’est pas encore très important et ne bénéficie que de fortifications en bois. Au XIIe siècle, Anvers est rattaché au duché de Brabant. On construit un château en pierres, remplaçant les fortifications en bois. En 1312, Anvers devient démocratique, grâce à sa charte qu’elle obtient en se libérant des ducs de Brabant. Un peu plus de quatre siècles avant la Révolution française !
L’essor économique d’Anvers
Au XVe siècle, l’ensablement du bras de mer menant à l’avant-port de Bruges condamne celle-ci. Ce malheureux événement va profiter à Anvers. Une bourse de commerce, l’une des plus anciennes d’Europe, est fondée en 1460, puis une nouvelle en 1531. Les commerçants Anversois font affaire aussi bien en Inde qu’en Amérique. La principale tête de pont de l’empire colonial portugais se trouve alors à Anvers. Les Pays-Bas espagnols profitent pleinement de l’essor d’Anvers, alors l’une des plus grandes villes d’Europe.
Anvers dans les guerres de religion
La révolte des protestants aboutit à la guerre de Quatre-Vingts ans. Une partie des soldats mutinés mettent Anvers à sac. Le départ des soldats espagnols permet la proclamation de la république d’Anvers par les calvinistes en 1577. En 1585, les Espagnols reprennent le contrôle de la ville après un siège de plus d’un an. Ils se maintiennent dans cette position jusqu’au traité de Münster, qui officialise la scission des Pays-Bas espagnols.
Mais les Provinces-Unies, nouvellement indépendante de l’Empire espagnol, bloquent l’accès à l’Escaut afin de priver les Espagnols des avantages de leur récente reconquête. L’économie de la ville se retrouve lourdement affectée. Les protestants quittent la ville, ces derniers représentant une grande part de l’élite de la ville. En vingt ans, la population d’Anvers se retrouve réduite de moitié.
Au XVIIe siècle, la présence d’artistes tels que Rubens ou Van Dyck, ainsi que d’imprimeurs, apporte un renouveau à la ville. Anvers participe à l’Etat indépendant des Etats belgiques unis, nouvel état indépendant mais qui ne résiste pas au retour des Autrichiens en 1790.
Anvers dans l’Empire napoléonien
L’armée révolutionnaire française occupe une première fois Anvers en 1792. Restituée au Saint Empire Romain Germanique un an plus tard, elle est reconquise en 1794. Napoléon Ier fait rouvrir l’Escaut, réalise deux bassins et établit à Anvers une base navale, en face de l’Angleterre. Mais le blocus continental et le blocage du port par la Royal Navy entravent l’activité.
Découvrir la ville d’Anvers
J’ai passé deux jours à Anvers, durant lesquels j’ai pu visiter le centre-ville, quelques musées, ainsi que faire le tour de nombreux bâtiments de style Art nouveau qui se cachent dans ses rues. Le premier jour, j’ai commencé par le sud de la ville : bâtiments de style Art nouveau et musée Plantin Moretus le matin, puis visite du centre-ville l’après-midi. J’ai consacré le deuxième jour à la visite d’autres bâtiments de style Art nouveau et à la visite d’autres monuments.
Concernant la Anvers City Card, je l’ai trouvée moins intéressante que celle de Gand, au regard des visites que j’ai faites. La prendre m’aurait tout de même fait économiser 1.50 €, beaucoup moins qu’à Gand. Mais j’ai moins visité de musées ou églises payantes, ceci explique aussi cela.
Visiter le sud d’Anvers
Quelques immeubles Art nouveau au sud d’Anvers
Les Cinq Parties du Monde
En 1901, l’architecte Frans Smet-Verhas construit cet immeuble, qui se distingue notamment par la proue de bateau qui en sort à son angle. Oui, une proue de bateau ! J’en oublierai presque de me demander pourquoi on surnomme cette maison la “maison des Cinq Continents”. Certains l’appellent le “Petit bateau”, on comprend mieux pourquoi. Le nom des cinq continents se trouve sur les vitraux de la loggia sur la proue du bateau. Il y a même un balcon en forme d’éclair pour représenter les tempêtes. Il ne manque plus qu’une inondation pour avoir la mer ! Évidemment, on retrouve les éléments propres à l’Art nouveau sur la façade de l’immeuble, mais c’est moins insolite que ce bateau, tout de même. C’est le propriétaire de la maison qui a eu l’idée. Au moins, l’architecte était sûr que ça allait lui plaire. Et ce propriétaire était un constructeur naval. On comprend mieux !
La maison du Peuple
Construite en 1901 par Jan van Asperen et Émile van Averbeke, la Maison du Peuple était le siège de la coopérative libérale Help U zelve. La coopérative cherchait alors de nouveaux locaux pour accueillir ses activités, et notamment un siège pour ses activités de propagande et pour concurrencer ses rivales socialistes. Après la Seconde Guerre Mondiale, l’immeuble est revendu.
Richement décorée, la façade est plutôt symétrique, si ce n’est la tour de droite, qui n’a pas d’équivalent à gauche. Elle présente des mosaïques, la plus grande représente le Travail avec des mineurs. Des gens qui travaillent à la mine. Enfin, pas des jeunes, vous m’avez compris. Sur la tour, de petites mosaïques représentent un agriculteur semant le grain, un menuisier, un tailleur de pierre et un métallurgiste. La Maison du Peuple a une structure très différente de bon nombre d’édifices Art nouveau d’Anvers. En effet, la structure métallique diffère de l’utilisation de briques jaunes dans la construction de nombreux autres édifices.
Le musée Plantin Moretus
Christophe Plantin fonde en 1549 une imprimerie et édite son premier livre en 1555. La renommée de son imprimerie s’étend dans toute l’Europe de l’ouest. Il devient ainsi l’imprimeur officiel du roi d’Espagne. A sa mort, son gendre, Jan Moretus, reprend l’affaire, que ses descendants poursuivront. En 1876, Edouard Moretus-Plantin vend l’imprimerie et le matériel qu’elle contient à la ville d’Anvers. Un an plus tard, l’imprimerie rouvre, mais c’est désormais un musée.
Le bâtiment est intéressant en lui-même. On y découvre les machines utilisées pour l’impression bien sûr, dont les deux plus anciennes du monde, mais aussi de nombreux ouvrages, dont la Bible polyglotte, huit volumes écrits en cinq langues, le premier atlas mondial ou encore la bible de Gutenberg de 1461, premier livre imprimé en caractère mobile en Europe. On y trouve également de nombreux tableaux, dont dix-huit de Rubens, ami de Balthazar Moretus, petit-fils de Christophe Plantin, qui lui en a commandé plusieurs. Enfin, la maison a conservé du mobilier aussi très intéressant à découvrir, dans cette grande demeure qui a conservé son charme ancien.
Le musée Plantin-Moretus est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est aujourd’hui le seul musée à l’être.
Un audioguide fournit de nombreuses explications sur le musée, son histoire et et les objets exposés.
Le centre historique d’Anvers
La cathédrale Notre-Dame
La construction de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers débute en 1352, en remplacement d’une église romane du Xe siècle. Après 169 ans de travaux, la cathédrale est la plus grande église gothique des Pays-Bas. Avec sept nefs, une superficie de presque un hectare et un clocher de 123 mètres de haut, ses dimensions sont très impressionnantes ! Malgré cela, Charles Quint prévoit de tripler sa taille ! Un incendie met fin à ce projet. Au XVIe siècle, les protestants iconoclastes causent de nombreuses destructions à l’intérieur de la cathédrale. De même que les révolutionnaires français en 1794. Au XIXe siècle, la cathédrale Notre-Dame devient un bon exemple de restauration réussie.
A l’intérieur de la cathédrale, le visiteur découvre notamment de belles œuvres d’art, dont quatre tableaux de Rubens : L’Érection de la Croix, L’Assomption de la Vierge, La Résurrection du Christ et la Descente de la Croix. Mais aussi une très belle chaire ornée d’arbustes dans lesquels jouent des anges, des retables comme celui en bois finement sculpté dans une absidiole, plusieurs triptyques dans des absidioles aux murs peints et aux vitraux colorés, une peinture sur la coupole… Une église très riche en décors !
La Grand’Place
La Grand’Place d’Anvers porte bien son nom. Devant l’Hôtel de Ville, une statue rappelle la légende de Silvius Brabo et du géant. Tout autour de la place se dressent les maisons des guildes. De style Renaissance, leur couleur est cependant très différente de celle de la Grand’Place de Bruxelles. En effet, ici c’est le gris qui domine. Plusieurs de ces maisons ont été reconstruites au XIXe siècle à partir de tableaux d’époque. A l’origine, elles avaient été édifiées après le siège d’Anvers par les Espagnols, ayant eu lieu de 1583 à 1585.
L’Hôtel de Ville a été construit de 1561 à 1565 dans un style Renaissance italienne, avec des influences flamandes.
L’église Saint-Charles Borromée
L’église Saint-Charles Borromée est une église de style baroque construite par les jésuites de 1615 à 1621. La façade de l’église est sûrement l’une des plus belles de la ville : elle est très riche en décorations. L’intérieur est tout aussi resplendissant. Ne pas rater, mais ce serait difficile, l’immense maître-autel, le tableau, le plafond blanc et doré et la chaire de vérité représentant l’Eglise triomphante. Il y a aussi de jolies chapelles, intéressantes tantôt pour leurs tableaux, tantôt pour le marbre sculpté ou les stucs. La chapelle de la Vierge est un véritable chef-d’œuvre. Les murs blancs donnent à l’intérieur une luminosité inhabituelle dans les églises.
Les jésuites ont fait appel à Pierre Paul-Rubens, alors très connu, et aidé par son élève Antoine Van Dyck, pour la décoration. Mais quand l’ordre fût dissous, la plupart des tableaux furent confisqués ou volés et sont maintenant disséminés dans toute l’Europe.
Le long du Meir
La Boerentoren
Quand on me parle de “tour des paysans”, j’ai plutôt tendance à penser à une tour en pierre qu’on pourrait trouver dans un petit village. A Anvers, la Boerentoren est une immense tour de 97 mètres de haut et de style Art déco, construite en 1930 pour l’Exposition universelle. Elle était alors le plus haut gratte-ciel d’Europe !
Handelsbeurs
La Handelsbeurs, bâtie en 1531, est la plus ancienne bourse de commerce du monde. L’année qu’elle arbore sur sa façade, 1872, est en fait celle de sa reconstruction dans un style néogothique. A chaque fois que je suis passé devant, il y avait un événement à l’intérieur et il était impossible de la visiter. D’ailleurs, je me demande si les visites ne sont pas impossibles désormais.
Osterriethhuis
Au numéro 85 du Meir, la maison Osterrieth est de style rococo, construite au XVIIIe siècle.
D’autres immeubles
Le long du Meir, j’ai photographié d’autres immeubles, tels que l’immeuble à colonnes au numéro 48, l’ancien palais royal au numéro 50, l’immeuble richement décoré du numéro 54, daté de 1567, celui du numéro 60, et ceux de la place à partir du 80. Depuis la Boerentoren jusqu’à la gare d’Anvers, il y a de quoi voir !
Le béguinage d’Anvers
Comme les autres béguinages flamands, le béguinage d’Anvers est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est construit en 1545, durant une période de prospérité pour la ville et accueille alors cent-cinquante béguines. Les maisons en briques rouges entourent un square fermé. L’ensemble est très paisible. La petite église Sainte-Catherine mélange les styles néo-gothiques et néo-classiques et abrite quelques beaux tableaux.
Pas loin du béguinage d’Anvers, l’église des Capucins Saint-François d’Assise est une église sans rien de particulier, située à quelques mètres de l’entrée du béguinage d’Anvers, sur l’Ossenmarkt.
Le port d’Anvers
Je suis allé un peu au nord, autour du MAS (Museum aan de Stroom). C’était sympa, mais plus au nord, je n’ai pas trouvé grand chose. Ici, on peut voir le port de plaisance, le port commercial est plus au nord. Il est possible de découvrir davantage de choses lors de visite en bateau, en bus ou même à vélo. Par exemple : on peut voir l’écluse de Kieldrecht, qui est la plus grande du monde !
Une matinée Art nouveau
Nous avons déjà vu un peu d’art nouveau au début de cet article. Nous allons découvrir maintenant un nouveau lieu pour découvrir l’Art nouveau à Anvers, situé à trois quarts d’heure de marche au sud-est de la Grand’Place.
La rue Cogels-Osylei
La rue Cogels-Osylei est sûrement la rue d’Anvers où l’Art nouveau est le plus présent, bien qu’on y trouve aussi d’autres styles comme le néo-gothique ou l’éclectisme. Je ne vais pas donner ici de numéro particulier. En effet, la rue s’étend sur 450 mètres alors si on y est, autant la parcourir dans son intégralité et tout admirer ! Car elle est considérée comme l’une des plus belles d’Anvers. Je cite tout de même la maison du Tournesol, construite en 1900 par l’architecte Jules Hofman.
La Waterloostraat
Après la rue Cogels-Osylei, j’ai parcouru la Waterloostraat du sud au nord. Dans cette rue, au nom de la tristement célèbre défaite de Napoléon, un immeuble Art nouveau a justement été nommé “maison Napoléon”. Bâtie en 1904, la maison Napoléon, en plus d’arborer des motifs végétaux, présente une mosaïque représentant l’empereur avec son blason et deux canons. Un an plus tard, Frans Smet-Verhas construit la maison de la bataille de Waterloo. Cette maison de style Art nouveau est décorée d’une grande mosaïque opposant Napoléon et Wellington.
Au numéro 39, la maison Les Mouettes fût celle d’un rentier. Si la maison Les Hiboux à Bruxelles faisait la part belle aux hiboux, c’est ici les mouettes qui sont à l’honneur. On en trouve deux sculptées au rez-de-chaussée et d’autres représentées sur la mosaïque au-dessus des fenêtres du deuxième étage.
La maison au numéro 19 est plus sobre que les précédentes et possède un oriel triangulaire. Je constate que ce type d’oriel est présent en Belgique alors que je n’en ai vu aucun à Paris. Le croisement de la Waterloostraat avec la rue du Général van Merlen est digne de la rue : une mosaïque se trouve à chaque angle !
On termine par la maison Art nouveau du numéro 8, très jolie également.
La Transvaalstraat
Enfin, j’ai parcouru la Transvaalstraat, où se trouve la maison Lotus et Papyrus. C’est en 1901 que l’architecte Jos Bascourt bâtit ces deux maisons jumelles plutôt atypiques, décorées de fleurs de lotus, disposées surtout sur la corniche. Pour différencier la maison Lotus de la maison Papyrus, c’est très simple, puisque le nom de la première est inscrit sur une mosaïque près de la porte d’entrée.
Juste à côté des maisons Lotus et Papyrus, la maison avec l’étrange oriel est aussi une maison de style Art nouveau.
Une autre très belle maison de style Art nouveau se trouve au numéro 30. Construite en 1906 par Jacques de Weerdt, elle se remarque surtout grâce à son balcon en fer forgé, encadré par deux lions, et grâce au grand panneau en céramique représentant une jeune fille tenant un diamant taillé, sous un ciel couchant ou levant.
Jacques de Weerdt a aussi réalisé la maison Les Mouettes, que nous avons vue au numéro 39 de la Waterloostraat.
Tout comme la rue Cogels-Osylei, la Transvaalstraat est un mélange architectural qui mérite d’être découvert en la parcourant dans toute sa longueur.
Vous l’aurez compris, ces trois rues constituent une excellente promenade pour découvrir l’Art nouveau d’Anvers, et plus généralement l’architecture de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Pour l’anecdote, j’ai rencontré dans l’auberge de jeunesse où je logeais un réfugié russe. Il m’a partagé son souhait d’aller courir le matin avant de prendre son petit déjeuner. Comme il ne savait pas spécialement où aller, je lui ai conseillé de se rendre dans ces rues. Bien sûr, je lui ai précisé que ce n’était pas la porte à côté, mais j’ai pensé que ça lui permettrait d’accomplir son footing matinal tout en découvrant un coin très sympathique d’Anvers. Malheureusement, je ne l’ai pas recroisé, puisque je suis parti tôt pour Bruxelles. Je ne sais donc pas ce qu’il en a pensé !
Retour dans le centre historique
Rubenshuis
Né en 1577 en Westphalie, Pierre Paul Rubens fait des études de peinture et effectue, de 1600 à 1608, un séjour en Italie pour étudier les maîtres de la Renaissance. Là-bas, les tableaux du Titien et de Raphaël l’inspirent. Il rentre à Anvers alors que sa notoriété est déjà établie. La ville lui passe de nombreuses commandes, puis d’autres commanditaires, qui le font intervenir pour le Palais de Whitehall, le pavillon de chasse de Philippe IV d’Espagne, et même de pour la galerie Médicis au palais du Luxembourg à Paris. Au total, Rubens réalise environ 1400 peintures au cours de sa carrière. Il participe aussi activement à la diplomatie, ayant un rôle important dans la haute société de son époque.
La maison de Rubens, bâtie en 1611, était l’endroit parfait pour installer un musée consacré au peintre qui passa une grande partie de sa vie à Anvers, dans cette maison. La maison de Rubens contient bien sûr plusieurs de ses tableaux, mais aussi des œuvres d’autres artistes, Rubens a aussi été un grand collectionneur de tableaux. Un audioguide ainsi qu’un livret permettent d’en apprendre davantage sur les pièces présentées.
En plus des tableaux, le visiteur découvre du mobilier d’époque et dehors, un portique baroque sépare la maison d’un jardin à la française.
La maison de Rubens ouvre tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 17h et la visite coûte 8€. Pas cher pour la quantité de tableaux qu’on y trouve ! Quelque-chose que j’ai trouvé particulièrement intéressant dans ce musée, c’est qu’on y voit des tableaux réalisés au début de la carrière de Rubens. Les tableaux dans les églises ont souvent été réalisés par le peintre alors qu’il était déjà renommé. Visiter la maison de Rubens permet ainsi de mieux constater l’évolution de son style.
L’église Saint-Jacques
En 1491 débute la construction d’une église à la place d’une chapelle servant d’étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. La nouvelle église est achevée en 1656. Bien que le style gothique ne soit alors plus à la mode, les bâtisseurs l’ont conservé tout au long de l’édification de l’église. Le déclin d’Anvers au cours du XVIe siècle met un terme à l’édification de la grande flèche, qui devait culminer à 150 mètres de haut ! La tour actuelle en fait tout de même 55, au grand dam des bourgeois qui voulaient dépasser celle de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers.
A l’intérieur, on découvre en revanche une décoration de style baroque, qui remplace l’intérieur gothique saccagé par les iconoclastes. L’église contient 23 autels, dont un très beau maître-autel (pièce maîtresse de l’église selon moi), et de nombreux marbres. C’est dans cette église que se trouve la tombe de Rubens, décorée de l’un de ses tableaux, réalisé à la fin de sa carrière : La Madone aux saints.
Si l’intérieur est si bien préservé, c’est grâce à un prêtre ayant prêté allégeance aux révolutionnaires français. Il obtint par ce geste le droit de préserver une église du pillage.
Le Steen
Le Steen est un château construit au XIIe siècle, agrandi en 1520 par Charles Quint, qui témoigne des anciennes fortifications de la ville, toutes rasées au XIXe siècle. Comme le Steen servait alors de prison, la ville l’a conservé. Il est de taille très modeste. A l’intérieur se trouvent l’Office de Tourisme d’Anvers et un musée d’histoire de la ville. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de le visiter. Le Steen dispose d’une terrasse en hauteur d’où il est possible d’avoir une vue sur la ville.
L’église Saint-Paul
Difficile d’imaginer, quand on voit l’église Saint-Paul, qu’un incendie l’a dévasté en 1968. L’église Saint-Paul est construite au cours du XVIe siècle, remplaçant un premier édifice trop exposé aux inondations après un changement du cours de l’Escaut. En 1578, les calvinistes prennent le pouvoir à Anvers et chassent les dominicains et autres confréries qui occupent l’église. Ils la transforment en temple protestant, et se débarrassent des ornementations intérieures. Ils perdent plus tard le contrôle de la ville et l’église Saint-Paul est restaurée au début du XVIIe siècle. L’intérieur est aménagé en style baroque, jusqu’à un premier incendie, survenu en 1679. Les révolutionnaires français chassent les religieux, qui parviennent à racheter le mobilier pour le conserver. L’église est endommagée lors de la guerre d’indépendance de la Belgique, et réaménagée avec des éléments de cette époque.
L’église Saint-Paul est très riche en tableaux et sculptures. Elle en compte plusieurs dizaines, parmi lesquels des chefs d’œuvres de Rubens, Jacob Jordaens ou Antoon Van Dyck. Une brochure est distribuée, donnant le titre, le nom du peintre et l’année de réalisation de chaque tableau et sculpture. Tout comme l’église Saint-Charles Borromée, les murs de l’église Saint-Paul sont peints en blanc, ce qui offre plus de luminosité pour mieux apprécier les œuvres d’art. L’orgue est sûrement le plus beau de la ville. A côté de l’église se trouve le jardin du Calvaire, une représentation en plein air et des statues de la passion du Christ.
La visite de l’église Saint-Paul coûte 5€, soit moins cher qu’un musée d’art. Et pourtant, avec tout ce qu’on y trouve, elle pourrait très bien être considérée comme un musée d’art.
Près de la gare
La gare d’Anvers
La visite d’Anvers commence dès la sortie du train. Ou se termine au tout dernier moment, juste avant son départ. Construite entre 1895 et 1905, la gare d’Anvers dispose d’un escalier monumental, dans un intérieur éclectique et bien décoré. Les trains arrivent sous une vaste verrière, typique des gares de la fin du XIXe siècle et du début XXe.
Diamondland
80% du commerce de diamants bruts se déroule à Anvers ! A quelques mètres à l’ouest de la gare d’Anvers, de nombreux magasins vendent des bijoux et des diamants. Ce n’est pas dans ce quartier que j’ai acheté mes souvenirs de Belgique ! J’aurais au moins aimé en rapporter une image dans ma tête, mais je suis parti tôt le matin, et les magasins n’étaient pas encore ouverts.
Que voir d’autre à Anvers ?
Le Vleeshuis
Proche du Steen, la maison de la Corporation des bouchers a été construite dans un style gothique de 1501 à 1504. De l’extérieur, on dirait une maison fortifiée. Mais à l’intérieur, les habitants pouvaient acheter de la viande. Désormais, on y trouve un musée consacré à la musique et à la danse anversoises.
Le musée Vleeshuis ouvre de jeudi à dimanche, de 10h à 17h. L’entrée coûte 5€.
Le MAS – Museum aan de Stroom
Mon voyage comportant un séjour à Bruges et à Anvers, il aurait été intéressant de visiter un musée consacré aux ports, au commerce… Le musée sur la rivière présente l’activité portuaire d’Anvers et comment cette ville est devenue un port d’importance mondiale. Du haut de cette tour rouge à l’apparence moderne, le visiteur a une belle vue sur la ville.
Le MAS ouvre du mardi au dimanche, de 10h à 17h. L’entrée coûte 5€.
Le Musée des Beaux-Arts
Le musée royal des Beaux-Arts, dans un grand bâtiment néoclassique, est la place où être si vous comptez découvrir l’art flamand. Il présente des œuvres de peintres très connus, tels que Rubens, Jacob Jordaens, Jan Van Eyck… Quand, durant la visite guidée que j’ai faite, la guide m’a conseillé d’y passer au moins trois heures, j’ai décidé de plutôt visiter la Rubenshuis. Cela m’a permis de voir un peu plus de choses en dehors du musée. De plus, la prochaine rénovation va justement concerner la Rubenshuis. En revanche, le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers a récemment rouvert suite à sa rénovation. Ainsi, il sera très probablement ouvert si je retourne à Anvers dans le futur.
Les adultes paient le prix fort : 20€ ! Tandis que les jeunes de 18 à 26 ans bénéficient d’un tarif réduit de moitié et les plus jeunes de la gratuité. Le musée ouvre de 10h à 17h, 18h le week-end et 22h le jeudi.
Le Rockoxhuis
Dans la maison du bourgmestre d’Anvers Nicolas Rockox, qui fût un grand mécène pour les artistes du XVIe puis XVIIe siècle, a été aménagé un musée consacré à l’art. Complétant le musée des Beaux-Arts et le musée Rubens, il est consacré à la peinture, au mobilier, aux tapisseries ou encore aux sculptures de l’époque de l’ancien propriétaire du bâtiment.
L’entrée coûte 8€ et la visite peut se faire toute la semaine, sauf le lundi, de 10h à 17h.
Le musée Mayer Van den Bergh
Cette fois, c’est la collection d’un aristocrate passionné par le style gothique qui est présentée dans un musée. Dans une belle demeure, le visiteur peut découvrir de très nombreuses œuvres, pour certaines notables pour leur ancienneté, d’autres pour leur auteur, car le musée rassemble des œuvres de peintres flamands renommés. Le musée présente aussi des sculptures, des vitraux, des tapisseries…
Le musée ouvre tous les jours sauf le mardi, de 10h à 17h (seulement l’après-midi lors du week-end) et l’entrée coûte 8€.
Le parc Middelheim
Le parc Middelheim est un véritable musée en plein air dédié à la sculpture du XXe siècle. Une bonne occasion d’allier découverte artistique et promenade à l’écart de la ville.
Le musée d’art contemporain
Tant qu’on parle de musées d’art, je mentionne le musée d’art contemporain. Le musée présente des réalisations flamandes mais aussi étrangères.
Anvers semble être le bon endroit si vous souhaitez découvrir l’art flamand ! En tout cas, il y a plus de musées sur ce thème qu’à Bruges ou à Gand.
Anvers et la mode
A la fin des années 1980, plusieurs stylistes anversois percent dans le milieu de la mode. Ils s’installent dans le quartier Saint-André. L’un des magasins les plus importants a pris place dans un immeuble du XIXe siècle, entre la Nationalestraat et la Kammenstraat. A savoir si cela vous intéresse : il y a un musée de la Mode, situé sur la Nationalestraat.
A ne pas manquer
La plus belle église : Là aussi, difficile de choisir, tellement Anvers comporte de belles églises. Peut-être que la réponse à cette question dépend du reste du programme. L’église Saint-Paul, riche en œuvres d’art, peut compenser une visite de musée non effectuée, pour un prix moindre. C’est d’ailleurs un véritable musée à prix réduit ! La cathédrale Notre-Dame permet de découvrir de beaux triptyques de Rubens, et donc d’œuvres renommées de ce peintre sans se rendre à la Rubenshuis. Parmi les églises dont l’entrée est gratuite, j’ai préféré l’église Saint-Jacques.
Le musée Plantin-Moretus, qui présente à la fois une riche demeure du XVIIe siècle et une activité qui a marqué l’histoire d’Anvers. Il complète la visite de la Belgique, en proposant une autre thématique que l’industrie drapière déjà abordée à plusieurs reprises pendant ce voyage. Plus généralement, je suis très satisfait de mon choix de musées avec ce musée et la Rubenshuis.
Un petit tour pour découvrir l’Art nouveau autour de la rue Cogels-Osylei.
Le mot de la fin
Et bien je ne savais pas ce que j’allais découvrir à Anvers, je n’ai pas été déçu ! La grand’place, comme celle de Bruxelles ou Gand, vaut le détour, les églises sont toutes plus jolies les unes que les autres, et j’ai adoré mon petit tour de découverte de l’Art nouveau. En termes de musées, il y a aussi de quoi faire, si bien que je n’ai pas l’impression d’en avoir une bonne vision, n’en ayant visité que deux. Rien d’autre à dire, je suis très satisfait !